Chapitre 18.
Mia avait une sale tête.
Bon, certes, c'était de sa faute, et c'était pour ça que Sirius culpabilisait, de la voir là, assise et minuscule sur un canapé, alors que ses frères et sœurs d'arme s'étaient réunis dans la salle de commandement. Elle avait un pansement au niveau de l'arcade sourcilière, c'était Tizia qui s'en était chargé, mais Mia ne l'avait pas laissé faire plus. Elle semblait un peu sous le choc. Ses joues étaient marquées par le sillon de deux larmes qui avaient coulé lorsqu'elle avait vu les photos de Capucine. Quelle farouche petite humaine, elle n'avait pas pleuré lorsqu'elle avait cru qu'il la tuerait, dans sa cellule, mais en voyant le mal qui avait été fait à sa sœur, elle avait failli fondre en sanglot.
— Tu es sûr que ce n'est pas notre tueuse ? demanda Azael en dévisageant Mia comme si elle n'était qu'un insecte.
Sirius soupira.
— Certain, si elle a participé, c'était contre son gré et elle n'était pas au courant.
— Merde, c'était notre seule piste, jura la cheffe des Sentinelles.
— Pas forcément, souligna London. Si on récupère les échantillons de sang que Mia possède et qu'on les analyse, on aura peut-être des matchs avec les autres cadavres, ainsi qu'avec les noms que Sirius nous a rapportés de sa confrontation avec les Chasseurs.
Elle parlait avec moins d'entrain qu'à son habitude, et elle paraissait terne, la mort de sa mère semblait beaucoup l'avoir affecté.
— Tu parles des échantillons que Sirius a détruits en tentant de tuer Mia ? railla Kane.
Le regard de Mia se posa sur lui, et le Vhampyr à la peau noire lui lança un regard peu amène. Kane n'était pas surnommé Vice par affection. C'était un Vhampyr demi-sang, c'est-à-dire né d'une humaine et d'un Vhampyr sang pur, qui haïssait profondément les humains. Les humaines en particulier.
— Je garde toujours un double des échantillons dans un placard fermer à clé, révéla Mia d'une voix morne avant de se masser le crâne. Au cas où...
— Au cas où quoi ?
— Que j'en casse un, mais je suppose que je devrais ajouter dans ma liste, au cas où un Vhampyr cinglé décide de m'agresser, maugréa-t-elle en fusillant Sirius du regard.
L'instant d'après, un filet de sang commença à couler de son nez. Sirius pesta en tirant un mouchoir en tissus de sa poche pour le presser contre son nez, mais elle le prit et le fit elle-même, comme si elle ne supportait pas qu'il la touche.
— Qu'est ce qui lui arrive ? demanda Tizia en regardant Sirius, qui était le seul médecin qualifier.
Pourtant, c'est Azael qui répondit.
— Les chaînes que Kane a mises sur ses souvenirs luttent contre son cerveau, la pression est trop grande, ça arrive chez certains humains particulièrement intelligents ou chez les Chasseurs.
— Alors libéré là ! ordonna Sirius.
Kane lui lança un regard méprisant.
— Elle va te haïr.
— Trop tard.
Le Vhampyr lança tout de même un regard à Azael pour avoir son approbation avant de s'agenouiller devant Mia, qui eut un mouvement de recul.
Il saisit son regard et posa une main sur son épaule. Sirius eut envie de lui dire de ne pas la toucher, mais il savait que pour que le pouvoir de Kane fonctionne, il fallait un contacte. Les yeux de Mia s'écarquillèrent alors que les souvenirs enfouis de leur nuit à deux remontaient à la surface.
Et sa première action surprit tout le monde.
Elle gifla Kane.
Enfin, elle essaya, car le visage de Vhampyr resta parfaitement immobile alors que son poignet s'abîma sur sa mâchoire. Elle lâcha un chapelet de jurons fort peu délicat en le fusillant du regard.
— Tu n'avais aucun droit de m'enlever ces souvenirs, gronda-t-elle en pressant son poignet contre son ventre.
— Je m'en contrefiche de ce que j'ai le droit ou non de faire avec ta petite tête, rétorqua-t-il en lui donnant une pichenette sur le front.
Elle sembla bouillir de rage, mais n'esquissa pas un autre mouvement. Personne ne dirait jamais de Mia qu'elle était complètement stupide, sa première gifle avait été instinctive, mais elle savait quand elle se trouvait face à un prédateur trop grand pour elle. Elle croisa les bras et s'enfonça dans les canapés, défiant du regard Kane de faire quoi que ce soit. Celui-ci perdit tout intérêt pour elle et retourna se placer près d'Azael.
Sirius préférait Mia lorsqu'elle était furieuse que lorsqu'elle avait cet air morne et déprimé.
— Tu n'as vraiment aucune idée d'où viennent ces échantillons ? demanda London en regardant Mia.
Elle était la seule à trouver utile de s'adresser directement à elle, les autres Vhampyrs la trouvaient insignifiante et indigne de leur question. Sirius n'aurait pas pu être plus fier de sa nièce.
— Non, on m'a dit que c'était des échantillons de donneur consentant.
— Hyper consentant en effet, railla Kane.
Elle l'ignora avec un air royal.
— De toute manière je n'ai jamais réussi à en tirer quoi que ce soit.
Un silence un peu gêné parcourut l'assemblée, mais personne n'osa lui dire que c'était de leur faute, et qu'il l'avait volontairement tenu dans l'ignorance. C'était plus facile d'effacer des connaissances que d'enchaîner des souvenirs.
— L'échantillon que Sirius avait volé à révéler concorder avec une des victimes, souligna London.
— Sirius a volé... non vous savez quoi, ce n'est pas grave. J'ignore d'où viennent les échantillons de sang qui me sont fournis, mais je suppose que je peux toujours aller demander à mon supérieur ?
— Parce que tu crois vraiment qu'il va te dire « Oh, c'est vrai, j'ai oublié de te prévenir, on extrait du sang sur des cobayes génétique qu'on garde au sous-sol, et on te les donne à analyser ! », railla Kane.
De toute évidence, il n'appréciait pas du tout Mia, mais était-ce vraiment surprenant de la part d'un Vhampyr qui détestait les humains ?
Mia pinça les lèvres, apparemment touchée dans sa fierté.
— Je pourrais laisser entendre qu'aller plus loin dans mes recherches m'intéresse, rétorqua-t-elle. Peut-être, suggérer que j'aimerais faire des tests sur des sujets vivants ?
Kane esquissa une grimace de dégoût.
— Ça t'exciterait, hein, de nous ouvrir pour voir comment on fonctionne.
— Pas du tout ! Je ne blesserais jamais personne pour la science, c'est abject.
Le regard de Mia se déplaça sur la pièce de réunion et Sirius put presque deviner ce qu'elle pensait. Bien sûr que ça l'intéressait, d'un point de vue scientifique les Vhampyrs étaient un mystère qui fascinait, et elle n'était pas immunisé. Mais il sut aussi qu'elle ne le ferait pas, car ça irait à l'encontre de ses convictions personnelles.
— De toute façon vous n'avez pas vraiment d'autre option, je me trompe ? Si vous débarquez avec vos gros sabots au laboratoire, vous avez peut-être une chance de tomber sur quelque chose, mais si ce n'est pas le cas, les auteurs des massacres auront le temps de se cacher. Et de toute manière, vous n'avez pas le droit de fouiller un lieu sans mandat, vous n'êtes pas au-dessus des lois, le temps de l'obtenir, si vous comptez sur le fait que l'organisation criminelle n'a pas d'espion chez les juges d'Aramoor, ils auront tout de même le temps de déplacer leur labo.
— Tu as l'air bien sûr de toi, quand tu dis que c'est une organisation, rétorqua Kane sans prendre en compte une seconde ce qu'elle venait de dire.
— C'est forcément un groupe, pour pouvoir enlever des Vhampyrs, des chasseurs et des humains, et pouvoir rejeter sans ce faire prendre des cadavres un peu partout. Les échantillons ont fini dans mes recherches, ce n'est pas anodin. Je sais que ça va te paraître difficilement concevable, mais je suis intelligente, je sais faire des liens.
Kane montra les dents, n'appréciant pas du tout qu'elle lui tienne tête. Azael lança un regard d'avertissement à sa Sentinelle avant de reporter son attention sur Mia. Celle-ci resta bien droite, ce que Sirius ne pouvait qu'apprécier étant donné que tout le monde avait peur de leur cheffe. En tant que sang pur, elle avait un aspect inquiétant, d'une blancheur spectrale aux yeux injectés de sang, la plupart des humains avaient peur d'elle d'instinct, comprenant qu'elle était leur prédatrice naturelle. Mais si Mia trembla, elle n'en laissa rien paraître.
— On va essayer ton idée, dit-elle. Tu vas aller là-bas lundi, et tu vas faire en sorte d'être introduite dans leur laboratoire secret, en espérant que ce soit vraiment eux notre cible.
— Ça pourrait être dangereux, protesta Sirius. Si elle est découverte ou s'ils trouvent qu'elle pose trop de questions, ils la tueront.
Azael darda sur lui un regard autoritaire.
— Qu'est-ce que j'en ai à faire ? Elle a très certainement participé à ces massacres, même inconsciemment. Ma décision est prise, ramenez-la au cachot.
Mia se leva d'un bon, un air catastrophé peint sur son visage. Sirius songea qu'elle devait avoir changé d'avis, ne voulant certainement pas risquer sa vie dans une mission aussi dangereuse. Mais une fois de plus, elle lui prouva qu'il avait tort à son sujet.
— Vous ne pouvez pas m'emmener au cachot ! J'ai un dîner avec ma famille dimanche, si je n'y vais pas vous pouvez être sûr que ma mère enverra des alertes enlèvement dans tous les commissariats de police du pays ! Ma couverture serait grillée à coup sûr et surtout, surtout... pitié, ne me forcer pas à manquer un dîner de famille avec ma mère, elle m'assassinerait.
Azael eut l'air franchement agacé, puis son regard se porta sur Sirius avant de revenir sur Mia.
— D'accord, Sirius t'accompagnera.
Sirius hocha la tête approuvant comme un bon petit soldat les paroles de sa commandante avant de les saisir.
— Attendez... Quoi ?
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Hello !
Alors, ce chapitre ? moi je le trouve plutôt pas mal non ? X)
Et mine de rien, cette histoire qui sera plus courte que certaine autre touche bientôt à sa fin, enfin, disons d'ici une dizaine ou quinzaine de chapitre, je pense ! sauf si j'imagine d'autre rebondissement dans la trame narrative qui était de base très simple.
Bref ! j'espère que cette histoire vous plais toujours autant, moi j'avoue que je m'amuse bien avec Sirius et Mia !
Kiss
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