Lui

15:30.

Je ne comprenais pas bien pourquoi elle me demandait ça mais je ne pouvais qu'accepter si telle était sa volonté.

Elle prit une grande inspiration.

-Bryce s'appelle Bryce Lens, dit elle.

-D'accord mais ça ne m'aide pas à savoir pourquoi tu es ici, dis je.

-Apres les cours je suis allée chez Nadia et il est arrivée une ou deux heures plus tard, il m'a carrément viré de chez Nadia, sous prétexte qu'il voulait parler avec elle. Il n'était déjà pas très poli avec elle. Ensuite je suis rentrée chez moi, parce que j'avais trop peur pour rester les espionner, et j'ai demandé à mon père le nom de famille de Bryce. Il me l'a donné et je suis allée faire des recherches, et au moment où j'avais trouvé quelques choses, comme par hasard, l'antenne avait été déplacé. Donc après j'ai entendu du bruit dans le jardin alors je suis descendue pour aller voir ce qu'il se passait, et là je vois le matériel de jardinage au sol donc je le remets à sa place, quand soudain je sens des mains se poser sur moi, alors j'essaie de me débattre mais quand j'entends la voix de Bryce arriver à mes oreilles, j'arrête tous mes mouvements. Il m'a dit que je devais arrêter de chercher des informations sur lui.

Elle continua à me raconter son récit.

-Putain, et c'est pour ça que t'es ici?

-Oui, j'avais besoin de parler à quelqu'un et je me suis dit que toi tu voudrais bien, dit elle.

-Crois moi, si je venais chez toi à chaque fois que je m'embrouille avec mes parents je vivrais carrément chez toi, dis je.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

-Je veux dire que ça lui passera, il te rendra ton téléphone et ton ordi, y a pas de quoi en faire tout un fromage, dis je en fermant la fenêtre qui était ouverte.

-Mais il n'a jamais haussé le ton sur moi ou confisqué des affaires à moi. Certes il a toujours été très protecteur à mon égard, mais il n'a jamais fait ça.

-En 17 ans d'existence tu ne vas pas faire tout une histoire parce que ton père t'a engueulé et confisqué ton téléphone et ton ordi.

-En fait tu t'en fous, c'est ça ?

-J'ai jamais dit ça Sofia, dis je.

-Mon père préfère croire ce mec complètement dingue, plutôt que sa propre fille, et toi tu trouves ça normal ?

-Sofia peut-être que tu te trompes et que Bryce est vraiment quelqu'un de bien, soufflai je.

-Justin putain mais tu t'entends parler? Bon tu sais quoi? Je me casse, apparemment ça ne t'atteins pas le fait que ta copine se fasse agresser et menacer par un mec qui pourrait la tuer, dit elle en ouvrant la fenêtre, me bousculant.

Bon c'est vrai que j'aurais pas du dire ça. Je la retins et la tournai vers moi.

Je pris ses joues dans ma main.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse maintenant ?

-Je sais pas tu pourrais pas me conseiller par exemple, dit elle en se détachant de moi.

Elle était têtue putain, elle voulait se barrer ça se voyait. Je l'avais énervé.

-Eh bien tu ne fais rien et tu cuisines Nadia jusqu'à ce qu'elle te dise toute la vérité, dis je.

-C'est tout?

-C'est tout ce que tu peux faire en tout cas.

-Bon, dit elle en baissant les yeux. Et est-ce que tu pourrais me rendre un service?

Je la regardai puis soufflai.

-Ce que tu veux, dis je contraint d'accepter.

-Est ce que tu pourrais venir dîner chez moi avec Bryce et mon père samedi, je ne me vois pas seule avec lui et mon père.

-Sofia je...

-Justin s'il te plaît, j'ai vraiment trop peur et puis je suis en froid avec mon père donc ça sera gênant.

-Bon, d'accord, cédai je. Mais c'est bien parce que je t'aime.

-Merci beaucoup Justin, dit elle en m'embrassant la joue.

-Tu m'embrasses quand ça t'arrange toi, dis je en la regardant.

-Mais non, dit elle en roulant des yeux.

-Bon tu comptes manger ici? Je te préviens ma mère ne rentre pas maintenant donc tu pourras attendre.

-Et il y a qui chez toi? Tu es seul ?

-Non y a mon père, dis je.

-D'accord, et non je partirais avant, mon père est déjà énervé contre moi, si il se rend compte que je suis parti il risque de me démonter.

-Ça t'apprendra à vouloir la faire la petite Juliette voulant revoir son Roméo, dis je en lui ébouriffant les cheveux.

-Arrêtes j'ai fait un brushing ce matin, dit elle.

-J'en ai rien à faire, dis je en persistant.

-Justin, se plaignit elle.

Elle me poussa et recula en boudant. Je ris un moment puis avançai vers elle quand je vis qu'elle boudait.

Je posai ma main sur sa hanche et lui plantai un baiser sur le front.

-Tu sais que t'es chou quand tu boudes, dis je.

-Ouais c'est ça, dit elle en roulant des yeux.

Je souris lui donnant un petit cou à l'épaule. Elle me dévisagea pendant quelques secondes avant de me sourire.

...

08:30.

Sofia était partie vers 19 heures la veille. Mes parents n'avaient donc pas pu constater sa présence.

Je me sentais mal de lui avoir menti sur le diagnostique du médecin, mais je ne pouvais pas lui dire que je risquais d'aller en France, elle en serait malade.

Je n'avais encore rien dit non plus à mes parents. Mais je devais leur parler, parce que j'avais deviné qu'ils avaient parlé avec le docteur Rys à propos de cette histoire de traitement en France.

Je mangeai donc mon petit déjeuner tranquillement, en présence de ma mère. J'allais éviter de m'embrouiller avec elle, et allais abordé le sujet tranquillement.

-Maman, dis je.

-Oui mon chéri, dit elle.

-Le docteur Rys m'a parlé du traitement en France, vous êtes partis lui parler?

-Oh euh oui, quand on est allé payer avec ton père, la somme était assez élevée et le docteur avait deviné que nous étions une famille modeste. Alors il nous a parlé du traitement que tu pourrais avoir en France, je me suis renseignée auprès d'une amie qui était en France récemment, et elle m'a expliqué les aides mises en place etc, et nous avons trouvé que ça serait une bonne idée pour toi, mais tu imagines bien que nous ne pouvons pas accepter de partir sans ton accord Justin, tu le sais, mais comment tu sais tout ça ?

-Papa m'en a parlé, et le médecin a dit que je risquais d'aller suivre mon traitement là-bas, comme les résultats de ma deuxième phase d'induction étaient peu satisfaisants, et qu'il ne voulait pas risquer de me tuer en me donnant un traitement plus fort, dis je.

-Sofia est au courant?

-Maman s'il te plaît, ne lui dis rien, lui dis je.

-Mais Justin comment tu peux cacher à ta petite amie que tu risques d'aller en France? Ou même pourquoi tu ne lui as pas dit que les résultats n'étaient pas bons?

-Je ne veux pas l'inquiéter et puis je ne veux pas lui annoncer ça comme ça, mais il n'y a pas une autre solution qu'aller en France ?

-Écoute Justin, soit nous continuons dans notre rythme et nous essayons une troisième phase d'induction, ce qui peut être une solution mais dure pour nous et peut-être inutile, soit nous testons un traitement plus intensif auquel tu ne pourras peut-être pas survivre, soit nous allons en France, et tu devras donc tout arrêter ici, faire une croix sur le basket, sur tes amis, sur Sofia, enfin du moins pour quelques temps.

-Dis comme ça...et si on part en France, quand est-ce que nous reviendrons ? Es-tu sûre que ça fonctionnera?

-Justin je ne peux pas répondre à toutes tes questions, mais je peux t'assurer que tu dois faire un choix rapidement, dit elle en rangeant ce qui était présent à table.

Je soupirai. J'avais envie de tout sauf de partir loin de Sofia pour une durée indéterminée.

Je finis de manger puis allai prendre mes affaires pour rejoindre ma mère, mon frère et ma sœur dans la voiture.

Ma mère déposa mon frère et ma sœur en premier. J'étais pensif, je cogitai sur tout ce que ma mère m'avait dit.

Elle revint et me conduit au lycée. Arrivé devant, elle stoppa la voiture et coupa le moteur.

-Bon, si tu as une réponse fais nous en part le plus vite possible, dit elle.

-C'est dure ce que vous me demandez quand même, dis je.

-Fais ce que ton cœur te dit de faire Justin, dit elle.

-Tu ne diras rien à Sofia, je veux lui annoncer moi-même la décision que j'aurais prise.

-Comme tu voudras, et pour ton état de santé?

-Je lui dirais moi-même, je ne veux pas que ça sorte de la bouche de quelqu'un d'autre, dis je.

-Très bien si tel est ton choix, bon à plus tard mon chéri, dit elle en m'embrassant le front.

Je sortis de la voiture et me dirigeai vers le lycée. Je croisai Jacques.

-Salut Jay, ça va? Pourquoi t'es venu avec ta mère ?

-On avait besoin de parler ensemble, je risque peut-être de partir en France... dis je en avançant dans l'établissement.

-Quoi?! Tu vas nous abandonner ici ?

-Ce n'est pas sûr Jacques, rien n'est sûr pour le moment, il faut que je prenne une décision, dis je.

-Prends la bonne décision Justin.

-C'est quoi la bonne décision pour toi? Que je reste ?

-Non, celle qui te semblera la mieux pour toi.

-Ça me fait bizarre de t'entendre parler comme ça, avouai je.

-Je suis sérieux Justin, dit il.

La sonnerie retentit.

-Bon, on y va?

-Vas y, je te rejoins après, dis je en m'arrêtant devant l'infirmerie.

-D'accord, à midi on réunit toute l'équipe pour parler du match n'oublies pas.

Il s'en alla. Je finis seul dans le couloir après la deuxième sonnerie.

J'avais besoin de me renseigner et c'est bien une chose que je ne me voyais jamais faire.

J'entrai dans l'infirmerie. Je regardai les affiches qui prévenaient contre les conséquences qu'avaient le tabac sur notre corps, et pleins d'autres choses.

Il y avait un petit livret qui parlait des cancers du sang. J'hésitai a le prendre mais le pris quand même.

-Je peux faire quelques choses pour vous Justin? Demanda l'infirmière qui avait remarqué ma présence.

Je me tournai vers elle. C'était le moment ou jamais d'avoir les réponses dont j'avais besoin.

J'avançai donc timidement dans son cabinet.