58

Elle

08:30.

Je tournai ma cuillère dans mon lait sans trouver l'appétit. Je ne faisais que penser à ce que Justin avait dit mercredi.

Ça m'avait touché. Il s'était battu pour moi, chose pour laquelle je n'étais pas du tout favorable, mais le discours qu'il avait fait était touchant.

Le problème c'est qu'il n'était pas venu me parler depuis ce soir là, et même en messages il était muet.

J'étais triste. Je pouvais le dire. C'était d'ailleurs le lendemain que nous organisions sa fête d'anniversaire. J'essayai d'ingurgiter ne serait ce qu'une tartine mais n'y arrivais pas.

-Sofia, manges s'il te plaît, dit Nadia. En plus tu vas être en retard si tu ne te dépêches pas, dit elle.

Je la regardai attentivement. Je savais que Nadia était restait dormir à la maison mais il ne m'était pas venue à l'esprit que mon père était aussi à la maison.

Ce qui m'interpellait encore plus c'était le fait que Nadia était en robe de chambre. Je rougis.

-Quoi? J'ai un bouton sur le visage?

Je ris. J'étais gênée et à la fois heureuse.

-Vous avez bien dormir papa et toi? Demandai je.

-Qu'est-ce que tu racontes Sofia? Dit elle en rougissant.

-Tu es en robe de chambre, chez nous, tu as dormi à la maison, sachant que mon père est là, je ne peux que me poser des questions, dis je.

Elle s'assit et commença à boire son café. Mon père descendit à son tour.

Il était lui aussi en peignoir.

-Je vois que vous avez passé une bonne vous deux, fis je remarquer.

Ils se regardèrent entre eux, gênés.

-Bon je vois que je dérange alors je vais en cours, dis je en me levant.

-Sofia attends...dit Nadia.

Je me retournai vers eux.

-Oui, on a dormi ensemble, dit mon père.

Je me mordis la lèvre et vins les prendre dans mes bras.

-Alors ça y est? Demandai je.

-Hum...nous avons encore besoin de temps tu sais, rien n'est officiel, dit mon père.

-En tout cas je suis contente pour vous, dis je.

Je me détachai d'eux et rejoignis Ella qui klaxonnait.

Je rentrai dans sa voiture et la regardai.

-T'en as mis du temps dis donc, dit elle.

-Je parlais avec Nadia et mon père, je pense qu'ils vont se mettre ensemble.

-Vraiment?

-Du moins c'est l'impression qu'il me donne, dis je. Nadia a dormi à la maison et mon père était là, je ne peux en déduire qu'une chose.

-Tu les a entendu?

-Ella c'est gênant ! Dis je en la poussant amicalement. C'est de mon père et de Nadia dont on parle.

-Et alors? On sait toutes les deux ce qu'ils ont potentiellement fait cette nuit, dit elle.

-Quoiqu'il en soit je ne veux pas le savoir, dis je.

-Comme tu voudras, je suis assez stressée, Jacques a dit qu'il avait besoin de me parler sérieusement.

-Oh, tu penses que c'est grave?

-Vu le ton qu'il a pris pour me dire ça, je pense oui, dit elle en serrant le volant.

-Hey calme toi, tout va bien se passer, après trois mois de relation ça devrait pas être un truc super super grave, dis je en lui souriant.

-J'espère juste que tu as raison, dit elle peu sereine.

-Moi en tout cas depuis mercredi Justin ne répond ni à mes messages ni à mes appels et il ne me parle pas.

-Tu m'étonnes, il ne doit pas être très bien, mais pourquoi tu ne m'avais pas dit qu'il avait un cancer du sang, je suis ta meilleure amie tu peux tout m...

-Justin ne voulait pas et j'ai dû respecter son souhait, déjà que je n'étais pas censée le savoir et que quand je l'ai su nous n'étions même pas ensemble, il ne voulait pas que je te le dise mais je comptais lui en reparler pour que tu sois mise au courant comme Jacques l'était aussi, expliquai je.

-Oh je vois, mais ça fait quoi de sortir avec un malade? T'arrives à gérer ses sauts d'humeur ou sa santé ?

-Je ne gère pas sa santé parce qu'il ne veut pas que je m'en mêle, il a l'impression que ça m'embête, alors que pas du tout. Je l'aime donc je dois le supporter avec ses qualités, ses défauts, et sa maladie. Ce n'est pas de sa faute s'il est malade, j'aurais même souhaité que ça ne lui arrive pas, il se sent faible, il pense qu'il est un poids pour tout le monde, il rejette toutes les fautes sur lui, et c'est dur pour lui, parce que tout est chamboulé dans son quotidien : il perd l'appétit, il a des nausées, il perd ses cheveux, il est souvent fatigué, il est forcé de ne pas aller en cours au moins deux jours par semaine, et il a déjà subi deux hémorragies. Justin est fragile, mais ça ne l'empêche pas d'être mon petit ami et que je l'aime comme une folle.

-Oh...ça doit être dur pour lui mais aussi pour toi, dit elle.

-Oui, mais tu sais rien ne change vraiment beaucoup, je le vois et lui parle très régulièrement, mon père et Nadia sont au courant, ses parents ont l'air de beaucoup m'apprécier, ainsi que son frère et sa sœur, et puis depuis quelques temps je l'accompagne à ses rendez-vous à l'hôpital.

-Oh je vois, ça devait être dur mais si vous vous aimez c'est le principal, dit elle en coupant le contact. Tu devrais aller le voir toi-même alors, il ne doit pas être au top de sa forme.

J'acquiesçai. Nous sortîmes de sa voiture et allâmes vers l'entrée du lycée.

-Bon je te laisse je dois aller voir Jacques, à plus tard, dit elle.

Elle s'en alla et j'étais donc seule dans les couloirs. Je pris une décision, je devais aller parler à l'entraîneur de Justin, pour savoir ce qu'il pensait de tout ce qu'il s'était passé.

J'allai donc devant la salle des profs et toquai. Il ouvrit justement la porte.

-Oh bonjour Sofia, comment vas-tu ?

-Bien, est-ce que je pourrais vous parler ? Demandai je poliment.

-C'est à propos de Justin? Demanda-t-il.

-Oui pourquoi ?

-Bon vas y.

- Je voulais savoir la décision que vous avez pris à son sujet.

-J'allais lui parler et lui proposer des entraînements aménagés pour lui mais il a été plus rapide que moi et a décidé de quitter l'équipe.

-Quitter l'équipe? Vraiment ? Mais pourquoi?

-Je ne sais pas, il est venu hier, il m'a rendu son maillot et a rendu ses clés de casier de vestiaires en me remerciant pour tout et en m'informant qu'il avait donné son brassard de capitaine à Abel qui le voulait tant.

-Vraiment ? Je ne comprend pas il aimait vraiment le basket.

-Peut-être que cette défaite l'a marqué et qu'il ne se sent plus utile dans l'équipe.

-Mais c'est faux, rétorquai je.

-Je sais que c'est faux mais c'est ce qu'il dit sûrement et puis avec sa maladie ça ne sera pas évident, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il m'en a pas parlé plus tôt, dit l'entraîneur sans comprendre.

-Justin était peut-être pas en bonne forme au niveau de sa santé mais il aimait le basket et il voulait prouver qu'il était capable de jouer même malade, il n'a pas réussi son défi mais il estime qu'il a fait beaucoup, voire même trop pour sa propre santé. Vous vous souvenez le jour où sa mère était venu? Il voulait lui prouver qu'il était plus fort que la maladie. S'il ne vous a rien dit c'est parce qu'il avait peur que vous le retiriez de l'équipe.

-Mais je ne l'aurais pas fait directement, j'en aurais discuté avec lui et si son état ne lui permettait pas de continuer je l'aurais arrêté, que ça lui plaise ou non. Mais vu les efforts qu'il faisait je ne me voyais pas le virer de l'équipe si je savais tout.

-Justin est quelqu'un de très têtu, mais en faisant tout ça il a pensé aux autres avant lui et c'est brave de sa part.

-En effet, il va me manquer ce petit, il était une véritable perle pour cette équipe, dit il.

-C'est vrai, mais toute bonne chose a une fin.

-Prends soin de lui Sofia, j'espère qu'il pourra continuer dans le basket plus tard, et au mieux aller dans cette école dont il me parlait souvent à Boston.

-C'est son plus grand rêve, et comptez sur moi pour qu'il le réalise.

Il me sourit.

-C'était tout ? Demanda-t-il.

-Oui, dis je.

-Bon eh bien passes une bonne journée Sofia.

-Merci monsieur Braun.

...

Justin était à un élève de moi. Il se servait et attendait qu'on lui donne son plat.

Des gens étaient venus me poser des questions sur Justin, à propos de sa maladie etc, des personnes qui ne m'avaient jamais adressé la parole auparavant. Je trouvais ça vraiment hypocrite.

Des personnes qui ne me parlaient pas avant venaient me poser des questions sur mon petit ami, juste parce qu'il était connu au sein du lycée et qu'ils pourraient avoir plus d'informations sur lui comme ça. 

Je ne leur avais bien sûr pas répondu. Je n'avais qu'un seul objectif, parler avec Justin pour savoir comment il se sentait, même si j'avais déjà une petite idée.

Je remerciai Aubrey après qu'il m'ait donné mon plat et suivis Justin qui s'était mis à une table seul.

Je m'assis en face de lui, souriante. Il m'observa en haussant les sourcils.

Aux alentours on pouvait entendre des gens parler sur nous. Je déglutis puis commençai à manger tranquillement. Justin se décida à faire de même.

-Comment tu vas ?

-Comment veux tu que j'aille ? Répondit il.

-L'entraîneur m'a dit que tu avais quitté l'équipe, pourquoi t'as fait ça ?

-Peut-être parce qu'ils n'avaient plus besoin de moi.

-Justin c'est stupide bien sûr qu'ils ont besoin de toi.

-Tu as bien vu qu'on a perdu le match a cause de moi, tu ne peux pas le nier.

-Oui peut-être que vous avez perdu le match mais ça ne se jouait qu'à un point, tu as déjà fait beaucoup Justin et tu peux être fier de toi, affirmai je.

-Mouais, dit il d'un air nonchalant.

-Justin, soupirai je en prenant ses mains dans les miennes.

Les commentaires des gens se faisaient entendre de plus en plus.

-Ça te dérangerait qu'on parle dans un autre endroit, à l'abris des regards trop curieux et des langues trop pendues, dit il en insistant sur chaque mot qu'il prononçait.

J'acquiesçai. Nous sortîmes du réfectoire et allâmes dans la cours. Nous étions seuls donc c'était plus calme.

-Qu'est-ce que tu comptes faire à présent ? Demandai je.

-Continuer à me faire soigner, et venir au lycée comme un élève banale, loin des regards des autres et des rumeurs.

-Tu sais que tu ne peux pas les éviter.

-Mais je peux les ignorer, dit il en s'asseyant au sol.

-C'est vrai, dis je en faisant de même.

-Sofia, pourquoi tu continues à sortir avec moi? Sérieusement, je ne suis pas lourd avec ma maladie ?

-Justin, dis je en me tournant vers lui et en posant ma main sur sa joue. Je ne fais que te le répéter mais je suis tombée amoureuse de toi, je ne peux que t'aimer et rester avec toi, parce que j'en ai envie, et même si tu es malade ça ne change rien, je resterai quoiqu'il arrive.

-Tu ne me laisseras jamais tomber ? Demanda-t-il.

-Jamais Justin, dis je en souriant. Et tu sais quoi, ce que tu as fait mercredi était bien et courageux de ta part, autant le fait d'avoir joué alors que tu n'étais pas en état que d'avoir révélé à tout le lycée tes problèmes de santé. Tu peux être fier de toi comme je le suis en ce moment.

-Merci Sofia, merci de rester pour moi, dit il.

Je l'embrassai rapidement et me réfugiai dans ses bras qui me procuraient une douce chaleur.

Bien sûr que je resterais pour lui.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top