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Elle
17:00.
J'avais donné rendez vous à la mère de Justin devant le lycée. Elle arriva rapidement, seule. Elle tenait son sac à main fermement.
Quand je pense qu'une aussi jolie et jeune mère comme elle se faisait autant de soucis pour son fils aîné, ça me faisait de la peine de la voir aussi désorienté face à son enfant malade.
Elle me fit la bise.
-Vous allez bien? Demandai je.
-J'ai fait une nuit blanche pour surveiller Justin mais sinon ça va, dit elle.
-Ah bon ? Qu'est-ce qu'il a eu encore?
-Il fait une fièvre importante, ça m'inquiète vu qu'il est déjà malade, je ne veux pas qu'il accumule les maladies, alors toute la nuit je suis restée assise sur une chaise à attendre qu'il lui arrive quelques choses, ou que la fièvre baisse, et Dieu merci, il ne lui ai rien arrivé et il n'avait plus de fièvre au réveil, m'expliqua la jeune mère.
-Je comprend, mais le plus important c'est qu'il soit en pleine forme n'est-ce pas?
-Oui oui bien sûr, affirma-t-elle.
-Bon on y va ? L'entraînement doit déjà avoir commencé, dis je.
Elle acquiesça et me suivit. Elle était bien habillée : petit jean avec une paire de talons et un pull chevauché d'un manteau pour être au chaud, enfin bref, elle incarnait parfaitement le profil de mère de famille.
Nous entrâmes dans le gymnase et nous dirigeâmes vers l'entraîneur Braun.
L'entraînement avait commencé et Justin remarqua rapidement la présence de sa mère. Il me sourit et continua à jouer.
-Il a l'air concentré, dit elle en observant son fils.
-Oui, votre fils a un bon esprit d'équipe, quand il joue, il ne voit que la balle, c'est fou non? Bonjour madame Bieber, je suis content de vous voir en tout cas, dit l'entraîneur en souriant.
Elle lui serra la main et nous montâmes dans les gradins pour observer son fils jouer.
Elle avait l'air fascinée, moi personnellement ce n'était qu'une fois de plus à observer Justin jouer.
Mais la sensation était différente pour elle car elle n'avait vu son fils se donner qu'en compétition, pas en entraînement.
Elle avait l'air si concentrée, si attentive, j'avais l'impression qu'elle le redécouvrait.
Après plusieurs longues minutes je décidai de couper le silence.
-Vous le trouvez comment?
-Il joue si bien, il a l'air de vraiment y prendre du plaisir, dit elle.
-Il ne fait pas ça parce que vous êtes là, il le fait tout le temps, Justin est complètement changé quand il est avec un ballon de basket dans les mains. Il joue comme si c'était tout naturel, c'est un automatisme chez lui, c'est incroyable, expliquai je. Et puis regardez le avec ses amis, ils ont l'air d'être vraiment soudés, c'est tellement beau à voir, Jacques prend soin de lui et je le sais, c'est d'ailleurs le seul de ses amis à savoir qu'il est malade. Je pense que vous ne pouvez qu'avoir confiance en votre fils, il vous prouve ouvertement qu'il est devenu assez mature pour savoir ce qui est bon ou non pour lui. Je ne sais pas si vous vous rendre compte que c'est le seul à ne pas fumer ni boire dans leur groupe.
-Mais comment puis je avoir confiance en Jacques?
-Jacques n'est pas le meilleur ami que Justin ait pu trouver ça c'est sur, mais vous ne croyez pas que si Jacques était vraiment mauvaise influence elle n'aurait pas agi depuis plus longtemps? En 15 ans d'amitié franchement...
Elle réfléchit un moment. Je pris ses mains dans les miennes en la regardant.
-Votre fils a besoin que vous lui laissiez au moins cette liberté, la liberté d'avoir une chance de réaliser son rêve, il vous a parlé de ce qu'il voulait faire après le lycée ?
Très peu, avoua-t-elle en baissant le regard.
-Vous devriez plus vous y intéresser, je vous jure qu'il a de bonnes ambitions et de beaux projets, lui conseillai je.
L'entraînement prit fin. Elle se leva. Je la regardai faire et la suivis de derrière.
Elle s'approcha de Justin qui allait rejoindre les vestiaires et le prit dans ses bras. Il fut surpris mais finit par la serrer plus fort contre lui.
Je trouvai ça touchant. Ses amis regardèrent en sifflant et pour certains en poussant des bruits.
Il se détacha quelque peu d'elle et la regarda droit dans les yeux.
-J'ai été comment ? Demanda Justin.
-Comme est mon fils, parfait, dit la mère de famille. J'ai hâte de voir à quoi ressemble la coupe que tu ramèneras dans ton lycée.
-Dois je comprendre que tu me laisses continuer ?
-Bien sur mon ange, dit elle. Et je pense qu'ils seront tous là pour veiller sur toi, en particulier Jacques, ajouta-t-elle.
-Vous n'avez pas de soucis à vous faire sur ça madame Bieber, dit Jacques en tapant sur l'épaule de son meilleur ami.
Elle sourit. Justin la prit à son tour dans ses bras, la remerciant à plusieurs reprises.
Après ce moment, j'accompagnai Patricia à l'extérieur.
-Vous allez attendre Justin?
-Oui, je pense que nous pourrons parler comme ça, dit elle. En tout cas merci Sofia, merci de m'avoir rassuré, maintenant je sais que même s'il est malade, je lui laisse au moins une passion qui l'aide à garder la forme et le sourire, et je suis déçue de ne pas l'avoir remarqué plutôt, mais je t'en suis vraiment reconnaissante.
-Tout le plaisir est pour moi madame Bieber, dis je. Ça concerne votre fils alors c'est normal, sur ce, je vais vous laisser et rentrer chez moi, vous embrasserez Justin de ma part.
-Tu ne veux pas rentrer avec nous?
-Oh non, je vais vous laisser parler entre mère et fils, c'est mieux, dis je en lui faisant la bise.
-Très bien alors rentres bien et fais attention à toi, dit elle simplement.
Je lui souris et m'en allai. Ça faisait déjà un problème de régler pour Justin.
...
14:30.
Je travaillai seule chez moi, encore et toujours. Je me devais de réviser régulièrement, je tenais à avoir mes examens et peut-être arriver première de ma promotion pour intégrer une grande école d'ingénieur à Boston, mon rêve.
Mes cheveux étaient attachés en un chignon fait en quatrième vitesse. Je portais un jean et un pull noir, je ne portais décidément que des tenues des plus décontractées.
Je réfléchissais durement sur ma leçon de physiques que je ne comprenais pas. On sonna soudainement à ma porte.
Je ne savais pas qui pourrait me rendre visite un samedi après-midi. J'allai ouvrir. Je pus à peine réaliser qui était à la porte que les lèvres de Justin était déjà sur les miennes. Il me poussa en arrière vers le mur le plus proche.
Il mit ses mains de part et d'autre à mes côtés. J'oubliais totalement le monde autour, bien qu'il m'avait chamboulé, et me concentrait uniquement sur ses lèvres.
Il finit par sourire sur mes lèvres et se détacha petit à petit de moi.
-Merci, chuchota-t-il à mon oreille.
-Merci pour quoi? Demandai je en passant ma main sur sa joue, voulant à nouveau rencontrer ses lèvres.
-Pour ce que tu as fait, ma mère m'a raconté ce que tu lui avais dit, elle me laisse continuer le basket, et elle a retrouvé une certaine confiance en Jacques, grâce à toi, dit il en collant son front contre le mien.
-Je pouvais bien faire ça pour mon petit ami, dis je en souriant.
Je restai concentrée sur ses yeux bruns, couleur presque or. Sa respiration balayait mon visage, son parfum embaumait mes narines, c'était agréable, une putain de sensation agréable.
-Tu t'attends à ce que je t'embrasse à nouveau, n'est-ce pas?
Je souris. Bien sur que j'en avais envie. Il recula doucement de mon visage. Je fus déçue en constatant qu'il ne le ferait pas.
Il rit en voyant ma mine déconfite.
-Ca t'amuse en plus?
-Oui, dit il en souriant. Bon qu'est ce que tu faisais avant que j'arrive?
-J'essayais de comprendre cette putain de leçons de physiques, soufflai je en me rasseyant.
-Tu oublies que je suis là, dit il.
-Tu serais capable de m'expliquer?
-On parie, dit il en s'asseyant à côté de moi.
Il commença à m'expliquer toute la leçon. Il la maitrisait parfaitement, c'était bluffant. Je comprenais parfaitement en plus. Au bout d'une quinzaine de minutes, j'avais tout compris.
-C'est incroyable, tu t'en sors autant que ça en physiques?
-Il faut croire que oui, dit il fièrement.
Je fermai mon cahier, ayant bien compris tout ce qu'il m'avait expliqué. Il portait un bonnet. L'état de ses cheveux ne devait pas s'être amélioré.
-Tes cheveux?
-Oui, c'est de pire en pire, soupira-t-il.
-Tu me fais confiance?
-Oui pourquoi?
-Je peux arranger ton problème capillaire, dis je en me levant.
-Vraiment? Dit il en haussant les sourcils.
-Tu m'as dit que tu me faisais confiance, allez suis moi, dis je en me dirigeant vers les escaliers.
Nous allâmes ensemble dans la salle de bain. Je pris pleins de trucs que je mélangeai dans un pot. Justin regardait attentivement ce que je faisais.
Je lui demandai de s'asseoir et il le fit. Je lui étalai le mélange sur les cheveux, il était vrai que la chimio avait fait des siennes.
Je lui mis du papier spécial sur la tête et lui montrai dans le miroir.
-Alors tu dois te demander à quoi ça sert? Ca va nourrir tes cheveux et les aider à repousser, du moins même si ce n'est pas très utile, tes cheveux repousseront moins sec, quand ils repousseront, dis je.
-Qu'est-ce que tu me feras pas faire putain, dit il en riant.
-Arrêtes c'est mignon une fille qui s'occupe des cheveux de son petit ami, le contredis je.
-Ouais peut-être, et quand est-ce que tu m'enlèves ça?
-Dans une vingtaine de minutes sinon ça ne sert à rien, dis je en m'asseyant sur lui.
Il soupira en penchant la tête en arrière.
-C'est moi ou tu as une petite barbichette qui te pousse sur le menton? Dis je en lui caressant le menton.
-Quoi? Tu aimes? Dit il en relevant sa tête.
-Oui, ça te rend sexy, avouai je.
-Alors je ferais en sorte de la mettre en valeur, juste pour te faire de l'effet, dit il en me faisant un clin d'œil.
-En passant, Jacques t'en a dit plus sur le fait qu'il ait soit-disant couché avec Ella la semaine dernière?
Il prit du temps pour répondre. Il fuit mon regard mais j'insistai pour qu'il me réponde.
-Justin?
-Il était bourré, il ne s'en souvient plus vraiment mais il sait qu'il a couché avec une fille et que cette fille était brune à la peau métisse, ça ne pouvait être que Ella.
-Tu en es sûr ?
-Je reste sur ce que mon meilleur ami me dit, il est capable de se souvenir avec qui il a eu des rapports.
-Bon alors si tu le dis, je ne veux pas qu'il fasse souffrir ma meilleure amie, dis je.
Il haussa les épaules. Nous discutâmes pendant plusieurs longues minutes. Je lui lavai les cheveux puis nous décidâmes d'aller dans mon lit car Justin commençait à se fatiguer.
Je caressai son visage alors qu'il était couché sur moi. Sa tête tombait sur ma poitrine ce qui avait l'air de lui plaire assez.
-Qu'est-ce que tu comptes faire après le lycée? Demandai je.
-Il y a une grande école qui forme de jeunes basketteurs à Boston, et mon rêve serait d'y aller, mon père est d'accord pour me payer la première année, et ma mère y mettra sa participation, elle me l'a dit hier, dit il fièrement. Et toi?
-J'ai décidé d'intégrer une école d'ingénieurs, aussi à Boston, si je termine première de notre classe, je sais que c'est un grand projet, mais je compte réellement réussir mes études tu comprends?
-C'est génial ça, j'ai une idée. Si on allait vivre tous les deux en collocation, à Boston, pour la première année, ça pourrait bien fonctionner, tu trouves pas?
-Mais on aura que 18 ans Justin, on n'est pas un peu trop jeune pour aller vivre seuls dans un appartement à plusieurs kilomètres d'eux?
-C'est une proposition que je te fais, on a le temps d'y réfléchir, dit il pour me rassurer. Bon moi je vais taper un petit sommeil, je suis grave fatigué.
-Tu es chaud, tu fais de la fièvre?
-Occasionnellement, mais rien de grave, ça passera en dormant, dit il en partant dans son sommeil.
Il s'endormit rapidement contre ma poitrine, son corps affalé sur le mien.
Je lui caressai le visage, tout en l'observant. Son corps s'était détendu, il était plus calme. Je tirai la couverture pour le couvrir. C'était tellement mignon. Je lui déposai un baiser sur le front.
Ce moment fut coupé par quelqu'un qui sonnait à la porte. Je soufflai, qui cela pouvait bien être encore?
Je me levai tout doucement pour ne pas réveiller Justin. Je descendis pour ouvrir et tombai sur Manuel. Il posa sa main sur ma hanche et me fit la bise.
Je lui souris, tout de même heureuse de le voir, puis me détachai de lui.
-Manuel ça fait plaisir de te voir, dis je en souriant.
-Tu es seule? Je voudrais passer du temps avec toi, dit il.
-Ah...hum...non, Justin dors à l'étage.
-Qu'est-ce qu'il fait ici?
-Eh bien c'est mon copain, il est comme chez lui ici, le justifiai je.
-Je veux dire, il a une maison pour dormir non? Il est un peu profiteur quand même.
-Il était fatigué, tu sais Justin est malade Manuel, lui dis je.
-Et alors? Toi aussi tu étais malade et tu n'es pas allée dormir chez lui pour autant, rétorqua-t-il.
-Non tu ne comprends pas, il a une leucémie, il n'est pas toujours au top de sa forme.
-Leucémie ou pas, je le trouve un peu profiteur. Je ne sais pas, dans sa personnalité il n'a pas l'air de quelqu'un de bien, il est tatoué de partout, je sais pas. Et puis pourquoi tu t'encombres avec un malade comme lui?
-Mais Manuel c'est dégueulasse ce que tu dis, ce n'est pas de sa faute s'il est malade, je ne peux lui en vouloir d'avoir une leucémie ! Et puis tu ne le connais même pas, comment tu peux le juger ? Je ne te reconnais pas Manu, je veux bien comprendre que tu n'aimes pas Justin mais respectes le s'il te plait.
-C'est un point de vue que je te donne, rien de plus. Et puis s'il ne survit pas, parce que beaucoup de personnes meurt de ça, tu seras malheureuse, comment veux-tu qu'il te rende heureuse s'il ne l'ai pas lui même, dit il.
-Manuel tais toi, c'est n'importe quoi ce que tu dis. Il survivra et il me rend heureuse à sa manière, si je reste avec lui c'est par amour et pas par intérêt, peu importe la maladie on restera ensemble quoiqu'il arrive ! Et puis tu t'entends parler? On dirait que moi je parle comme ça de ta copine !
-Ecoute Sofia, je te dis que Justin n'est pas un mec pour toi, je fais ça pour te préserver après libre à toi de m'écouter ou pas.
-Tu es jaloux c'est ça?
-Moi? Jaloux ? Pourquoi?
-Tu ne veux pas me voir heureuse avec quelqu'un d'autre !
-Pitié Sofia on était gosse, pourquoi tu ravives le passé comme ça? On était petit et naïf !
-Qu'est-ce qu'il fait là lui? Nous coupa Justin.
Merde pas ça.
-Je venais voir Sofia, répondit Manuel.
-Elle n'a pas l'air d'être contente de te voir, dit Justin. Et je vois que ça parlait de moi.
-Justin s'il te plait ne t'en mêles pas, suppliai je.
-J'ai entendu mon prénom ça me concerne Sofia.
-Tu n'entends pas? Elle ne veut pas que tu t'en mêles, dit Manuel en fixant Justin.
-Mais c'est quoi ton problème à toi? On en t'a rien demandé, s'énerva Justin.
-On ne t'a rien demandé à toi non plus, repars te coucher p'tit fragile.
-Qui est-ce que tu traites de fragile connard ?!
-Toi petit malade, cracha Manuel.
-Manuel !
-Quoi? Je ne fais que dire ce qu'il est, dit il.
-Je t'ai dit que je voulais que tu le respectes !
-Comment veux-tu que je le respectes? Attends est-ce que toi tu te respectes en sortant avec un type pareil ?
Justin donna un coup de poing à Manuel. Ca devait arriver. Manuel se tint un instant le nez, Justin lui avait carrément brisé l'os. Et ce qui devait arriver arriva. Manuel rendit son coup à Justin.
Je me mis tout de suite entre les deux hommes en leur criant d'arrêter.
-Maintenant tu dégages Manuel !
-Quoi? Mais c'est lui qui a commencé !
-Dégages, je ne veux plus te voir !
Il ne dit rien de plus et passa la porte comme je lui avais ordonné.
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