Chapitre 23.
Mia observa les chiffres de l'ascenseur qui la mènerait jusqu'à son étage de travail défiler avec angoisse. Son cœur battait fort dans sa poitrine et ses paumes étaient moites, même si elle les essuyait sur son pantalon.
Elle se remémora le visage de Sirius, pour s'assurer qu'elle ne l'avait pas oublié. Kane avait dit qu'il effacerait tout, mais il avait menti. Elle ne savait pas pourquoi, mais chacun de ses souvenirs était à sa place. Du moins, le pensait-elle, car elle ne se serait probablement pas aperçue s'il manquait quelque chose. En tout cas, elle se souvenait de Sirius, de son agression dans son laboratoire, de leur visite chez ses parents, de leur étreinte. La morsure à son cou pulsait doucement sous le col de sa chemise. En la léchant, Sirius avait entamé le processus de guérison, et son esprit scientifique se demandait si la salive des Vhampyrs pouvait soigner toutes les blessures ou juste les morsures. Elle se demandait aussi si elle devait prendre des antibiotiques, au cas où...
L'ascenseur sonna son étage et elle sursauta légèrement avant de sortir.
— Mia ! s'exclama joyeusement Jérémie en l'apercevant. Tu vas mieux ?
— O-oui ? hésita-t-elle en se demandant comment Sirius avait justifié son absence.
Heureusement qu'il l'avait enlevée un vendredi...
— Ah ! tant mieux, ton assistant à dit que tu étais tombée et il ta ramener chez toi, mais j'y suis passé samedi pour m'assurer que tu allais bien et tu n'étais pas là !
— Je... hum, ce n'était rien et je suis allé chez mes parents ce week-end, mentit-elle.
— Vraiment ? C'était donc ta sœur, la belle brune sculpturale qui m'a ouvert ?
Mia tâcha de ne pas avoir l'air coupable en se souvenant que Sirius avait envoyé Tizia nourrir sa chatte en son absence.
— Une... amie, venue en week-end.
Personne ne croirait que Tizia et elle était sœur.
— Oh. Bon ! tant que tu vas bien, c'est ce qui compte.
Mia hocha la tête en allant vers son laboratoire.
— Au fait ! demanda-t-elle en se tournant vers lui, songeant qu'il y avait peu de chance que ça marche, mais que peut-être l'information remonterait au concerné. Je stagne un peu ces derniers temps, et je me demandais si je pouvais prélever en observer le sang Vhampyr directement sur un volontaire ?
Jérémie lui sourit.
— Je n'en sais rien, il faut que tu demandes au chef.
Mia sourit nerveusement.
— Je n'oserais jamais, avoua-t-elle.
C'était la vérité, mais surtout, ça risquait d'attirer les soupçons si elle posait trop de questions.
— Tu as de la chance que je t'aime bien, soupira Jérémie avec un sourire de voyou. Je vais voir ce que je peux faire.
— Merci !
Mia entra dans son bureau le ventre noué par la peur. Le plan se mettait en marche.
***
Plongée dans une manipulation qu'elle avait faite des milliers de fois, Mia n'entendit pas tout de suite la porte de son bureau s'ouvrir plusieurs heures après la fin de sa nuit de travail. Il devait être dans les coups de quatre heures du matin, le soleil ne tarderait pas à se lever. Mia avait voulu rester le plus possible, au cas où elle aurait flairé un gros poisson.
— Mia ?
La scientifique sursauta, manquant de faire tomber ses lames de verre.
— Oh ! Jérémie, tu m'as fait peur, tu es encore là ?
Jérémie hocha ma tête.
— Je n'ai pas vu le temps passer. Tu penses vraiment que tu n'arriveras à rien sans test sur un cobaye vivant ?
Mia sourit nerveusement.
— Pas vraiment des tests, juste des prélèvements sanguins, je me disais que peut être que l'exposition à l'air libre détruisait les différences entre l'ADN et les chromosomes des Vhampyrs et ceux des humains. Tu vois ? Ça expliquerait que personne n'ait jamais trouvé de sang Vhampyr avant qu'il ne se révèle... peut-être que la différence n'est pas si minuscule que ça...
C'était une théorie qui étrangement ne lui semblait pas complètement idiote après l'avoir dit. Elle se demanda si Kane n'avait finalement pas effacé quelques petites choses de son esprit.
Jérémie hocha la tête, comme s'il envisageait cette théorie lui aussi.
— Viens, on a justement un volontaire, sauf si tu es trop fatiguée ?
En effet, Mia était rompue, mais elle s'empressa de secouer la tête.
— Non, je ne voudrais pas manquer ma chance.
Jérémie sembla approuver et la guida jusqu'à l'ascenseur.
— Il est à un autre étage ? s'étonna-t-elle.
— Oui.
Il n'en dit pas plus et appuya sur un bouton près du panneau des étages. Mia fronça les sourcils, intrigué et un écran sorti. Sans un mot, son collègue appuya son empreinte palmaire et l'ascenseur descendit. Mia laissa échapper un rire nerveux.
— Où va-t-on.
— Au sous-sol.
— Mais... je croyais qu'il n'y avait pas de sous-sol outre le parking.
— Il n'y en a pas, du moins, pas officiellement.
Mia commença à s'agiter. Sirius avait eu raison, il se tramait bien des choses louches dans son laboratoire...
L'ascenseur sonna et la porte s'ouvrit. Mia resta immobile, se demandant si elle aurait le temps de faire refermer les portes pour monter et prévenir Sirius avant que Jérémie s'en aperçoive.
— N'y pense même pas, lui dit celui-ci d'une voix menaçante en lui agrippant le bras. Tu aurais dû te contenter de fouiner dans l'ADN au lieu de venir fouiner dans nos affaires, Mia.
Le cœur de Mia accéléra alors qu'il la traînait dans ce qui semblait être un laboratoire souterrain entièrement blanc, avec de puissants néons et plusieurs portes de métal à l'air très solide. En passant devant l'une d'elles, Mia vit à travers la fenêtre un homme en blouse blanche occuper à faire passer des tests à un patient attaché.
Dans quoi avait-elle encore mis les pieds ?
— J'ai su qu'il se tramait un truc louche quand ce Vhampyr est venu fouiller au laboratoire. Je ne pensais pas que tu t'en mêlerais aussi, mais tu as disparu et c'est devenu évident. Ah, Mia, j'aurais préféré ne pas avoir à t'impliquer.
— M'impliquer dans quoi ? s'étrangla la scientifique alors qu'il la traînait dans le dédale de couloirs.
Le jour allait se lever, Sirius ne pourrait pas l'aider, elle était coincée avec ce malade, sous terre, sans autre moyen de communication que son téléphone dans la poche de sa blouse. Téléphone que Jérémie s'empressa de lui subtiliser.
— Oh, tu n'aurais rien pu en faire, on ne capte pas, ici, mais sait-on jamais.
Ils étaient arrivés dans une pièce avec du matériel de labo high-tech, Jérémie jeta son téléphone dans une broyeuse avec un air navré.
— Notre projet est plus grand que toi, Mia. Imagine que les humains puissent devenir aussi puissants que les Vhampyr ? Imagine qu'on puisse nous faire muter pour devenir des Vhampyrs insensibles à la lumière du jour ? Ce serait formidable non ? Plus besoin de ces espèces de suceurs de sang qui nous pourrissent la vie, on pourrait vivre au soleil !
Il est fou, songea Mia.
— Mais si tu fais muter les humains, on voudra boire du sang aussi ?
Jérémie secoua la tête en claquant de la langue, comme si elle était une enfant ayant posé la mauvaise question.
— Bien sûr que non, les Vhampyrs boivent du sang, mais moins ils sont purs, moins il en ont besoin, avec les recherches adéquates, on pourrait supprimer le gène qui provoque la soif de sang, on serait puissant, et libre.
— Ce serait l'anarchie ! protesta Mia, imaginant déjà des centaines d'hommes remplis de testostérone pouvant se taper dessus et s'envoyer à l'autre bout d'une pièce.
— Ce serait la vie éternelle ! tu ne veux pas vivre éternellement Mia ?
La jeune femme faillit répondre non, mais elle se souvint de Sirius. Elle, elle vieillirait et mourrait quand quelques dizaines d'années alors que lui resterait jeune et beau. Elle aurait tout donné pour qu'une solution miracle lui permette de rester à ses côtés... mais pas au prix de vie innocente.
Mia songea que cette réflexion arrivait un peu tard. Jérémie, son ami, du moins le pensait-elle jusqu'à maintenant, allait la tuer.
— Vous torturer et tuer des innocents, plaida-t-elle en espérant attirer sa compassion.
— Les humains qui meurt sont la lie de la société, des drogués et des prostitués, on leur offre une chance de devenir forte et en bonne santé. Les Vhampyrs ne sont pas humains, ils méritent de mourir... Mais on n'a jamais essayé l'expérience avec une humaine en pleine forme. Tu n'as aucun problème de santé Mia, ça ne te plairait pas de ne plus avoir à porter de lunette ?
Mia secoua la tête en tentant de reculer jusqu'à la porte, mais Jérémie l'attrapa par le bras.
— Oh si... je crois que ça te plairait...
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