Chapitre 12.
Les quelques jours qui suivirent cette étrange rencontre au bord de la route avec les Chasseurs furent encore plus bizarres.
Mia redoutait de croiser Sirius à son travail, lorsqu'elle y retourna le lendemain, les mots des Chasseurs tournant dans sa tête et la possibilité qu'un Vhampyr puisse altérer les souvenirs la perturbaient grandement. Avait-elle vraiment couché avec Sirius ? Si oui, comment pouvait-elle être sûre qu'elle avait été consentante ? Est-ce qu'il l'avait... cette possibilité lui retournait l'estomac. Pourtant... Sirius l'attirait, c'était indéniable, surtout lorsqu'il venait s'excuser pour son retard en entrant dans son laboratoire et changeait de t-shirt devant elle parce que, elle citait « je suis venu en courant pour faire un peu de sport ».
Et ce n'était que le début d'une longue liste de comportement douteux. Il la suivait partout, obéissait à tous ses ordres sans grimacer, passait son temps à l'effleurer par accident, alors que le laboratoire était immense, se penchait régulièrement par-dessus son épaule et lui posait des questions sur son travail, sincèrement intéressé.
Alors certes, peut être que ce n'était pas un comportement étrange, peut être que c'était sa conversation avec les Chasseurs qui lui avait complètement retourné le cerveau, y n'empêche que chaque soir elle rentrait chez elle complètement émoustillée par une journée de tension sexuelle, et faisait tourner la carte de visite entre ses mains, songeuse.
Elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu coucher avec Sirius. Elle n'avait jamais couché avec un Vhampyr, a vrai dire, depuis l'enfance elle les évitait soigneusement. Fronçant les sourcils, la jeune femme réalisa que son comportement pouvait s'apparenter à du racisme. En fait, ça ne l'étonnait pas vraiment, ses parents n'avaient jamais voulu se conformer aux règles édictées par les Vhampyrs plus d'un siècle plus tôt. Comme ils étaient riches, ils n'avaient eu aucun mal à soudoyer les employés des centres de don du sang pour falsifier leurs informations de dons et ils travaillaient de jour, pour en croiser le moins possible. Malgré les plaintes de sa mère, Mia n'avait pas fait de même. Elle avait jusque-là suivi les mêmes règles que tout le monde, donnait son sang toutes les huit semaines, travaillait à moitié le jour à moitié la nuit, côtoyait des Vhampyrs quand elle sortait dans la rue ou dans les restaurants ou bars. Mais elle vivait tout de même dans un appartement où aucun Vhampyrs digne de ce nom ne voudrait séjourner.
— Je suis une personne horrible, se dit-elle à elle-même, assise sur son lit.
Après tout, tous les Vhampyrs ne peuvent pas être mauvais ? Sirius n'avait pas l'air mauvais... certes, il se dégageait de lui une impression de danger et de puissance, qui ne la laissait pas indifférente, mais il ne l'aurait jamais forcé à rien... non, l'homme qui l'appelait Madame, qui complimentait sa tenue chaque jour et qui passait la serpillière sans râler ne pouvait pas être mauvais. Ou alors, c'était simplement qu'elle ne voulait pas qu'il le soit.
Mia soupira et se décida enfin à se lever pour se préparer, on était vendredi, et elle ne travaillait pas le week-end, même si ça lui arrivait d'aller faire un saut à son laboratoire pour vérifier quelque donnée. Pourtant, elle n'attendait pas ces deux jours de pause avec impatience. Le samedi soir, c'était dîner avec sa mère – et son père s'il daignait se montrer – et ce n'était jamais des moments agréables à passer. Surtout lorsque celle-ci trouvait judicieux d'inviter des hommes fortunés – et qui pourrait être son père – à dîner avec eux dans l'espoir puéril de la caser avec quelqu'un qui lui ferait arrêter de travailler.
Mia songeait encore à ce repas qui s'annonçait désastreux lorsqu'elle entra dans son laboratoire, qui n'était pas fermé. Elle eut un instant de flottement avant de découvrir Sirius, qui prenait de l'avance sur son travail du matin. Il était dos à elle et sa blouse blanche était tirée sur ses larges épaules. Sirius était un Vhampyr, mais il était très doué dans son travail, comme s'il ne venait pas juste d'avoir son diplôme. S'il poursuivait, il deviendrait facilement un chercheur de renom, comme son père, et gagnerait beaucoup d'argent.
— Quel âge avez-vous ? demanda Mia sans s'annoncer.
Il sursauta et rattrapa à toute vitesse les deux lames qu'il préparait.
— Je ne vous avais pas entendu ! s'exclama-t-il.
Il se tourna vers elle. Comme à chaque fois, son estomac fit une pirouette face à sa beauté, surtout lorsqu'il sourit en la voyant.
Sirius observa Mia un instant. Elle était toujours aussi jolie, et elle n'avait pas encore enfilé sa blouse blanche. Depuis quelque jour il nourrissait un fantasme pas du tout sain sur cette jeune humaine vêtue uniquement de cette blouse et ça l'empêchait de se concentrer sur sa mission. C'était pourquoi il était arrivé le plus tôt possible ce jour-là, puisqu'il n'arrivait jamais à partir plus tard. Il lui avait suffi de faire un peu de charme à la secrétaire pour recevoir les clés du laboratoire et il avait eu le temps de recueillir des informations. Mia était plus proche du but qu'elle le laissait penser. Il avait aussi discrètement glissé des échantillons dans les poches de son pantalon, certains que personne ne viendrait le fouiller là.
— On ne demande pas l'âge d'un Vhampyr, signala-t-il, soulagé qu'elle ne lui demande pas ce qu'il faisait là.
Il avait tout juste eu le temps de faire semblant de préparer des lames quand il l'avait entendu arriver, ses talons hauts claquant sur le sol en rythme avec son pas chaloupé.
— Oh, oui, je suppose que vous devez être bien plus vieux que moi.
Elle avait l'air songeuse, un peu à l'ouest, avait-elle bien dormit ?
— À quoi rêvez-vous ?
Elle lui offrit un sourire penaud.
— Je me disais juste que vous étiez carrément le style de mes parents. Vieux et riche, précisa-t-elle lorsqu'il sembla perplexe.
Sirius écarquilla les yeux, comment savait-elle qu'il était riche ?
— Je ne suis pas riche ! s'exclama-t-il pour brouiller les pistes.
Elle leva les yeux au ciel en enfilant sa blouse blanche tentatrice.
— Pas encore, nuance. Vous faites un excellent boulot... vous êtes trop qualifié pour être mon assistant, hein ?
C'était la première fois qu'elle abordait ses qualifications.
— Ça ne me dérange pas, mentit-il.
Mia secoua la tête, faisant voleter ses mèches brunes et lisses autour de sa tête. Il aurait aimé qu'elle les laisse libres dans son dos, mais elle commençait déjà à les attacher.
— Je sais bien que si, sérieusement, être à la botte d'une humaine à qui vous survivait très certainement, ça ne doit pas être drôle. Je suis sûr que vous avez au moins cent ans.
Deux cent quarante-six, pour être précis, mais il n'était pas certains que le lui lancer à la tête arrangerait sa situation. Mia commençait à entrer un peu trop dans les détails de sa vie. Il cacha une grimace en songeant à quel point il était hypocrite. Il savait tout de Mia, depuis sa date de naissance jusqu'à chacun des vaccins qu'elle s'était fait faire et chaque admission à l'hôpital. Il avait même eu droit à son casier judiciaire, London l'avait piraté pour lui. Mia avait vingt-huit ans, ce qui était jeune pour un tel poste et pourtant elle avait cette lueur dans le regard, une sorte de détermination farouche à prouver au monde qu'elle en était capable.
Le genre de détermination qui pousse une femme à faire des expériences sur des êtres vivants juste pour prouver qu'elle a raison.
— J'ai quarante-six ans.
Il sortit ce mensonge en la regardant droit dans les yeux, et elle le crut.
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Toujours autant en galère sur l'écriture de mes chapitres mais au moins je suis à l'heure X)
j'espère que ce chapitre vous à plus ! N'hésitez pas à me faire part de votre avis en commentaire ;)
Kiss
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