Lui

21:15.

Cela faisait un bout de temps qu'elle respirait irrégulièrement au bout du fil. Je n'étais pas plus serein qu'elle, sa voix m'avait putain de manquer.

Je sentais qu'elle pourrait pleurer derrière l'écran. Mais je n'étais pas là pour lui annoncer une bonne nouvelle mais pour encore une fois, lui briser le cœur.

Chaque fois que nous nous parlions depuis la mort de Jacques c'était uniquement pour que je lui brise le cœur, putain de merde.

-J...Jus...Justin? Bégaya-t-elle.

-Oui, c'es moi Sofia.

Il y eut encore un blanc mais cette fois-ci beaucoup moins long.

-Ça fait plaisir d'entendre ta voix, même au téléphone, réussit elle à dire.

Putain pas ça Sofia, pas maintenant.

-Ça me fait autant plaisir d'entendre la tienne, dis je.

-Tu me manques Justin...

Si je disais qu'elle me manquait aussi, j'aurais du mal à lui annoncer la mauvaise nouvelle ensuite. Je ne devais pas lui faire trop de faux espoirs.

-Comment tu vas toi , ça fait un moment qu'on ne s'est pas parlé et je n'ai pas eu l'occasion de prendre de tes nouvelles directement par toi, dis je.

-Oh...euh...moi je vais bien, dit elle.

-Je pense que tu es en train de préparer ton année à Boston, c'est ça? Tu m'en parlais souvent de ton école d'ingénieurs là.

-Hum...je n'y vais plus, dit elle.

-Quoi? Pourquoi? Tu n'as pas eu tes examens?

-Non, c'est pas ça Justin...je suis allée voir mon médecin et...

-Et quoi? Dis je soudainement inquiet de sa réponse.

J'étais réellement en train d'imaginer le pire pour elle, ou même pour nous.

-J'ai quelques soucis de santé et ce n'est pas prudent que je commence les grandes études maintenant, dit elle.

-Tu ne peux pas suivre des cours à distance, ça serait dommage que tu perde sun an à c...

-Non Justin, je commencerais l'année prochaine, tant pis, ce n'est pas grave.

-Si tu le dis, mais tu vas bien au moins, c'est pas grave?

-non non...rien de grave, dit elle.

J'avais l'impression qu'elle avait quelques choses à me dire. Elle avait l'air très mal à l'aise mais c'était peut-être lié au fait que nous nous étions pas parlé depuis plus de 7 mois.

-Et toi comment ça va de ton côté? Paris te plait? Ta famille va bien? Comment tu te remets de ton accident?

-Ça va, je m'en suis assez bien sorti, ça m'a coûté quelques semaines de plâtre mais ça va. Et Paris c'est plutôt cool, bon il fait moins chaud qu'à LA mais c'est cool. En ce qui concerne ma famille, ma mère est enceinte.

-Ah bon? Vraiment?

-Oui, vraiment, dis je.

-C'est génial, je suppose que tu dois être content ?

-Oui d'un côté, mais comment dire, c'était pas le moment Sofia, ça va devenir compliqué avec mon traitement, on était pas préparé à ça tu vois...

-Oui, mais je pense que vous pourrez vous en sortir, non?

-C'est aussi simple que ça Sofia, y a pleins de choses qui se sont passées et que tu ne sais pas...

-Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire Justin?

-Sofia...je vais mourir...

Un énième blanc s'installa entre nous. Je déglutis amèrement, je savais qu'elle allait mal réagir, parce que c'était la deuxième fois que je lui plantais un couteau dans le dos.

-Dis moi que tu mens...dis moi que c'est pas vrai, dit elle entrecoupée par des larmes.

-Sofia...j'aimerais te dire que je mens, mais...

-Justin t'es pas sérieux? Tu m'appelles pour m'annoncer que tu vas mourir, tu m'appelles, tu prends des nouvelles de moie n me disant que ça fait plaisir de m'entendre etc etc et puis tu m'annonces que tu vas mourir?!

-Comment voulais-tu que je te le dise, par courrier ? J'avais pas le choix Sofia...

-Justin, c'est la deuxième fois que tu m'abandonnes, sauf que cette fois-ci c'est pour de bon...

-Après mon accident, pendant un déjeuner, j'ai vomi et j'ai perdu du sang, une fois à l'hôpital, mon médecin m'a dit que j'avais éviter le pire mais qu'il me restait une phase délicate à faire et qui serait tassez dangereuse en vue des événements, donc si je ne la fais pas la maladie gagnera du terrain et je mourrais, si je la fais, et que ça rate, je mourrais aussi. Sauf que je suis à bout et que j'en ai assez de lutter contre quelque chose de plus fort que moi, alors avec tout ce qu'il s'est passé, avec ma santé fragile, et tout le reste, je ne pense pas qu'il me reste beaucoup de jour à vivre.

-Pourquoi tu refuses de te battre? Pourquoi tu refuses d'accepter que tu es pus fort que cette maladie, pourquoi tu ne persévères pas Justin ? C'est toi qui me l'avait dit, qu'on était plus fort que la maladie, qu'on arriverait à la vaincre, et c'est toi qui veut abandonner, pourquoi Justin?

-Parce que je suis fatigué de tout ça Sofia, j'en ai marre, alors s'il faut en finir vaut mieux en finir dès maintenant.

-Je t'interdis de parler comme ça Justin. Et puis tu ne peux pas abandonner ta famille elle a besoin de toi. Tu ne peux pas faire comme Jacques et partir parce que tu en as marre, eux aussi ils se battent pour toi, tu ne peux pas les abandonner.

Je soupirai. Elle parlait si facilement, évidemment c'était facile pour elle, elle ne savait pas ce qu'était que ce genre de situation.

-Je t'en supplies Justin, ne m'abandonnes pas...

-Pourquoi tu t'inquiètes autant pour moi? Je te rappelle qu'on n'est plus ensemble.

-Parce que contrairement à toi j'ai encore des sentiments pour toi.

Je me mordis durement la lèvre inférieure, c'était faux, moi aussi je l'aimais encore.

-C'est toi qui m'a quitté, c'est toi qui partit sans crier garde, c'est toi qui m'a fait souffrir sans même m'expliquer pourquoi.

-Parce que tu crois que tu ne m'as pas fait souffrir toi? Cette photo, à l'époque où je l'ai reçu j'étais encore amoureux de toi, et ça m'a dégoûté, de voir que toi tu te tapais mon meilleur ami alors qu'on était encore ensemble, ça aussi ça m'a dégoûté !

-Je ne me suis jamais tapé Jacques !

-Alors qu'est-ce qu'il s'est passé ce soir là Sofia?

Elle mit du temps avant de répondre.

-Je ne peux pas tout t'expliquer au téléphone...c'est...je peux pas Justin...

-Pourquoi tu ne peux pas?

-Parce que ce ne sont pas des choses qui se disent derrière un écran Justin...

Je soufflai.

-T'as rien d'autres à me dire ? Demandai je sèchement.

-Je...je ne peux rien te dire Justin...pas maintenant, pas en appel...

-Alors je pense que c'est la dernière discussion qu'on aura eu ensemble, je pense que c'était le moment de tout se dire...

-Je ne peux pas Justin...je suis désolée mais je ne peux pas tout te déballer d'un coup...dit elle en pleurant certainement.

Je poussai un dernier soupir puis raccrochai sans même lui dire ni au revoir, ni adieu.

Je jetai mon téléphone au sol puis réfugiai mon visage dans mes mains. J'aurais pas dû lui dire ça comme ça, parce qu'au final on s'était disputé alors que j'allais surement mourir très bientôt.

J'aurais aimé lui dire que je l'aime, j'aurais aimé lui dire pourquoi je l'avais quitté, mais elle avait des choses à me cacher alors je ne voyais pas quelle utilité ça aurait d'être franc avec elle.

Ma colère fut rapidement remplacer par des larmes. Je me mis à pleurer, je voulais tout bien faire avant de partir, mais rien ne s'était fait comme je le voulais, et ça c'était ce que je craignais le plus.

J'avais besoin d'un grand soutien, je voulais qu'on me soutienne, même à distance, mais je n'avais pas eu ce que je voulais, et je me disais que ça ne servait strictement à rien. Mes larmes commencèrent à couler sur le sol, créant une mini flaque de larmes sous mon visage.

Je redressai ma tête pour me regarder dans le miroir juste en face de moi. J'avais eu une vie pathétique au final. Je me levai et me dirigeai à ma fenêtre. Je tentai de me mettre debout sur le bord de cette dernière, observant le vide qui paraissait plus qu'impressionnant de là où j'étais.

Mes larmes continuaient à couler. Je fermai les yeux et voulus me détacher de mes appuis quand ma mère ouvrit la porte et accourut vers moi.

-Justin je t'en supplies descends de là ! Cria-t-elle.

-Pourquoi? Pourquoi je ferais ça?

-Justin s'il te plait, j'ai besoin de toi mon cœur, dit elle en me tirant vers elle.

-Maman laisses moi tranquille, criai je à mon tour.

-Non Justin je t'aime et je ne veux pas que tu fasses ça, c'est stupide. Je sais que tue s fatigué de te battre mon chéri mais ne fais pas ça je t'en supplies !

Mes larmes continuaient de couler abondamment sur mes joues.

-Tu es mon bébé Justin, je me suis battue pour t'avoir, je vais me battre pour te garder, mais je ne veux pas te perdre après m'être autant battue pour toi, alors s'il te plait, descends.

Je fermai les yeux et posai un pied en arrière, puis l'autre. Une fois que je sentis le sol, je me réfugiai contre ma mère, les larmes ne cessant de couler. Elle me tint correctement contre elle.

-On s'est disputé maman, on s'est disputé et elle 'na pas pu être franche envers moi, je l'ai perdu, elle n'a plus confiance en moi maman...

-Qui ça Justin? Qui as-tu perdu?

-Sofia, j'ai perdu Sofia...

-Oh...chéri, dit elle en passant sa main dans mes cheveux et frottant l'autre sur mon dos.

...

18:30.

Quelques jours étaient passés et j'étais cloué au lit, me tenant le ventre. J'étais plus que mal, mais plus au point de vouloir me suicider.

Un sceau rempli de tous mes repas de la journée était à côté de moi. Je regardai le vide, espérant que quelque chose de constructif se passe dans ma vie. Que Sofia rappelle, éventuellement. Ou bien Jaden.

Mais j'avais besoin d'une bonne nouvelle. Jazmyn entra dans ma chambre avec un nouveau sceau et Jaxon une assiette.

-Ça va? Demandèrent ils.

Je hochai simplement la tête. Jaxon posa l'assiette sur ma table de nuit.

-Maman s'inquiétait pour toi alors elle a préparé un plat spécialement pour toi, dit Jazmyn.

-Et elle nous a demandé de changer ton sceau, dit Jaxon.

-Heureusement que vous êtes là, j'ai les meilleurs frères et sœurs du monde, dis je en leur souriant.

Jazmyn me donna un petit bisou sur la joue et Jaxon me prit dans ses bras.

-Oh, et on t'a ramené Barbie et Ken pour que tu te sentes pas seul, dit elle en récupérant ses poupées dans la poche du sweat de Jaxon.

Elle les plaça à côté de moi en souriant.

-Merci beaucoup, dis je en leur souriant de plus belle.

Ils me sourirent et prirent le sceau rempli puis fermèrent la porte. Je poussai un soupir. J'avais encore envie de pleurer, à vrai dire je pleurais depuis un moment déjà, pour ne pas dire que je ne faisais que ça.

J'entendis soudainement Jazmyn et Jaxon crier de joie. Je ne savais qui ça pouvait bien être mais j'eus comme seule réaction de détourner mon regard de la porte. J'entendis une longue discussion s'établir entre ma mère et la personne qui était arrivée, sans cri.

Au bout d'un certain, les voix se rapprochèrent de ma chambre. La porte de ma chambre s'ouvrit puis se referma.

-Maman j'ai pas envie ni de manger ni de parler, je suis fatigué j'ai besoin de...

-Bon arrête ton cinéma Bieber, dit une voix qui m'incita à me redresser directement.

Un sourire naquit sur mes lèvres quand je vis Jaden en face de moi, une valise à la main et une sourire sur les lèvres.

-Je ne savais pas qu'on accueillait les gens dans cette ambiance à Paris, dit il d'un ton ironique.

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