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Lui

16:30.

Tout était prêt. Le départ était assuré. Nous avions pris tout ce qui nous servait et avions couvert presque tous les meubles.

Nous partions pour un moment nous ne devions pas laisser la maison exposée au cambrioleur.

Il me restait simplement une dernière chose à faire avant de partir, une toute dernière.

J'avais enfilé un jean et un sweat pour qu'on ne me reconnaisse pas. J'arrivai devant le cimetière puis soufflai.

La dernière fois que j'y étais c'était tout juste la veille pour l'enterrement de Jacques, Maya était aussi venue avec moi. A présent je l'avais confié à Elisabeth, l'amie de ma mère qui nous a aidé pour ma maladie, et je suis sûre qu'elle saura trouver une famille d'accueil pour Maya.

Mes parents m'avaient promis qu'ils passeraient régulièrement à L.A pour voir comment avançait la procédure.

Mais pour l'instant, j'étais vraiment au plus bas de humeur. J'avais quitté Sofia, j'étais conscient qu'elle devait me détester, mais c'était mieux ainsi, car je ne voulais pas qu'elle souffre, et je ne voulais pas souffrir non plus.

Je ne m'étais pas excusé de l'avoir quitté, parce que j'estimais que j'avais fait ça pour son unique bien être.

Si j'avais refusé de lui faire face après ça, c'est parce que je ne supportais pas de la voir pleurer, si j'avais osé croiser son regard rempli de larmes, j'aurais craqué, et aurait enfoncé le couteau dans la plaie en essayant de la réconforter, ce qui allait être encore plus dur pour lui demander de m'oublier.

Ce qui était sûr c'est que je souffrais autant qu'elle de l'avoir quitté, ce n'était pas imaginable pour moi de me séparer de Sofia Jamora un jour.

Mais je n'avais pas eu le choix, si elle gardait en tête que son petit ami était en France et qu'il risquait de mourir loin d'elle, elle ne serait pas sereine. Alors que si elle m'oubliait, elle s'en remettrait beaucoup plus facilement.

Plus difficile à dire pour moi, j'étais encore amoureux d'elle.

Je lui souhaitais tout le bonheur du monde mais en réalité je voulais qu'elle soit encore là quand je revienne. Je ne voulais pas qu'elle aille en voir un autre.

Ça serait une forme de trahison pour moi, même si c'était moi qui l'avait quitté.

J'arrivai devant la tombe de madame Jamora. Je posai ma fleur puis me baissai à la hauteur de la pierre tombale.

J'avalai correctement ma salive avant de commencer à voix basse.

-Bonjour madame Jamora, je pense que vous devez me connaître un minimum vu que je suis sorti avec votre fille. Je ne sais pas si elle est venue vous expliquez entre temps, mais je l'ai quitté, oui j'ai quitté votre fille pour qu'elle soit heureuse. Je dois partir pour me faire soigner de l'autre côté du continent, et si j'ai quitté votre fille, c'est pour qu'elle ne pense pas à moi, pour qu'elle ne rate pas ses examens parce qu'elle s'inquiète pour mon état de santé, pour qu'elle puisse avoir un avenir décent, et réussir pour vous rendre fière, même si vous n'êtes plus là avec elle. Je n'ai jamais cherché à faire du mal à votre fille, elle a toujours été d'un amour inconditionnel avec moi, et je ne lui serais jamais assez reconnaissant pour ça, mais je veux qu'elle soit heureuse avec un homme qui lui ne sera pas malade, et pourra lui offrir tout ce dont elle a toujours rêvé. Sofia est têtue, certes, mais elle se rendra rapidement compte qu'elle n'était pas complètement heureuse avec moi, et quand elle en aura pris conscience, elle passera à autre chose. J'espère qu'elle y arrivera, et je ne le lui souhaite que du bonheur parce qu'elle le mérite. Je vous avoue que ça ne sera pas facile pour moi car je suis encore fou amoureux de votre fille, et que je l'ai quitté à contre cœur, juste pour elle, mais il faut savoir faire des sacrifices dans la vie.

Je marquai une pause.

-En fait les deux seules choses qui nous relie c'est votre fille et notre maladie. Sauf que moi je me suis promis de continuer à me battre, pour Jacques, pour ma famille, pour moi, mais surtout pour Sofia.

Une brise me fit frissonner légèrement.

-Ça aura été un plaisir de vous rencontrer la famille Jamora, vous, votre mari, et votre magnifique fille. J'espère que tout ira pour le mieux dans votre famille, et que Jacques se porte bien avec vous, de là où vous êtes, dis je.

J'essuyai une larme qui menaçait de couler. Je me levai et regardai une dernière fois la tombe.

-Au revoir madame Jamora, dis je en m'éloignant.

...

Je rangeai quelques derniers affaires dans ma valise. Nous partions dans une heure. J'avais fait un tour de la maison, histoire de voir une dernière fois là où j'avais vécu pendant 15 ans de ma vie.

Elle allait me manquer elle aussi. Elisabeth était venue nous dire au revoir accompagné par la petite Maya. J'avais confiance en elle et je savais qu'elle prendrait soin de Maya jusqu'à ce qu'elle trouve une nouvelle famille où elle serait définitivement heureuse.

Je savais que c'était brusque pour la gamine, mais j'avais préféré agir rapidement, et je ne pouvais pas la laisser une seconde de plus dans la souffrance qu'elle vivait quotidiennement. Je devais bien ça à Jacques.

Je me demandais comment la mère de Jacques allait s'en sortir. C'était ce jour ci que le père de Jacques allait prendre la maison, et je me demandais où elle allait vivre, elle et son bébé.

Je ne m'occuperais certainement pas de la reloger. Maya ferait ce qu'elle veut de sa mère plus tard, quand elle serait en mesure de comprendre ce qu'il s'était passé dans sa vie.

Je fermai ma valise et entendis mes parents entrer.

-Alors, tu lui as dit ? Demanda ma mère.

Je me tournai vers eux.

-Oui, je lui ai dit, soupirai je.

-Pourquoi elle est partie aussi vite? Demanda mon père.

-Je l'ai quitté, avouai je.

-Tu as fait quoi? Demanda ma mère.

-Je n'avais pas le choix, je voulais limiter ses souffrances.

-Mais là ça doit être pire pour elle, elle doit être en larmes, dit mon père.

-Mais c'est mieux pour elle, je n'aurais pas supporté une relation à distance, dis je. Et puis je ne veux pas qu'elle s'inquiète pour moi.

-Mais on l'aurait fait venir aussi régulièrement que possible, tu n'aurais presque pas l'impression qu'elle vit sur un autre continent que le tien, dit ma mère.

-Écoutez maintenant c'est trop tard, je l'ai quitté, point à la ligne. Elle trouvera mieux que moi, elle est belle et intelligente, elle n'aura pas de mal à se trouver quelqu'un qui saura faire son bonheur. Moi je ne la rendais pas assez heureuse.

-Tu lui as expliqué au moins ? Comment elle a réagi? Demanda ma mère.

-Plus ou moins, et elle a mal réagi. Je ne me suis pas excusé non plus.

-Attends tu la quittes et tu ne lui expliques même pas pourquoi? Dit mon père choqué.

-Et pire tu ne t'es pas excusé auprès d'elle alors que tu savais qu'elle était éperdument amoureuse de toi, ajouta ma mère.

-Elle aura plus de facilité à m'oublier si elle ne sait pas pourquoi je l'ai quitté exactement vu qu'elle me détestera, et en plus elle va penser que ça n'a pas d'importance pour moi donc elle m'effacera plus vite de sa mémoire, comme je lui ai demandé de le faire.

-Mais Justin tu le fais exprès ou quoi? Elle t'aimait comme une folle, et toi tu l'as quitté sans lui donner de vraies explications, tu ne t'aies même pas excusé auprès d'elle pour le mal que tu lui faisais, et tu lui as demandé de t'oublier ? Tu ne penses pas qu'elle doit être vraiment mal à cette heure ci.

-Écoutez vous allez pas m'engueuler parce que j'ai quitté ma petite amie ? Vous ne pouvez pas arrêter de vous mêler de tout dans ma vie? Si j'ai choisi de la quitter c'est qu'il y a une raison ! Vous m'étouffez putain, m'énervai je en m'asseyant sur mon lit.

Ils me regardèrent surpris.

-J'ai beaucoup réfléchi avant de décider de quitter Sofia, je savais que ça allait lui faire du mal, je savais qu'elle n'allait pas comprendre, je savais qu'elle me détesterait sûrement pour ça, mais j'ai fait ça pour la préserver, ça ne m'a pas fait plaisir de la quitter, surtout que j'avais besoin d'elle suite à la mort de Jacques. Mais j'ai dû faire un choix et j'ai décidé de la quitter pour être sûr qu'elle sera heureuse, dis je les larmes aux yeux.

J'allais encore craqué, ça m'arrivait souvent ces derniers temps.

Mes parents se regardèrent puis me regardèrent d'un air navré. Bien sûr ils ne pouvaient pas comprendre, je n'étais pas fier d'avoir quitté Sofia, mais j'avais dû le faire.

-Tu l'aimes encore ? Demanda mon père en s'asseyant avec moi.

-C'est ça le pire, je l'ai quitté alors que je l'aimais encore, mais le plus important c'est qu'elle elle s'en remette...

-Justin, ça ne sera pas facile pour toi, tu viens de perdre ton meilleur ami, dit ma mère en me caressant le dos.

-Mais plus simple pour elle, elle n'a pas perdu sa meilleure amie, dis je.

Je soupirai puis mes larmes se mirent à couler. J'en avais ma claque de tout ce qui arrivait.

Je me mis à pleurer. De toute façon je ne pouvais que faire ça depuis un moment.

Mes parents essayèrent de me réconforter comme ils pouvaient.

Une trentaine de minutes plus tard, nous étions dans la voiture. Je regardai le paysage nocturne qu'on avait. Ma voiture était aussi restée à L.A, je ne voyais pas à quoi elle me servirait.

Je pris mon téléphone et supprimai déjà le numéro de Jacques, et celui de Sofia. C'était le début de ma nouvelle vie. Supprimer les gens que je ne reverrais plus jamais. J'hésitai à supprimer celui des autres membres de l'équipe.

« Voulez vous vraiment supprimer le contact « Sean » ? »

« « Sean » a été supprimé. »

« Voulez vous vraiment supprimer les contacts « Jaden », « Cole » et «Alfredo » ? »

« « Jaden », « Cole » et « Alfredo » ont été supprimé. »

« Voulez vous vraiment supprimer le contact « Martin »? »

« « Martin » a été supprimé. »

Je reposai mon téléphone dans ma poche. J'avais démarré ma nouvelle vie.

-Tu as prévenu tes parents que nous venions aujourd'hui? Demanda mon père à ma mère.

-Oui, ils sont au courant. Le lendemain de notre arrivée on doit aller visiter des maisons, on ne pourra pas rester à l'hôtel éternellement.

-Et quand est-ce qu'on ira à l'hôpital ? Demanda mon père.

-Dans la journée ou le lendemain, dit ma mère.

-D'accord, habituez vous avec le décalage horaire, en France il sera 18 heures quand nous arriverons, prévint mon père.

Je ne dis rien de mon côté. Je venais de me souvenir que mes relations avec mes grands parents maternels n'étaient pas très bonnes. A vrai dire ils avaient refusé de venir me voir à ma naissance parce que ma mère m'avait eu assez jeune, et ils n'appelaient jamais, que ça soit pour prendre des nouvelles, à nos anniversaires ou même à Noël. Et ils ne prenaient pas la peine de se déplacer pour venir nous voir, à croire qu'on ne comptait pas vraiment pour eux.

Ma mère essayait de les justifier en disant qu'ils avaient beaucoup de choses à faire, mais pour tout dire la dernière fois que je les avais vu c'était avant que nous emménagions à Los Angeles, et encore c'était juste pour nous aider à faire les cartons.

En fait la seule chose d'aimable qu'ils avaient fait pour moi dans ma vie, c'était accepté de nous aider pour ma chimiothérapie en France, le reste, rien.

Alors je ne voyais pas pourquoi je serais poli avec eux, en fait je ne me voyais déjà pas leur adresser la parole.

Nous descendîmes de la voiture puis entrâmes dans l'aéroport. Je me demandai vaguement si Sofia viendrait me dire adieu.

Mais je pouvais rêver, elle m'en voulait et elle était sûrement encore en train de pleurer chez elle parce que je l'avais quitté.

D'un côté je ne voulais pas qu'elle m'oublie, mais de l'autre il le fallait, pour baisser ses souffrances. Je regrettais même d'avoir été son premier amour parce que ça serait d'autant plus dur pour elle.

Nous effectuâmes les enregistrements puis attendîmes dans la salle d'attente. Mon silence devenait limite effrayant. Je ne faisais que fixer des points sans rien dire, et je réfléchissais.

J'avais perdu mon meilleur ami, quitté ma petite amie, quitté l'équipe de basket, abandonné la ville où j'avais grandi, et tout ça en une semaine.

J'en avais presque des frissons, quand je pense qu'il y a une semaine ma vie était tranquille, en dehors du fait que j'étais malade.

-Sofia ne vient pas nous dire au revoir ? Demanda Jazmyn.

Je la regardai.

-Sofia ne viendra pas nous dire au revoir Jazmyn.

-Pourquoi? Demanda Jaxon.

-Parce que je ne suis plus avec elle, dis je en baissant la tête.

-Donc on la reverra plus? Demanda Jazmyn en fronçant les sourcils d'un air inquiet.

-Non vous ne risquez pas.

-Mais moi j'aimais bien Sofia, dit Jaxon.

Ils n'allaient pas s'y mettre.

-Laissez votre frère tranquille les enfants, ce qui se passe entre lui et Sofia ne vous regarde pas, dit ma mère à mes benjamins.

Heureusement qu'elle leur avait répondu, je n'aurais pas pu parler de Sofia plus que nous le faisions déjà.

Nous embarquâmes dans l'avion quelques minutes plus tard. C'était le moment, le moment où j'allais quitter mon ancienne vie.

J'avais le cœur déchiré. Les hôtesses donnaient les consignes de sécurité, mais j'étais trop occupé à observer la ville.

J'avais envie de me remettre à pleurer, mais je devais rester fort, c'était mes choix, je n'avais fait que ce qu'il y avait de mieux pour moi.

-Excusez moi jeune homme, nous allons décoller veuillez attacher votre ceinture de sécurité, m'interpella une hôtesse.

Je ne dis rien et m'exécutai. C'était le moment. Je soupirai. Maintenant je devais le faire, je devais faire une croix sur Los Angeles.

Adieu lycée Georges Washington, adieu l'équipe de basket, mes amis, Jacques, et adieu Sofia Jamora.

Hey 👋🏾

Alors je reviens sur mon sondage d'hier. Je ne sais pas encore comment procéder comme la plupart ont Twitter et que certains ont aussi Instagram, alors je vous laisse décider, est-ce que je fais un compte spécial sur Insta ou sur Twitter (je vous expliquerai ce que je ferais dessus plus tard) ?

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