Pitié Mia, ne fais pas ça, hurlait mentalement Sirius tout en se forçant à rester impassible alors que Mia portait le calice à ses lèvres. La conversation qu'il avait eue avec Azael, avant qu'ils ne découvrent Mia évanouie dans le laboratoire.

— L'immortalité n'est pas un cadeau que l'ont offre à n'importe qui.

— Comment savoir si Mia en est digne ?

— Teste là. Mets-la face à la mort déguisée en immortalité, et vois jusqu'où va son empathie. Voilà ce que tu vas faire...

Si Mia buvait le sang contenu dans ce calice, elle mourrait prématurément.

Ses lèvres se posèrent sur le rebord et Sirius du s'empêcher de le lui arracher des mains. Il ferma doucement les yeux, légèrement derrière elle, elle ne pouvait pas le voir et il ne voulait pas la voir s'effondrer.

— C'est le sang de qui ?

Sirius ouvrit les yeux et croisa le regard noisette perçant de la jeune femme.

— Quelle importance ? se força-t-il à dire. Il te rendra immortelle.

Mia écarta davantage le calice de son visage.

— Sirius, s'impatienta-t-elle. Du sang qui rend immortelle ? OK, mais à quel prix ? À qui appartient ce sang ?

— Si je te le dis, tu n'accepteras pas de le boire, dit-il en poussant doucement le calice vers ses lèvres.

Il se dégoûtait de forcer ainsi, mais il fallait qu'il s'assure que Mia méritait le cadeau qu'il voulait lui faire.

Le regard de Mia vacilla et elle fit un pas en arrière.

— Qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-elle à voix basse.

Mais elle n'avait pas lâché le calice.

— Dis-moi qui m'offre cette immortalité, réitéra-t-elle, les jointures blanches.

— Le sang d'un enfant-

Elle reposa si violemment la coupe sur l'autel que quelques gouttes giclèrent sur la pierre noire.

— Pitié dite moi que tu n'as pas fait ça...

Il fit un pas vers elle et elle s'éloigna.

— Je n'ai rien fait, assura-t-il, incapable de maintenir son rôle plus longtemps.

Il ne voulait pas que Mia ait peur de lui.

— Toi non, mais Kane je suis sur qu'il en serait capable, bon sang...

Des larmes lui montèrent aux yeux et sa lèvre inférieure se mit à trembler.

— Mia, dit-il en faisant un pas de plus dans sa direction.

— Non ! Arrête ! s'exclama-t-elle en tendant une main comme pour l'empêcher d'approcher, elle semblait sur le point de faire une crise de nerfs. Du sang d'enfant ? Je ne veux même pas savoir de quelle manière ça peut me sauver la vie ! Je n'arrive pas à croire que tu as pu songer une seule seconde que je serais d'accord ! Je n'arrive pas à croire que tu aies pu cautionner ça ! Je... je croyais qu'on était sur la même longueur d'onde toi et moi, tu sais... je genre de longueur d'onde qui dit qu'on ne fait pas de mal aux enfants ou des trucs du genre !

Sa voix était montée de deux octaves sous le coup de la panique. Sirius serra les dents. Allons, bon, c'était bien suffisant comme preuve non ? Comme si elle avait lu dans ses pensées – et il n'était pas tout à fait sur que c'était impossible – Azael sortie de derrière un pilier de marbre.

— C'est bon, je suis convaincu.

Mia se tourna vivement vers la cheffe des Sentinelles et Sirius en profita pour combler l'espace entre les deux et l'entourer de ses bras.

— Je n'ai rien fait, répéta-t-il en mettant toute la vérité possible dans sa voix.

Azael prit la coupe et la vida au sol.

— Il dit vrai, ce n'est que du sang en brique, récupéré sur un donneur de manière parfaitement légal.

Sirius sentit Mia se détendre... jusqu'à ce qu'elle pose son regard sur lui.

— Espèce d'idiot ! Pourquoi tu as fait ça ! s'énerva-t-elle en lui frappant le torse de son poing.

Si elle avait été entièrement humaine, il l'aurait à peine senti, mais à cause de sa semi-transformation chaotique ce fut un miracle qu'elle ne lui brise pas une clavicule. Elle tremblait dans ses bras alors il la serra plus fort, conscient que sa colère ne cachait qu'un grand soulagement. Il lui avait vraiment fait peur et il se détestait.

— Je suis désolé, chuchota-t-il.

— L'immortalité est un don précieux, expliqua Azael. Plus d'un humain mal intentionné voudrait s'en emparer, on ne peut pas l'offrir à n'importe qui. Ce que je vais vous transmettre aujourd'hui doit rester un secret. Si les humains apprenaient qu'un Vhampyr peut partager avec l'un d'entre eux sa longévité, l'équilibre fragile de nos deux sociétés s'effondrerait.

Mia grimaça.

— J'ai envie de dire que vous jugez mal les humains, mais je connais mon espèce, leur cupidité n'a aucune limite. Vous avez dit « partager » ? ajouta-t-elle sans faire mine de s'écarter de Sirius.

Lui aussi était intrigué, Azael avait refusé de lui livrer le secret avant d'être certain que Mia méritait ce don. Mais la cheffe des Vhampyr aimait apparemment faire durer le suspens, car elle prit le temps de nettoyer soigneusement le calice avec un tissu qu'elle avait glissé dans sa poche avant de s'approcher en sortant une de ses dagues. Sirius fit passer Mia derrière lui par réflexe. Pas qu'il ne faisait pas confiance à sa commandante, mais elle était assez imprévisible quand elle le voulait.

— Du calme, Don Juan, j'ai besoin de votre sang à tous les deux. Et oui, partager, répéta-t-elle remplissant sa coupe. La cérémonie du sang est un partage, du Vhampyr à l'humain, le plus souvent, et parfois à l'inverse, quand l'humain à un don spécial. Tu ne vas pas te transformer en Vhampyr, Mia... enfin, pas plus que tu ne l'es déjà, mais tu vas gagner les garde-fous qui te fond défaut, étant donné que tu as déjà la régénération rapide. Tu ne seras plus sujette aux maladies, à la vieillesse et tu guériras plus vite. Mais comme toute immortalité, elle ne comprend pas les blessures mortelles, du type sections de la tête ou arrachage de cœur alors... évite.

Son calice plein, elle le donna à Sirius.

— La cérémonie est d'une simplicité alarmante, en fait, c'est comme ça qu'elle a été découverte... il suffit d'en avoir l'intention sincère. Normalement il y a tout un pataquès symbolique à faire, mais comme je ne suis pas de ce bord religieux là, on va passer directement à ce qui nous intéresse, si ça ne vous dérange pas. Sirius, c'est le moment ou jamais de ne pas vouloir lier ton existence à Mia.

— On sera lié ? demanda-t-il, plutôt enthousiasmé par l'idée.

Azael pinça les lèvres.

— Un lien éternel, mais qui s'estompera si vous ne l'entretenez pas, détendez-vous le divorce sera toujours possible.

La raillerie d'Azael piqua sa curiosité et il dévisagea Mia qui avait légèrement rosi. Il était un peu tôt pour parler mariage non ? Secouant brièvement la tête Sirius tâcha de se concentrer sur les consignes de la Vhampyre. Il but dans la coupe puis la passa à la jeune femme qui fit de même, cette fois-ci sans hésitation, comme si se lier à lui ne la dérangeait pas.

— Maintenant, Sirius, trouve comment partager ton immortalité, c'est... unique, pour chacun et dans le doute, je vais vous laisser.

Mais Sirius ne faisait déjà plus attention à elle. Il sentait Mia dans ses veines, il entendait son cœur battre dans ses tempes et c'était comme si son monde s'était réduit à elle seule. Repoussant une mèche de cheveux blancs, il glissa une main sur sa nuque et pressa son front contre le sien. Elle se laissa faire avec un soupir de pure confiance, posant une main sur son torse et il le sentit distinctement. Ce « lien » d'esprit à esprit et de corps à corps. C'était comme si Mia aspirait quelque chose en lui qui lui donnait volontiers.

Il lui fit un don sincère de son immortalité.

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Youhou ! on y est arrivé ! X)

La fin approche à grand pas les amis j'espère que vous avez hâte !

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Kiss