27

Lui

Heure inconnue.

Et je me retrouvais une fois de plus à l'hôpital. Je m'étais réveillé il y a peu, me retrouvant dans une chambre neutre, avec des perfusions de tous les côtés et dans l'accoutrement d'un malade.

Quelques pansements étaient présents notamment sur ma lèvre et sur mon sourcil.

J'avais pu déduire que j'étais reparti à la case départ. Je pouvais dire que c'était de la faute de Jacques, mais je ne lui en voulais autant que j'en voulais à Sofia.

J'étais trop dégoûtée par ce qu'elle m'avait fait pour être plus énervée contre mon meilleur ami. Mes parents avaient sûrement été prévenus et je savais que je ne leur rendais pas la vie simple avec mes aller-retours aux urgences.

Surtout avec ce qu'il se passait en ce moment. Je regardai le vide, attendant qu'un éventuel médecin ou un de mes proches entre dans la pièce. Et le premier fut Jacques.

Il me sourit en me voyant et ferma la porte.

-Comment tu te sens? Demanda-t-il doucement.

-Tes gars m'ont niqué, je devrais répondre quoi à ta question?

-Excuses moi Justin, c'est de ma faute, j'aurais jamais dû t'entraîner là-dedans, dit il en s'asseyant auprès de moi.

-Tu penses que je devrais porter plainte ?

-T'es fou ça sera pire, non, c'est une très mauvaise idée, je réglerais moi-même mes histoires avec eux, dit il.

-Bon, si tu le dis mais fais gaffe à toi quand même, dis je. Et c'est pas grave, à vrai dire je t'en veux pas vraiment, mais il va falloir que tu m'expliques pourquoi tu as donné de la fausse marchandise, dis je.

-Trop longue histoire, mais sérieux? Tu ne m'en veux pas ?

-Non, à vrai dire j'en veux plus à Sofia qu'à toi, avouai je. D'ailleurs où elle est?

-Elle est partie prévenir tes parents et prendre un café, crois moi elle est vraiment pas bien pour toi, je lui ai proposé de rentrer chez elle mais elle refuse, elle veut s'assurer que tout aille bien pour toi, me dit il.

J'étais presque étonné qu'elle prenne autant d'initiatives pour moi.

Pourquoi elle faisait tout ça ?

-Je comprends pas pourquoi elle fait ça, dis je dans un murmure.

-Soit elle t'aime réellement et dans ces cas là ce baiser avec Abel n'avait rien de sérieux et c'était un baiser volé soit c'est de l'hypocrisie, dit il.

Je réfléchis un moment. Elle n'était pas du genre à mentir.

Mais elle n'était pas du genre à aller embrasser d'autres mecs non plus, me rappela ma conscience.

Je soufflai. Le docteur Rys entra dans la pièce. J'étais plutôt heureux de le voir. Il me sourit.

-Bonjour Justin, comment allez vous? Demanda-t-il.

-Disons que ça peut aller, dis je.

-Tant mieux, j'ai une plus ou moins bonne nouvelle à vous annoncer, mais je préférerais attendre l'arrivée de vos parents. En attendant j'aimerais savoir quelques petits détails sur vous, comment vous êtes vous retrouvé dans cette état?

Je cogitai un moment. Devais je lui dire que c'était des hommes avec qui Jacques marchandait ou devais je inventer une excuse valable?

-Vous ne me croyez pas quand je vous dis que c'est des mecs d'un autre lycée qui ont voulu régler des comptes avec lui? Dit Jacques.

-Excusez moi jeune homme mais je m'adresse à Justin, dit il à Jacques. Donc Justin, confirmez vous ce que votre ami dit?

Je ne devais pas hésiter, de toute façon je ne choisirais pas de porter plainte.

-Oui, c'est ça, dis je.

-Très bien, vous savez bien sûr que si vous voulez vous pourrez déposer plainte pour coups et blessures, me conseilla mon médecin.

-Non, c'était un mal entendu, je pense que ça pourra passer pour cette fois, dis je.

-Très bien, c'est comme vous voulez Justin, en attendant l'arrivée de vos parents, je pense que Sofia voudrait vous parler, seul à seul, précisa-t-il en regardant Jacques.

Ce dernier comprit qu'il devait sortir et je permis à mon médecin de faire entrer Sofia.

Elle avait l'air inquiète, mais à la fois soulagée. Elle tenait dans sa main un café qu'elle n'avait pas réussi à finir. Elle me lança un sourire timide auquel je ne répondis pas et préférai regarder ailleurs, comme pour fuir son regard.

-Comment tu te sens? Demanda-t-elle.

-Tu t'inquiètes encore pour moi après ce que tu m'as fait ? Demandai je sèchement.

-Justin, c'était un baiser volé, je n'aurais jamais embrasser Abel de mon plein gré, d'ailleurs, c'est lui qui l'a fait et pas moi, et je l'ai giflé derrière.

-Comment je pourrais te croire ? Tu sais très bien que je détestes Abel plus que tout au monde ! Est-ce que tu peux comprendre que le fait d'embrasser un autre mec, surtout quand il s'agit de mon pire ennemi est pour moi pire qu'une trahison ?

-Mais Justin je te dis que c'est un putain de mal entendu, je ne l'ai pas embrassé c'est lui qui l'a fait et je l'ai directement repoussé !

-Et comment je pourrais te croire ? Comment je pourrais être sûr que tu me dis bien la vérité ? Hein ?

-Justin je ne te demande pas de me pardonner mais simplement de me croire, pourquoi je perdrais mon temps à te mentir? Dit elle.

-J'étais prêt à t'avouer mes sentiments, à tout étaler d'un coup, à te dire que tu me rendais meilleur, différent...soupirai je.

Elle baissa la tête.

-Mais moi aussi je t'aime Justin...dit elle dans un murmure.

Mon cœur en prit un coup. Je n'étais pas prêt à ce qu'elle me dise ça délibérément. Je commençai à rougir en la regardant. Ce « je t'aime » avait remis tout en question, autant la colère que j'avais envers elle que les sentiments qui me traversaient en ce moment même.

Je voulus dire quelque chose mais la porte s'ouvrit sur ma mère complètement chamboulée. Une fois de plus nous étions coupés.

Elle accourut vers moi remerciant tous les saints pour mon état qui avait l'air pour elle moins pire que ce qu'elle avait imaginé.

Mon père était plus en arrière, une mine fatigué sur le visage. Ma mère m'assommait de baiser sur le visage.

-Maman je vais bien, dis je.

-J'ai eu tellement peur mon chéri, dit elle. Comment tu te sens ?

-Bien maman tu n'as pas de soucis à te faire, lui dis je.

-Tant mieux mon amour, dit elle en prenant mon visage dans ses mains.

-Bon et bien je pense que je vais sortir, dit Sofia en s'en allant rapidement.

Nous pûmes juste entendre le porte claquer qu'elle était déjà de l'autre côté de la porte.

-Qu'est-ce qu'elle a ? Demanda ma mère intriguée. Il s'est passé quelques choses entre vous ?

-Non rien c'est juste des petites histoires, ça va se régler, mentis je.

Je ne voulais pas dire à ma mère ce qu'il s'était passé parce que je ne voulais pas qu'elle ait une mauvaise vision de Sofia, sachant que c'était la seule fille que je lui avais présenté de ma vie, et peut-être la seule.

Mon père regardait par la fenêtre, ne prêtant même pas attention à mon état.

-Il a honte, il sait que tu l'as vu dans son sale état hier et il ne veut pas que tu aies une mauvaise vision de lui, il préfère ne pas engager la conversation et en plus de ça il n'est pas en très bonne forme, il n'échange pas beaucoup, même avec moi, me chuchota ma mère.

J'acquiesçai simplement. Il m'avait certes légèrement déçu mais c'était mon père et je l'aimais tel qu'il était, mais je ne pensais qu'il remonterait la pente aussi difficilement.

-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé exactement Justin ?

-C'est des gars d'un autre lycée qui avait des comptes à régler avec Jacques sauf qu'ils se sont tournés vers moi parce que je l'avais défendu et ça a mal tourné, dis je rapidement.

-Mais il faut que tu portes plainte Justin, s'exclama-t-elle.

-Non maman ça ne sert à rien, on va régler ça calmement, tu n'as pas de soucis à te faire, répétai je.

Quelques choses dans son regard me disait qu'elle ne voulait pas me croire. Et c'était la merde parce que ma mère ne lâchait jamais l'affaire quand elle voyait que je lui mentais délibérément.

La porte s'ouvrit à nouveau sur mon médecin. Ma mère accrocha mon regard un peu plus longtemps pour me faire comprendre qu'elle n'en avait pas fini avec cette histoire.

-Donc maintenant que toute la famille est présente, je peux vous annoncer la nouvelle, dit le médecin. Déjà je trouve ça bizarre qu'un taux assez élevé d'alcool soit présent dans votre sang Justin, m'enfin bref, venons en au fait.

Mon père se tourna complément pour mieux écouter et ma mère me serra la main un peu plus fort, tout en me jetant quelques coups d'œil.

Comment allais je lui expliquer le taux d'alcool présent dans mon sang, alors que j'étais malade et que je le savais?

C'était la deuxième fois de ma vie que j'avais autant peur d'apprendre une nouvelle donnée par ce même médecin.

Nos cœurs battaient à la chamade, la tension était bien présente.

-J'ai trouvé le type de leucémie que votre fils possède, et il semblerait qu'il soit atteint d'une leucémie aiguë lymphoblastique, un type de leucémie qui se développe assez rapidement, et je me suis laissé avoir par la bonne santé de votre fils, mais il va falloir que nous agissions vite à présent, car cette leucémie se développe assez vite et Justin reste fragile car il n'a que 17 ans, et il reste un des cas rares à attraper ce genre de cancer aussi jeune. Quoiqu'il en soit ce petit incident vous a entre guillemets sauvé la vie, sinon je n'aurais jamais pu découvrir tout ça, explique le docteur Rys.

Ma mère acquiesçait, écoutant chaque parole du médecin. Mon père était beaucoup plus passif mais il avait l'air de suivre ce qu'il se passait, du moins c'est ce que je pensais.

-Il faut donc procéder le plus rapidement possible à une chimiothérapie, et je ne pourrais vous laisser qu'une semaine pour me donner une réponse sur votre choix, si dans une semaine Justin ne commence pas son traitement, la situation deviendra critique pour lui, et quand je dis critique je ne plaisante pas, dit il d'un ton sérieux.

Mes parents firent les gros yeux, autant ma mère que mon père.

-Je sais que qu'une chimiothérapie peut être un traitement assez cher, mais vous n'avez pas le choix, c'est pour la vie de votre fils, continua le docteur Rys.

Ma mère se mit à pleurer. Si je ne faisais pas ça, j'allais mourir, c'était sur. Bordel de merde.

Pourquoi tout ça devait m'arriver à moi ? Qu'avais je fait à ce putain de monde pour mériter ça ?

Ma mère devenait presque inconsolable, malgré le soutien que mon père lui apportait.

-Bon après je ne vous garantie pas que ça soit sans risque, si le corps de Justin ne supporte pas le traitement il en prendra un coup violent, en tout cas, je vous laisse pas plus d'une semaine pour me donner votre réponse, en attendant je donnerais un traitement à Justin pour retarder un peu la maladie, mais il est important que vous me donniez une réponse rapidement.

Ma mère essayait de se calmer mais elle arrivait difficilement.

Ils sortirent tous, comme ma mère n'était pas en mesure de reprendre ses esprits.

Et maintenant la décision n'en venait qu'à moi : étais je prêt pour faire cette chimiothérapie?

...

Nous étions rentrés depuis maintenant quelques heures. Il se faisait tard et dans la voiture personne n'avait rien dit.

La situation ne le permettait pas.

Cependant en rentrant, mes parents n'hésitèrent pas à commencer à débattre sur la suite des événements.

Jazmyn et Jaxon dormaient déjà.

Je les entendais se disputer de l'étage où je m'étais réfugié, trop boulversé pour parler à qui que ce soit.

-Jeremy je ne peux pas assurer cette somme avec le salaire que j'ai, il faut que tu retrouves un travail, je ne sais pas, fais quelques choses, des petits boulots, mais on ne pourra pas s'en sortir si tu ne fais rien, dit ma mère.

-Mais tu crois que c'est facile ?! Je viens de perdre mon travail et le lendemain on m'apprend que mon fils doit se faire soigner alors que je n'ai pas les moyens de lui payer cette putain de chimiothérapie !

-Mais il faut que nous agissions au plus vite, c'est la vie de Justin qui est en jeu, si nous ne réagissons pas il va mourir Jeremy, et je ne supporterais pas de le perdre, dit ma mère en se remettant à pleurer.

J'entendais soudainement une porte claquée, et c'était celle de la chambre de Jazmyn. Elle avait tout entendu, et elle était assez intelligente pour comprendre quand il y avait un problème à la maison.

Je me dirigeai vers sa porte mais ne pus entendre que des sanglots derrière cette dernière. Elle avait compris, elle avait compris qu'il y avait quelques choses qui clochait chez moi et que c'était cette maladie.

Je n'eus pas le courage d'ouvrir la porte et fis demi tour dans ma chambre. Ma famille était en train de perdre pied, en seulement quelques semaines.

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