68

Elle

09:00.

J'avais terminé la bouteille de whisky sans aucun effort. Ce jour-là j'avais juste envie d'être saoul, mais je m'étais endormie dans mon lit au lieu de ça.

Je ne savais pas avec quel courage j'irais au lycée avec la réputation qu'on m'avait collé sur le front.

Et j'avoue qu'arriver en retard n'était pas là meilleure solution pour se faire discrète.

Mais bon...

J'avançai dans le couloir et arrivai devant la salle de cours. Je tenais mon sac fermement.

Les regards se tourneraient vers moi, on parlerait de moi, et j'entendrais sûrement des choses sur ma personne durant toute l'heure de cours.

J'espérais juste que ce que Lewis m'avait dit était une blague.

Je pris mon courage à deux mains et toquai timidement. La prof m'autorisa à entrer.

Elle me laissa m'installer rapidement. Je ne regardais personne, juste droit devant moi.

Pour l'instant je n'entendais rien à mon sujet alors je restais un minimum sereine.

Le cours passa et personne ne se tournait vers moi ou ne faisait de commentaires sur moi.

J'avais cru que cela pourrait durer assez longtemps pour que je me sente bien, quand Wesley se tourna vers moi.

Il me montrait des signes que je préférais ignorer. Il était répugnant, et de mon côté ça me mettait mal à l'aise par rapport à ce que Jacques m'avait fait subir. J'avais peur de revivre la même chose avec Lewis, alors je devais me montrer vigilante.

La sonnerie retentit et j'attendis que tout le monde sorte pour sortir à mon tour. Mais Lewis m'attendait à la porte.

Je voulus le contourner pour m'en aller mais il me retint le bras durement.

-Lewis qu'est-ce que tu me veux? Crachai je.

-Alors tu es d'accord?

-Attends mais tu trouves ça normal ? C'est dégueulasse Lewis je ne coucherai jamais avec toi, dis je en avançant plus rapidement.

-Allez quoi, ça restera entre nous, dit il.

-Tu profites du fait que Justin ne soit plus là pour me demander des choses aussi répugnantes ? T'as même pas de couilles en fait.

-Fais attention à ce que tu dis sur moi Jamora, dit il en s'arrêtant subitement.

-Sinon quoi ? Dis je en me retournant subitement.

Il rit simplement.

-Tu as fait déjà 3 mecs du lycée et pour moi tu refuses ? Tu choisis bien tes cibles dis donc.

Je roulai des yeux et accélérai le pas.

-Comme tu voudras Sofia, mais saches que j'en ai pas fini avec toi.

J'ignorai ses paroles. Je n'avais pas peur de lui. Mais je trouvais ça répugnant qu'il ose me demander de coucher avec lui.

...

C'était la fin des cours. J'allai vers mon casier. J'avais l'impression que chaque jour au lycée était un calvaire pour moi.

Je pris mes affaires puis refermai le casier. J'eus à peine le temps de le sécuriser qu'une main claqua mes fesses.

Mon cerveau se mit en éveil d'un coup. Pas encore une fois. Je me retournai et vis les amis de Lewis et Lewis rirent en s'en allant.

Je déglutis. J'avançai vers la sortie, honteuse, j'avais l'impression que ma vie allait très vite devenir un enfer.

Et je commençai à comprendre comment Lewis allait se venger. Le pire dans tout ça, c'est que je ne savais pas comment me défendre, parce qu'à chaque fois qu'une personne me touchait, je repensais au coup de reins que Jacques m'avait donné contre mon gré, et je culpabilisais. J'étais atteinte psychologiquement.

Je ne savais pas si les gens pouvaient se mettre à ma place. Se faire violer était une chose pire que ce que les gens pouvaient le penser.

Et encore j'étais assez forte psychologiquement pour ne pas en finir, enfin du moins c'est que j'espérais.

Chaque jour depuis que cela s'était produit j'avais le sentiment d'être en permanence touchée, observée, mal vue. J'avais l'impression que tout le savait alors que je ne l'avais dit qu'à mon père et Nadia.

Chaque jour, c'était un peu plus dur pour moi d'oublier ce qu'il s'était passé, et plus les jours passaient, plus je me rendais compte que ce n'était pas quelques choses que j'arriverai à oublier.

Et dans ces moments là, je savais qu'on avait besoin de soutien, et le soutien que m'apportait mon père et Nadia était déjà énorme.

Je regrettais simplement de ne pas l'avoir dit à Justin.

Peut-être que ça l'aurait empêché de partir? Peut-être qu'il serait encore là aujourd'hui ?

Mais maintenant il n'était plus là et j'allais devoir accepté que j'étais définitivement seule. Et ce qui n'arrangeait pas la situation, c'est qu'à présent non seulement seule, mais en plus je sentais que Lewis allait me faire la misère, sans parler de la vengeance que Ella préparait à coup sûr.

J'avais besoin de décompresser une nouvelle fois. Je me dirigeai vers chez moi rapidement.

J'arrivai après une quinzaine de minutes et posai mon sac au sol. Je pris quelques dollars dans un tiroir et la pièce d'identité de mon père.

Je ressortis et partis en direction dans la petite supérette à l'entrée du quartier.

J'allai dans le rayon alcool et pris un whisky bien fort. J'arrivai à la caisse. Le caissier me regarda.

-Vous n'êtes pas un peu jeune pour prendre ce genre d'alcool? Demanda-t-il.

Je soupirai bruyamment puis lui montrai la pièce d'identité de mon père. Il écarquilla les yeux en voyant le nom indiqué sur cette dernière.

-Ce n'est pas pour moi, dis je.

-Vous...vous...vous êtes la fille de...

-James Jamora? Oui. Bon j'aimerais payer cette bouteille.

Il me la fit payer puis me laissa partir. J'ouvris la bouteille rapidement et ingurgitai le liquide alcoolisé d'une traite. Je savais que j'allais mal le digéré mais je n'en avais rien à faire, mon seul but était de me vider l'esprit.

Je réfléchissais trop. Tout m'énervait. J'en avais marre, et je voulais décompresser un peu.

Juste un peu et quelques heures.

...

Je rentrai assez tard. Il devait être 20 heures passés. Je m'étais rincée la bouche à fond et je savais que j'allais me faire tuer.

Je pris mon courage à deux mains après plusieurs secondes d'hésitation et rentrai. Et comme si je m'y attendais, mon père vint vers moi.

-Mais où tu étais Sofia ? Ça fait 2 heures que je cherche à te joindre !

-Mon téléphone s'était éteint, mentis je.

-Ne me prends pas pour un imbécile, ça sonnait ! Où étais tu ? Je me suis fait un sang d'encre pour toi !

-Oui bah c'est bon j'étais dehors et puis je vais bien là, soufflai je en montant dans ma chambre.

Je ne m'étais jamais énervée sur mon père et ça ne me faisait pas du bien de l'avoir fait.

Je m'enfermai et me dirigeai vers mon lit.

Je savais que j'étais en train de me faire du mal en buvant à chaque fois que mon humeur en prenait un coup, mais je n'arrivais plus à faire face à mes problèmes, c'était au dessus de mes forces.

J'entendis toquer dans ma chambre, je ne répondis pas et coinçai ma tête dans les draps.

La personne entra.

-Sofia, tout va bien? Demanda Nadia.

Je ne répondis pas. J'avais besoin d'être seule.

-Sofia, tu sais que ton père s'inquiète beaucoup pour toi, dit elle en s'asseyant sur mon lit.

Je ne répondis à nouveau pas.

-Je sais que ces dernières semaines ont été dures pour toi : ton viol...ta rupture avec Justin...Ella...puis la tentative de meurtre à laquelle tu as assisté. Mais ton père et moi nous sommes là pour t'aider, et si tu veux qu'on t'aide il faut communiquer avec nous.

Je ne voulais pas répondre et continuais à ne pas le faire. L'alcool n'avait aucun effet sur moi, j'étais juste, anéantie par mes problèmes.

-Bon je vois que tu n'es pas disposée à me répondre, mais si tu as besoin n'hésite pas Sofia.

Elle partit rapidement en fermant la porte. Je me levai et me dirigeai vers cette dernière.

Je la fermai à clé et glissai dessus en soupirant.

Je sentis mon téléphone vibrer plusieurs fois alors je le pris pour voir ce qu'il se passait.

Et quand je vis mon écran je me mis automatiquement à pleurer. C'était un cauchemar.

Je ne recevais que des messages déplacés, des demandes pour coucher avec des gars du lycée que je ne connaissais même pas.

Je lâchai mon téléphone et me mis à pleurer longuement en cachant mon visage avec mes mains.

Pourquoi tous ces problèmes m'arrivaient en même temps ? Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour que tout ça tombe sur moi?

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