Chapitre 8.

Sirius dévisagea l'humaine. Elle ne le reconnaissait pas, ce qui en soit était normal. Kane n'avait pas son pareil pour effacer la mémoire et le Vhampyr n'aurait pas dû être vexé de l'indifférence affichée par Mia.

C'était étrange de la voir dans cet univers. Elle portait une blouse blanche ouverte sur un tailleur-pantalon très professionnel, ses cheveux caramel étaient sagement attachés en un chignon haut, et elle portait des lunettes de vue à la monture transparente. Elle devait lever la tête pour le regarder et ça avait l'air de l'agacer.

— Pourquoi ça me dérangerait ? demanda-t-il pour répondre à sa question.

Elle l'avait dit si froidement, avec une telle autorité, que Sirius s'était demandé où était passée la femme maladroite et timide de la veille. Il avait l'impression d'être face à une toute autre Mia, et ça lui déplaisait grandement. Ce n'était pas là la femme qui avait fondu dans ses bras.

— Je suis une femme, humaine qui plus est. Je veux être certaine que travailler sous mon autorité ne vous posera pas de difficulté.

Bien, elle mettait les barrières dès le début. Il lui offrit un sourire.

— Aucun problème, madame ! déclara-t-il en usant de son charme de gentleman des années 1940.

Elle battit des cils une seconde, comme déstabiliser. Parfais.

Désolée petite Mia, songea-t-il légèrement attrister. La meilleure manière pour lui d'obtenir des informations sur ce qui se tramait dans ces locaux serait de les lui soutirer.

Reyes lui avait suggéré de les lui prendre à coup de charme, ça ne lui plaisait pas, mais étant donné qu'elle avait déjà succombé une fois ça ne lui semblait pas impossible qu'elle lui fasse des confidences sur l'oreiller. C'était là raison pour laquelle c'était auprès d'elle qu'il avait été infiltré.

London lui avait sorti son dossier avant qu'il ne s'en aille, en début de soirée.

— Tiens, c'est amusant, s'était-elle dit alors qu'ils le lisaient ensemble. Elle n'a jamais raté un seul don du sang, et n'a aucune ponction spontanée enregistrée.

La plupart des humains testaient au moins une fois les ponctions, par pure curiosité, mais pas elle de toute évidence, et même quand elle en avait eu l'occasion la veille, elle ne l'avait pas fait.

— Parfait ! s'exclama-t-elle, le ramenant au moment présent. Prenez cette blouse, je vais vous expliquer ce que je fais ici.

La petite humaine était partie récupérer une blouse blanche sur le portant. Il l'enfila, elle était légèrement serrée aux épaules, mais ça ferait l'affaire. Enfin, le temps qu'il récupère une blouse à sa taille et les échange ni vu ni connu.

Elle ne lui lança qu'un bref regard avant de commencer à présenter les différentes recherches qu'elle faisait. Le tout sur un ton très professionnel et sans le regarder. Tiens donc, elle n'était peut-être pas si indifférente qu'elle voulait bien le laisser croire.

Ses cheveux relevés dévoilaient sa nuque blanche quand elle lui tournait le dos, et une fois de plus il se demanda ce que ça ferait d'y enfoncer les crocs pour boire à sa source. L'idée qu'elle soit encore vierge de morsures était étrangement excitante. Il secoua vivement la tête pour chasser cette idée. Misère, voilà qu'il devenait aussi dépravé que Reyes et Tizia !

— Je m'efforce de trouver la subtilité génétique entre les humains et les Vhampyrs afin de rendre l'accès au soin plus simple pour les patients inconscients, conclut-elle en montrant un dernier microscope.

Sirius s'abstint de lui révéler que cette information, les Vhampyrs la connaissaient depuis presque cent cinquante ans maintenant, et qu'elle ne la découvrirait jamais, pour la simple et bonne raison qu'ils effaceraient ses recherches de sa mémoire si elle s'approchait trop près de la vérité.

Les humains étaient des créatures méchantes, comme il avait eu le plaisir de le prouver durant les siècles passés sur cette terre. Il était certain que s'il découvrait la différence génétique entre les deux espèces, ils s'en serviraient pour faire quelque chose de stupide. Par exemple, créer un virus qui décimerait leurs deux races, car qu'importe ce qu'ils voulaient croire, ils étaient bien trop semblables pour être dissocié, ou faire des modifications d'ADN ou tout simplement éliminer d'office toute personne portant cette différence.

— Fascinant, déclara-t-il avec un petit sourire exposant à peine le bas de ses canines. Et quel sera mon rôle dans tout ça ?

Elle déglutit une seconde avant de se diriger à grands pas vers une porte. Elle lui fit signe d'approcher et curieux il obéit ;

— Vous ? Vous allez passer la serpillère.

***

— La Serpillère !! Vous y croyez ? J'ai trois diplômes ! je peux en passer un quatrième si ça me chante ! je suis un médecin certifier ! à deux reprises ! un chercheur ! Une Sentinelle !! Elle m'a fait passer la serpillère ! Et après j'ai fait le ménage ! le ménage !

Sirius enrageait. Cette femme était folle ! cinglée ! Cruelle et méchante !

— Pas besoin de preuve, faisons tout cramer ! elle travaille sur la génétique des Vhampyrs, sur à cent pour cent qu'elle est de leur côté !

— Allons, allons, soupira Azael.

La cheffe des Sentinelles était allongée dans un canapé et grignotait des biscuits salés dont la moitié finissait dans son décolleté. Ce n'était pas inhabituel de la voir relâchée en dehors des heures de service, Azael n'était pas tout le temps dure et cassante.

— Ce n'est pas parce qu'elle ta demander de passer la serpillère qu'elle est forcément mauvaise, les hommes sont trop sensibles.

Sirius renifla en faisant les cent pas, empêchant sa boss de regarder sa série sur l'écran plasma de la salle de pause.

— Je suis intelligent ! elle avait besoin d'un assistant, pourquoi elle m'a fait passer la serpillère ?

— Tu t'en remettras, dégages maintenant. À moins que tu aies récolté une info valable, que tu aurais oublié de me transmettre durant ton rapport, tu me gênes.

Soupira, Sirius quitta la salle de pause pour trouver quelqu'un d'autre après de qui se plaindre. Mia était incompréhensible. Un soir elle portait une mini robe, l'invitait dans son lit, l'autre soir un tailleur pantalon strict et lui faisait passer la serpillère sans se soucier de lui si ce n'est pour lui dire de ne pas rester sur son chemin.

Alors, certes, elle ne se souvenait pas forcément du premier soir, alors peut-être que son comportement était normal. Mais lui ne l'avait pas oublié. Et merde, ce qui l'énerver le plus dans cette histoire, ce n'était pas tant d'avoir fait le ménage – on apprenait plein de trucs en observant l'air de rien – c'était d'avoir eut envie de la soulever sur sa paillasse toute la journée alors qu'elle lui avait offert que son indifférence.

Sirius s'était toujours orientée vers médecine par passion – de toute façon il avait eu son diplôme en cours du soir – et il n'avait jamais considéré les filles scientifiques comme particulièrement jolies. À vrai dire, il ne s'était jamais intéressé aux scientifiques, elles étaient trop terre à terre pour lui, et discuter pendant des heures de proton et d'électron ce n'était pas sa définition de la soirée idéale – il parlait d'expérience.

Alors pour Mia, dans sa jolie blouse blanche, l'attirait tant ? Quoi qu'elle fasse, elle était sensuelle et séduisante, et le pire c'est qu'elle ne s'en apercevait pas. Elle avait manger debout devant ses microscopes et même ça elle l'avait fait avec tellement de délicatesse féminine qu'il avait dû se retenir de lui donner à manger à la fourchette lui-même. C'est pensé-là était très embarrassante, c'était un fantasme tout à fait indécent.

Il avait passé la nuit à se rappeler que c'était lui qui était censé la séduire, pas l'inverse.

Bon sang ! il avait plus de deux cent cinquante ans, la plupart du temps il ne se souvenait même pas de son âge exact, il était censé être capable de contenir son attirance. Oui, Mia était jolie, et alors ? Elle était aussi probablement une sociopathe embarquée dans un projet louche de manipulation génétique sur des Vhampyrs. Il fallait qu'il se reprenne avant de tout faire capoter.

***

Offrant son visage au jet d'eau chaude, Mia grimaça. La nuit avait été longue, très longue. Bon sang ! de tous les assistants qu'elle aurait pu avoir, Naomie avait trouvé le moyen de lui coller un Vhampyr beau comme un dieu et sexy quoi qu'il fasse.

La jeune femme se mordilla la lèvre en passant du savon sur tout son corps. Elle s'en voulait un peu de lui avoir fait faire le ménage. Sa tête quand elle lui avait tendu la serpillère avait été hilarante en revanche.

La vérité n'était pas tant qu'elle avait besoin de quelqu'un pour nettoyer son sol, mais surtout qu'elle voulait voir s'il était capable de suivre ce genre d'ordre que les hommes humains trouvent dégradant sans rechigner.

Et il l'avait surprise. Toute la nuit il s'était plié à ses directives et n'avait même pas râlé quand elle avait fait exprès de passer là où il était pour le rabrouer.

Finalement, Naomie avait bien choisi, outre le fait qu'il était trop beau pour être vrai, il serait probablement un assistant tout à fait à la hauteur. Enfin, encore faudrait-il qu'elle arrive à s'abstenir de lui sauter dessus. Ce qui n'était pas gagné.

Terminant de se sécher, Mia sortie, accueillit par des miaulements sonores de la part de Gribouille, qui de toute évidence estimait que les croquettes qu'elle lui avait mises avant d'aller à la douche n'étaient déjà plus assez neuves pour être mangées.

— Tu es pourri gâté, lui dit-elle en se lassant tomber sur son canapé.

Et dire que le lendemain, elle allait devoir se coltiner son nouvel assistant toute la nuit. Avant de partir, elle avait changé ses horaires, ce qui avait fait râler ses boss, mais elle faisait du bon boulot alors il laissait couler. Elle essayait de se rassurer en se disant qu'au moins elle pourrait rester éveillée assez longtemps pour voir le soleil se lever.

Pourquoi avait-il fallu que ce soit un Vhampyr plutôt qu'un ado boutonneux tout juste sorti de la fac ? À tous les coups il était surdiplômé.

Elle lui demanderait demain pourquoi il avait choisi ce poste.

Se levant elle se dirigea vers sa chambre et tomba soudain en arrêt devant une robe pailletée d'argent qui trainait au sol.

Ce n'était pas à elle ça... en revanche, la culotte juste à côté si.

Un mal de crâne se déclencha soudain, comme ça avait été le cas toute la journée lorsqu'elle réfléchissait trop à sa soirée de la veille et au lieu d'insister, elle alla se coucher. Elle aurait bien d'autres soucis qu'une robe demain, si elle n'arrivait pas à lutter contre son envie irrépressible de violer son assistant.

Cette idée la fit rire, comme si elle pouvait forcer cette armoire à glace à faire quoi que ce soit.


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Héhé ! Un chapitre plein de réflexion et de questionnement aujourd'hui !

L'histoire avance pas à pas, j'avoue je tâtonne mais bon, on verra bien où ça nous mène X)

J'espère que ce chapitre vous à plus et je vous dis à la semaine prochaine ! <3

Kiss

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