Chapitre 15.

Quelque chose n'allait pas. Mia s'en rendait bien compte, assise face à Sirius. En sa présence, elle n'arrivait pas à réfléchir, et c'était mauvais signe. Personne n'avait encore jamais réussi à l'embrouiller à ce point. Ce soir, elle avait juste envie de se laisser porter par la voix grave et envoûtante du bel homme face à elle.

— Je suis curieux, quel âge a le bâtiment ? Tu sais s'il y a un sous-sol ?

Une partie de son esprit lui indiqua que ces questions n'étaient pas normales, qu'il y avait un problème dans la conversation, que ce n'était pas le genre d'information qu'on demandait à un premier dîner. Mais cette part d'elle-même fut ensevelie, et elle répondit mécaniquement.

— Je crois qu'il date d'avant la Révélation, mais il n'y a pas d'autre sous-sol que celui investi pour le parking. Pourquoi y aurait-il un sous-sol ?

Il ne répondit pas.

— Manger vos crevettes, elles vont refroidir, encouragea le Vhampyr en décortiquant une crevette pour elle avant de la glisser entre ses lèvres.

Elle se laissa faire et poussa même le vice jusqu'à lui suçoter les doigts pour récupérer la sauce qui allait avec. Sirius entrouvrit la bouche pour souffler doucement et Mia aperçut ses crocs. Il était blanc et étincelant, et elle se demanda ce qu'elle ressentirait, s'il la mordait. Elle effleura son croc et il l'enfonça doucement dans la pulpe de son doigt, faisant perler une goutte de sang.

Une sonnerie de son téléphone brisa l'enchantement de cet instant et Mia retira vivement sa main. Elle jeta un coup d'œil à l'écran de son appareil et ce fut comme si la brume qui envahissait son esprit se dissipait.

— Il faut que j'y aille...

Elle se leva mais Sirius fit de même et plus rapide qu'elle, il la poussa doucement contre la table.

— Pas déjà ?

Mia sentit tout son corps se tendre vers lui et son ventre se nouer d'anticipation, la brume revint en force, mais elle essaya de la combattre.

— Je... j'ai des trucs à faire...

Le Vhampyr se pencha contre sa gorge, son souffle chaud, envoûtant, s'échouait contre sa peau pour la réchauffer. Mia poussa un soupir saccadé, anticipant le moment où ses lèvres l'effleureraient.

Mais ça n'arriva pas.

La porte s'ouvrit en fracas, et une dizaine de Chasseurs s'engouffrèrent, leurs armes pointées vers le Vhampyr.

— Sirius Blackwell, vous êtes en état d'arrestation pour les meurtres de Calliope Shayne, Silona Hell, Jesper Wallis et pour l'enlèvement et la disparition de Ilyana Tailor, Aurore Chang et bien d'autres encore. Vous avez le droit d'essayer de vous enfuir, mais cela se soldera par une mort par rayon UV. Vous êtes cernés.

Sirius feula comme un chat en se redressant, tenant toujours Mia près de lui, celle-ci n'osait plus respirer.

— Je suis innocent, clama-t-il.

Sa voix était plus proche du grognement animal que de la parole humaine.

— Vous aurez droit à un procès équitable, lâcher mademoiselle Salvatores, et rendez-vous.

Mia vit distinctement le moment où Sirius comprit qu'elle l'avait trahi. Enfin, si on pouvait parler de trahison lorsqu'il lui mentait et la manipulait depuis le début. Son regard se posa sur elle, écarquillé, choqué et elle vit presque le cheminement de ses pensées, lorsqu'il saisit. Son départ aux toilettes, pour prévenir les Chasseurs de sa situation délicate. Dans les toilettes, elle avait compris que la brume était un effet d'un pouvoir de Sirius et elle avait mis à profit sa lueur de lucidité pour s'assurer de ne pas finir comme la liste des victimes qu'elle avait reçue, en communiquant avec les Chasseurs. Le message reçu, quelques minutes avant leur arrivée, lui signalait de se mettre en sécurité, mais elle n'en avait pas eu le temps.

Tout ça passait dans son regard. Sans vraiment comprendre, elle voulut s'excuser alors qu'il la lâchait et qu'un Chasseur la mettait en sécurité derrière lui. Il serra la mâchoire, laissant les chasseurs lui passer les menottes spéciales anti-Vhampyr, sans la quitter des yeux. Mia s'efforça de ne pas baisser le regard, de ne pas culpabiliser, c'était un tueur, elle devait être fière de l'avoir arrêté. Puis ils le firent sortir, et il se détourna d'elle, lui laissant juste voir une profonde déception.

***

Mia était la tueuse. Ou en tout cas, elle faisait partie des personnes qui tuaient. La lueur de fierté dans son regard, alors qu'il se faisait emmener, ne trompait pas. Il avait fourré son nez dans ses affaires, et elle allait s'assurer de ne pas le laisser contrecarrer ses plans.

Il se sentait stupide d'avoir cru si fort en son innocence. Et maintenant, il allait finir comme Ilyana, s'il n'échappait pas à ces Chasseurs rapidement.

Dehors, la nuit était fraîche, la température avait considérablement baissé ces derniers jours. Un fourgon blindé l'attendait, mais maintenant qu'il était à l'extérieur, il pouvait montrer à ces stupides Chasseurs ce qui se passait lorsqu'on sous-estimait une sentinelle.

Il y avait toujours un sensible relâchement, lorsqu'ils pensaient avoir gagné. Les hommes et les femmes qui formaient l'unité se relaxaient une seconde avant de le mettre dans le fourgon. Il n'avait pas besoin de plus pour briser les menottes, qui n'avait aucune prise sur un Vhampyr aussi âgé que lui, le temps qu'ils réagissent, il avait déjà disparu dans une ruelle adjacente, trop loin de leur pistolet à lumière UV, trop rapide pour qu'ils le rattrapent.

Le chemin jusqu'à son QG fut plus long qu'il ne l'aurait voulu. À chaque pas, il souhaitait faire demi-tour pour faire payer à Mia sa trahison. Il mourrait d'envie d'entourer sa gorge gracile de ses mains pour lui faire payer la mort d'Ilyana, d'enfoncer ses crocs dans sa carotide et de la vider de son sang comme elle avait vider de leur sang tous ces innocents.

Il entra en trombe dans l'ascenseur et appuya dix fois sur le bouton du sous-sol avant que celui-ci daigne fermer ses portes. Pourquoi il n'y avait pas de bouton pour les fermer automatiquement ? il allait devoir demander à London, c'était elle qui gérait tout ce qui touchait à la technologie.

Quand l'ascenseur arriva enfin, il était attendu, mais les visages graves, face à lui, lui indiquèrent que ce n'était pas son entrevue foireuse avec Mia qui les intéressait. L'horloge murale sonna le lever du soleil. Azael le dévisageait, en tête de cortège.

— Sirius, je vais te demander de garder ton calme.

S'il y avait bien une chose qui le faisait paniquer, c'était quand on lui demandait de rester calme, il pouvait être certain qu'il s'était passé quelque chose qui allait l'énerver.

— Où est London ? demanda-t-il immédiatement.

— Je suis là.

La petite voix de sa nièce attira son attention alors que ses frères et sœurs sentinelles s'écartaient pour lui livrer passage. La blondinette serrait contre son cœur sa tablette comme un doudou, ses yeux cachés derrière de grosses lunettes aux verres épais, était rougie par des larmes.

— Tu vas bien ? demanda-t-il à la personne la plus importante de sa vie.

London était la seule famille avec qui il avait encore un contact, sa sœur ayant déserté des années plus tôt. Il s'agenouilla face à elle, mais l'adolescente gardait le silence, comme incapable de formuler le moindre mot.

La main d'Azael se posa sur l'épaule de Sirius.

— Je suis désolée, Sirius... on a trouvé un autre cadavre et... c'est ta sœur.

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Comme promis, me voilà de retour en septembre ! ^^ espérons que ça dure...

Bon, je sais, ceux qui on lu la toute première version avant que je fasse demi-tour ne sont pas si surprit que ça par la mort de la soeur de Sirius mais les autres OMG o/ mais quel est cette enfer ? réponse au prochain chapitre... ou pas ;)

Kiss

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