Chapitre 6 : Retour au Bercail
Debout sur les marches dans l'entrée du château, Lev contemplait tout ses gens. Ils s'étaient tous réunis dans le hall d'entrée à sa demande. Effectivement, cette seule pièce pouvait contenir la moitié d'une armée. D'ailleurs, presque tous les soldats sous ses ordres se trouvaient là, avec les domestiques. Les escaliers monumentaux en imposaient quand on entrait ici, mais cela lui importait peu.
Main dans la main avec Flavia, il prit la parole.
-Bon, tout le monde est là ? Parfait. Les choses se font un peu à l'envers, mais je vous présente Flavia, ma femme.
-Bonjour ! s'exclamèrent toutes les personnes au pied de l'escalier, faisant vibrer la pièce.
-Bonjour, répondit-elle humblement avec un sourire.
Elle portait son voile, ce qu'il n'appréciait pas. Néanmoins, ce n'était pas le moment d'en parler.
-Elle est à présent votre Duchesse, ajouta Lev. J'attends de vous respect, protection et obéissance envers elle. C'est bien clair ?
-Oui patron !
Lev hocha la tête, avant de se tourner vers sa femme. Ah, ce voile...
-Tu peux demander ce que tu veux à qui tu veux, en mon absence. Ta voix est ma voix, ton autorité est la mienne. D'accord ?
-Mmh... Oui. Je tâcherai de ne pas en abuser.
Il lui sourit d'un air arrogant, ce qui la fit hausser un sourcil sous sa voilette.
-Tu es une Clypeus, à présent, Flavia. Tu peux faire ce que tu veux.
Elle ne savait pas exactement ce qu'il entendait par là. Néanmoins, son caractère ne lui permettait pas d'appréhender l'énormité de ces paroles. Lev, lui, le savait, et il l'avait toujours fait savoir.
-Bien, tonna-t-il. À présent, retour à la vie normale !
*
Son mari n'ayant pas eu le temps de se dégager quelques jours de repos après son mariage, il dut rapidement s'enfermer dans son bureau avec son secrétaire, bien déterminé à lui faire rattraper son retard.
Flavia eut un pincement au cœur pour lui. Il ne semblait vraiment pas avoir envie de travailler.
Peut-être devrait-elle lui proposer son aide ? Après tout, elle avait l'habitude de gérer les papiers et ce genre de choses. Mais pour lors... S'imposer si peu de temps après le mariage n'était peut-être pas une bonne idée.
Et puis, elle avait surtout envie de connaitre un peu plus les lieux, et surtout, les domestiques. On disait les gens du Nord rudes, avec un côté chaleureux une fois qu'ils vous avaient acceptés. Lev l'avait fait, mais... qu'en était-il de la maisonnée ? Le meilleur moyen de le savoir, c'était de passer par la cuisine.
Vingt minutes plus tard, elle se trouvait au rez-de-chaussée, mais impossible de retrouver les cuisines. Embêtée, elle regarda autour d'elle. Tous les murs étaient blancs, ici, avec un plafond bleu. Il n'y avait pas de point de repère distinct.
Tournant sur elle-même, elle chercha à établir un plan des lieux dans son esprit. C'est ainsi que la retrouva Gaston.
-Madame la Duchesse ? Je peux vous aider ?
-Je suis perdue. Pourriez-vous me dire comment aller aux cuisines ?
Le vieux majordome lui sourit de façon aimable.
-Je m'y rendais justement. Venez, madame.
Il s'avéra qu'elle se trouvait tout juste à deux couloirs et une porte de son objectif. Là, la cuisine avait une tout autre ambiance. Chaleureuse, colorée, elle avait quatre feux, une table et une multitude de comptoirs pour tout préparer. Ici, on ne préparait pas juste les repas du Duc. On s'occupait de sustenter toute la maison, et la cheffe de cuisine débordait de vie.
-Gaston ! Toi ici, à cette heure ? Le petit Lev a un creux, c'est ça !?
-Oui, approuva le majordome avec un sourire. Madame la Duchesse, je vous présente Ingrid, la cuisinière du château.
Toute activité s'arrêta autour d'eux. Les deux qui faisaient du pain, ceux qui pelaient les pommes de terre et la cuisinière la regardèrent avant de grands yeux.
-Madame la Duchesse ! Désolée pour mon ton, je...
-Non, non, ne vous excusez pas, s'empressa de dire Flavia. Je venais justement voir... Heu... Qui sont les gens qui servent mon époux.
Ingrid haussa les sourcils, surprise, avant de lui faire un franc sourire.
-Ah ! Mais nous, nous sommes curieux de connaitre la femme qui a réussi à épouser le Duc ! Venez vous asseoir, venez... Tild, du pain et de la confiture !
-De suite ! répondit une petite fille.
Se retrouvant assise devant une copieuse assiette avant d'avoir compris ce qui lui arrivait, Flavia vit le majordome disparaitre de son côté, un plateau chargé pour le Duc dans les mains. Elle se retrouva donc seule, face à toute la cuisine qui la couvait d'un regard curieux. Resignée, et par politesse, elle repoussa son voile. Si certains ne dirent rien, mais écarquillèrent les yeux face à son visage, la jeune Tild poussa un sifflement admiratif.
-Vous avez les mêmes que tonton Ulf ! Vous êtes une guerrière, vous aussi !?
-Mmh...
-Mais non, fit un garçon. Les dames nobles ne sont pas des guerrières.
-Bah si, madame Cara et madame Véra en sont, elles !
-C'est pas pareil, ce sont des Protectrices !
-Mais alors, d'où qu'elles viennent ces cicatrices, si elle se bat pas ? Soit logique !
-Les enfants, silence ! rugit Ingrid, en frappant la table d'un rouleau à tarte.
-Oui m'man !
Ah... C'étaient les enfants de la cuisinière ? Flavia leur sourit gentiment, tout en rompant un morceau de pain. Quitte à être là, autant faire des tartines.
-À vrai dire, je suis l'une des sœurs de Véra Gladia, expliqua-t-elle.
-Oh ! Sérieux !? s'exclama Tild.
-Oui, sérieux. Mes cicatrices viennent d'une attaque de démon quand j'étais enfant. Ma sœur m'a sauvé, ce jour-là.
Elle s'en souvenait très bien. Comment ne pas s'en souvenir, en vérité ? Ce jour-là... Sa mère avait péri.
-Trop fort, souffla le jeune garçon. Je me souviens des histoires, maintenant ! Il parait que ta sœur était tellement en colère qu'elle a massacré le démon d'un seul coup d'épée !
-Moi, j'ai entendu dire qu'elle avait eu besoin de quarante-cinq coups pour en venir à bout ! Le méchant était en bouillie à la fin !
-C'est faux !
-C'est vrai !
-Les enfants ! les gronda Ingrid.
-Ce n'est rien, rit Flavia en tendant une tartine de confiture à Tild. Après tout, je suis venue ici pour faire connaissance avec vous. Par contre, effectivement, ma sœur l'a tué en un coup.
-Ah ! Tu vois !
Le garçon paraissait très fier de lui, tandis que Tild noyait son échec dans la tartine. Flavia entreprit d'en préparer une autre pour son frère.
-La Duchesse de l'Ouest est réputée pour ses talents de bretteuse, fit Ingrid en observant sa nouvelle maitresse. Mais j'avoue avoir entendu peu de rumeurs à votre sujet. Sauf votre respect, madame... Comment avez-vous fait pour maitre le grappin sur notre Lev ?
À ces derniers mots, Flavia comprit l'affection que portait la cuisinière à son mari. Cela lui fit chaud au cœur. Néanmoins...
-Ça, je n'en sais rien, avoua-t-elle en donnant sa tartine à Teld. Je dirai que c'est plutôt lui qui m'a mis le grappin dessus.
-Oh ! Vraiment !?
Franchement ? Oui. Au vu des évènements de la cathédrale, du carrosse et du reste, Flavia se posait des questions. Et la lettre...
-Le Duc n'avait jamais ramené une donzelle, alors encore moins sa femme ! s'exclama Ingrid. Nous sommes tous très curieux à votre sujet, Duchesse.
-Oh, il n'y a pas grand-chose à savoir.
-Vraiment ? Vous êtes pourtant la sœur de l'Épée de Gentem, et on n'a quasiment jamais entendu parler de vous.
Flavia haussa un sourcil en donnant la troisième tartine à Ingrid, qui l'accepta avec étonnement.
-Le plus surprenant est que vous ayez entendu parler de moi. Je n'ai jamais été introduite en société. On me connait juste à cause de mes cicatrices.
-Bah, fit Tild en se léchant les doigts. Tout le monde a des cicatrices. Ça change quoi ?
-Dans la noblesse, expliqua Flavia, les défauts physiques sont impardonnables.
-C'est pour ça que notre Duc est super respecté, crana Teld. Il est super beau !
-C'est vrai qu'il est beau, approuva la Duchesse. Mais dans son cas, le respect qu'on lui porte ne vient pas que de son apparence. Dans mon cas, le dégout que l'on me porte est basé sur cela et sur le fait que mon père me tient pour responsable de la mort de ma mère. Ce sont deux défauts impardonnables.
-L'attaque ? demanda simplement Ingrid.
-Oui, effectivement. Mais assez parlé de moi. Racontez-moi, les enfants. Ça se passe comment, ici ?
Sous la surveillance d'Ingrid, les deux enfants lui racontèrent presque tout ce qu'elle avait besoin de savoir sur la forteresse. Lev était, ici, non pas considéré comme un beau garçon à la langue de vipère, mais comme un héros au grand cœur. Pour cause. Il avait fait construire tout un ensemble de bâtiments pour loger ses employés dans le confort et la chaleur, toute une partie des bains aux sources chaudes était dédiée à leur usage exclusif, et ils avaient leurs week-ends ainsi que des vacances. Tous les domestiques n'étaient pas aussi chanceux, comme le confirma Ingrid. La vie était plus dure du temps de son grand-père, qui était pourtant un homme bon.
C'était une chance de pouvoir travailler pour Lev Clypeus. Mais il y avait des a cotés.
Comme se coltiner la famille du Duc. Elle n'en dit pas plus sur le sujet, car il s'agissait là de nobles aussi, mais la cuisinière ne les aimait visiblement pas.
Quoi qu'il en soit, à un moment donné la conversation dériva sur des choses bien moins importantes, comme...
-Vous devez avoir plein de robes ! s'exclama Tild. Dites, je pourrais les voir !?
-Heu... À vrai dire...
À court de pain et de confiture, Flavia s'essuya les mains sur un torchon, tout en réfléchissant à sa réponse.
-À vrai dire, je n'ai que deux robes.
Elle fit un bond lorsque deux mains s'abattirent sur la table, de chaque côté d'elle. Les yeux écarquillés, elle leva la tête, pour découvrir son mari. Il semblait énervé. Heu...
-Comment ça, tu n'as que deux robes ?
-Je n'avais pas prévu de me marier avec toi, je te rappelle. De fait, je n'avais prévu que le strict minimum.
-Gaston !
-Oui, monsieur ?
-Envoyez un message à la modiste de la capitale. Je la veux ici demain.
-Bien, monsieur.
-Quoi ? s'exclama Flavia. Mais je n'ai pas besoin de...
Son mari plissa les paupières, visiblement mécontent. De leur côté, Ingrid, ses deux enfants et tous les employés de la cuisine observaient la scène avec un vif intérêt.
-Je ne laisserai pas ma femme avec deux pauvres robes. Tes affaires sont chez tes parents ?
-N... Non. J'habite dans la forteresse de l'Ouest, avec Véra en temps normal...
-Alors, on y va. Bonne journée Ingrid, Tild, Teld.
*
Il ne fallait pas autant de temps pour aller à la forteresse de l'Ouest que pour revenir de la capitale. Cette bâtisse se trouvant contre la frontière, tout comme celle de Lev au Nord, il existait un portail connectant les deux lieux.
En vérité, il existait quatre forteresses de ce type, lieu de résidence des quatre Ducs. Il s'agissait donc de hauts lieux stratégiques, qui dissimulaient une salle particulière dans ses fondements. Seules de rares personnes y avaient accès.
La salle des portails était identique dans sa structure dans les quatre forteresses. La salle était hexagonale. Une porte pour rentrer, ce qui était tout à fait normal. Puis il y avait cinq disques bleus mouvants sur les cinq autres murs. Un pour chacun des trois duchés à visiter, plus un pour la tour du Mage, et le dernier pour rejoindre directement le palais royal.
C'était par là que Rainier, Éléazar et Cara avaient dû passer pour venir les voir le matin même.
Flattée de pouvoir découvrir une pièce de cette importance, Flavia observait les noms gravés sur des plaques, au-dessus des portails. Elles étaient vieilles, patinées par le temps. Combien de générations de Protecteurs s'étaient succédé ici ? Combien de Mages de la Tour avaient entretenu la magie des lieux ? Combien de Boucliers étaient passés par ici ?
-Je devrais peut-être bloquer le portail de l'Ouest, marmonnait Lev en considérant le portail en question. Ça éviterait à ta sœur de venir me casser la gueule à son retour.
-Allons bon. Pourquoi ferait-elle une telle chose ?
-Ah crois-moi, elle va le faire ! la prévint-il en la prenant par la main. Allez.
Un léger frisson parcourut Flavia lorsqu'ils passèrent le portail. La salle de l'Ouest était la même que celle du Nord. Quand ils arrivèrent à l'étage, main dans la main, Flavia ne put s'empêcher de lui faire des commentaires.
De lui présenter les lieux.
La forteresse de l'Ouest n'avait rien de celle du Nord. Celle-ci, en plein renouveau printanier, tenait plus de la résidence ouverte vers l'extérieur. Les jardins semblaient rentrer à l'intérieur de la résidence, dont les pierres rouge-orangé chaleureuses illuminaient chacune des pièces. Les lieux étaient conviviaux, familiaux, même.
Les gens de la maisonnée saluaient joyeusement Flavia, avant de se figer en la découvrant là. Surtout avec le Duc de Clypeus à ses côtés, la main dans la sienne.
Cela, elle ne s'en rendit pas réellement compte. Tout comme elle ne voyait pas le regard doux de Lev posé sur elle, tandis qu'elle lui présentait son ancienne maison. Les choses se compliquèrent lorsqu'ils atteignirent le hall d'entrée.
-Qu'est-ce que vous foutez là, vous !?
Ce rugissement furieux, elle le reconnut sans la moindre hésitation. Surgissant comme un taureau furieux de la bibliothèque, son père leur fonça dessus, les poings faits. Flavia serra la main de Lev entre ses doigts, livide, tout en cherchant son voile. Elle s'aperçut qu'elle l'avait remis par réflexe. Ouf.
-C'est à moi que vous parlez ? lança le Duc de Clypeus, un sourire narquois aux lèvres.
-Dégagez de chez moi !
-De chez vous ? répéta Lev, en penchant légèrement la tête de côté. Aux dernières nouvelles, vous êtes chez Véra Gladia. Pas chez vous.
-C'est ma fille ! Ce qui est à elle est à moi !
Comment osait-il dire cela !? Outrée par son arrogance, surtout devant le Bouclier de Gentem, Flavia ouvrit la bouche...
-Tiens, je suis curieux de savoir si vous pouvez lui dire ça en face, fit le Duc d'un air pensif. Vu son caractère, j'ai comme un doute... Ah, mais... Elle sera d'autant plus intéressée par le fait que vous ayez fait marier sa sœur en son nom, à sa place, dans son dos... Qu'en penses-tu, Flavia ?
Elle se sentait mal. Déjà, elle pouvait voir des têtes familières sous les arcades, sortir par toutes les portes. Les gardes en faction s'étaient précipités vers la source du rugissement, et les domestiques curieux, alertés par ceux croisés tantôt, se retrouvaient soudain face à une scène où elle était impliquée.
Cette forteresse avait toujours été son refuge.
Mais...
-Je pense que Véra va très mal le prendre, avoua-t-elle.
-Tout à fait, approuva Lev avec un grand sourire.
-Vous n'étiez pas censé l'épouser !
Rouge de fureur, son père les fusillait tous deux du regard. Comment Lev faisait-il pour supporter une telle hostilité sans broncher ? Ah... Oui, il avait déjà fait face à son père de la sorte, pour qu'il en vienne à insulter Lev par le biais d'un mariage...
-Je ne devais pas l'épouser ? Oh, mince... Pourtant, c'était ce qu'il me semblait... Nous étions bien tous les deux en tenue de mariés devant le prêtre, non ?
-Oui, effectivement, approuva Flavia, grimaçante sous son voile.
-Donc... C'était bien pour se marier que nous étions à la cathédrale, devant tous ces invités... Ah... Mais j'ai entendu mon épouse dire quelque chose de bizarre, au fait...
Elle perçut le changement de ton de son mari bien avant son père, ou toutes les personnes assistant à la scène. Oh oh...
-Il parait que vous considérez ma femme comme une insulte ? cingla Lev, ses yeux violets brillants comme une promesse de mille morts.
-C'est ma fille, siffle son père. Je pense et dis ce que je souhaite à son sujet !
-Je ne crois pas, non. Même si je devrais peut-être vous remercier, à la réflexion ? Grâce à vous, j'ai pu épouser celle que je souhaitais.
-Ça suffit ! Flavia, reviens ici ! Le mariage sera annulé de toute façon !
La jeune femme se figea. Quoi ? Comment ça ?
-Oups, ça, ça ne va pas être possible, fit le Duc d'un air faussement contrit. Nous avons déjà consommé notre mariage.
Là, pour le coup, Flavia lui donna une tape sur l'épaule, tout en repoussant son voile en arrière. Son père écumait de rage. Lev lui fit un sourire innocent.
-Lev !
-Oui ?
-C'est quand même mon père !
-Et alors ? Il a le droit de savoir qu'il peut potentiellement devenir grand-père dans neuf mois, non ?
-Lev ! Ça suffit !
-D'accord. Bon, où se trouve ta chambre ? Nous avons toujours tes affaires à récupérer.
Elle lui désigna les escaliers d'un geste péremptoire, ce qu'il prit plutôt bien. Reprenant sa main, il partit vers les marches. Avec un dernier regard à son géniteur, Flavia se détourna, ignorant les domestiques au passage. C'était mieux ainsi, non ? Une fois ses affaires récupérées, le chapitre serait clos.
Les choses se règleraient rapidement, et en douceur.
C'était une erreur d'y croire.
Son père la saisit par le bras, pour la tirer violemment en arrière, l'arrachant à Lev. Les yeux écarquillés, elle trébucha vers lui, son pied glissant sur le bord de la marche. Elle vit sa main levée, prête à la gifler. Il avait les paumes larges, et elles faisaient mal.
Mais cette fois-ci, le poing de Lev rencontra la joue de son père avant qu'il ne l'atteigne.
Un cri s'éleva parmi les spectateurs. Pour autant, pas un ne s'avança pour l'aider lorsqu'il tituba en arrière, pas plus lorsque le Duc le frappa une nouvelle fois, avant de le projeter contre le mur, une main autour de sa gorge.
Estomaquée, l'estomac noué, Flavia était comme paralysée par le soudain déchainement de violence. L'homme qui la terrifiait depuis tant d'années avait le visage en sang.
-Je vois que les choses n'ont pas été assez claires, cingla Lev, son regard cruel plongé dans celui de son père. C'est ma femme que vous venez de tenter de frapper. Alors on va reprendre les choses du début.
Le tenant toujours à la gorge, il le conduisit devant Flavia. Sa force hors du commun empêchait toute retraite, tout échappatoire. Les doigts enfoncés dans sa nuque, le Duc projeta son père au sol, sans ménagement.
-Il s'agit désormais de Flavia Clypeus, Duchesse de Clypeus, épouse du Bouclier de Gentem, épouse du Protecteur du Nord.
Accroupi aux côtés de l'homme humilié étalé sur le ventre, Lev se pencha à son oreille.
-Alors à genoux devant ta Duchesse, vassal.
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