Chapitre 10.

Mia observa la piste de danse du Purgatory en se demandant ce qu'elle fichait là. Elle n'arrivait pas à croire que Jérémie ait réussi à l'entraîner jusqu'à la boîte de nuit célèbre où elle n'avait jamais mis les pieds pour d'excellentes raisons.

Mia était une solitaire, en règle générale elle n'appréciait pas trop les endroits confinés avec des corps pleins de sueur qui se démenaient et la percutait sans cesse. La musique lui agressait les tympans et les lumières qui pulsaient en rythme lui donnaient le tournis. Non, décidément elle détestait ce genre d'endroit.

Et pourtant, elle y était. Ça faisait des mois que Jérémie la tannait pour l'y emmener, et elle avait fini par céder lorsqu'il avait parlé de son anniversaire. Elle l'avait passé seule, comme d'habitude. Enfin, elle avait eu droit à un appelle de sa mère, bien sûr, qui prétendait que son père voulait de ses nouvelles alors que Mia était presque certaine qu'il avait oublié son existence. Puis sa mère l'avait attaquée avec ses habituelles questions « quand est-ce que tu te maries ? Il est temps d'avoir des enfants ! » Sa mère n'avait jamais accepté qu'elle ait décidé de suivre les pas de son père dans la recherche. Celui-ci était biologiste à Boston, suite à une mutation dans la grande ville. Mais avant ça, il avait lui aussi travaillé à Hamilton Génétique & Co. Sa mère avait toujours espéré qu'elle suivrait ses pas, c'est-à-dire, cheerleader au lycée, où elle aurait rencontré son premier petit ami, intelligent et sportif, puis elle se serait marié tout de suite après le bac et serait devenu une femme au foyer dévouée.

Mais Mia avait toujours voulu que son père la remarque, qu'il... s'intéresse à elle, au moins une minute. Alors elle avait fait la seule chose qui l'intéressait : des études de science.

Aujourd'hui elle avait un doctorat, écris quelques thèses intéressantes, mais son père ne l'appelait toujours pas pour prendre de ses nouvelles, et quand c'était elle qui appelait, il était toujours occupé et c'était sa mère qui décrochait.

Mia soupira en observant autour d'elle les jeunes femmes de son âge, voir beaucoup plus jeune qui portait des robes ultra-courtes et ultra-moulantes. À côté, avec sa robe sage, elle avait l'impression d'être une grand-mère. Elle lui paraissait même un peu trop longue pour le lieu.

Mia soupira en se demandant pourquoi Jérémie l'avait entraîné dans ce lieu. Surtout si c'était pour l'abandonner au milieu de la foule. Il avait dit qu'il revenait vite, elle espérait qu'il n'allait pas tarder.

***

Sirius était de mauvais poile. En plus de n'avoir rien appris de la nuit, il ne pouvait même pas passer ses dernières heures de liberté avant que le jour ne pointe et tente de le cramer au Purgatory avec ses camarades d'unité. La raison ? Sa charmante supérieure y était. Autant dire qu'il valait mieux pour lui ne pas être vue au milieu d'une bande de Vhampyr habillé en motard – sauf Kane, Kane s'habillait toujours bien – sans que son image de gentil suceur de sang bien élevé en prenne un coup.

Le voilà forcé d'errer non loin du plus gros club de la ville, boudant les plus petits bars où il n'avait jamais mis les pieds. Le Purgatory était tenu par un Vhampyr, que Sirius ne connaissait pas bien. Une espèce de sale type au caractère grossier qui s'assurait de ne faire comprendre aux autres Vhampyrs et au Chasseur que personne ne se battrait sur son territoire. Le seul territoire neutre d'Aramoor.

Sirius c'était toujours demandé pourquoi le vieux Vhampyrs renfrogné refusait de prendre parti dans la guerre que se livrait les deux parties. Peut-être qu'il était trop lâche pour se battre. Ou alors trop vieux pour bouger correctement ses articulations.

Cette idée le fit rire, au moment où une camionnette grise le dépassait pour s'engouffrer dans un cul-de-sac. Drôle d'idée.

Attendez quoi ?

Trop tard, la camionnette sortait du cul-de-sac et disparaissait sur les chapeaux de roue, sa plaque d'immatriculation couverte de boue. Cent cinquante ans d'évolution technologique et toujours pas fichue d'identifier une voiture autrement que par sa plaque ? Les humains étaient sidérants.

Sirius aurait pu essayer de la rattraper, les Vhampyrs couraient vite, mais ça lui aurait demander beaucoup d'énergie et il ne savait même pas s'il elle avait commis un délit. Il se contenta donc de tourner dans la ruelle ou une odeur de pourriture de poubelle lui parvint. Génial.

Il tapota sur sa montre pour entrer en communication avec son unité.

— Unité Argent, Rune au rapport, une camionnette suspecte s'est engouffrée dans un cul-de-sac et est ressortie aussi sec, je vais voir ce qui s'y passe.

— Unité Argent, Sentinelle Rune bien reçu, on vous envoie du renfort, grésilla la voix de Joueuse dans sa montre. Sentinelle Ange et Sentinelle Luxure arrivent vers votre position, Sentinelle Vice reste à son poste.

Sirius grimaça lorsqu'il comprit qu'on lui collait les bébés Vhampyrs, mais attendit que les jumeaux arrivent pour entrer dans la ruelle. On n'était jamais trop prudent, ce qui se trouvait là n'était peut-être pas mort.

— J'espère que ce n'est pas juste un humain peu scrupuleux qui a jeté ses ordures, râla Tizia, alias Luxure.

— Elle était occupée avec un humain quand tu nous as appelés, expliqua Reyes pour justifier la mauvaise humeur de sa sœur.

— On ne couche pas pendant le service, gronda-t-il, en vain, il le savait.

Les jumeaux étaient encore des bébés Vhampyrs, les cent cinquante premières années étaient celles où on découvrait le plus de choses. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils aient une libido en feu et ça ne servait à rien de les en empêcher, à moins de vouloir deux adolescents frustrés dans les pattes.

Avant que les Vhampyrs ne se dévoilent, les jumeaux auraient été considérés comme des bébés jusqu'à leur cent cinquantième anniversaire, où ils atteignaient l'âge adulte. Mais les humains grandissaient plus vite, et mettre des bébés Vhampyrs en contact avec eux faisait qu'ils grandissaient plus vite mentalement aussi. Là où Tizia et Reyes auraient dû être des ados, ils étaient traités comme des adultes et donc se comportaient, la plupart du temps, en adulte. Heureusement, Azael n'était pas réfractaire au changement et avait vu leur potentiel malgré leur jeune âge.

Ils s'avancèrent en silence dans la ruelle, Reyes couvant son dos pour s'assurer qu'ils ne soient pas prit aux dépourvues par une bande de Chasseurs armés de pistolet UV qui les ferait frire sans demi-mesure.

Mais c'était inutile, il n'y avait rien de vivant dans cette ruelle.

— Oh, déesse.

Sirius ferma les yeux une seconde, comme pour envoyer une prière silencieuse face au corps mutilé face à lui. Une jeune femme, entièrement nue, dont on avait arraché les dents, les doigts et rasé la tête. Pourtant, ce visage rendu livide par la mort, Sirius le connaissait. Il la connaissait. Il l'aurait reconnu entre mille.

— Oh bordel, Sirius elle ressemble...

— Oui. C'est Ilyana.

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