15
Lui
09:30.
J'arrivai dans le lycée. J'étais peut être en retard mais c'était le cadet de mes soucis, j'avais une putain de leucémie, et même 3 jours après l'annonce de la nouvelle, je le prenais mal.
J'avais l'impression qu'on m'en voulait et qu'on voulait me faire payer quelque chose que j'avais pas fait.
J'avais déjà bien lutté contre mes parents pour ne pas aller au lycée, mais ils m'y avaient quand même obligé, ils estimaient que j'allais mieux, j'allais mieux physiquement, mais moralement c'était critique.
J'arrivai devant la salle de cours. 30 minutes de retard, mais après tout j'avais mes raisons.
Je savais qu'ils avaient informé la principale de ma leucémie, mais je leur avais formellement interdit de prévenir un autre professeur. Ni même l'entraîneur Scooter. Je ne voulais pas qu'il me recale de l'équipe, j'en étais le capitaine.
J'allais jouer le match qui se déroulerait dans une semaine, pour l'équipe, pour les gars.
J'entrai sans toquer, je n'étais pas d'humeur de toute façon.
Tous les regards se tournèrent vers moi, ils ne pouvaient pas savoir, personne ne savait d'ailleurs. A part la principale, mes parents, le médecin qui me suivrait dorénavant et moi.
La prof me dévisagea, voyant que je n'avais aucune gêne à interrompre le cours.
Elle me fixa jusqu'à ce que je m'installe à côté de Sofia, -de toute façon je n'avais pas le choix-, mais bizarrement ne dit rien, elle avait dû lire dans mes yeux que je n'avais pas envie de m'embrouiller avec qui que ce soit.
Elle continua son cours alors que quelques commentaires se faisaient entendre sur moi. Je sortis mes affaires sans vraiment d'énergie puis regardai le cahier bien organisé de ma voisine pour commencer à copier.
-Tu vas bien? Me demanda cette dernière.
Je levai les yeux vers elle mais ne dis rien. Je n'avais pas même envie de parler avec elle.
-Tu comptes m'ignorer, c'est ça ?
Je continuai à écrire sans rien dire ni même lui adresser un seul regard.
-T'as raison c'est le meilleur moyen, ne pas se parler et faire comme si on n'existait plus l'un pour l'autre, dit elle en soufflant.
-On est dans un cours de physiques, je vais pas bavarder avec toi, dis je finalement.
-Mais tu te fous de ma gueule? T'en as rien à faire qu'on parle en même temps que la prof, dit elle outrée.
-J'ai pas envie de parler Jamora, encore moins avec toi.
-C'est comme ça que tu me remercies d'avoir appelé les secours quand tu as fait ton malaise?
-Tu attends des remerciements c'est ça ?
-Ça serait déjà pas mal, fit elle.
-Alors si ça peut te clouer le bec, merci, maintenant fous moi la paix.
-Et ce qu'il s'est passé entre nous ça ne compte plus?
-Ça n'a jamais compté Sofia, dis je sèchement.
-Pourtant tu disais que la prochaine fois on ferait plus que ça...dit elle presque pour elle-même.
-Il n'y aura pas de prochaine fois, c'était la dernière fois, et je t'avais dit que ça ne compterait jamais parce que je faisais ça juste pour m'amuser et te chauffer, rien de plus.
Je sentais bien que ça l'avait blessé mais je n'avais pas la tête à ça en ce moment.
-Tu peux au moins me dire ce que tu as, dit elle timidement.
Non je ne pouvais pas. Parce que je ne voulais pas qu'elle apporte un jugement sur moi ou une quelconque pitié. Je ne voulais pas qu'elle compatit pour moi. Je ne voulais pas qu'elle ait une pensée pour moi, alors je ne lui dirais pas. En plus de ça, je n'avais pas envie que sa meilleure pote soit aussi au courant, ma réputation en prendrait un bon coup.
-S'il te plaît Sofia, laisses moi tranquille, je ne te le répèterais pas, dis je.
-D'accord mais pour les cours de soutien?
-Ecoute Sofia va falloir que tu comprennes que je ne veux plus que tu me parles, je veux que tu m'oublies et que tu m'effaces de ta mémoire ! Tu n'es rien pour moi et je ne suis rien pour toi, on est juste deux personnes dans la même classe et on ne se calcule pas. Tout ce qu'il s'est passé entre nous tu oublies ! Et tes cours de merde là, t'as qu'à te trouver un autre échec scolaire pour les faire ! Oublies moi putain de merde !
Je me levai brusquement, la faisant sursauter de peur. Ma chaise était tombée derrière moi.
Toute la classe se tourna vers moi et la prof interrompit son cours.
-Monsieur Bieber je vous demanderais de vous rassoir s'il vous plaît, dit elle d'un ton autoritaire.
-Et puis ce cours m'emmerde, dis je agressivement en prenant mes affaires.
Je pris mon sac et m'en allai de la salle, j'en avais ma claque. La prof m'appelait mais sans effet, je n'allais pas revenir. Mon attitude avait peut-être été disproportionnée, mais tout me soûlait, je voulais juste qu'on me foute la paix.
Je sortis du bâtiment et allai vers la grille que j'envisageai d'escalader. J'entendis soudainement des pas derrière moi et une voix qui m'appelait.
Je ne me retournai pas mais sentis soudainement une force s'exercer sur moi, alors que j'essayai d'escalader la grille.
-Mec fais pas ça, me dit Jacques.
-Pourquoi je ferais pas ça ? Me dis pas que tu commences à en avoir quelque chose à foutre du lycée? Crachai je.
-Non. Mais il faut qu'on parle.
-Je ne veux pas parler Jacques.
-Eh bien tu vas devoir le faire, insista-t-il.
Je soufflai puis redescendis. Je le suivis jusque dans le couloir.
-Tu préfères aller sur le toit? Demanda-t-il.
Je ne répondis pas alors il prit ça pour un oui. Nous montâmes jusqu'au toit du bâtiment.
-T'as manqué 2 jours de cours sans me donner aucune nouvelle mec, qu'est-ce qu'il s'est passé?
-Elle ne t'a pas dit ?
-Qui elle?
-Jamora, dis je.
-Non. Tu sais que je ne lui parle pas, et qu'elle ne viendrait jamais me parler de son plein gré.
-J'ai fait un malaise lundi soir, c'est elle qui a appelé les secours, et j'ai été hospitalisé de ce moment à hier, je suis rentré qu'hier midi, dis je.
-Pourquoi tu ne m'as rien dit?
Je restai immobile et calme, les mains dans mes poches et le regard vers le vide.
Je ne voulais pas répondre à cette question.
-Tu sais que ça l'a blessé ? Il n'y a peut-être que moi qui l'ait vu mais elle était refroidie, je sais pas ce que tu lui as dit mais tu l'as blessé Jay.
-Ne me dis pas que tu commences à te soucier d'une fille qui pleurniche? Soufflai je.
-Tu devrais t'excuser. Elle t'a quand même un peu sauvé la vie, elle aurait pu partir et te laisser inactif.
-T'es mal placé pour me donner ce genre de conseil.
-C'est vrai, tu marques un point, dit il en riant nerveusement.
-Je ne m'excuserais pas.
-Tu comptes me dire ce que tu as ? Je t'ai connu agressif mais là c'est autre chose, y a autres choses derrière le fait que t'aies été hospitalisé.
-Jacques ce que je vais te dire n'a rien d'amusant, si je te le dis, c'est parce que tu es mon meilleur ami et que je sais que ça restera entre nous.
-Vas y dis moi, dit il.
-Jacques, je suis atteint d'une leucémie, un cancer du sang si tu préfères, je vais commencer mon traitement la semaine prochaine et si ça ne fonctionne pas je devrais passer au traitement plus intensif, et je sais pas si mon corps va supporter ça, et tu peux pas savoir comment ça me fait chier, j'ai l'impression que mes jours sont comptés, que je vais mourir très bientôt, sans même être prêt, et je voulais que tu le saches parce que tu as le droit de savoir ça Jack.
Je poussai un soupire. Il avait l'air de mal prendre la nouvelle, mais il n'y avait pas de quoi en jouir, j'allais peut être y laisser ma vie.
Un blanc s'installa. J'avais envie de pleurer mais ça ne servirait à rien, pleurer c'était pour les faibles et je n'étais pas un faible.
Et ça n'allait pas me guérir. Il posa soudainement sa main sur mon épaule.
-C'est sur que c'est vraiment la merde, et que je supporterais pas que tu meurs à ton âge, mais s'il y a bien un conseil que je puisses te donner, c'est de profiter de la vie, pour commencer te trouver une meuf, et pouvoir ne plus être puceau, dit il en me souriant. Mais aussi continuer le basket, parce que je sais que tu aimes ça, faire tout ce que t'as toujours rêvé de faire, vivre ta vie d'adolescent pleinement, profites mec, je veux te voir profiter, même si c'est pas la meilleure nouvelle de ta vie, je te l'accorde. Mais je veux te voir profiter de ta vie et jouir de chaque moment, tel que tu commences c'est un peu mal parti, mais si tu y mets du tien, je pense qu'avant de mourir tu ne seras pas déçu de ce que tu as vécu, bien sûr je veux que tu survives, et on se battra ensemble pour que tu survives mec, je te le jure sur la tête de ma mère, dit il.
Il avait raison. J'étais certes mal au fond de moi, mais je devais vivre ma vie merde. Ce n'était pas une maladie qui allait m'empêcher de faire tout ce que j'avais toujours rêvé de faire.
-Et je te le promets aujourd'hui même, je serais toujours avec toi pour me battre, tu peux compter sur Jacques Webster sur ce point là.
Je le pris dans mes bras en lui tapant l'épaule, c'était comme mon frère, il avait les mots pour me remonter le moral.
-Et même si ça peut être un moment un peu mal placé pour en parler, je veux que tu sois là à ma fête ces vacances, je compte sur toi, je veux que tu t'amuses à fond Jay, j'irais jusqu'à chez toi pour te tirer jusqu'à la fête, crois moi là-dessus.
Je ris.
-Oui j'y serais, je te le promets aussi, lui dis je. Mais pas un mot aux gars par rapport à ce que je t'ai dit, d'ac?
-T'en fais pas pour ça, dit il.
La sonnerie retentit.
-On devrait y aller, déjà que tu as semé assez de pagaille comme ça en cours de physiques, rit il.
-Ouais je sais c'était con de ma part.
-Très, souligna-t-il.
-Mais comment la prof t'a laissé sortir?
-« Ne vous inquiétez pas madame je vais le calmer », il en faut peu pour la rassurer, rit il.
Je ris avec lui. Quel con putain.
...
Je rentrai chez moi après une longue journée de cours. Je ne voulais toujours pas parler a Sofia.
Je n'avais pas envie qu'elle me pose des questions sur ma maladie ou qu'elle me prenne la tête, mais je m'en voulais de lui avoir balancé tout ça à la gueule. Elle voulait juste prendre de mes nouvelles.
Ma mère était présente, et sûrement mon père.
Mon frère et ma sœur devaient être à l'école.
-Bonsoir mon chéri, comment s'est passé ta journée? Demanda ma mère.
-Comment veux tu qu'elle se passe? J'étais pas dans mon assiette, dis je en m'asseyant sur le canapé.
-Tu as remercié Sofia? Dit elle.
-Oui vaguement.
-Comment ça vaguement ? Vous vous êtes disputés c'est ça ? Me questionna-t-elle intriguée.
-Ecoute maman je ne veux pas lui parler.
-Tu devrais, tu lui dois la vie, dit elle.
-La vie c'est un grand mot.
-Un grand mot qui est en jeu pour toi Justin, me dit elle sévèrement.
Je ne dis rien.
-Et puis ce n'est pas de sa faute si tu...
-Maman je ne veux pas en parler, d'accord ?
-Très bien, très bien, je l'ai invité à déjeuner ici samedi.
-Tu as fait quoi?! Dis je en la regardant.
-Je l'ai invité à déjeuner samedi après-midi, répéta-t-elle.
-Maman t'es pas sérieuse ?!
-Comment j'aurais pu deviner que vous vous disputerez? Je pensais que vous vous entendiez bien vous deux, dit elle. Elle voulait te voir hier mais elle a pu constaté que tu ne voulais pas parler alors je lui ai proposé de venir rien de plus normal.
-Mais papa fais quelque chose, dis je alors qu'il venait de nous rejoindre dans la pièce.
-Je trouve qu'elle est adorable moi, cette petite Sofia, dit il.
Je me tapai le visage en soufflant. Dans quelle famille je vivais merde.
Je me frottai le visage et montai dans ma chambre. Je pense que je n'avais pas le choix et que j'allais devoir supporter Sofia pendant un après-midi entier.
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On est arrivé aux 1k vues merci ☺️❤️
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