Lui

11:30.

On toqua à la porte de ma chambre. Je permis à la personne d'entrer.

C'était Jazmyn.

-Justin le monsieur de l'hôtel m'a donné un autre seau pour toi, dit elle enthousiaste.

Elle tira une grimace en arrivant devant la première bassine que j'avais utilisé.

-T'as encore vomi, dit elle.

-Cette fois-ci j'ai visé la bassine, dis je pour la faire rire.

-Mais t'es agaçant tu vomis tout le temps, le monsieur ne voudra plus me donner de bassine si tu les salis toute, grogna-t-elle en tirant celle que j'avais endommagé tout en se bouchant le nez.

-J'y peux rien Jazmyn, dis je.

Elle sortit un bonbon de la poche de son gilet et me le tendit.

-Tiens j'en ai chipé un à l'accueil, dit elle en souriant.

-Merci Jazzy, dis je en lui souriant.

-Tu as besoin de quelques choses?

-Oui, de beaucoup de repos, dis je en glissant dans ma couverture.

Elle s'approcha de moi et monta à côté de moi.

-T'es encore triste ? Demanda-t-elle.

-Triste pourquoi ?

-Par rapport à Sofia?

Je mis du temps à répondre. Pourquoi fallait il que tous les sujets tournent autour d'elle ?

-Jazmyn...je...

-Dans ton sommeil tu disais que tu ne voulais pas la quitter, que personne ne devait vous séparer, dit elle.

Je rougis. Je parlais dans mon sommeil, et en plus de Sofia? Je devais le vivre très mal.

-Mais comment t...

-Quand je suis venue te changer ta bassine pour la première fois, et je l'ai dit à maman, parce que j'avais eu peur en t'entendant parler. Elle a dit que c'était parce que tu aimais encore beaucoup Sofia.

Je rougis de plus belle. Putain.

-Je n'avais pas le choix Jazmyn.

-Papa dit qu'elle pourra venir cet été si tu es d'accord.

-Elle ne viendra pas.

-Pourquoi tu dis qu'elle te manque si tu ne veux pas lui parler après ?

-Jazmyn c'est trop compliqué, tu peux pas comprendre, commençai je à m'énerver.

-Oui mais j'ai le droit de comprendre !

Je soupirai. C'était tellement compliqué.

-Je...je n'aurais pas le courage de lui dire à nouveau que je ne veux plus continuer avec elle...

-Pourquoi tu l'as quitté ? Demanda-t-elle.

-Tu sais Jazmyn, dans la vie il faut apprendre à faire des choix, et moi j'ai choisi de me séparer de Sofia pour qu'elle soit heureuse, qu'elle trouve mieux, j'ai fait ça pour elle, pour nous, pour notre couple, expliquai je.

-C'est dommage que tu ne veuilles plus la voir, moi elle me manque...Los Angeles me manque...

-Vraiment ? Demandai je.

-Oui, Clara me manque aussi, dit elle passant ses mains sur ses yeux.

-Attends tu pleures là ?

-Non. Laisses tomber c'est trop compliqué, dit elle en s'en allant.

Elle avait retourné la situation. Mais c'est vrai que je ne pouvais pas la priver de Sofia, si elle avait envie de la voir c'était son droit et je ne pouvais pas l'empêcher de voir mon ex parce que moi je ne voulais pas la voir.

Je m'étais donc à nouveau disputé avec ma petite sœur. Je soufflai.

Je regardai mon téléphone rapidement.  Plusieurs appels manqués du même numéro, celui de Jaden.

C'était dégueulasse de ma part d'ignorer comme ça le seul mec qui voulait encore m'adresser la parole et qui s'inquiétait encore pour moi.

Mais j'avais tellement peur d'être encore face à mon passé à Los Angeles.

La porte s'ouvrit.

-Bon je vais déposer ton frère et ta sœur chez tes grands parents et je vais aller payer l'appartement que nous avons choisi avec ton père, si tu as besoin de quelques choses ton père est dans la chambre à côté, dit elle d'un ton neutre.

Je sentais dans sa voix qu'elle était énervée contre moi. Mais de toute façon moi aussi j'avais mon mot à dire.

-D'acc, dis je simplement.

-Je ne comprends toujours pas le comportement que tu as pu avoir à l'égard de tes grands-parents, je sais que tu as du mal avec eux mais Jus...

-Je ne veux pas avoir cette conversation avec toi, soit tu me parles d'autres choses soit tu dégages, crachai je.

-Justin parles mieux je suis ta mère !

-Et alors ? Toujours tu m'obliges à faire des choses que je ne veux pas faire ! Tu m'engueules parce que je quitte Sofia comme si c'était toi qui sortait avec elle, tu me reproches de ne pas aimer mes grands-parents, c'est quoi ton problème putain !

-Mais agis 5 minutes comme un homme majeur Justin, tu vas reprocher toute ta vie à tes grands parents de ne pas avoir pris de nouvelles de toi depuis ta naissance ?! Ils veulent se racheter et ce dîner était pour renouer les liens familiaux !

-Mais j'en ai rien a faire de vos liens familiaux ! Je n'ai jamais rien reçu d'affectifs de leur part ! Je ne vais pas les pardonner du jour au lendemain !

-Eh bien fais déjà des efforts de ton côté, crois moi j'ai discuté avec eux et ils ne savent pas comment s'y prendre pour revenir vers toi !

Je voulus répondre mais me mis à tousser. Je devenais tout rouge.

Ma mère commença à paniquer et m'aida a tousser en tapant sur mon dos.

Je me baissai vers la bassine que Jazmyn avait ramené puis vomis. Ma mère me fit des massages au ventre pour que je vomisse complément.

Elle arrêta ses mouvements quand elle vit que je m'arrêtai de vomir. Elle soupira en passant sa main dans ses cheveux.

-Bon repose toi, je demanderais à ton père d'aller chercher une autre bassine pour toi, dit elle comme chamboulée.

Cool, je venais de me disputer avec ma mère. Mais avec elle le dialogue devenait de plus en plus compliqué. Elle était aussi têtue que moi alors évidement c'était dur.

Mais je fermai les yeux et me replongeai dans un sommeil intense. De toute façon je ne pouvais faire que ça.

...

13:30.

Quelques jours s'étaient écoulés. J'étais resté au lit pendant presque 3 jours, et j'avais besoin de prendre l'air.

J'avais du mal avec ce rythme de vie. Est-ce que j'allais tenir longtemps comme ça? Je n'en savais rien.

Je sentais que la maladie me prenait beaucoup d'énergie. Je ne m'étais toujours pas réconcilié avec ma mère, et ça mon père me le reprochait.

Le problème c'est qu'on voulait tous les deux avoir le dernier mot et c'était chiant.

J'avais décidé d'aller manger dans le restaurant où j'avais rencontré le serveur Karim.

J'avais finalement besoin d'exposer mes problèmes à quelqu'un. Après presque deux semaines de deuil et une semaine et demi de digestion de ma rupture.

J'entrai et le vis nettoyer des verres. Je dis un bonjour timide qui lui était destiné et il sourit. Je n'avais pas très faim à vrai dire alors je vins simplement m'asseoir en face de lui, autour du comptoir.

-Alors tu es finalement venu? Dit il.

-Il faut croire que oui, avouai je.

-Alors c'est que tu as besoin de parle. Ou de boire, déduit il.

-Je veux bien un cocktail non alcoolisé s'il vous plaît, demandai je.

-Tout de suite, dit il avec enthousiasme.

Il me prépara mon cocktail et me le tendit.

-Donc à part le fait que tu t'appelles Justin, et que tu as sûrement des problèmes qui te tourmentent, je ne sais rien sur toi, dit il en me regardant.

-Ça dépend, qu'est-ce que vous voulez savoir sur moi?

-Tutoies moi déjà pour commencer, dit il pour qu'on soit plus détendu. Je ne sais pas, tu vis où ? T'as quel âge ? Tu vis avec tes parents ?

-Ça fait un peu pédophile dit comme ça, dis je en riant.

-Rassures toi, j'ai une fille, dit il pour me rassurer.

Je ris nerveusement avant de commencer.

-Eh bien j'ai 18 ans, je vis encore avec mes parents, je vis à Los Angeles et je suis venu en France pour me faire soigner, dis je.

-Soigner? Contre quoi?

-Une leucémie...

-Oh...c'est con que tu aies ça si jeune, dit il embarrassé. Je suis désolé.

-Ce n'est rien, vous n'y êtes pour rien.

-Tutoies moi j'ai dit, dit il en riant pour d'entendre l'atmosphère. Et qu'est-ce qui te rend aussi malheureux en dehors du fait que tu sois atteint d'un cancer?

J'hésitai à répondre au début puis me lançai.

-C'est la maladie déjà, et puis, pleins d'autres choses...

-Comme?

Je regardai mes mains posées sur le comptoir. Quand j'y repensais, ma vie était vraiment devenue merdique depuis tout ça.

Et je sentais que j'allais avoir beaucoup de mal à tout sortir d'un coup. Mes yeux s'humidifiaient déjà tout seul.

-Hey gamin, calme toi, c'est aussi dur que ça ? Demanda-t-il en venant vers moi.

Je serrai les poings en tournant le regard.

-Justin, si c'est trop dur ne forces rien...

Des larmes coulèrent le long de mes joues. J'avais honte de pleurer un inconnu alors je fuyais son regard.

Il me tendit après quelques minutes d'hésitation un mouchoir que je finis par prendre.

-J'ai perdu mon meilleur ami récemment, finis je par cracher.

Je lui expliquai toute ma situation. Les choses que je gérais, les choses que j'arrivais moins à gérer, tout.

Et il écoutait mon récit attentivement. Une fois que j'eus tout dit d'un coup, il me regarda.

-Pour ton meilleur ami je suis désolé, je sais qu'à ton âge c'est très dur, dit il. Mais tu ne peux rien y faire. Et du côté de tes « anciens » potes, tu devrais peut-être rester en contact avec celui qui cherche encore à te joindre, il est sympa de rester alors qu'ils sont tous partis, c'est la moindre des choses à faire quand on est un vrai pote. Alors si tu ne peux pas lui parler vocalement, envoies lui un message, explique lui que tu as du mal. Mets tout ce que tu as sur le cœur auprès de lui parce que parfois nous les adultes on ne sait pas trop comment régler les problèmes que vous avez entre jeunes, donc tu ne pourras pas t'appuyer uniquement sur tes parents, sachant que c'est compliqué avec ta mère.

J'acquiesçai. Il avait raison, je devais parler à Jaden.

-Pour ce qui est du cas de ta mère, je te conseille de prendre sur toi, de mettre ta fierté de côté, et de parler avec elle, elle est et restera ta mère jusqu'à la fin de ta vie, alors autant profiter du temps où elle est encore là derrière toi, crois moi tu risques de regretter après.

Ça allait être plus compliqué mais j'approuvais ce qu'il disait. Il fallait juste que j'arrive à mettre cette putain de fierté de côté et que j'essaie de me calmer par rapport au problème.

-Quant à ton ex, je ne vois pas d'autres solutions : soit tu lui parles soit tu risques de souffrir de ta rupture longtemps, à toi de voir.

-Je n'aurais jamais le courage de l'affronter à nouveau, de la voir pleurer et m'insulter pour ce que je lui avais fait...

-Écoute dans la vie la meilleure solution c'est le dialogue, donc il faut que tu lui parles.

Je soupirai. Mais comment allais je faire ?

Je préférai me concentrer sur les personnes avec qui j'aurais une plus grande facilité de conversation, c'est-à-dire ma mère, et Jaden.

-D'accord, en tout cas merci beaucoup Karim pour ton aide, dis je en lui souriant.

-Y a pas de quoi gamin, dit il. Si tu as besoin je suis toujours ici, dit il en me souriant.

Je lui souris en retour et sortis du restaurant.

Je me dirigeai vers l'hôtel. Je devais envoyer un message à Jaden mais comment allais je le formuler ? Je n'en savais rien.

Je pris mon téléphone et commençai un message tout en avançant vers l'hôtel.

J'écrivais et étais très concentré. J'arrivais dans l'ascenseur et relis mon début de messages.

Et plus je lisais, plus je trouvais ça stupide. J'effaçai le message et rangeai mon téléphone dans ma poche.

Je ne savais absolument pas comment revenir vers lui.