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Elle
08:00.
J'avais manqué tous les autres jours de cours prétextant une maladie à mon père.
Après ce qu'il s'était passé j'avais peur d'affronter tous les garçons du lycée, et quand je disais tous, je n'exagérais pas.
J'avais encore reçu des messages sur les réseaux sociaux de garçons qui voulaient soit coucher avec moi, soit « apprendre à me connaître », mais je savais que c'était des mecs en chien.
Ce que j'étais en train de vivre était pire que le viol que j'avais subi, j'avais l'impression que tous les gars allaient le faire.
Et je savais que pleurer n'allait rien arranger, alors je subissais. J'avais honte d'en parler à mon père, ou même à Nadia.
De plus l'ambiance avec mon père ne s'était pas améliorée et je n'avais pas envie d'aller lui parler.
Je devais lui faire beaucoup de mal en refusant de lui adresser la parole, sachant qu'il voulait juste m'aider et qu'il n'avait, de plus, rien fait.
Nadia essayait de le réconforter mais ça ne servait à rien vu que je refuserais de lui parler pendant un moment.
Ce matin-là je m'étais réveillée avec aucune motivation pour aller en cours. Je ne voulais clairement pas y aller.
Mais apparemment le monde voulait que j'y aille vu que la porte s'ouvrit sur mon père.
Il regarda d'abord si je dormais mais conclut rapidement que non.
-Bon chérie, il serait temps que tu ailles en cours, tu dois te sentir mieux je pense, dit il doucement.
Je ne répondis pas. Mon père soupira.
-Sofia qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu refuses de m'adresser la parole ? Demanda-t-il.
Je ne répondis une fois de plus pas.
-Bon tu veux que je préviennes un médecin pour ta maladie? Proposa-t-il.
Je me levai d'un coup et passai devant lui pour lui faire comprendre que j'allais aller en cours.
Ça me faisait mal de lui faire subir ça mais je n'arrivais plus à parler avec qui que ce soit, j'étais dans ma bulle.
Et j'aurais vraiment aimé que Justin soit avec moi. Qu'on soit encore ensemble, car peut-être que j'aurais eu l'audace de lui avouer pour Jacques, peut-être qu'il ne m'aurait pas quitté et que tout serait plus facile pour moi comme il serait là pour me réconforter ou me défendre.
Mais il fallait que je l'accepte, j'étais seule à présent.
Je pris une douche rapide, j'arrivais à peine à me toucher, c'était un sentiment trop horrible pour moi.
Non seulement je ne digérais pas mon viol, mais en plus de ça ma situation au lycée ne m'aidait pas à oublier, mais comment pouvait-on oublier l'inoubliable ? Je m'étais faite violer merde.
Je m'habillai simplement et d'une façon négligée, pris mon sac et partis sans même manger, ni dire au revoir à mon père qui était dans la cuisine en train de lire son journal.
De toute façon, je n'avais pas faim et je savais que même si c'était le cas j'aurais eu trop de mal à avaler.
Je voulais arriver le plus rapidement possible pour n'avoir à croiser personne et entendre les rumeurs qui se baladaient sur moi.
Mais apparemment le monde était à nouveau contre moi. J'entrai a peine dans le métro que je croisais plusieurs têtes familières de ma classe, et principalement des gars.
Leurs regards se tournèrent vers moi. J'étais mal à l'aise. J'avais appris que le harcèlement était une chose grave et j'en étais consciente, mais en être victime était une chose affreuse, particulièrement après avoir subi un viol.
Un gars vint s'asseoir à côté de moi. Je collai mon visage presque à la vivre, regardant le paysage défilé bien que ce n'était pas le paysage mais juste le fond noir que les tunnels du métro nous laissaient voir.
Je sentis sa main se poser sur ma cuisse. Comme celle de Jacques.
Il fit bouger son pouce sur ma cuisse pour la caresser.
Les larmes menaçaient de couler. De très mauvais souvenirs s'enchaînaient dans mon esprit.
J'eus l'audace de le regarder dans les yeux. Il avait un sourire narquois et d'autres garçons du lycée nous regardaient amusé.
Mais personne en dehors des personnes du lycée ne pouvaient savoir ce que j'étais en train de subir.
-Alors Sofia, tu acceptes la proposition que je t'ai faite vendredi soir, dit il en souriant.
Nous étions arrivés à une station. Je me levai brusquement et le giflai en sortant rapidement du métro. Les portes se fermèrent mais je ne les vis pas descendre.
Je compris donc que j'étais arrivée quelques arrêts avant le lycée. Je compris que j'allais donc être en retard et devoir me faire remarquer une seconde fois.
Je m'assis sur un banc et me mis à pleurer. J'avais l'impression que ce n'était que le début de ma souffrance, et ça depuis que j'avais repoussé Lewis, voire même avant.
Je cachai mon visage en pleurant. Mais après plusieurs minutes je me rendis compte que je n'avais plus mon sac sur moi.
Quelle idiote ! Je l'avais laissé dans le métro.
Je tentai de vérifier si j'avais au moins mon téléphone sur moi et un peu d'argent.
Et c'était le cas. Je décidai donc de faire le reste du trajet à pied. J'essuyai mes larmes et entamai une marche décidée vers le lycée.
Je ne savais absolument pas comment j'allais finir l'année ici, je ne savais même pas d'ailleurs si je réussirais mes examens.
J'arrivai au lycée. Cette bande de porc m'aurait au moins pris mon sac.
Je soufflai. Il était déjà 9 heures passées comme je n'avais pas marché assez vite pour éviter d'être en retard.
Mais je n'avais pas la motivation nécessaire pour aller en cours. Avec tout ce qui était en train de se passer autour de moi. J'avais tout sauf envie d'y aller.
Je rentrai dans l'établissement, allai prendre un retard, et rejoignis ma classe dans la salle où j'avais cours.
Je devrais aller reprendre mon sac auprès des personnes qui l'avaient pris. La prof m'autorisa à entrer et me fit à nouveau une remarque sur ma ponctualité en cours. Elle voulut me laisser aller m'installer mais remarqua que je n'avais pas mes affaires.
-Ou sont vos affaire mademoiselle Jamora? Demanda-t-elle.
Je déglutis quand le même mec qui m'avait touché cuisse dans le train de manifesta avec.
-Ah merci Jonathan, allez chercher vos affaires mademoiselle Jamora qu'on en finisse.
J'avançai tout doucement, fixant ce Jonathan.
-Ça vous dérangerez de passer la seconde Sofia, j'ai un cours à donner.
J'accélérai le pas puis pris mon sac en manquant de le remercier. J'allai m'asseoir au fond de la classe.
La prof commença son cours que j'arrivais à peine à suivre. Je sortis mes affaires qui avait l'air encore présent.
Mais quand elle nous demanda de sortir nos devoirs, je ne trouvais pas le mien.
Je l'avais peut-être fait sans grande conviction mais je l'avais fait. Je fouillai sans le trouver et finis par me résoudre que je ne l'avais pas mis dans mon sac, pourtant j'en étais sûre.
Et quand la prof arriva devant moi, elle conclut rapidement que je n'avais pas fait le devoir.
-Bon eh bien si vous n'avez pas votre devoir mademoiselle je me vois obligée de vous mettre un zéro, dit elle d'un ton catégorique.
Je ne dis rien mais vis des garçons ricanaient devant moi.
Et je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était eux qui avaient un rapport avec la disparition de mon devoir.
J'attendais clairement que la sonnerie sonne. Une fois que tous les élèves eurent quittés la salle, je trouvais mon devoir dans la poubelle, à moitié brûlé.
Le cauchemar s'emparait de jour en jour.
...
12:30.
Je m'étais installée seule dans le réfectoire.
J'avais du mal à manger et me contentai de regarder la nourriture dans le vide.
Je ne mangerais pas je ne voyais pas pourquoi j'avais payé un repas.
Quelques jours s'étaient écoulés et les moqueries et rumeurs sur moi n'avaient pas cessé sur moi.
Mon moral baissait de jour en jour et je ne faisais rien pour arrêter tout ça, car de toute façon je ne pouvais rien faire.
De plus au niveau scolaire j'étais en relâchement total. J'accumulais les devoirs non rendus, les notes en dessous de la moyenne, je perdais le fil de mon année, et je savais que j'étais en réel traumatisme psychologique.
Les retards aussi ne manquaient pas à la liste. Je me demandais comment arrêter tout ça, car ça en devenait épuisant pour moi, physiquement et moralement.
Et j'avais l'impression que tout le monde dans ce lycée me voyait comme un objet à qui on pouvait faire du mal.
-Salut Jamora, entendis je.
Je levai les yeux et vis Jaden. Je fus choqué qu'il vienne me voir. Et ce qui me dérangeait encore plus c'est que c'était un ami de mon ex.
Mais ça devait sûrement être la dernière personne dans ce lycée qui me voulait du mal.
-Ça fait quelques temps que je vois que tu n'es pas très bien, et j'entends pleins de choses sur toi, dit il en regardant.
-Ne me dis pas que tu y crois toi aussi? Réussis je a dire en continuant à jouer avec ma nourriture.
-Non, parce que je sais qu'avec Justin tu n'étais pas comme ça et qu'il n'y a pas de raison pour que tu deviennes comme ça, dit il. Tu devrais en parler Sofia, c'est du harcèlement.
-A qui? Je n'ai personne avec moi.
-Écoute je ne sais pas ce qu'est devenue ta mère mais il faut que tu en parles à ta famille, dit il.
-Je ne parle plus à mon père, avouai je.
-Mais il faut que tu te confies avant qu'il soit trop tard, ça peut aller loin ce genre d'histoires. Il faut agir vite.
Je baissai la tête et cachai mon visage avec mes yeux.
Des larmes se mirent à couler. Jaden pouvait simplement voir des larmes tombées sur la table.
Il se déplaça et vint se mettre accroupi devant moi en me caressant le dos.
-Je sais que c'est dur depuis ta rupture avec Justin mais...
-Ne me parles pas de lui s'il te plaît, le suppliai je en continuant à pleurer.
-C'est vrai ce n'est pas le moment. Excuse moi.
Je continuai à pleurer.
-Je devrais peut-être te laisser, tu as besoin d'être seule, mais je ne te laisserais pas souffrir comme tu le fais Sofia, ça me fait mal au cœur.
Il s'en alla me laissant pleurer. J'en avais marre de tout ce qu'il se passait.
Je relevai ma tête puis essuyai mes larmes. Mais quand j'y pensais, Jaden était le seul soutien qu'il me restait.
Et ça me donnait une petite consolation. Je sortis du réfectoire.
J'allai vers mon casier prendre mes affaires de sport, les seuls affaires que j'avais réellement pris pour la journée.
Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit pour qu'on reparte en cours, c'est-à-dire en sport.
Je rentrai dans le vestiaire. Je pris un casier éloigné et commençai à me changer. Mais j'étais mal à l'aise.
Je n'avais pas envie de me retourner, mais j'avais comme un pressentiment.
J'enlevai mon jean et eus le courage de me retourner pour voir ce qu'il se passait derrière moi. Mais quand je me retournai j'eus le réflexe de me cacher.
Ils avaient tous leurs téléphones braqués sur moi. Les filles et quelques garçons le faisaient.
Ils riaient tous et moi je mis rapidement mon short. Je me tournai et restai collée à mon casier tout en me retenant de pleurer.
Je ne savais pas que les gens pouvaient être aussi mauvais. Je n'en pouvais clairement plus, et ça devenait inconcevable pour moi.
Ils s'en allèrent tous quand le prof entendit du bruit dans les vestiaires.
J'attendis qu'ils s'en allèrent tous pour me mettre à pleurer. Je pleurais toutes les larmes de mon corps.
Je ne pouvais pas aller en cours après ce qu'il venait de se produire.
Il m'avait filmé pendant que je me changeais, à mon insu.
Et j'avais envie d'en finir vite. Je n'en pouvais plus de subir tout ça.
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