Chapitre 6 : Négociations... Intimes

Le lendemain matin, Silke se sentait en forme. Elle avait honte de s’être écroulée de la sorte, mais après tout… Elle avait eu son comptant de bouleversements, ces derniers jours. Blanche lui avait préparé un copieux petit-déjeuner à base de crêpes, qu’elle avala avec gourmandise, tout en discutant. La lare souriait toujours en la regardant, dans sa tenue gothique. Elle s’était attendue à être désapprouvée dans ses choix, au lieu de quoi, Blanche lui proposait déjà d’aller faire des courses, pour étoffer sa garde-robe.

En entendant toquer à la porte, elle se serait presque crue normale. Voir Svenn devant chez elle lui rappela les cours du jour. Génial. Elle allait devoir se coltiner Kurt et sa bande de crétins, trop hilares de son illettrisme pour respirer.

-Ça va ?

-Tu te prends pour mon garde du corps, petit loup ? rétorqua-t-elle, avec un sourire suave. Sache que je n’ai besoin de personne.

-Prends-moi pour ton scribe, dans ce cas.

Elle le fusilla du regard, il lui répondit par un petit sourire satisfait. Ses yeux dorés s’illuminèrent brusquement, en humant l’air.

-Des crêpes ! Je peux entrer ?

-Tu n’avais qu’à manger avant de venir.

-Il y a un trou dans ma cuisine, rétorqua-t-il. Je n’ai pas encore eu le temps de racheter le petit déjeuner qui se trouvait dans feu mon placard.

-Rentre, Svenn, fit Blanche en apparaissant derrière la jeune gothique. J’en ai fait assez pour un régiment.

Silke eut l’air pincé, ce qui n’empêcha pas le loup de passer devant elle. Il sautilla tel un jeune chiot jusqu’à la cuisine, heureux de pouvoir prendre ce que Blanche avait préparé pour elle. La lare lui servit une généreuse assiette de crêpes au chocolat. Cela lui valut un regard de pure adoration.

-Merci !

-Mange et savoure, ordonna-t-elle en commençant la vaisselle.

Vaincue, Silke s’installa à côté du loup. Le comptoir de la cuisine servait également de table, de telle sorte qu’ils pouvaient discuter avec la cuisinière, dont le sourire détendu était… Inhabituel. Avant, elle ne souriait jamais. Ou alors, c’était d’une tristesse à fendre le cœur.

-Mmh, elles sont aussi bonnes que celles de ma mère ! ronronna Svenn.

-Ta mère ?

-Ouais. Elle cuisinait divinement bien.

Le passé ? Silke ne savait peut être pas écrire, mais elle connaissait les nuances de langage. Aussi s’abstint-elle de poser la moindre question. Ils bavardèrent des talents de cuisinière de Blanche, qui secouait de temps à autres la tête, avec un demi-sourire. Finalement vint l’heure de l’école.

-Nous devons y aller tous les jours ?

-Ouais. Madame Damon est très stricte à ce sujet. Être à l’écart de tout ne nous empêche pas de nous instruire sur l’Invisible.

-C’est important pour la survie de la nouvelle génération, fit Blanche, en posant son torchon. Il y a beaucoup de choses que tu ignores sur ce monde, Silke. Or, la connaissance est synonyme de pouvoir.

-Exactement, approuva Svenn. Allez, viens, Gothica.

Gothica ? Outrée, Silke chercha une méchanceté à dire. Trop tard, il descendait déjà la rue d’un bon pas, en se frottant le ventre. Le loup était repu, la laissant, elle, sur les nerfs. Elle n’avait pas l’habitude de ce genre de proximité amicale.

-Tu te rends comptes que tu es une paria des jeunes, maintenant ? fit-il en la laissant remonter à sa hauteur.

-Et alors ?

-Alors, ne fait pas attention aux médisances des autres. Ils sont bêtes et méchants, dotés en plus de pouvoirs qui pourraient te blesser. Soit prudente.

Elle se garda bien de répondre. S'il savait ce qu'elle en pensait, de leurs pouvoirs... En apercevant un papillon, elle haussa les sourcils. Il était rare d’en voir, surtout de cette couleur. D’un noir profond, il était d’une élégante beauté. Svenn l’aperçut lui aussi. Ce qui lui valut un grognement dégoûté.

-Oh non, Faith…

Le papillon parut exploser dans un nuage noir… D’où jaillit une brunette aux courbes avantageuses. Elle n’eut pas mis pied à terre qu’elle se jetait au cou de Svenn, dont le teint perdit trois tons.

-Mon amour ! s’exclama-t-elle dans son oreille. Une journée loin de toi, c’est un véritable enfer !

Tiens tiens… Le petit loup avait déjà une promise ?

*

Nergal se réveilla dans un gémissement haletant, qui se mua en un grognement quand il ouvrit les yeux. Il croisa ceux de Blanche avec un coup au cœur. Elle pouvait le comprendre. En grand guerrier qu’il était, il n’avait pas l’habitude de revenir à lui avec une femme à califourchon sur ses hanches, sans l’avoir entendu arriver.

Ha oui. Elle était entièrement nue, aussi.

-Blanche ? souffla-t-il, en portant instinctivement les mains à ses cuisses. Qu’est-ce que…

Il s’arrêta en grondant, les doigts de la lare autour de la verge. Son autre main sur les pectoraux musclés du démon, elle se mordilla la lèvre. Elle n’avait jamais fait une chose aussi osée. Se retrouver nue, à califourchon sur un homme, ne lui était encore jamais arrivé. Et encore moins en le prenant par surprise, pour le réveiller de sa paume sur son sexe. Son souffle était saccadé le moindre de ses muscles contracté sous elle. Elle pouvait voir la ligne de son ventre plat, ses abdominaux tendus alors qu'ils se dévisageaient.

C’était terriblement excitant.

-Ha… Blanche… haleta-t-il. Je ne me m’attendais certainement pas à ça.

-Tu me croyais soumise ? murmura-t-elle en se penchant en avant.

Il fut captivé par le balancement de ses seins. Dans sa main, elle le sentit se raidir un peu plus, désormais parfaitement réveillé. Une érection matinale était une chose, un homme prêt à satisfaire une femme en était une autre. Elle mourrait d’envie d’aller plus loin. De descendre le long de son corps, pour goûter à son sexe. De le sentir sur sa langue, en elle… Mais quand il fit mine de prendre ses seins en coupe, elle resserra ses doigts autour de sa verge.

-Non de… !

Il se cambra, cherchant à remuer des hanches. Blanche le plaqua au matelas de son bras libre, calmant difficilement sa propre respiration. Elle lui refusait un plaisir qu'elle lui aurait volontiers donné.

-Passons un marché, Nergal, souffla-t-elle.

-Un marché ? grommela-t-il, sa grimace faisant jouer les griffures sur son visage. Garce…

Elle fit glisser les doigts sur son sexe, de bas en haut, puis revint en encercler la base. Il poussa un gémissement voluptueux, ses ongles écorchant la peau de ses cuisses. Elle adorait l’entendre gémir de la sorte. Et étrangement, elle commençait à avoir très, très chaud.

-Qu’est-ce que tu veux ?

-Une promesse.

-Je te promets que si tu me lâches, je vais te prendre à t’en faire oublier ton nom.

Blanche se mordilla la lèvre inférieure. Les paupières mi-closes, Nergal suivit son mouvement, l’air si concerné qu’elle eut un instant d’hésitation. Oh oui, elle voulait qu’il la prenne. Mais pas tout de suite.

-Promets-moi de protéger Silke.

S’il eut l’air interloqué, il n’en resta pas moins dure.

-Silke ? Pourquoi je…

Un râle de pure plaisir lui échappa, quand elle commença à le masturber doucement. Incapable de résister, elle se pencha en avant, au point de frôler son torse de la pointe de ses seins. Au supplice, il l’empoigna par la nuque, pour un baiser. Qu’elle lui refusa en lui mordant la lèvre.

-Promets, Nergal.

-Non de…

Elle accéléra la cadence le long de sa verge. La tête rejetée en arrière, en proie à un plaisir intense, il ouvrit la bouche sans pouvoir formuler le moindre son. Oh, bon sang, à ce rythme, Blanche allait jouir avant lui. Elle mourrait d’envie de frotter tout son corps contre le sien, mais avant, il devait jurer.

-Je te le promets ! Sur ma vie, je protégerai Silke de tout danger !

A peine eut-elle lâché son sexe qu’elle se retrouvait clouée sur le matelas, le démon entre ses jambes. En découvrant la moiteur logée entre ses cuisses, il émit un doux grondement, perdu dans leur souffle. Nergal aurait adoré jouer avec elle, jusqu’à ce qu’elle le supplie de la prendre. Une vengeance pour ce qu’elle venait de lui infliger, mais il n’en pouvait plus. Sans cesser de l’embrasser, il enfonça un doigt en elle. Blanche poussa un petit cri en lui griffant l’épaule, ses hanches se cambrant contre lui. Elle était si douce, si glissante… Si chaude. Elle était prête.

-Nergal !

N’y tenant plus, il retira son doigt, pour placer son pénis à l'orée de son sexe. Il la pénétra d’un coup de rein, accueillit son cri de plaisir avec une satisfaction toute masculine. Le nez logé dans son cou, il la mordilla en commençant à onduler des hanches. Elle murmura son nom, de plus en plus fort, de plus en plus impérieuse. Il accéléra la cadence, se perdant dans son corps. Le plaisir montait, encore et encore, au point de leur faire perdre la tête.

Quand l’orgasme emporta Blanche, il ne put que suivre, oubliant pour la première fois depuis longtemps tout le reste.

*

L’évaporation du double de Nergal détourna tout à fait Alastor de son travail. Son cigare bloqué entre les lèvres, il fixa la chaise devenue vide, intrigué. Ils étaient en pleine discussion, pourtant, il avait disparu. Même en étant endormit, il pouvait maintenir ses autres corps, alors qu’était-il arrivé à l’un d’eux, pour provoquer un tel effet ? Il doutait qu’il soit mort. Ce gars était increvable.

La seule autre option était une partie de jambe en l’air tellement intense que sa magie ne pouvait plus suivre.

-Il était temps que ça t’arrive mon gars, murmura-t-il pour lui-même.

-Tu parles à la harpie, là ?

Le Bourreau se tourna vers Cassandra. Elle ne fut pas choquée par l’apparence sanguinolente de leur prisonnière, dont les ailes avaient été soigneusement écorchées. C’était là le point faible des volatiles : touchez à leurs précieuses ailes, et ils parlaient en quelques secondes. Malheureusement, cette harpie-là avait tourné de l’œil un peu trop tôt. Il allait devoir attendre son réveil.

-Qu’est-ce que tu fiches ici, nymphette ?

-J’ai entendu dire que tu n’avais pas dormi de la nuit. Tu avais soit décidé de nous rendre la journée invivable, soit tu cuisinais notre cher oiseau.

Elle s’approcha de lui, ses bottes à talons hauts foulant le sang à moitié séché. On pouvait penser ce qu’on voulait de Cassandra, elle restait très belle. Délurée, mais très belle. Franchement, comment une nymphe pouvait-elle s’habiller en gothique ? D’habitude, elles se baladaient soit nues, soit vêtues de vêtements diaphanes ne laissant pas de place à l’imagination. Pas étonnant qu’elles soient prise pour des filles faciles. Au lieu de quoi, Cass, elle, portait une de ces affolantes jupettes, qui laissait deviner une culotte d’un bleu translucide. Quant à ses seins, moulés dans son corsage de cuir, il préférait ne pas trop y penser.

-Regarde-moi dans les yeux, crétin.

Prit la main dans le sac, songea-t-il en croisant ses yeux azuréens.

-Tu es venue me pourrir la vie ?

-Non, juste voir si tu avais appris de nouvelles choses sur la guerre.

-Je sais surtout que tu devrais mettre des robes plus longs, râla-t-il en reportant son attention sur la harpie.

Elle croisa les bras, ce qui menaçait de faire jaillir ses seins de son corsage.

-Mes tenues ne te regardent pas.

-Malheureusement pour moi, c’est la première chose que je vois. Pour le bien de tous, tu devrais éviter de montrer tes dessous.

-Pour le bien de tous !? Non mais tu t’entends !?

-Ça éviterait que l’on doive intervenir, à chaque fois qu’un dignitaire étranger cherche à te peloter !

-Être une nymphe n’est pas synonyme de prostituée, Alastor !

-Ce n’est pas ce que j’ai dit.

-C’est tout comme !

-Mais ce n’est pas ce que j’ai dit !

La gifle manqua lui déplacer les cervicales. Il remit sa tête en place, tira une bouffée de son cigare. Les joues rougies par la colère, Cassandra avait visiblement envie d’en découdre.

-C’est fini, nymphette ?

-Tu n’es qu’un sale con, Alastor. Surtout quand tu manques de sommeil.

-Ouais, je sais. Alors, tu veux savoir ce que j’ai appris sur la guerre ?

Le Bourreau désigna une chaise, qu’elle attrapa, de mauvais poil. S’asseoir fit se relever les bords de sa jupe, à tel point qu’il dut se faire violence pour rester concentré sur son visage. Cette saleté le savait, car elle lui adressa un sourire suave. Maudite nymphette.

-Belzébuth a pris le pouvoir il y a deux mois. Il a gardé sous ses ordres les principaux généraux de Satan, Lucifer à leur tête. Ils veulent le pouvoir à tout prix, alors ils l’ont abandonné, sans un regard.

-Ce sont des démons, Al.

-Exact. C’est pour cela que les rapaces se rassemblent sous la houlette de Satan. Le parti d’opposition commence déjà à former une armée. Les combats sont dignes des visions apocalyptiques des humains, il y a des morts à la pelle.

-La joie des charognards.

-Ouais. Pépé Belzébuth cherche à asseoir son autorité en massacrant les gens sous ses ordres, pour un oui ou pour un non. Il est aussi cruel que Satan. Ce qui pose la question : si on nous aborde, vers qui allons-nous devoir nous tourner ?

Cassandra fronça les sourcils. Elle était mignonne, avec ses cheveux courts. Mais il les préférait long. Il ne s’était toujours pas remit de la disparition de ses longues boucles blondes.

-C’est une blague ? Al, c’est tout ce que vous avez cherché à fuir, Nergal et toi ! Ce n’est pas pour replonger, des siècles plus tard ! Surtout avec les habitants d’Exil sous votre garde.

-Je n’ai jamais dit que j’allais me rallier aux démons ! s’insurgea-t-il. Je cherche des idées d’alliances extérieures.

-Nous sommes en froid avec tout le monde.

-Je sais. Mais ce tout le monde ne voudra pas nous voir tomber entre les mains de Satan ou du Roi des Mouches.

Cass baissa les yeux, songeuse.

-Ça prête à réflexion.

-Je suis d’accord.

Il y eu un petit silence, à peine interrompu par un râle de la harpie.

-D’habitude, tu ne discutes pas de ça avec Nergal ?

 -Je crois qu’il est occupé.

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