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Elle

13:15.

-Oh bonjour docteur Rys, ça fait longtemps, dis je en lui serrant la main.

-Assez pour que je vous retrouve enceinte, dit il.

Je rougis. Ella ne savait même pas à qui je parlais.

-Vous avez rendez-vous avec un gynécologue ? Demanda-t-il.

-Hum...oui, mentis je.

S'il venait à revoir Justin, je ne voudrais surtout pas qu'il lui dise que j'avais comme ambition d'abandonner notre bébé.

-Hum...je vois, dit il.

-Vous avez eu des nouvelles de Justin? Demandai je.

-Oh oui, ses parents m'ont contacté pour me donner de ses nouvelles et ils sont passés me voir cet été, et apparemment le traitement en France le réussit assez, dit il.

-Il a eu un accident...qui lui comptera sûrement la vie, dis je.

Son visage se décomposa.

-Quel...quel genre d'accident ?

-Un infarctus, dis je.

-Oh...mais vous savez si?

-Je n'en sais pas plus que vous non, j'ai été prévenu il y a peu et je n'ai pas plus d'arguments sur ce point que vous, dis je.

-Oh, je vois, eh bien j'essaierais de me renseigner, bonne journée et bonne chance avec votre enfant.

Je le remerciai puis il s'en alla.

-C'était qui lui? Demanda Ella.

-L'ancien docteur de Justin à LA, c'est lui qui a envoyé Justin à Paris, dis je.

-Mais si Justin revient...

-Si Justin revient il saura que j'ai été enceinte mais pas que j'ai abandonné le bébé, dis je.

-Je te rappelle que tu es censée lui en faire part étant donné que c'est lui le père, rétorqua-t-elle.

-Je sais Ella, je sais, dis je.

...

07:30.

J'étais encore éveillée. Nous étions à la fin du mois de novembre.

J'étais donc à terme. Je ne savais pas à quel moment ma fille pouvait arriver et ça me stressait, surtout pour ce que j'avais l'intention de faire.

Ne trouvant pas le sommeil, j'avais décidé d'aller prendre mon petit déjeuner, oui, à 7 heures du matin.

Je lisais en même temps un livre sur les bébés qu'on m'avait donné pour quand j'aurais à m'occuper de ma fille.

Sauf que je n'allais pas le faire et ça, ça allait me suivre toute ma vie.

Je buvais donc un café pour me donner de l'énergie, même si j'avais de plus en plus mal au dos et au ventre.

Mon père descendit, surpris de me voir déjà debout à une heure pareille.

-T'es matinale dis donc, dit il en souriant.

-Oui, c'est à cause du bébé, elle ne me laisse pas le choix, avouai je.

-C'est une petite dur, mais ne t'inquiètes pas, bientôt tu pourras enfin respirer.

Je baissai la tête. Bientôt j'allais surtout penser à mon bébé que j'allais abandonner.

Et j'étais d'autant plus stresser à l'idée d'imaginer la réaction de Justin quand il l'apprendrait.

-Pourquoi tu ne t'en laisses pas le choix? Pourquoi te fais-tu ça ?

-Pour Justin papa, et puis...si Jacques était en réalité le père de l'enfant ? Dis je peu sereine.

-C'est vrai qu'à ce stade ça serait vraiment très compliqué, dit il. Mais bon, si tel est ton choix.

Je trempai ma tartine dans mon bol.

-Au fait, Justin va beaucoup mieux, apparemment son traitement est beaucoup plus supportable pour lui à présent, dis je en souriant.

-Ah oui?

-Oui, en réalité il avait déjà appelé avant pour me dire qu'il était hors de danger mais à ce moment là tu étais en pleins dans tes rendez-vous et c'était un jour où je t'avais accompagné pour une échographie, les pleurs des bébés m'avaient assez angoissé, donc je ne sais pas quelle impression j'ai donné au père de Justin.

-Oh...c'est super, mais ça veut dire qu'ils vont bientôt rentrer à LA?

-Ils n'ont pas parlé de rentrer à LA, mais ça pourrait être une possibilité, étant donné que Justin va mieux.

J'avais réellement des raisons de m'inquiéter à présent.

-Sinon, quels prénoms as-tu choisi pour la future Bieber/Jamora ?

-Hum...j'ai opté pour J...

Des contractions violentes me prirent soudainement. J'eus le réflexe de m'éloigner de la table.

Les contractions étaient horribles à supporter. Alerté, mon père accourut d'abord vers moi, puis voyant qu'il ne pouvait rien faire, il décida d'appeler les secours.

Quant à moi, je tentai de rester calme et de gérer mes contractions. Le gynécologue m'avait plusieurs fois parlé des contractions mais je ne les imaginais pas aussi soudaine et violente.

-T'inquiètes pas chérie, ils vont bientôt arriver, affirma-t-il.

Je l'espérais, je voulais tout sauf accoucher chez moi.

...

Eux (James)

12:30.

Ça faisait un bon bout de temps que j'entendais ma fille crier de douleur. Elle me faisait pitié. Elle avait refusé qu'on lui mette la péridurale, elle se sentait de force à assumer les contractions.

Elle était comme sa mère. Elle n'avait peur de rien et pouvait tout assumer. Je n'avais cependant pas pu savoir quel prénom elle avait choisi pour son enfant.

Ella sortit soudainement de la salle. Je me dirigeai vers elle pour en savoir plus à propos de ce qu'il se passait.

-Alors ? Demandai je.

-Le bébé n'arrive pas à sortir, elle tente mais c'est assez dur, dit elle. Et Sofia pousse comme elle peut mais c'est dur aussi pour elle.

-Seigneur, soupirai je. Elle ne méritait pas de souffrir autant, dis je.

-Oui, mais c'est un accouchement, ça n'est jamais agréable, ni pour la maman, ni pour le bébé, ni pour les proches.

-Je peux la voir ?

-Oui allez y, elle a besoin de vous, dit elle.

Je rentrai donc dans la chambre et vis ma fille dans un état second. Les mèches blondes de ses cheveux étaient de part et d'autre.

Elle avait l'air vraiment épuisée, et je la comprenais. Elle me rappelait tout à fait sa mère.

Sa mère était épuisée par Sofia, elle avait pris autant de temps pour sortir, et ça me faisait quelques choses de la voir comme ça.

Je sentais vraiment le regard de sa mère dans le sien. Sauf qu'à la place du père de son enfant, elle m'avait moi dans son champ de vision.

-Colonel, votre fille pousse comme elle peut mais le bébé ne se décide pas à sortir. Elle tente mais c'est dur pour elle comme pour votre fille, il faut enclencher la péridurale, dit un des médecins.

-Sofia...dis je.

-Je la sens venir papa, j'en suis sûre, dit elle.

Elle regarda les médecins d'un regard décidé à pousser.

Ils se regardèrent entre eux puis acquiescèrent.

-Allons-y, dirent ils.

Ella était d'un côté du lit et tenait la main de sa meilleure amie, tandis que je tenais celle de ma fille de l'autre côté.

Et l'entendre pousser de douleur était pour moi la plus horrible des choses, j'avais l'impression qu'elle luttait contre son bébé.

Elle poussait comme elle pouvait et en perdait ses couleurs.

Après plusieurs longues minutes, nous entendîmes des pleurs. Elle avait réussi, elle avait accouché.

Les médecins sortirent complètement le bébé puis s'en allèrent avec.

Sofia était en larmes. Elle avait réussi mais je sentais que dans ses yeux, elle n'avait qu'une envie : se lever et aller chercher son bébé.

Mais comme elle ne s'en laissait pas le choix, elle la laissa s'éloigner d'elle.

Elle continua à pleurer alors que les sages femmes s'occupaient de nettoyer le tout. Elle me faisait de la peine.

...

Eux (Ella)

Cela faisait un bout de temps que Sofia restait scotchée sans bouger à observer le vide.

Normalement, un médecin viendrait nous demander le nom que Sofia a choisi pour son bébé.

Mais ça faisait déjà un bon bout de temps qu'elle ne parlait pas et qu'elle observait le vide. Je restai à côté d'elle, pour tenter de la « réanimer ».

Elle était comme un zombie à côté de moi. Et ça me faisait de la peine, James était parti discuter avec le médecin qui avait pris en charge le dossier de la fille de Sofia.

-Sofia, je sais que c'est dure mais tu vas  t'en remettre, affirmai je.

Elle ne dit rien. Les larmes parlaient pour elle.

La porte s'ouvrit brusquement. Nous vîmes le médecin ainsi que James rentrer.

-Bonjour mademoiselle Jamora, bonjour à vous, vous devez être...

-Ella, sa meilleure, dis je au médecin.

-Oui c'est cela. Alors, quel prénom avez vous choisi pour votre fille? Demanda-t-il à Sofia.

Elle soupira avant de regarder le médecin.

-June Lyah, elle s'appelle June et son deuxième prénom est Lyah, dit elle.

-Très bien merci beaucoup, je vous laisse une sage femme passera dans peu de temps.

Il sortit de la chambre nous laissant seul tous les trois.

-Ça fait combien de temps qu'elle est comme ça ? Demanda James.

-Un bon bout de temps déjà, dis je. Elle a du mal à s'en remettre.

-J'aurais juste voulu la toucher, dit Sofia d'un seul coup.

Nous nous tournâmes vers elle.

-J'aurais voulu voir ses lèvres de bébé, à qui elle ressemble, la couleur de ses cheveux, soupira-t-elle.

-Je suis désolé chérie, mais tu peux encore la...

-Non je ne peux pas justement, s'exclama-t-elle.

La porte s'ouvrit et une sage femme entra dans la pièce, June dans les bras. Sofia se calma et eut des larmes sur son visage. Elle n'arrivait surement pas à réaliser.

-Elle n'arrêtait pas de pleurer et nous avions pensé que si nous vous laissions effectuer la première tétée ça la calmerait, dit elle.

Elle lui tendit le bébé alors que Sofia restait scotchée, regardant la bouille de son bébé. Elle était magnifique, elle ressemblait parfaitement à Justin, elle n'avait limite aucune ressemblance avec sa mère, en dehors de ses cheveux.

Elle était blonde et avait les traits de son père, et encore peut-être qu'elle perdrait le blond de ses cheveux.

J'étais en tout cas heureuse que ce bébé soit de Justin et non de Jacques.

La sage femme aida Sofia et la petite fille commença à prendre le sein de sa mère. C'était absolument adorable.

-Comment tu te sens? Demandai je.

-Elle tire, c'est vraiment bizarre, avoua Sofia.

Elle était en larmes en voyant cette image, parce que c'était la dernière fois qu'elle aurait l'occasion de le faire. Son père était aussi ému que sa fille de la voir haleter son bébé pour la première fois de sa vie.

Il devait voir sa femme à travers cette image, et je le comprenais totalement. Sofia avait l'air d'une vraie petite femme, elle en était une, à présent elle en était une, pas seulement grâce à son bébé mais par les nombreuses décisions qu'elle avait prise.

...

Elle

16:00.

Le temps était passée et je me remettais assez difficilement de l'abandon de June. Ça m'avait tellement de bien de l'haleter, même pour quelques minutes.  A présent elle serait adoptée et je ne la reverrais que si elle déciderait de me voir, ou si je changeais d'avis d'ici trois mois.

« June Lyah, née le 24 Novembre à 12h56, 3,400 kg et 50 cm ».

C'était ce que j'avais pu lire sur le petite bracelet de June quand je lui avais donné le sein.

Ella me soutenait assez dans ses moments, mais je savais que ce n'était que temporaire et qu'elle partirait à un moment ou à un autre. Elle devait aller faire ses études et ne pouvait pas rester avec sa raté de meilleure amie qui avait dû laisser tomber son année à cause de son bébé qu'elle n'avait même pas été foutue de garder.

Elle était d'ailleurs chez moi pour que je ne sois pas seule, même si mon père était là.

-Je pars dans quelques jours, Shawn va aussi faire ses études à New York et on part donc ensemble, il vivra chez son oncle et moi chez ma grand-mère, dit Ella alors que nous étions assise sur mon lit.

-Elle a finalement accepté de t'héberger? Demandai je.

-A 76 ans, elle avait bien besoin de quelqu'un pour laver ses petites culottes et lui nettoyer son dentier, c'est à son avantage, dit elle en souriant.

-Au moins tu peux la voir, les parents de ma mère n'ont aucun contact avec mon père ni même avec moi depuis la mort de ma mère et ceux de mes parents ne veulent même pas le voir, ils sont très religieux alors t'imagines s'ils apprenaient que leur petite fille est tombée enceinte à 18 ans et que le père n'a même pas été mis au courant que non seulement il l'était, mais qu'en plus son enfant a été laissé à l'Etat.

-Ils t'enverraient chez les sœurs, dit elle en riant.

Je ris avec elle.

-Tu ne trouves pas ça un peu glauque de garder des affaires de bébé dans ta chambre? Je veux dire, tu pourrais aller les donner à l'hôpital, June en aura surement besoin.

-Je préfère les garder, ça me fait du bien de les voir ici, ça fait comme si elle était là, avec moi. Tu sais parfois j'imagines qu'elle dort avec moi, qu'elle gazouille, qu'elle pleure, et ça me rend heureuse.

-Pourquoi tu ne la récupères pas?

-Parce que je veux qu'elle grandisse décemment, et on en discutera avec Justin.

-Quand il le saura bien sûr, dit elle. D'ailleurs pourquoi June Lyah?

-Ouais c'est sûr, dis je en grimaçant. Parce que le mois de Juin c'est le mois du soleil et que June est mon rayon de soleil, elle rayonne à mes yeux pour le peu de fois où je l'ai vu, et je trouvais que Lyah en deuxième prénom ça faisait jolie.

-T'as fait de très bons choix en tout cas, dit elle.

Je la remerciai quand mon père entra dans ma chambre. Il avait l'air heureux mais à moitié.

-Excusez moi les filles mais je viens d'avoir le père de Justin au téléphone, dit il.

-Et ? Demandai je.

-Ils reviennent à LA.

La phrase arriva comme une bombe dans mes oreilles. Il n'était pas sérieux?

-Attends, quoi?

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