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Elle

22:15.

Patricia était au téléphone avec mon père. Au bout du fil il y avait réellement Patricia.

Que devrais-je faire ? Elle était la grand-mère de mon bébé, et je ne pouvais pas lui mentir. Je me sentais comme dans l'obligation de la mettre au courant pour ma grossesse.

Mon Dieu qu'avais-je fait pour me retrouver dans une situation pareille ? Je regardai mon père qui avait l'air de répondre plutôt tranquillement à ses questions.

-Sofia? Oui elle va bien ne vous inquiétez pas, dit il en souriant.

Je le fixai et lui fis des signes pour ne pas qu'il parle de la grossesse. Il me regarda comprenant difficilement ce que je voulais lui dire. Il secoua la tête et demanda l'état de Justin.

Ce n'était pas mieux vu qu'il était le père de l'enfant et que ça soulèverait quoiqu'il en soit le sujet.

Il avait l'air peu satisfait de la réponse de Patricia.

-Vous voulez parler à Sofia? Demanda-t-il.

Oh non putain de...

-Oui attendez je vous la passe, dit il.

Je me tapai le front puis pris le téléphone en le regardant.

Je me dirigeai vers l'étage pour parler.

-Allo?

-Bonsoir Sofia, dit elle.

-Bonsoir Patricia, dis je. Comment allez vous?

-Bien et toi?

-Plutôt bien oui, dis je un peu gênée.

-Je viens de me réveiller, c'est vrai qu'il est tôt ici à Paris et je me suis dit que je devrais peut-être prendre de tes nouvelles comme je n'ai pas pu t'expliquer en face pourquoi nous avions dû quitter LA aussi rapidement.

-Oui je comprends, mais je ne vous en veux pas. D'ailleurs comment va Justin?

-Il est...comment dire...un peu dans une période de rechute depuis sa sortie de l'hôpital mais disons que ça peut aller.

-Il vomit toujours autant ?

-Oui, il a recommencé à vomir abondamment et à avoir des maux de tête etc, mais ne t'inquiètes il va plutôt bien, ça doit être le traitement qui fait son effet.

-Si vous le dites, j'espère en tout cas qu'il va bien.

-Oui ne t'inquiètes pas, et tu comptes donc venir à Paris pour le voir?

Ma gorge se noua et mes mots se ravalèrent. J'avais complètement oublié ce détail.

Il fallait que je m'invente une vie en moins de 20 secondes, voire 10 avant qu'elle ne se doute de quelques choses.

-Hum...eh bien j'ai eu un empêchement qui a fait que je ne peux pas me déplacer...du coup je verrais si je ne pourrais pas passer plus tard...genre dans quelques mois...dis je.

Je n'avais pas du tout l'air convaincante, surtout avec ma voix.

-Mais qu'est-ce qui t'en empêches?

-C'est compliqué, a vrai dire je pense que vous en serez plus dans quelques temps, mais pour l'instant j'ai des choses à régler...

-Oh c'est dommage, même s'il ne le montre pas je suis sûre que ça aurait fait plaisir à Justin que tu viennes à Paris pour le voir.

-Oui...oui j'aurais tellement voulu le revoir en effet, dis je.

-Bon et bien, je vais te laisser alors parce que j'ai une journée à préparer, n'hésite pas à appeler si tu veux des nouvelles de Justin, dit elle.

-Oui je n'hésiterais pas, affirmai je.

Elle raccrocha. J'étais putain de conne. Pourquoi ne lui avais-je pas demandé de me passer Justin pour que je lui annonce la nouvelle? Pourquoi avais-je autant voulu esquiver le sujet principal?

J'aurais dû lui dire, mais j'avais paniqué, et j'avais tout foutu en l'air.

C'était du Sofia tout craché ça. Il ne me manquait plus qu'une solution pour avouer à Justin qu'il allait être papa.

Je redescendis pour rendre son téléphone à mon père.

-Alors? Demanda-t-il.

-Alors quoi? Je lui ai pas dit papa, dis je.

-Pourquoi tu ne lui as pas dit? 

-Parce que je n'ai pas osé demander Justin au bout du fil, je n'ai pas osé prendre mon courage à deux mains et lui dire qu'il allait être papa d'une petite Bieber/Jamora, j'ai paniqué et j'ai laissé tomber.

-Je sais que c'est dur mais le père de ta fille, tu dois lui dire Sofia, et même si ça peut-être dure il a le droit d'être au courant.

-Je sais papa, mais j'ai peur de ce qu'il va se passer après...

-Comment ça ?

- Si Justin le découvre, il devra couper son traitement et venir s'occuper de sa fille donc mettre sa santé en péril, il va devoir abandonner ses rêves d'intégrer l'université qu'il veut intégrer, il va devoir avoir à subir des nuits blanches et des pleurs de bébé, il va devoir se dire qu'il ne pourra plus se défouler comme il veut, et tout ça par ma faute. Et moi je ne veux pas qu'il soit confronté à la même vie que moi, il a déjà assez souffert et je ne veux pas le faire souffrir encore plus, dis je voulant verser des larmes. Je veux plus le voir souffrir papa.

Mon père me prit dans ses bras en caressant mes cheveux.

-On va trouver une solution Sofia, ne t'inquiètes pas pour ça, me dit il.

...

15:00.

-Donc pour résumer la situation, tu es tombée enceinte de Justin, il n'est pas encore au courant, tu es à 7 mois de grossesse, et tu ne sais plus quoi faire, c'est ça ? Dit Jena.

-Exactement.

J'étais venue prendre conseil chez elle. J'avais du temps à lui consacrer et j'avais besoin qu'elle me guide parce qu'elle restait ma psychologue. J'avais une entière confiance en elle.

Elle saurait me conseiller.

-Qu'est-ce qui te pousserait à abandonner l'enfant, si tu venais à le faire?

-Je ne veux pas le faire ! M'exclamai je.

-Mais si tu pouvais le faire ? Demanda-t-elle.

-Hum...déjà parce que je veux protéger Justin de tout ça, d'une vie gâchée par un enfant, d'une vie compliquée pour sa santé, pour lui, et pour moi aussi. Parce que je ne sais pas si je serais à la hauteur du devoir d'une mère, je ne sais pas si je saurais gérer tout ça toute seule, pour toutes ces raisons.

-Mais maintenant, pourquoi tu veux garder cette enfant, dit elle.

-Parce que c'est mon enfant, je l'aime, j'en aurais peut-être  pas d'autres et je veux le préserver au maximum. Je l'aime cet enfant, je commence à m'y attacher, j'ai longuement rêvé d'elle, et j'imaginais tous les visages qu'elle pourrait avoir, ce n'est pas imaginable pour moi de...m'en séparer alors que je viens de m'y attacher. Et je serais une mère indigne de la séparer de son père.

-Alors maintenant, qu'est-ce qu'il te semble judicieux de faire.

Je réfléchis longuement. La question était assez complexe en soit. Je voulais la garder, tout en préservant Justin et en étant sûre de lui prévoir un avenir sûr dans lequel elle pourrait toujours compter sur moi.

Je ne répondis pas. La question était trop dur pour moi.

-Je te conseille d'y réfléchir, longuement, et que dès que tu as une solution, une solution qui te paraît bien pour toi, Justin, et le bébé, prends la, mais agis toujours pour le bien de tout le monde, dit elle.

J'acquiesçai. Quelques minutes plus tard je sortis de son cabinet et décidai de rentrer chez moi.

Je ne savais plus quoi penser ni comment réagir. J'étais complètement perdue. J'avais l'impression qu'on m'avait imposé le dilemme du siècle.

Une fois arrivée chez moi, je montai directement dans ma chambre. Après un temps de réflexion sur la route menant à chez moi, je décidai de faire une chose qui me dégoûtait rien que d'y penser.

J'ouvris mon ordinateur et tapai sur le moteur de recherche « accouchement sous X ».

Je ne comptais pas le faire, je voulais simplement me renseigner sur le sujet. Je cherchai un site assez bien calé sur le sujet et commençai à lire attentivement les explications après avoir trouvé un site convenable.

Ce que je lisais me brisait le cœur. L'accouchement sous X était, selon le site, un « abandon » du nourrisson à la naissance.

En parcourant les pages, je me rendis rapidement compte qu'en fait, abandonner son bébé n'était pas une décision à prendre au quart de tour. C'était une décision réfléchie.

Plus je lisais, et plus je réalisai ce que ça impliquait pour l'enfant, pour la mère et pour le père.

Je touchai mon ventre tout en continuant à lire. Je voulais tout sauf affliger à mon bébé.

Les témoignages de mère étaient touchants et je pouvais totalement imaginer ce que pourrait ressentir une mère ayant dû abandonner son enfant.

Je fermai l'ordinateur, en ayant trop lu pour la journée. Je m'assoupis un peu sur mon lit, je n'arrivais pas à croire que ça pouvait être autorisé de faire ça.

Mon Dieu.

On sonna soudainement à la porte. Ma première réaction fut de stresser. J'avais peur que ça soit Justin.

C'était un raisonnement vraiment très stupide mais j'avoue que la grossesse m'avait rendu paranoïaque.

Je pris mon courage à deux mains après une bonne dizaine de minutes et allai ouvrir.

Je fus soulagée et heureuse de voir Manuel devant ma porte.

Mais lui s'arrêta tout de suite sur mon énorme prise de poids en si peu de temps. Je le fixai d'abord sans comprendre puis fis le lien avec mon ventre.

-Euh...salut ? Essayai je de dire.

-Putain de merde...cracha-t-il.

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