Chapitre 3.

« Ce soir on sort ! Tu n'as même pas le choix ! regard cette robe magnifique ! tu vas faire tourner des têtes, tu vas voir ! Allez Mia, soit cool ! »

Parole de Jérémie à Mia

Mia songea que la voiture dans laquelle elle était faisait beaucoup de bruit. Elle entendait le ronronnement du moteur alors que les voitures récentes étaient presque entièrement silencieuses. Le siège de cuir sous elle était pourtant très confortable et elle possédait l'air conditionné.

Mia était dans une voiture.

La jeune femme possédait une voiture, bien sûr... mais d'habitude, c'était elle qui conduisait.

Alors que cette constatation faisait jour dans son cerveau embrumé, une voix la secoua définitivement de sa transe.

— Où est ce que vous habitez ?

Autoritaire et grave, elle résonna dans l'habitacle et Mia sursauta. Incapable de désobéir à cette question qui était un ordre déguisé, elle répondit machinalement.

— Croc Ouest, 333 Coin de la dent.

À peine ses paroles lui échappèrent qu'elle se rendit compte qu'elle venait de donner son adresse à un parfait inconnu. Certes, il ne connaissait pas son numéro d'appartement, mais même !

Elle était dans la voiture d'un inconnu et n'arrivait pas à ce souvenir de ce qu'elle faisait là. Il l'avait droguée ? Mia ne le regardait pas, mais les petits poils de sa nuque était dressés, comme toujours lorsqu'elle croisait un Vhampyr. L'homme à côté d'elle en était un. Est-ce que Jérémie savait où elle était ?

La petite brune commença à se rappeler de la scène humiliante qu'elle avait subie au Purgatory et se dit que finalement elle aurait préféré ne pas s'en souvenir. Elle osa un bras coup d'œil au Vhampyr à sa gauche. Il était entièrement concentré sur la route, il roulait vite, au-dessus des limites autorisées, mais c'était un Vhampyr, il devait avoir d'excellents réflexes. Il avait des cheveux presque noirs, dans l'ombre de l'habitacle, mais une peau claire, plus que la sienne en tout cas. Ses crocs poussaient doucement contre sa lèvre inférieure et elle s'empressa de détourner le regard. Est-ce qu'il comptait lui faire une ponction ? Elle avait rendu vous demain pour son don du sang... elle n'avait jamais subi de ponction.

Elle ne voulait pas subir de ponction.

— Je ne vais pas boire votre sang.

La voix grave la fit sursauter de nouveau. Il avait lu dans ses pensées ? Les Vhampyrs pouvaient faire ça ? C'était une théorie, plusieurs fois réfutée par l'espèce, qui circulait parmi les humains.

Elle lui jeta un autre coup d'œil. Il était beau. Ce n'était pas étonnant, les Vhampyrs avaient tendance à être beaux. Comme si c'était une caractéristique de l'espèce. L'esprit scientifique de Mia, qui se réveillait doucement, se demanda si c'était à cause de leur alimentation ou de leur profil génétique. Ou alors, ils avaient juste eu plusieurs siècles pour apprendre à mettre leur beauté naturelle en avant ou pour arranger ce qui n'allait pas.

Le Vhampyr se sentant observé tourna la tête vers elle et elle croisa ses yeux d'ambre. Incroyable. Elle eut soudain le sentiment d'être à l'étroit dans sa peau trop sensible et ses seins s'alourdir dans le corset de sa robe. Elle serra doucement les cuisses incapables se libérer de son emprise.

Ce fut lui qui détourna le regard le premier, probablement pour ne pas les envoyer dans le décor et Mia tourna à son tour la tête, perturbée par la virulence de sa réaction. Non, mais qu'est-ce qui lui prenait ? Certes, elle était célibataire depuis un moment, mais ça n'avait jamais été une raison pour réagir comme ça. Elle n'était pas un putain d'animal en chaleur !

Furieuse contre elle-même, elle s'obstina à regarder dehors, refusant de jeter le moindre regard vers son inconnu.

— Comment est-ce que vous vous appelez ? demanda-t-il au bout d'une minute.

Le Purgatory était à une demi-heure de route de chez elle, en temps de circulation fluide, mais à cette heure de la nuit tout le monde était de sortie. Que ce soit les Vhampyrs qui rentrait de leur boulot ou ceux qui allaient chercher leur enfant dans les écoles de nuit. De ce côté de la ville, c'était essentiellement la première partie.

— Mia, lâcha-t-elle.

Il ne connaissait pas son nom... elle était montée dans la voiture d'un homme qui ne connaissait pas son nom et dont elle ne connaissait pas le sien. Non, mais qu'est-ce qui lui avait pris ? C'était bien une chose qu'elle ne faisait jamais ! c'était certain maintenant, elle avait pris une substance illicite sans s'en apercevoir et elle était en plein délire. Elle ne voyait pas comment expliquer autrement son calme face à cette situation complètement folle.

— Enchantée, Mia, susurra-t-il comme s'il goûtait son nom. Je m'appelle Sirius. Vous n'avez absolument rien à craindre, je vous ramène juste chez vous.

Elle le crut. Ça n'avait aucun sens, mais elle le crut.

Ça leur pris quarante minutes pour atteindre le Coin de la dent, nommée ainsi parce qu'il ce situait dans l'angle que formait le « Croc Ouest » avec le reste d'Aramoor.

Sirius coupa le moteur de sa voiture devant l'immeuble C et sortie pour lui ouvrir la portière. Mia accepta son aide pour descendre de la haute voiture après avoir défait sa ceinture. L'air frais de la nuit lui fouetta le visage et elle frissonna dans sa minuscule robe.

Mia se sentit ridicule de s'être habillée ainsi. Elle n'aurait jamais dû sortir et encore moins se forcer à le faire pour faire plaisir à Jérémie.

— Merci de m'avoir ramenée.

Elle le congédiait. Mia s'abstint de croiser le regard de Sirius lorsqu'elle s'éloigna les bras serrés autour de son corps frigorifié par le vent qui soufflait et s'engouffrait dans ses cheveux pour les emmêler. Mia espérait pouvoir rentrer chez elle une bonne fois pour toutes et mettre fin à cette nuitée interminable qui n'avait fait que s'aggraver depuis qu'elle avait découvert une anomalie dans ses recherches, plus tôt dans la nuit.

Mais évidemment, s'en était déjà trop demander. Une bourrasque plus forte lui plaqua très gracieusement ses cheveux sur le visage et souleva sa jupe déjà bien courte. À l'aveugle, elle essaya de se débarrasser des cheveux qui lui atterrissaient dans la bouche et sur les yeux tout en retenant sa jupe. Aussi, elle ne vit pas la marche qui se profilait devant elle et elle trébucha. Mia tenta de se rattraper, mit un pied en avant, son talon se réceptionna mal et sa cheville se déroba dans un angle dérangeant. Elle se serait probablement gamelle cul par-dessus tête si des bras secourables ne s'était pas enroulés autour de son corps à ce moment précis.

Elle n'eut pas besoin de le voir pour savoir que c'était Sirius. Qui d'autre aurait pu la rattraper aussi vite ?

Il la redressa et elle s'empressa de s'éloigner de lui, mais à l'instant où elle posa le pied droit une douleur fulgurante remonta le long de sa jambe et elle déporta son poids sur la gauche. Les talons aiguille, c'est vraiment la merde. Son point d'appui étant mauvais, elle manqua de tomber à nouveau, mais Sirius la stabilisa, les mains sur les épaules.

Elle esquissa une grimace de douleur en rougissant. Misère, voilà qu'elle venait de se taper la honte devant un beau gosse Vhampyr en manquant de s'écraser comme une merde. Remarque, ça clôturait plutôt bien sa journée déjà pourrie.

— Vous êtes blessée à la cheville, constata Sirius en penchant la tête.

Il avait l'air sincèrement embêté tout en la maintenant debout, ce qui lui épargnait de devoir se déplacer comme une biche blessée ou pire, de devoir s'asseoir sur le trottoir.

— Les aléas d'une paire de talons, marmonna-t-elle finalement.

Il sembla réfléchir une seconde avant de s'adresser à elle comme si elle était une petite créature effrayée.

— Je vais vous porter jusqu'à chez vous, d'accord.

— Non ! s'exclama-t-elle soudainement. Je veux dire, ce n'est pas nécessaire, je ne voudrais pas vous embêter avec ça c'est vraiment ridicule...

Il se pencha pour la fixer dans les yeux, la maintenant toujours debout par la seule force de ses bras.

— Voyons, Mia, soyez raisonnable !

Mia pinça les lèvres avec le sentiment de se faire gronder comme une enfant. Et en même temps... quel âge avait-il ? Les Vhampyrs vivaient plusieurs siècles. À son échelle, elle devait être un bébé. Et puis, il avait raison, elle se voyait mal traverser l'entièreté du vestibule de son immeuble pour ensuite attendre debout que l'ascenseur la laisse au sixième étage et finalement traverser l'interminable couloir pour atteindre la porte en bois rouge de son appartement.

Pinçant les lèvres, elle céda, tendant le bras dans l'espoir qu'il se contente de la soutenir. Mais c'était évidemment trop demandé. Sirius se pencha et la souleva de terre comme si elle ne pesait rien. Mia sentit son ventre faire un looping et elle s'agrippa à la veste en cuir de son prince charmant alors qu'il se dirigeait vers l'entrée.

La porte de son immeuble n'était jamais fermée à clé, puisqu'il y avait toujours quelqu'un qui surveillait l'entrée.

Ce soir-là, c'était Candice.

— Bonsoir, mademoiselle Salvatores... tous va bien ? demanda la gentille blonde en dévisage le duo.

Mia était persuadée d'être rouge cerise.

— Oui Candice, merci, répondit-elle tout de même.

Sirius ne tourna même pas la tête vers elle. Candice les suivit du regard et alors que Mia ne regardait pas dessus l'épaule de son gentleman celle-ci lui fit des grands signes approbateurs et la jeune femme ne put s'empêcher de laisser échapper un pouffement peu discret. Candice allait être très déçu lorsque le Vhampyrs redescendrait après l'avoir laissé devant chez elle.

— Sixième étage, porte 620, indiqua-t-elle en se gardant bien de le regarder.

C'était déjà suffisamment difficile de faire abstraction de son immense main rugueuse ouverte contre sa cuisse nue pour qu'elle n'allie pas cette sensation à la vision de sa bouche entourée de l'ombre d'une barbe qu'il devait raser soigneusement chaque jour.

Elle se demandait s'il utilisait un rasoir laser high tech ou s'il se servait d'un rasoir à lame. Secouant la tête pour chasser cette pensée, l'ascenseur émit un « ding » pour indiquer qu'ils étaient arrivés à leur étage.

Dieu merci pour elle, il n'y avait personne dans les couloirs lorsque Sirius s'avança jusqu'à la porte rouge tout au bout. La moquette beige régulièrement nettoyée étouffait le bruit de ses lourdes bottes.

Est-ce que je suis lourde ? se demanda-t-elle.

Il la portait sans protester, mais peut être qu'il la trouvait lourde. C'était bien le moment de penser à ce genre de chose.

Sirius s'arrêta devant la porte juste dans la bonne position pour que Mia puisse taper son code. En jetant un bref regard vers lui elle s'aperçut qu'il observait les moulures au plafond avec intérêt.

Gentleman, songea-t-elle.

Elle saisit son code sur le pavé tactile et la forme d'une main apparut pour lui permettre de valider son entrée avec son empreinte palmaire. Ce genre de serrure était les plus classiques, et même si Mia gagnait bien sa vie elle n'avait jamais demandé qu'on installe un détecteur rétinien pour la simple et bonne raison qu'elle portait des lentilles qui avait tendance à fausser et à déclencher l'alarme.

La porte s'ouvrit sans un bruit et Sirius s'engouffra dans son appartement.

— Lumière douce, ordonna-t-elle.

Ne sachant pas quelle lumière était la plus confortable pour ses yeux de Vhampyr elle avait demandé celle qu'elle utilisait la nuit. Gribouille, sa minette tricolore se précipita vers eux en miaulant fort, l'air mécontente. Mia grimaça face à la mauvaise humeur de sa chatte alors que, toujours silencieux, Sirius laissait la porte se refermer automatiquement derrière eux pour s'avancer dans l'immense pièce de vie.

L'appartement de Mia était en réalité un loft, la jeune femme appréciait les grands espaces et était tombée amoureuse du salon et de la cuisine ouverte de ce bien. Et surtout de la baie vitré qui prenait l'entièreté du mur et donnait une vue panoramique incroyable sur la ville. En été, son balcon était un endroit génial. Le travail de Mia payait bien, et malgré le prix exorbitant de l'appartement, elle avait presque remboursé entièrement.

Mia songea que ce n'était certainement pas un lieu où un Vhampyr aimerait vivre, trop de risque de finir carboniser. Mais Sirius ne fit aucun commentaire en la déposant sur son canapé d'angle, prenant garde à ne pas écraser sa chatte qui râlait toujours aussi bruyamment.

Mia se redressa au milieu des coussins alors que le Vhampyr s'agenouillait pour défaire sa chaussure. La jeune femme ouvrit la bouche pour lui dire que ce n'était pas nécessaire, mais sa main chaude et rugueuse se referma sur sa cheville tordue et il demanda.

— De la glace ?

— Dans le congélateur, répondit-elle sans réfléchir.

De la même manière qu'elle lui avait donné son adresse. Mince ! cet homme était dangereux. Le genre qui obtenait tout ce qu'il voulait en donnant des ordres et en lançant des regards autoritaires.

Sirius se leva et Gribouille, au lieu de s'inquiéter pour sa maîtresse se précipita vers sa gamelle vide. Il existait des distributeurs de nourriture automatique, mais Mia avait pris une chatte pour s'en occuper et avoir une présence, elle trouvait ça stupide de laisser un robot la nourrir.

Sirius prit une minute pour verser des croquettes dans la gamelle de Gribouille, alors même que Mia ne le lui avait pas demandé, avant de sortir des glaçons de son congélateur et de les glisser dans un torchon. Il revint une minute plus tard avec sa poche improvisée et s'agenouilla de nouveau.

— Ça va aller, chuchota-t-elle d'une voix plus rauque qu'à l'habitude lorsqu'il prit son pied pour appliquer la glace.

Il releva ses yeux ambrés vers elle et leurs regards s'accrochèrent.

Mia déglutit difficilement, avant de venir humidifier sa lèvre supérieure du bout de la langue. Le regard du Vhampyr se posa sur ses lèvres une minute et la jeune femme sentit son corps réagir favorablement à son air affamé. Oh la la ! ça n'allait pas du tout ça... pas du tout, du tout !

Mia songea qu'elle allait faire une très grosse bêtise ce soir.

Et merde, comme elle en avait envie !

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En vrai je suis sympas parce que le chapitre quatre n'est pas terminé X) du coup je prends un petit risque quand même !

Bref, très long chapitre aujourd'hui, du coup j'espère qu'il vous à plus ! ^^

Et chapitre intéressant en prévision XD (je me garde le droit de publier le chapitre quatre jeudi, histoire de ne pas me mettre trop la pression, en plus j'ai des partiels la semaine prochaine)

Kiss

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