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Lui

20:30.

Avoir le moral au plus bas. Si bas qu'on a l'impression que notre moral va atteindre le noyau de la terre.

Ouvrir les yeux et se dire que notre vie n'a plus aucun sens, qu'on n'a plus aucune raison d'exister, plus aucune raison de vivre.

Se dire que de toute façon, on a tout vécu, on est né, on a grandi, on s'est fait des amis, on a connu tous les hauts et les bas, qu'on est tombé amoureux, qu'on a connu notre premier chagrin d'amour, mais qu'on n'a pas pu avoir d'enfant, qu'on a tout fait sauf être parent.

Dans tous les cas, j'avais tout terminé. J'avais l'impression que maintenant, le monde en avait terminé avec moi et que je pourrais enfin respirer un bon coup et me dire que ça y est, tout est terminé.

Et maintenant que tout était terminé, je n'avais plus qu'à attendre sur mon lit de mort. Attendre que la vie me donne une occasion pour en finir. Que la vie me donne une occasion pour fuir ce monde.

A mon chevet de mort, j'aurais aimé la voir, elle, auprès de moi, me chuchotant qu'elle m'aime, la voyant verser des larmes, la voyant m'encourager dans des mensonges que je comprenais désormais mieux.

« Nous sommes plus fort que la maladie, Justin. »

Eh bien si nous sommes plus fort qu'elle, pourquoi m'a-t-elle montré que non, je ne m'en débarrasserais jamais et qu'elle n'abandonnerait jamais le combat?

Pourquoi absorbait elle toutes les forces et en faisait sa force à elle? Pourquoi donc?

Je ne savais plus. Je restai cloîtré au lit, attendant qu'on me donne mes médicaments ou que quelques choses se passe dans ma misérable vie.

On toqua à la porte de ma chambre. Je fis mine de dormir et tournai le dos à la personne qui voulait rentrer. La personne le fit et je compris rapidement que c'était mon père.

Il s'assit sur le lit et me regarda, je savais qu'il le faisait.

-Justin je sais que tu ne dors pas, mais j'ai quelque chose à te dire, quelque chose que je ne peux pas dire à ta mère pour le moment car elle est trop mal pour entendre de telles choses.

Je mis du temps avant de me retourner vers lui.

-Qu'est-ce que t'as encore fait ? Demandai je. et me dis pas que t'es encore allé en voir une autre parce que cette fois ci ne compte pas sur moi pour...

-Je dois aller LA, cette semaine, dit il.

-Quoi? Mais pourquoi?

-Parce que, c'est Zaria...

-Qu'est-ce qu'elle veut encore? Dis je froidement.

-Elle va bientôt accoucher, et elle veut que je sois là, pour voir l'enfant, dit il les larmes aux yeux.

-Tu vas aller voir ton fils? Répétai je pour mieux comprendre.

Il hocha la tête.

-Je ne veux pas te laisser Justin, je sais que en ce moment c'est vraiment très dur pour notre famille, je sais qu'en ce moment tu es dans un état plus que critique, amis je suis obligé Justin, je n'ai pas le choix,e t je sais que je prends encore une fois une mauvaise décision.

Il baissa la tête en laissant des larmes coulées.

-Ta mère m'en voudra, c'est sûr, elle pensera que je veux vous abandonner et que je choisis le moment où tu as le plus besoin de nous pour m'en aller, mais j'ai pas le choix, Zaria ne m'en laisse pas le choix.

-Donc en gros, tu laisses maman me gérer, et gérer Jazmyn et Jaxon? Tu la laisses seule?

-J'en aurais pas pour longtemps, je ne resterais pas plus d'une semaine puis je reviendrais le plus vite possible, mais je voulais que tu le saches en premier, car j'avais plus peur de ta réaction que de celle de ta mère.

-Et qu'est-ce que tu vas dire à Jazmyn et Jaxon?

-Je leur dirais que je dois aller voir quelqu'un d'important, je ne leur dirais même peut-être pas pourquoi je dois m'absenter, ta mère veut les protéger de cette histoire, et vu comment elle est en ce moment elle ne pourra pas gérer en plus la réaction de ton frère et de ta sœur.

Un blanc s'installa entre nous.

-Eh bien, qu'est-ce que tu veux que je te dise? Vas-y. Fais ce tu as à faire pour elle et votre enfant. De toute façon tu n'as pas le choix.

-Merci Justin, merci de réagir comme ça, dit il en prenant mes mains dans les siennes. Mais si quand je reviens tu...enfin...

-On doit tous partir un jour papa, dis je en regardant ailleurs pour ne pas pleurer comme lui.

-Justin ne parles pas comme ça je t'en pris, m'implora-t-il.

-Comment veux-tu que je parle? Je vais mourir, il faut le dire, je n'ai plus rien à attendre de la vie, je n'ai plus rien à exiger du monde, alors oui, je dois me préparer à partir, la maladie ne m'en laisse plus le choix de toute façon, dis je au bord des larmes.

Mon père continuait à verser des larmes et ça me faisait mal.

-Justin, je t'aime mon fils, dit il en me prenant dans ses bras et en me serrant contre lui.

Je le serrai contre aussi, moi aussi je l'aimais plus que tout.

...

19:00.

Je composai le numéro de Jaden, je voulais au moins avoir une chance de lui parler avant que tout soit surement trop tard. J'avais préféré aller chez mes grands-parents car l'ambiance chez moi n'était pas vraiment entraînante pour avoir une discussion calme avec mon ami.

Je voulais juste qu'il me réponde, parce que j'en avais besoin, j'avais besoin de lui parler à lui à défaut de parler à Sofia. J'attendais qu'il réponde. Ça sonnait sans que personne ne décroche.

Je commençai à perdre espoir. Je tombai sur sa messagerie. C'était en réalité le septième appel que je passais de la journée pour joindre Jaden. Je décidai de laisser tout de même un message.

-Salut Jaden, ça va? Ça doit être la septième fois que j'essaie de te joindre mais tu ne réponds pas à mes appels, alors j'aimerais juste que tu saches qu'en ce moment mon état laisse à désirer et que c'est peut-être la dernière fois que tu entendras le son de ma voix, alors je te souhaite le meilleur pour toi, veilles sur Sofia pour moi s'il te plait, et essaies de pas faire de conneries que tu pourrais regretter comme Sean ou Martin, restes toi même gros. La maladie a vaincu sur moi et surement la mort très bientôt, mais je t'en supplies, ce qui me ferait plaisir avant de potentiellement mourir, c'est que tu me rappelles, si je ne réponds pas, pries pour que ça soit parce que je dors et non parce que c'est trop tard. Prends soin de toi Jaden, Justin.

Je jetai mon téléphone sur le lit et mis ma tête dans mes mains.

Jaden en daignait pas répondre à mes appels, alors que j'avais besoin de lui parler. Mais avec ce que je lui avais laissé comme message, j'espérais qu'il réagisse un minimum. Ça me faisait mal de parler comme si je vivais mes derniers instants, et pourtant c'était ce qui était en train de se produire.

Ma grand-mère entra dans la pièce.

-Tu n'as pas à parler comme ça Justin, tu ne vas pas mourir, dit elle en s'asseyant à côté de moi.

-Si, et tu le sais autant que moi.

-Non, moi je crois que tu vas vaincre la maladie et que ce n'est pas elle qui va vaincre sur toi, j'y crois dur comme fer.

-Même si on priait tous les dieux qui existaient je ne guérirais pas, la maladie a toujours eu le dessus, c'est maintenant que je m'en rends compte.

-Justin, pourquoi tu es aussi pessimiste, quand tu vivais à LA tu étais positif, et tu voyais toujours les choses du bon côté, et ça ta mère n'a pas cessé de me le dire.

-Parce qu'on ne m'a jamais dit directement que j'allais mourir, ici on me dit les choses clairement sans me mentir.

-Non, parce que c'était cette jeune fille qui t'aidait à positiver, cette jeune fille qui te donnait le sourire, et parce que tu l'as quitté tu n'arrives plus à autant positiver qu'avant, c'est ça le problème.

-Je l'ai quitté pour ne pas lui faire de mal, je voulais qu'elle m'oublie pour ne pas se tuer à s'inquiéter pour moi.

-Tu ne devrais pas l'appeler, juste pour lui dire ce que tu as sur le cœur?

Je réfléchis un moment. Pour une fois depuis 7 mois, j'avais envie de parler avec Sofia, je voulais qu'on s'explique sur tout, tout ce qu'il s'était passé, et je voulais qu'on soit fixé, au moins avant que ça soit trop tard.

-Je le ferais, je l'appellerais, dis je.

Elle me sourit.

-Lèves toi, je te ramènes chez toi, dit elle.

Je fis donc l'effort et quelques minutes plus tard, nous fûmes devant mon bâtiment. Elle m'aida monter jusqu'à mon étage et j'ouvris la porte pour entrer dans l'appartement. Ma grand-mère me tenait au cas où il me prendrait de faire un malaise.

Mais quand nous arrivâmes dans le salon, nous nous retrouvâmes en face de ma mère qui était en train de pleurer.

Je vins vers elle pour voir ce qui n'allait pas. Elle leva la tête vers nous. Elle avait l'air vraiment mal.

-Qu'est-ce qu'il y a maman?

Elle renifla plusieurs fois et essuya ses yeux.

-Ton père, il est parti à LA pour voir son bébé, il est parti alors que tu as besoin de lui comme de moi, et moi aussi j'ai besoin de lui, comment je vais m'en sortir avec vous 3 plus le bébé?

Je me sentis mal, car je le savais, il me l'avait dit il y a à peine quelques jours.

-Je suis rentré, je l'ai vu faire ses valises, il m'a expliqué brièvement ce qui allait se passer, puis il est parti, comme ça, me laissant dans tous mes états, ne sachant pas comment m'en sortir alors que j'essaie déjà de rester forte avec ce qu'on a appris, est-ce qu'il est conscient que je souffre? Pourquoi maintenant? Pourquoi pas après, je suis à bout moi !

Ma grand-mère la prit dans ses bras tandis qu'elle continuait à pleurer abondamment.

Les conséquences de tout ce qui nous arrivait étaient en train de nous tomber dessus.

J'ai juste une question pour les personnes qui font le ramadan, est-ce que vous voulez qu'à partir de mardi je poste à 22 heures ?

Je sais que ça pénalisera les gens qui ne le font pas mais ça fait déjà une semaine que je me pose cette question.

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