37 - La belle et la rebelle
27e jour de la saison du ruisseau 2448
Une saison s'écoula sous le nez d'Azéna sans qu'elle s'en rende compte. Son entraînement la stimulait malgré la fatigue persistante qui affaiblissait son corps. Elle et Tyrath donnèrent leur maximum à chaque nouveau défi que les jumeaux leur donnaient et ils retournaient au lit tendu et stressé.
Habituellement, Tyrath portait Azéna à sa fenêtre, mais pas ce soir-là. Elle traversa la salle commune, entra par la porte et alla directement s'écrouler dans son lit qui grinça sous l'impact. Elle grogna alors que ses muscles endoloris la firent momentanément souffrir. Elle ne remarqua même pas la présence de sa colocataire de chambre qui étudiait paisiblement sur son lit. Elle s'y était dédiée tard.
— Ça va ? questionna Fayne avec inquiétude.
Elle observa son amie attentivement et fronça les sourcils. Le corps d'Azéna hurlait à l'aide ; il tremblait sous la pression de la fatigue.
— Oui. Ça va, mentit-elle.
Elle osa jeter un bref coup d'œil en direction de la jolie brunette. Cette dernière avait toujours les yeux rivés sur elle. La dure vérité, Azéna ne pouvait pas la lui cacher et cela pesa sur sa conscience. Elle enfouit son visage dans son oreiller en ignorant le fait que Fayne pouvait probablement lire au travers de sa façade.
— Que s'est-il passé ? questionna la Litfow.
La rebelle releva la tête et essaya de sourire jaune pour éviter le vrai problème.
— Ce sourire idiot ne va pas me convaincre que tout va bien, dit Fayne en tournant son attention vers son livre. Ils ont été trop durs avec toi encore.
— J'aurai essayé, grommela l'aéromancienne.
Elle tourna sa tête contre son oreiller de sorte qu'elle la puisse voir sans se fatiguer. On pouvait aisément suivre ses yeux d'un brun chaleureux parcourir l'information qu'elle absorbait. Cela avait toujours impressionnée Azéna qui savait mieux que quiconque qu'elle était capable de diviser son attention. Elle paraissait distraite, mais ce n'était pas le cas.
Et elle avait raison.
— Alors, qu'est-ce qui se passe ? insista Fayne en lisant un passage de ses notes de cours d'anatomie.
— Peux-tu au moins me regarder quand je te parle ? se fâcha son amie.
La demoiselle à la chevelure acajou ferma son livre et lui accorda toute son attention.
— Excuse-moi. Les examens, tu sais... De toute façon, ce n'est pas important, pour le moment. Vas-y. Parles-moi.
— Arf... Ce n'est rien. Les jumeaux m'ont juste poussé plus loin que d'habitude.
— C'est plus que ça. Je le sais parce que je te connais comme le fond de ma poche. Ce n'est normalement pas pour un entraînement intensif que tu te réduis comme ça. C'est même le contraire.
— Qu'est-ce que tu veux dire?
Pendant un instant, leurs regards se croisèrent et elles figèrent.
— Oh, je t'en prie, souffla Fayne. Ton attitude... c'est anormal. Enfin, pour toi. Négative, lassée, irritable...
Azéna roula les yeux avec impatience et tourna la tête, trop entêtée pour l'écouter.
— ... et en manque de confiance en soi, termina sa colocataire de chambre.
Elle vint chercher son attention avec son regard apaisant. Azéna se raidit sur place et la fixa, les yeux écarquillés, légèrement anxieuse.
— Comment ? Je ne suis pas... J'ai confiance en moi !
— Peut-être, mais pas actuellement. Quelque chose te pousse au contraire.
Elle commença à fouiller son sac à dos en cuir brun.
— Qu'est-ce que tu cherches ? demanda Azéna en levant un sourcil suspicieux.
— Quelque chose que j'ai rapporté de la maison.
Elle se leva brusquement. Dans ses mains reposait un flacon transparent rempli d'un liquide bleuté.
Cela piqua la curiosité d'Azéna qui l'examina de loin. Elle sursauta lorsque Fayne se dirigea vers elle.
— Oh que non ! Il n'en est pas question ! Pas de tes expériences botaniques sur moi !
Elle commença à se lever, mais aussitôt elle fut debout, elle fut écrasée sous le poids d'une douleur aiguë qui lui traversa le dos. Paralysée momentanément, elle grimaça puis, elle tomba sur le lit moelleux dans un gémissement.
— Arrête de t'inquiéter, lui implora Fayne. C'est un élixir de restauration. Ça te fait dormir comme un bébé et le lendemain, tu te sens comme si tu hérites d'un nouveau corps.
— Je ne suis pas certaine si je veux ça, ronchonna Azéna.
— Relaxe pour une fois dans ta vie. Et, fais-moi confiance.
La rebelle tenta de s'enfuir, mais encore une fois, elle fut clouée à son lit. Cette fois, par les mains de son amie. C'est comme si toute sa force physique l'avait quittée. En temps normal, elle aurait pu lutter un peu plus que ça.
— Reste en place, ordonna la brunette.
— Non, se plaignit sa meilleure amie. S'il te plaît, je n'aime pas ça du tout. J-je ne suis pas à l'aise !
— De quoi as-tu peur ? Je l'ai utilisé. Je t'assure qu'il n'y a rien à craindre.
Azéna grommela, questionnant ses propres réactions exagérées. Fayne ne lui avait jamais causer de tord intentionnellement et elle le savait. Pourquoi commencerait-elle à ce moment ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à se détendre ? Elle serra la mâchoire, perplexe par ses émotions turbulentes. Elle ne comprenait pas et ça l'irritait.
— Bon, conclut Fayne. Maintenant, arrête de jouer les indépendantes et laisse-moi faire ce en quoi j'excelle. Il faut que tu te déshabilles.
— Q-q-quoi ?!? glapit son amie.
La Litfow la fixa avec une autorité suprême. Azéna couina, sur le bord de la panique, mais elle accepta sa dominance. Celle-ci l'aida à enlever son linge jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus que ses petites culottes. Gênée, elle se sentit envahie, mais elle résista à la tentation de se débattre. Elle s'installa à plat ventre sur son lit et surveilla Fayne avec suspicion.
— Tu as avoué être à l'aise avec moi lorsque tu es à moitié nue il y a une saison. Qu'est-ce qu'il y a de différent maintenant ? questionna la belle brunette. Tu sais que je ne vais pas te faire de mal.
— Rahh... Allez, vas-y, consenti Azéna à contrecœur.
Fayne versa le liquide bleu sur son dos. L'aéromancienne s'attendait à ce que ce soit froid et désagréable. Ce fut tout le contraire.
— C'est gênant être nue comme ça dans cette situation. Tu sais, avec l'élixir...
La demoiselle aînée s'assit à côté d'elle au bord du lit.
— L'élixir fonctionne déjà.
— Comment ça ? demanda Azéna, son angoisse mordant à son cœur.
— Azéna qui avoue ses faiblesses, on ne voit pas ça tous les jours.
L'archère ouvrit la bouche pour répliquer, mais elle était si détendue qu'elle céda tout simplement. Sans clôture, sans barreaux, elle se laissa complètement manipuler par Fayne. Le moment était parfait et elle se sentait comme si plus rien au monde n'importait. Rien ne pouvait la déranger.
— Alors, tu me racontes ce qui s'est passé ? demanda sa compagnonne.
— C'est Lythrana, commença Azéna mollement. Elle m'en a demandé beaucoup et...
Elle sentit de la chaleur dominer son dos à deux zones particulières qui se mirent à migrer lentement. Incertaine de ce qui se passait, elle mit du temps à réaliser que c'était Fayne qui lui faisait un massage et que cette chaleur était émise par ses mains.
La douceur de la peau de l'herboriste était émouvante. Les sensations lui donnaient l'impression qu'elle rêvait. Déconcentrée, elle dut s'efforcer pour continuer son récit.
— J'ai tout donné, un effort incessant. Finalement, elle... n'était pas...
Elle chercha ses mots.
— Satisfaite, termina Fayne sur un ton rempli de compréhension.
Azéna frissonna à ces paroles, non par gêne ou par frustration, mais en cause d'un sentiment dont elle ne pouvait pas exactement mettre le doigt dessus.
— J'aime..., murmura-t-elle en somnolant pour ne jamais terminer sa phrase.
— Quoi ?
L'esprit de l'adolescente au regard bleu s'éclaircit soudainement.
— E-euh..., balbutie-t-elle. C'est ça. Elle n'était pas satisfaite et elle m'a dit que je ne vaincrai jamais Serfantor à ce rythme.
— Alors, c'est ça qui t'a choquée.
— Oui. Je suis trop fatiguée et le temps n'est pas de mon côté.
— L'élixir va t'aider. Tu vas voir demain. Tu vas la faire changer d'avis.
Azéna tenta de la remercier pour son soutien, mais ses émotions étaient trop fortes et elle se contenta de sourire faiblement.
Fayne la dévisagea pour un long moment. Ses yeux sondaient ses expressions avec prudence.
— Qu'est-ce qu'il a ? questionna la rebelle.
— Ouvre tes yeux.
Azéna essaya, mais ses paupières étaient si lourdes que ses efforts furent vains.
— Ouvre plus grand, insista Fayne.
Son amie fixa le plafond. Chaque texture, chaque détail, était amplifiée. Les couleurs étaient anormalement vibrantes. C'était superficiel, mais ça l'apaisait.
— C'est magnifique. Mais c'est... J'suis si épuisée.
— Maintenant, endors-toi, souffla l'herboriste avec un sourire. Petite folle.
Elle pouffa de rire et marmonna quelques mots. Azéna n'y comprit rien, mais la brunette semblait heureuse. Elle s'endormit en se questionnant sur ces sentiments bizarres, chose qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant.
✦×✦
Le matin suivant, à l'aube, Azéna s'éveilla avec facilité et énergie. Elle s'étira et sauta hors du lit. Elle s'étonna de voir que Fayne dormait toujours ce qui signifiait que Rendar n'avait pas encore cassé les tympans de toute la population de l'académie.
Pourquoi suis-je éveillée à cette heure et, surtout, avec tant d'énergie ?
Confuse, son regard se posa sur sa colocataire de chambre et des souvenirs de la soirée d'hier défilèrent dans son esprit. Elle ne put s'empêcher de sourire. Elle se sentit extrêmement reconnaissante vis-à-vis de Fayne. Ce massage avait plus que fonctionné ; il lui avait apporté une certaine paix intérieure. Elle s'accrocha à ce sentiment et espérait qu'il ne parte jamais. Décidément, cette fille était un véritable rayon de lumière.
— L'élixir, murmura-t-elle. Merci, Fayne.
Elle la fixa dormir paisiblement jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux : deux sphères d'un brun noisette réconfortant.
— Bien dormi ? questionna cette dernière.
— Euh... À v-vrai dire..., balbutie Azéna en détournant le regard. Oui, bien sûr. Bien sûr ! J'ai dormi comme une roche.
La Litfow sourit et poussa un petit rire amusé.
— Contente que ça ait fonctionné. Les potions peuvent faire des miracles quand on leur laisse la chance.
— Trop vrai, murmura l'archère pour elle-même.
— C'était bien de me regarder dormir ?
Azéna sentit soudain ses joues s'enflammer. Une panique paralysante lui monta à la gorge. Elle ne comprenait pas sa propre réaction, mais elle se sentait dans l'obligation de s'enfuir.
— Euh... J-je dois y aller.
— Quoi ? Pourquoi ? Les cours ne commencent que dans une heure et demie.
— Umm... Enfin... Ah ! Je dois aller me laver.
Elle s'habilla à toute vitesse en évitant le regard de la jolie brunette. Elle trébucha maladroitement dans ses pantalons et rétablit son équilibre en s'appuyant sur un mur.
— Tu t'es lavée hier, répliqua Fayne.
— Bah, j'y vais quand même, insista la Kindirah en empoignant son sac, duquel la plume de Turion ressortait.
— C'est bizarre. Tu détestes te laver pour rien. Tu dis toujours que c'est une perte de temps.
— Ce l'est. Et... Et, alors ?!?
— Tu te laves tous les quelques jours normalement. Ne viens pas me dire qu'une journée après tu veux y retourner. Allez, qu'est-ce qui se passe ? C'est peut-être des effets secondaires de l'élixir.
Azéna se raidit.
— Je l'espère. À plus tard.
Elle ferma la porte derrière elle et descendit l'escalier en colimaçon, laissant Fayne dans la confusion.
La salle commune était encore déserte à cette heure-ci et elle l'apprécia énormément. Elle ne voulait pas qu'on la dérange. Dans tous les cas, elle se sentait prête à un entraînement intensif. Elle descendit jusqu'à la salle aux deux bassins et y plongea nue.
Tu vas triompher, lui assura Turion. Tu as l'avantage élémentaire et l'expérience des jumeaux. Fais de ton mieux et ne te blâme pas si quelque chose arrive.
Facile à dire.
Tu y arrivas. J'ai confiance.
On entendrait Fayne.
Mhmmm.
Ça veut dire quoi ce « mhmmm » suspicieux ? Turion !?
Il ne lui répondit pas.
Elle leva les yeux et observa le ciel au travers d'une fenêtre. Les rayons étaient puissants et faillirent l'aveugler. Malgré cet inconvénient, elle trouvait cette vue agréable.
— Ah, le deuxième soleil commence à se rapprocher. Le printemps s'installe.
✦×✦
Toute la journée, Fayne garda un œil attentif sur son amie en espérant comprendre ce qui se passait. Elle réclamait que son comportement était étrange. Azéna refusait d'en parler et évitait le sujet comme de la peste.
Après les cours, lorsque la Kindirah se rendit au Grand Nid pour aller à la rencontre de Tyrath, elle se sentit capable d'en parler à son compagnon ailé. Installée contre le pommeau de la selle, elle repensa aux moments de la soirée précédente en compagnie de Fayne.
— Qu'est-ce que c'est que toutes ces émotions nouvelles ?
Tyrath battit des ailes avec puissance, ignorant le vent frais, et se dirigea vers le terrain de skotar.
— Tu sais, je crois que c'est un déblocage émotionnel.
— Un quoi ?
— Ummm... Parfois, nos émotions sont bloquées ou alternées par des facteurs externes. On découvre de nouvelles choses à propos de soi-même chaque jour. Et, je crois que cette potion a permis à certains aspects de toi-même de s'extérioriser en raison de l'absence de stress des facteurs externes. Tu as été capable d'être toi-même, en gros. Tu étais en paix.
— C'est effrayant comment tu peux être idiot et en d'autres temps si sage.
— Tu n'es pas drôle.
Azéna pouffa de rire.
— Désolé. Mais, je n'ai jamais ressenti ce nouveau sentiment auparavant. C'est bizarre. Ça me fait un peu peur.
— C'est normal d'avoir peur de l'inconnu, dit Tyrath, surtout pour vous les humanoïdes. C'est encore plus vrai si on parle d'un humain. Ce qui est différent vous terrifie.
— Évidemment. Puisqu'on ne sait pas à quoi s'attendre.
— Vous êtes des êtres bizarres qui s'inquiètent pour des grains de sable.
— Parce que vous êtes parfaits, vous les dragons ?
— Très loin de cela, crois-moi.
Tyrath atterrit lourdement au sol et devant lui les attendait Lythrana, Nymfrein et leurs dragons. Lorsque le nuage poussiéreux se dissipa, la jumelle adressa la parole à ses apprentis.
— Prêts pour les entraînements finaux ? questionna-t-elle avec enthousiasme.
— Plus que jamais ! répliqua Azéna en la défiant du regard.
— Alors, allons-y !
Sans avertissement, Zurof, le dragon rouge de Lythrana et Jerya, la dragonne blanche de Nymfrein, soufflèrent leur jet élémentaire en direction de Tyrath et Azéna. Ceux-ci les évitèrent de justesse.
La Kindirah empoigna son arc long et encocha une flèche. Son partenaire aux écailles argentées rugit et exhala des bourrasques épaisses dans le but de distraire les ennemis. Entre-temps, Azéna relâcha. La flèche fila et toucha Lythrana à l'épaule. Zurof rugit et se plaça devant sa dragonnière. Par réflexe, Jerya l'imita et siffla. Lythrana fut secouée sur le moment puis constata qu'elle n'avait pas été atteinte. La flèche n'avait percé que son armure de plaques.
— Joli coup, s'exclama-t-elle en arrachant l'arme du métal percé. Mais, raté !
— Je ne veux pas te blesser, répliqua Azéna. C'était voulu. Je n'ai pas appliqué assez de force.
— Soit sans pitié envers tes ennemis, Azéna ! Ils n'en auront pas pour toi.
— Comment être sans pitié sans lui causer une blessure trop sévère ? murmura la rebelle en guise de Tyrath.
— Facile, répondit celui-ci. Soit sans pitié, mais ne fais aucune attaque fatale.
— Encore une fois, facile à dire. Mais, bon, on peut toujours essayer. On n'a rien à perdre.
Ils se dépassèrent et réussirent à survivre pendant longtemps contre les jumeaux et leurs dragons avant de se fatiguer. Le terrain de skotar était une véritable pagaille. Il avait été ravagé par les explosions causées lorsque le feu de Zurof dévorait le vent de Tyrath.
À un moment, Jerya fit un faux pas et trébucha dans un trou, causant Nymfrein de tomber de la selle.
— Es-tu blessé !? hurla Lythrana. Nymfrein !
Jerya soupira et resta allongée. Son aile blanche veinée de gris pâle était par-dessus son dragonnier.
— Ça va ! répliqua Nymfrein en se dégageant de l'aile. Je suis tout simplement sonné.
— Ne te laisse pas distraire ! jappa Azéna en guise de la jumelle.
En plein vol, Tyrath cracha une bourrasque puissante qui frappa la pyromancienne en plein fouet. Celle-ci fut projetée au loin. Son dragon, trop lent, ne réussit pas à l'attraper. Nymfrein accourut à son secours et l'attrapa avant qu'elle ne touche le sol. Gênée d'être portée comme une princesse, Lythrana se dégagea immédiatement de son emprise.
— Pas de remerciement ? demanda-t-il.
Épuisés, les jumeaux décidèrent d'arrêter le duel.
— Arrête de te lamenter et félicite plutôt nos deux victorieux, ronchonna Lythrana qui posa les mains sur ses genoux pour se soutenir.
— Vous êtes chanceux qu'elle n'est pas blessée, grogna Zurof en fusillant Azéna et Tyrath de son regard perçant.
— Gah ! Ne l'écoutez pas. Il a une humeur dévastatrice.
Nymfrein aida Jerya à se relever tandis que Zurof et Tyrath se posèrent près d'eux. Le mâle rouge se précipita pour examiner sa partenaire en ignorant le reste du groupe.
— Ça va, Zurof, rogna-t-elle avec irritation. C'est une séance d'entraînement. Il est donc normal que je me fasse mal.
— Hmph, grogna Zurof.
— De toute façon, votre performance était excellente, complimenta la jumelle en s'adressant à ses élèves.
Fier de lui, Tyrath ne put s'empêcher de bomber le torse ce qui fit rire les demoiselles. Zurof le fixa avec une rage qui pétillait avec ardeur dans ses pupilles.
— Oui, agréa Lythrana. Bien joué, Tyrath. Vous êtes à peu près prêt, mais de la pratique ne fait jamais de tort. Alors, on continuera comme ça pour le reste du temps.
— D'accord, dit Azéna. À demain soir.
Tyrath prit son essor en se propulsant avec force grâce à ses puissantes ailes et ses solides pattes arrière.
En peu de temps, les deux compagnons se retrouvèrent au-dessus de l'académie. La lune, maintenant argentée, ainsi que les étoiles prenaient place dans le ciel. La saison du ruisseau était la saison préférée d'Azéna et de Tyrath, car elle faisait partie d'eux puisqu'elle donnait du pouvoir à l'élément du vent.
— Même les personnes aux apparences les plus dures peuvent s'avérer tendres, marmonna le drake.
— Pourquoi tu dis ça ? questionna Azéna.
— Jette un coup d'œil en direction des jumeaux, répondit-il en souriant malicieusement.
Elle dut plisser les yeux pour bien les voir. Elle donna une petite tape sur l'épaule de son partenaire. Celui-ci s'immobilisa tout en gardant son altitude.
— Sont-ils en train de s'enlacer ?
Elle avait de la difficulté à le croire. Voir Lythrana donner un câlin à son frère était bizarre, surtout qu'ils ne se lâchaient pas depuis un moment.
— Bah oui, dit Tyrath. Et, alors ?
Azéna, scandalisée par sa réaction banale, le fixa avec des yeux écarquillés.
— C'est son frère, quand-même ! C'est un peu trop intime, nah !?
— Allons, allons. Explore les possibilités. Ce n'est pas parce que tu as une mauvaise relation avec le tien qu'elle n'a pas le droit de lui démontrer son affection.
Azéna pouffa de rire.
— Même toi, continua-t-il, tu as un côté tendre, que tu le veuilles ou non.
Elle garda le silence. Elle refusait d'avouer qu'il avait raison, encore une fois. Son côté tendre, elle l'avait laissé échapper hier soir en raison de l'élixir de Fayne et s'en était trop pour elle.
— Ça va. Ramène-moi à ma chambre.
Tyrath la déposa à la fenêtre de sa chambre et disparut dans la noirceur de la nuit.
Azéna était habituée à voir Fayne en train d'étudier, mais cette fois, elle dormait. Avec lenteur et délicatesse, elle déposa ses affaires au sol et se dirigea vers son lit pour y trouver un plateau débordant de nourriture servie à température ambiante. Sur un petit parchemin était inscrit un message. Elle y reconnu la plume de Fayne :
Puisque tu n'as pas mangé pour souper, je t'ai emporté un repas parce que je sais que tu vas avoir faim lorsque tu vas revenir de ton entraînement. J'espère que ça s'est bien passé.
Azéna se surprit à fixer le parchemin avec un petit sourire idiot au coin des lèvres. Personne ne faisait ce genre de chose pour elle sauf Fayne. À ce moment, elle réalisa que la famille n'était pas toujours de sang, c'était celui qui était le plus proche de son cœur.
Par l'Aspérule Blanche, se dit Azéna, secoue-toi un peu. Ne deviens pas molle.
Heureuse, elle mangea jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien et alla se coucher.
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