Chapitre 29.
Mia n'aimait pas trop le plan qui avait été proposé pour coincer les scientifiques fous qui s'amusaient à transformer les humains en Vhampyr. Il était assez simple, en fait, mais ça lui déplaisait quand même. Il était convenu que Tizia se ferait passer pour elle, la Vhampyre avait grimacé quand elle avait compris que ça signifiait porter ses vêtements, mais elle avait accepté le plan... puis elle avait regrimacé en comprenant qu'elle allait devoir dormir dans un appartement avec d'immenses baies vitrées. Mia avait assuré que ses vitres pouvaient se teinter de noir et empêcher les UV de passer, mais ça ne signifiait pas pour autant que la Vhampyre était rassurée.
Mia non plus n'était pas rassurée, les Scientifiques semblaient prêt à tout, même à engager des soldats pour les défendre, elle avait beau savoir que Tizia était une Sentinelle, elle avait peur pour elle.
— Mais elle va s'en sortir, n'est-ce pas, Gribouille ? demanda la jeune femme en grattant les oreilles de sa chatte, qui bâilla avec désintérêt.
Mia s'accordait une pause, comme Sirius était sortie. Elle ne comprenait plus rien aux données qui s'affichaient, et elle avait beau boire de l'eau, sa gorge était toujours sèche et son ventre criait famine malgré qu'elle ait avalé de la nourriture solide quelques heures plus tôt. Elle savait qu'elle avait besoin de sang, elle s'était surprise, une heure plus tôt, à fixer avec envie la jugulait battante de Sirius.
Bon sang, c'était vraiment une plaie d'être un Vhampyr.
Se redressant un peu trop vite elle sentit le sang lui monter à la tête et sa vision se réduisit à une tête d'épingle. Elle crut naïvement que ça passerait rapidement et fit donc deux pas en avant.
L'instant d'après elle sombra dans le noir complet.
Quand elle revint à elle, elle était blottie contre un corps chaud et dur. C'était Sirius, elle n'en douta pas une seule seconde, il n'y avait que dans ses bras qu'elle se sentait en parfaite sécurité. Surtout lorsqu'il sentait si bon, un mélange sucré et envoûtant qui l'enveloppait alors qu'il la berçait.
— Hey, te revoilà, susurra Sirius les lèvres pressées contre sa tempe. Il faut que tu te nourrisses mon ange.
En disant ça, il lui présenta devant son visage son poignet ouvert où coulait un filet de sang qui lui mit l'eau à la bouche et la révolta en même temps. Elle eut un petit mouvement de recule, mais sa position lui bloquait la tête contre le torse du Vhampyr.
— Allez, Mia, ce n'est rien qu'un peu de sang, je te l'offre volontiers, la cajola-t-il.
Mia poussa un petit gémissement plaintif, mais elle avait tellement soif et elle manquait d'énergie pour résister plus longtemps lorsqu'il plaça le poignet juste devant ses lèvres. Elle combla les derniers centimètres et pressa sa langue sur la plaie. Le sang explosa dans sa bouche comme de l'ambroisie et elle grogna de plaisir en plantant ses dents d'humaine dans le poignet pour l'empêcher de bouger et aspira goulûment le nectar pendant que Sirius la berçait en lui murmurant des mots doux. À chaque gorgée, Mia se sentait revivre, exaltée et affamée elle maintenait le poignet de Sirius contre ses lèvres, les ongles enfoncés dans sa peau.
— Doucement, ordonna-t-il en lui tirant les cheveux vers l'arrière.
Elle grogna en signe de protestation et s'agrippa de plus belle.
— Mia, ça suffit, tu en as eu assez.
Elle avait beau savoir que c'était mauvais signe, et malgré son ventre plein, elle refusa de lâcher la source de sang.
— Mia, gronda Sirius en écartant le poignet.
Elle le suivit, mais ses dents humaines glissèrent sur la peau et Sirius la tira en arrière.
— Non ! s'énerva-t-elle violemment en se tournant vers le Vhampyr, les lèvres retroussées.
Il retroussa les siennes et grogna à son tour, ce qui la calma immédiatement. La vue de ses crocs long, blanc et tranchant la refroidit. Elle avait presque oublié que Sirius était dangereux. Mia déglutit. À genoux entre les jambes du mâle, les mains sur son torse, elle était cernée par ses cuisses robustes et ne pourrait pas se dégager assez vite pour s'échapper.
Sirius referma la bouche, masquant se crocs comme s'il avait senti sa peur. Ou plus probablement vu son regard écarquillé.
— Tu n'aurais pas dû attendre si longtemps pour boire du sang, soupira-t-il en tendant la main vers son visage.
Elle resta immobile lorsqu'il repoussa une mèche blanche derrière son oreille, effleurant sa joue et déclenchant une douce chaleur dans tout son corps. Il n'allait pas lui faire de mal. Cette certitude insensée l'apaisa. Et c'est ce moment que choisit Sirius pour larguer une bombe.
— J'ai un moyen de te sauver.
Mia soupira et se laissa tomber sur le corps du mâle.
— On en a déjà parlé, si tu comptes me cryogéniser le temps de trouver une solution, je refuse, ce n'est pas une science sure.
Il rit contre sa tempe.
— J'avais lancé ça pour plaisanter. Non, je parle d'une vraie solution. Un vrai remède. Une solution Vhampyrique.
Mia se redressa, tâchant d'étouffer la lueur d'espoir dans son cœur.
— Comment... ? London a trouvé quelque chose ?
Sirius hocha simplement la tête et il se leva l'entraînant dans son sillage. Mia se sentait bien mieux, comme si elle était tombée en hypoglycémie et qu'elle venait enfin d'absorber du sucre. La faible luminosité de la chambre de Sirius était désormais largement suffisante pour qu'elle voie clair. Nouant ses doigts aux siens, Sirius l'entraîna dans les couloirs jusqu'à l'ascenseur qui descendit dans un second sous-sol que Mia ne soupçonnait pas. Mais il fallait croire que c'était plus courant qu'on ne le pensait.
Pourtant, ce sous-sol-là avait l'air bien plus ancien que celui du laboratoire, éclairé par des néons faiblards il était fait en béton armé, immense comme s'il prenait l'entièreté du bâtiment qui surplombait le QG. Pas de mur séparateur, seulement des tas et des tas d'objets, semblables au trésor d'un dragon, en un peu moins lustré et beaucoup plus poussiéreux.
— Ça alors, souffla Mia en fixant une toile prétendument disparue depuis trois siècles. Est-ce que c'est une gameboy ? ajouta-t-elle en observant l'objet sur une table, presque méconnaissable sous une épaisse couche grise.
Sirius esquissa un sourire et continua de la guider jusqu'au centre de la pièce. Une sorte d'autel s'y trouvait, rond au milieu d'un cercle sculpté dans la pierre, ornée de motif complexe. Une coupe se trouvait au centre.
— Laisse-moi deviner, plaisanta Mia, un peu nerveuse. Le roi Arthur et ses chevaliers étaient des Sentinelles ?
— En fait pas les chevaliers, seulement le roi Arthur et Genièvre, rétorqua Sirius.
Mia le dévisagea bouche bée, une seconde.
— Euh, ce n'est pas le Graal hein ?
Sirius observa le calice sur l'autel puis Mia.
— Non, enfin... je ne crois pas.
Son doute arracha une grimace à Mia.
— Bon, c'était quoi ta super idée ? M'impressionnée avec tous ces objets dignes d'un musée ?
Sirius déglutit et la mit face au calice.
— Pendant que tu étais évanouie, Kane est allé chercher ça pour moi.
Mia pencha la tête sur le côté en observant le contenu du calice.
— C'est du sang ?
— Oui, si tu le bois, tu gagneras l'immortalité. Comme Lancelot a gagné la sienne.
— Lancelot est immortel ?
— C'est tout ce que tu as retenu de ce que je viens de dire ?
Mia pinça les lèvres, dubitative.
— Donc, un peu de sang va me rendre immortelle ?
— C'est un sang spécial, il te suffit de le boire et tu vivras éternellement.
Ça semblait si simple.
— Comment... un remède miracle.
— Oui.
Mia releva la tête vers Sirius, qui la regardait calmement. Il était même trop calme. Mais en même temps, elle s'apprêtait à devenir immortelle. Mia prit le calice entre ses mains et observa le sang. Elle ne se sentait plus si rebutée que ça, depuis qu'elle avait bu celui de Sirius. Après tout ce n'était que du sang... ça ne pouvait pas être plus dégueu que de boire du lait ou manger de la viande.
Mia observa le liquide vermeil, le cœur battant la chamade. Elle tenait entre ses mains l'immortalité. Un don que Sirius lui offrait à elle. Par amour ? pourquoi voudrait-il à tout prix la sauver s'il ne l'aimait pas. Et elle ? Elle l'aimait ? Elle croisa son regard. Il attendait patiemment qu'elle se décide à boire, calme et tranquille, doux et sérieux, il la rendait toute chose.
Hum, oui, elle était probablement amoureuse.
Elle prit une brusque inspiration, et porta la coupe à ses lèvres.
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