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Lui
19:00.
On m'y avait obligé. Venir manger chez mes grands-parents, quelle blague.
Comme si j'avais envie de partager un repas avec eux. Franchement, pour qui me prenaient ils.
Mes parents savaient que je les détestais et que je ne leur adresserais même pas la parole.
Et ça me faisait chier qu'ils m'obligent à venir sous prétexte qu'il faut resserrer les liens familiaux.
Pourtant mes grands parents n'avaient jamais cherché à le faire.
Je les avais quand même suivi parce que sinon ils allaient me prendre la tête sur ça.
Nous arrivâmes après quelques minutes de route. Nous sortîmes. Ils avaient tous l'air content d'être là, tous sauf moi.
Je soufflai bruyamment en fermant la portière de mon côté.
Nous avançâmes devant la porte quand ma mère nous stoppa en me fixant.
-S'il te plaît Justin, restes poli, souviens toi que...
-Ne me demandes pas d'être poli, je ne parlerais pas de la soirée c'est mort, dis je en tournant la tête vers la porte.
Elle soupira puis toqua. Ils ouvrirent et furent heureux de nous voir. C'était pathétique de leur part, je savais déjà que ce n'était pas un vrai sourire.
Je rentrai en ne les calculant pas. Même s'ils avaient accepté de nous aider pour ma maladie. Je ne leur devais vraiment que ça.
Je restai debout ne sachant pas où m'installer.
Ils parlèrent quelques secondes entre eux histoire de se saluer.
Ils allèrent tous s'asseoir au niveau de la table. Je les suivais donc. On passait donc directement à table.
Je sentais que la soirée allait être longue pour moi. Je voulus m'asseoir entre Jazmyn et mon père, mais ma mère me fit signe de venir m'asseoir entre elle et Jaxon. Super...
Je ne dis rien, pris sur moi et partis m'asseoir à côté d'elles.
Ils commencèrent à se servir.
-Tu as beaucoup grandi Justin depuis la dernière fois, dit ma grand mère en me souriant.
-C'est sûr vu que ça fait 15 ans que vous ne m'avez pas vu, dis je sèchement.
Ma mère me donna un coup de coude sur le bras. J'avais compris que je parlais trop sèchement à mon goût.
-Mais nous sommes ravis de savoir que tu es devenu un si beau jeune homme, ça te fait quel âge?
-18 ans, soufflai je.
-Oh tu es déjà majeur, tu grandis tellement vite, dit ma grand-mère.
Je roulai des yeux. Ils ne m'avaient même pas vu grandir.
-Et tu es en quelle classe maintenant ? Demanda mon grand-père.
-Terminale, dis je en les regardant à peine.
Ma nourriture était plus intéressante que ce qu'il me disait. Je réalisai petit à petit que ce n'était pas ma mère qui avait préparé alors m'arrêtais tout de suite de manger.
Je n'allais pas me nourrir de leur bouffe en plus, autant crever de faim.
-Et sinon ton année s'est bien passée? Demanda à nouveau mon grand-père.
-Je suis malade, comment voulez vous qu'elle se passe bien? Dis je en fronçant les sourcils.
-Eh bien je ne sais pas...tu n'as pas eu une copine par exemple ? Demanda ma grand-mère.
Je ne répondis pas. Je ne voulais qu'on parle de Sofia ici. Et puis ma rupture avec elle restait assez récente.
Je n'arrivais pas à l'oublier et à digérer ma propre décision.
-Oui Justin avait une copine qui s'appelait Sofia, dit Jazmyn.
Je soupirai bruyamment.
-Oh pourquoi tu ne l'as pas emmené en France? Nous aurions été ravis de la rencontrer, dit ma grand mère.
-Parce que je l'ai quitté pour venir en France, je n'avais pas le choix, dis je en tentant tant bien que mal de garder mon calme.
-Vraiment? Tu sais tu en trouveras d'autres des filles comme elle, en tout cas nous sommes désolés, dit ma grand mère.
-Non vous ne l'êtes pas ! Vous n'avez jamais pris de nos nouvelles, vous faites semblant d'être contents de nous voir mais une fois qu'on repartira à Los Angeles vous continuerez pas à ne pas prendre de nos nouvelles ! En fait le seul truc que je vous dois c'est de nous aider pour ma maladie ! Criai je sur eux en me levant.
-Justin calme toi, m'ordonna ma mère.
-Non je ne me calme pas ! J'en ai marre d'être pris pour un con et de jouer les hypocrites parce que je dois rester « poli » ! Si vous preniez de nos nouvelles vous sauriez que j'ai perdu mon meilleur ami il y a tout juste une semaine ! Si vous preniez de nos nouvelles vous sauriez que j'ai quitté ma première petite amie pour venir ici et ne pas la faire souffrir ! Vous sauriez que j'en souffre encore parce que c'est beaucoup trop récent pour que je fasse comme de rien n'était. Je souffre de ma maladie, de mon départ, de tout, d'avoir laissé le peu d'amis qu'il me reste à Los Angeles à cause d'une putain de maladie que je n'arrive pas à soigner, dis je. Vous savez quoi? Moi je me casse, je ne veux pas rester avec des hypocrites comme vous, m'adressai je a mes grands parents.
Je sortis de table et rejoignis la porte.
-Justin attends ! Dit ma mère derrière moi.
-N'insiste pas ! Moi je rentre à l'hôtel, dis je en ouvrant la porte.
Je vis Jazmyn et Jaxon me suivre donc j'en déduis qu'ils étaient tous contraints à partir.
Je ne pouvais pas supporter cette ambiance une seconde de plus.
...
10:15.
J'étais à l'hôpital avec mon père, dans la salle d'attente. J'étais anxieux. Je ne savais pas du tout comment ça allait se passer.
Ma mère m'avait fait tout un scandale la veille pour ma réaction lors du dîner avec mes grands parents.
Mais j'estimais que j'avais bien agi, même si j'avais gâché le dîner.
Mon père discutait avec ma mère au téléphone. Il revint rapidement.
-Tu sais que ta mère est très remontée contre toi, dit il.
- Je sais.
-Tu trouves pas que tu as mal agi hier soir? Elle est déçue par ton attitude, tu sais.
-Ouais je sais, mais je ne voulais pas faire l'hypocrite, j'avais des choses à dire alors je les ai dite clairement.
-Oui je sais, mais ils restent tes grands-parents, et les parents de ta mère, tu agirais pareil si ton fils nous traitait comme ça, dit il.
-Sûrement. Mais je leur en veux d'avoir fait ça, je leur reproche de ne pas se soucier de nous.
-Oui c'est vrai que c'est une erreur de leur part, une grosse erreur, mais tu connais ta mère, elle aime renouer les liens familiaux.
-Oui d'ailleurs elle m'a soûlé avec ça, dis je en roulant des yeux.
-Ta mère n'aime pas quand il a des conflits dans la famille, dit il. Et puis de toute façon je dois t'avouer que le dîner n'était pas excellent, je ne sais pas si c'est la gastronomie française ou si c'est ta grand-mère, mais c'était à améliorer, avoua-t-il.
Je ris. Il avait toujours le mot pour rire.
-On dirait la fois où maman a insisté pour préparer le repas alors qu'elle était malade, dis je amusé.
-Ah oui, Jazmyn et Jaxon avaient donné tout leur repas aux chiens des voisins, rit il.
C'était agréable de passer des moments comme ça avec mon père.
-Tu es resté en contact avec Sofia?
Je mis du temps pour répondre.
-Non. Je n'ai pas préféré, avouai je.
-Tu devrais lui parler. Au moins lui expliquer ta décision, tu ne peux pas la laisser souffrir.
-C'est mieux qu'elle ne sache pas, ça lui évitera de revenir vers moi vu qu'elle me déteste.
-Et tu préfères vraiment qu'elle croit qu'elle n'était pas assez bien pour toi?
-Elle peut croire ce qu'elle veut du moment qu'elle m'oublie pour abréger ses souffrances, dis je.
-Et si on l'emmenait ici, si on la faisait venir, en face ça serait mieux que a distance, juste histoire que vous vous expliquiez, proposa-t-il.
-C'est mort, ça sera pire.
-Pourquoi?
-Parce qu'elle ne voudra pas me parler et même si elle acceptait ça serait compliqué parce que moi je l'aime encore et que je ne pourrais pas l'affronter, je ne saurais pas gérer si elle pleure et je vais me remettre avec elle et on sera confronté au même problème.
-Eh bien faites face aux problèmes à distance.
-Je n'ai jamais été favorable aux relations à distance, avouai je.
Mon médecin vint me chercher.
-T'es stressé? Me demanda mon père.
-Un peu ouais, et toi?
-Je sais pas trop, un peu quand même c'est ta mère qui gère ce genre de choses, moi j'ai pas trop l'habitude.
Je souris. Le docteur Flynn nous salua.
-Alors, stressés ?
-Oui un peu, dit mon père.
-Vous n'avez pas à avoir peur, je vais juste lui faire sa première induction, enfin sa première en France. Je vais procéder à une perfusion car ses deux hémorragies ont dû être assez importante et je ne veux pas prendre de risques, vous avez des questions?
-Hum...non pas spécialement...dit mon père.
-Très bien, alors Justin veuillez me suivre, ça ne devrait prendre qu'une petite heure, dit elle. Normalement, si ça fonctionne bien, vous devriez avoir froid et vous sentir extrêmement fatigué et ça risque de s'empirer au cours du temps. Donc je vais vous demander de bien rester chez vous après ça et je vous donnerai la liste de médicaments qu'il vous sera prescrit, expliqua le médecin.
Mon père et moi hochaient simplement la tête.
Elle me sourit et me conduit vers la salle d'opération.
C'était parti pour un nouveau départ pour mon traitement.
...
C'était enfin terminé. Je commençai à avoir des migraines et me sentir (comme elle l'avait dit) extrêmement fatigué.
Elle donnait des indications à mon père qui écoutait en acquiesçant.
J'étais sûr qu'il était plus stressé que ce qu'il avait fait paraître.
En tout cas je le comprenais : ce n'était pas facile d'avoir un enfant malade et surtout d'une leucémie.
J'étais couvert du manteau de mon père en plus du mien. Je ne savais pas que j'aurais autant froid, je compris que le traitement que je suivais aux États-Unis était loin d'être le même que celui que j'allais suivre en France.
Elle finit de discuter avec mon père et il vint vers moi.
-Bon on y va? Dit il.
Je me levai mais tremblai. Je n'arrivais même pas à tenir sur mes jambes tellement ma fatigue s'accumulait.
Mon père passa mon bras par dessus ses épaules et commença à m'aider à marcher. Je ne me souvenais pas nous avoir déjà vu si proche. Mais j'aimais cette ambiance.
-Bordel qu'est-ce que t'es lourd ! Dit il.
-J'ai 18 ans papa, ris je faiblement.
-Ça fait longtemps que je ne t'ai pas tenu alors, dit il. Et puis je commence à me faire vieux c'est pas bon pour moi.
Je riais. En réalité il n'y avait que mon père et le serveur qui avaient réussi à me faire rire depuis la mort de Jacques.
Et s'ils y arrivaient eux, c'est qu'ils étaient très forts.
Nous arrivâmes à la voiture et mon père m'aida à entrer.
Il attacha ma ceinture et attacha la sienne.
-Dès que tu rentres une grosse sieste t'attendra, dit il en démarrant le véhicule.
-Et pendant combien de temps on vivra à l'hôtel? Demandai je.
-Le temps qu'il faudra, si tout va bien on pourra emménager dès la semaine à venir dans un appartement déjà meublé.
-J'espère, soupirai je en posant ma tête contre son épaule.
-Et tu arriveras à vivre dans Sofia, elle te manquera beaucoup pas vrai ?
Je mis du temps avant de répondre.
-Tu sais quoi? Je suis encore amoureux de Sofia et je ne sais pas si je cesserai de l'aimer un jour, mais en tout cas avec elle je me suis senti, non pas comment les autres, mais j'ai senti que j'avais besoin de compagnie, d'une fille comme elle dans ma vie, et maintenant que je l'ai quitté, je suis obligé d'accepter le fait que je ne la reverrais sûrement plus jamais, donc non je n'y arriverai pas, mais quand on aime on ne veut que le bonheur de la personne qu'on aime alors je veux qu'elle soit heureuse.
Sur ces dernières paroles, je m'assoupis sur l'épaule de mon père qui me tapota la cuisse, fier de ce que j'avais dit.
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