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Lui

09:30.

Je me réveillai avec un mal de crâne atroce. Je n'étais pas chez moi, je n'étais pas dans mes draps.

Je voulus me lever mais j'avais une douleur incontrôlable à la tête. Je réussis quelques minutes plus tard à me redresser complètement.

J'étais visiblement sur un canapé, et avais une couverture à ma disposition. Je regardai la pièce en essayant de comprendre où j'étais.

Je me grattai la tête et tentai de me souvenir de ce que j'avais fait la veille. Mais rien, trou noir.

Je détestais être comme ça, ne pas comprendre ce qui m'arrivait.

Ce genre de situation d'incompréhension totale. Merde.

Karim arriva soudainement dans la pièce avec une tasse et de quoi manger.

-Bien dormi ? Demanda-t-il.

-Qu'est-ce que je vous ici? Où on est ? Comment j'ai atterri ici ? Demandai je.

-Calme toi Justin, tu es chez moi. Je t'ai ramené ici hier soir parce que je t'avais retrouvé endormi au sol dans la rue. Je sais pas d'où tu sortais mais tu puais l'alcool tu venais de vomir apparemment.

-Putain, jurai je. Faut que je préviennes mes parents, quelle heure est il?

-T'inquiètes pas pour ça, je les ai déjà prévenu concernant ta nuit ici, t'as d'abord reçu un appel de ton pote qui devait sûrement te chercher partout, je lui ai dit que tu étais avec moi. Puis quand tes parents ont appelé je leur ai dit que je t'avais emmené pour dormir chez moi parce que tu étais trop fatigué pour rentrer jusqu'à chez toi, expliqua-t-il.

-Heureusement que t'es là putain, dis je.

-Bah ouais, dit il. Bon tu faisais quoi hier soir dans la rue ?

-A vrai dire je sais plus...je sais juste que je suis sorti de quelques parts et que j'ai pas arrêté de vomir dans les ruelles et que je voulais rentrer chez moi.

-T'as bu visiblement de l'alcool, t'as une de ces gueules de bois, dit il. Tu sais que c'est pas bon pour toi, pour ton traitement.

-Je sais, mais s'il faut mourir autant le faire maintenant, marmonnai je en commençant à manger ce qu'il avait ramené.

-Écoute moi, tu ne vas pas mourir, si tu y crois tu ne le feras pas, d'accord ?

Je ne répondis pas. Je n'y croyais plus vraiment.

-Et t'as pas plus de souvenirs que ça ? Demanda-t-il.

-Non, je ne me souviens vraiment de rien, rien du tout.

-C'est con, mais tu es conscient que tu te mets en danger là ?

-Je sais et j'ai un rendez-vous demain, si le docteur Flynn se rend compte que j'ai plus de 6 litres d'alcool en moi je suis pas dans la merde moi, dis je en posant les mains sur mon visage.

-T'aurais dû y penser avant de boire sans réfléchir, t'as vraiment 6 litres d'alcool en toi ?

-Un peu moins je pense, enfin je sais plus, je ne me souviens plus de rien.

Il haussa les sourcils. Je savais bien que j'avais fait de la merde la nuit dernière mais je ne me rappelles même pas de ce que j'avais bien pu faire pour en arriver à dormir dans la rue puant l'alcool.

-Bon finis de bouffer et je te ramène après que tu aies pris une bonne douche, dit il en se levant.

J'acquiesçai.

-Merci Karim, t'as menti à mes parents pour ne pas que j'ai de problèmes, c'est vraiment cool, dis je.

-Ouais bah ne comptes pas sur moi pour le faire deux fois, dit il en me souriant.

Je lui souris en retour. J'avais vraiment un véritable ami en face de moi.

...

12:00.

Nous étions dans la chambre d'hôpital. J'étais particulièrement stressé parce  que je ne savais pas ce que les résultats allaient révéler sur l'état de mon sang.

Je priais simplement pour pas que ça soit de l'alcool qu'on ait retrouvé. Ma mère avait l'air sereine. Elle était en train de caresser son ventre en pianotant sur son téléphone.

-Au fait, je t'ai dit que j'attendais un garçon ? Demanda-t-elle.

-Ah...euh non, je ne crois pas, mais c'est cool, enfin pour Jaxon, c'est lui qui voulait un garçon.

-Oui mais Jazmyn aussi, je suis sûre qu'au final elle sera contente que ça soit un garçon même si elle aurait préféré que ça soit une fille.

-Oui elle comprendra, affirmai je.

La porte s'ouvrit soudainement à la volée. Mon cœur perdit un rythme régulier. Je commençai à suer.

Pas de crise d'angoisse Justin. Pas de crise.

Le docteur Flynn entra dans la pièce les sourcils froncés. Et merde.

-Alors docteur ? Demanda ma mère.

-Justin, vous avez récemment bu? Demanda le docteur en ignorant quelques secondes ma mère.

Je baissai la tête. Je savais que ma mère allait me démonter si j'osais répondre positivement.

Dans tous les cas j'étais foutu.

-Le taux d'alcool présent dans votre corps est presque anormal, et je n'ose pas savoir comment il était hier, les examens le disent, dit elle en montrant les résultats à ma mère.

Ma mère les vit et fronça les sourcils avant de me regarder à son tour.  Je préférai baisser le regard avant de me prendre peut-être la chaise sur laquelle elle était assise.

-Mais c'est grave ? Demanda-t-elle.

-Pas vraiment mais ça aurait pu l'être s'il en avait pris plus, en tout cas ça vous coûtera une plaquette de médicaments en plus Justin, mais en tout cas je vous demanderais de ne plus recommencer car cela étonne totalement les tests sanguins que nous faisons. Ne croyez pas que l'alcool tue les cellules cancéreuses, prévint le docteur Flynn en se dirigeant vers la porte. Vous pouvez sortir je vous enverrais une ordonnance par mail, dit elle avant de s'en aller.

Ma mère se tourna vers moi en me fusillant du regard.

-Il y avait de l'alcool à cette soirée ? Demanda-t-elle.

-Oui mais c'est moi qui en ait pris inconsciemment, Jaden m'avait bien dit de prendre que des boissons gazeuses ou non alcoolisés mais je ne l'ai pas écouté.

-Mais tu es complètement inconscient ou quoi? Ça aurait pu te tuer ! J'ai l'impression que tu fais réellement tout pour mettre un terme à ta vie plus vite que la maladie ne peut le faire.

Je lui dirais bien « fume la vie avant que la vie te fume » mais je ne voulais pas la mettre plus sous pression qu'elle ne l'était déjà.

-Je sais c'était...

-Non n'en dis pas plus, on s'en va, dit elle sèchement en sortant la première.

Au moins elle savait une partie de la vérité même si ce n'était pas toute la vérité. 

...

14:00.

Le soleil tapait bizarrement en cette journée de fin octobre. C'était bizarre, le mois d'octobre était réputé pour être assez pluvieux à Paris.

Enfin qu'importe. J'étais avec Jaden au niveau du Trocadéro. J'avais enfin réussi à donner un nom à chaque lieu où je mettais les pieds.

Nous discutions, comme il allait bientôt s'en aller.

Il allait me manquer et j'avoue que son séjour avait été de courte durée. Mais ça m'avait fait du bien de le voir.

-J'ai vraiment vomi sur cette meuf ? Demandai je.

-D'après ce qu'elle m'a dit, oui. Et t'y est pas aller de main morte je peux te le dire, t'avais bu combien de bouteilles ?

-Je sais plus, mais assez pour qu'on puisse en retrouver dans mon sang à mon rendez-vous, dis je.

-Chaud...ta mère a dû peter les plombs ?

-Ça a été le cas ouais, elle en fait tout une histoire jusqu'à me faire la morale dans la voiture pour rentrer, mais je lui ai bien dit que c'était entièrement de ma faute et pas de la tienne. De toute façon elle ne peut pas avoir moins de confiance pour toi qu'elle avait de confiance pour Jacques, elle ne le tolérait même pas un peu, dis je.

-Elle a toujours aimé suivre tes fréquentations, dit il.

-Ouais mais je me rends compte qu'elle avait raison pour Jacques, il ne m'a peut-être jamais influencé mais ce n'était pas un bon ami pour moi, gâcher autant d'années d'amitié parce que je ne pouvais pas l'aider à trouver des solutions à ses problèmes. 

-C'est idiot, mais bon. C'est comme ça que veux tu?

Je haussai les épaules.

-Il ne te manque pas un peu notre groupe? Tu sais, Martin, Jacques, Sean, Alfredo, Cole, toi et moi? Me demanda Jaden.

-Si si, ça me manque cette belle époque, mais ça m'entonnerait qu'on arrive à le faire reformer avec un cadavre, un en désintox, un autre derrière les barreaux et deux en froid total pour une meuf. Puis avec moi qui vais pas tarder à rejoindre l'autre merde.

-Dis pas ça, tu vas rejoindre personne, dit il en me tapant l'épaule.

Je souris légèrement. J'entendis soudainement un klaxonnement. Ça devait être mon père.

Je saluai Jaden en lui promettant de l'appeler avant son départ. Je rejoignis mon père dans la voiture.

-Salut, me dit il.

J'attachai ma ceinture sans donc lui répondre.

-Ça va? Je savais que je te trouverais ici, dit il.

Je regardai la route sans rien dire.

-Me dis pas que t'es encore au point où on se fait la guerre quand même ?

-Maman a pleuré quand t'es parti, tu réalises pas à quel point tu lui fais du mal.

-Je n'avais pas le choix Justin et tu le sais.

-Quand est-ce qu'on va sortir de cette situation? Elle ne veut pas former un couple à trois avec Zaria, elle et toi.

-Oui je sais et ce n'est pas ce qui va se passer.

-Tu l'as trompé et elle en souffre beaucoup. Elle en souffrira pas autant si tu ne la laissais pas tout gérer pour aller voir ton putain de...

-Justin ! S'exclama-t-il.

Je m'arrêtai de parler, n'osant même pas en placer une.

-Je suis ton père et je pense que tu n'as pas à me rappeler les erreurs que j'ai faite et que je regrette encore aujourd'hui. Il n'y a pas que vous qui souffrez dans toute cette histoire, moi aussi ça me frustre de devoir me dire que ce bébé je n'aurais le droit de le voir que si sa mère le veut, et de me dire que sa mère en plus ce n'est pas ma femme, c'est encore pire. Alors oui j'ai fait des erreurs mais j'aimerais qu'on me foute la paix avec ça, j'ai compris la leçon et je suis prêt à en payer les conséquences.

J'avoue que là, il m'avait laissé sans voix. Je ne préférais rien dire. Nous fîmes une bonne partie du chemin dans le silence.

-Ça te dirait d'aller courir un peu ? Tu dois reprendre des forces, dit il.

J'acceptai la proposition. Il sortit soudainement une photo de sa poche. Je le regardai faire et il me l'a tendit.

-Josh Bieber, 3,600 kg, 52 cm, un garçon brun aux yeux verts, dit il alors que j'observais la photo.

-Tu l'as montré à maman ? Demandai je.

-Non. Je ne préfère pas, elle est déjà assez mal comme ça. Je tiens encore à la préserve tu sais.

-Hum...marmonnai je en lui tendant la photo. Il est beau.

-Tu le trouves vraiment beau?

-Oui, c'est mon frère après tout, j'ai le droit de le commenter, dis je.

Cette phrase fit sourire mon père.

-Et maman attend aussi un garçon, elle a dû trop donner pour Jazmyn.

-Oui j'ai appris en regardant les dernières écho, ça doit être ça, dit il.

Je ne dis rien et souris simplement. Nous sortîmes de la voiture en arrivant dans un parc.

Mon père se prépara puis nous commençâmes à courir. Nous courions à petite allure, mais j'avais un mal fou à suivre le rythme.

Mon père le vit rapidement et ralentit pour me permettre de récupérer.

-Ça va ? T'arrives a suivre ?

-Ouais ouais, ça fait juste un moment que j'ai pas couru.

-Allez tiens le coup, dit il en me tapant le dos.

Je continuai donc à courir. Je pensais suivre le rythme alors que pas du tout, mon cœur n'avait pas l'air apte à le suivre.

Je m'arrêtai soudainement, essoufflé par la course que j'avais faite.

Je n'avais même pas la force d'appeler mon père pour qu'il s'arrête aussi. Je respirai si irrégulièrement que ça en devenait presque dangereux. Je voulus le rattraper mais en faisant moins de 10 mètres, je m'effondrai au sol.

Le temps que mon père s'en rende compte, j'étais déjà en train de faire ce qui me semblait être une début d'infarctus. Ma poitrine se resserrait et j'avais terriblement mal au cœur.

J'étais en train de suer en même temps et de respirer comme si je perdais mon souffle, alors que ce n'était pas le cas.

Mon père était pris de panique mais eut le réflexe d'appeler les pompiers quand je commençai à perdre connaissance, ou plutôt littéralement mourir.

-Justin je t'en supplies restes avec moi, me supplia-t-il alors que je touchais ma poitrine.

Une foule s'était réuni autour de mon père pour comprendre ce qu'il se passait.

Et j'eus à peine le souffle de lui dire.

-J'y arriverais pas papa, excuse moi, dis je en poussant mon dernier souffle.

Et avant de fermer les yeux pour quitter ce monde, je sentis une larme tomber sur mon visage.

Une larme de mon père.

Il pleurait. Il pleurait ma mort.

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