35 - Leçon de réflexion
15e jour de la saison de la naissance 2448
Directement après les cours, Azéna se rendit à l'entrée de la Tour Mère en compagnie de Katanor. Le prince elfe gris refusait d'y aller seul et avait attendu pour elle à la sortie de la salle de classe.
— Tu sais... Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi, grogna la demoiselle.
Katanor se dépêcha à la rattraper. Il regardait dans tous les sens comme s'il avait peur qu'on l'attaque.
— On ne peut pas y aller ensemble ?
Ne faisant nullement attention, il faillit trébucher sur une tuile du plancher de pierre qui avait été soulevé avec le temps et l'usure.
— Je pensais que tu ne te serais pas abaissé à ce niveau, fit remarquer la Kindirah. Et fais donc un peu attention.
Il se cacha derrière elle afin qu'un groupe d'apprentis de premier cycle qui passait par là ne l'aperçoive pas.
— Ne dis rien à personne, chuchota-t-il.
Il agrippa la cape de l'archère et l'utilisa comme bouclier. Celle-ci la tira vers elle et il lâcha prise.
— Tu es si pathétique que j'accepte ! Juste, promets-moi de te la fermer. Tu m'énerves, ronchonna l'adolescente.
Elle s'arrêta et fit volte-face de sorte qu'elle puisse le fixer dans les yeux. Il recula à la vue de son regard menaçant.
— Et arrête de toucher à ma cape ! s'irrita-t-elle. Es-tu censé être un dragonnier ou un sale lâche !?
Katanor resta immobilisé sous le choc alors qu'elle continua son chemin, bien heureuse que son message eût de l'impact et qu'il n'y eût plus personne qui tirait sur sa cape. Elle l'abandonna et ne le revit qu'à la Tour Mère. Le jeune elfe gris semblait maintenant plus calme, mais ses yeux arrondis trahissaient cette façade.
Ce ne fut que plusieurs minutes plus tard que la porte de la Tour Mère s'ouvrit de l'intérieur. Des voix s'élevèrent alors, dont une féminine et une masculine. D'après leur ton de voix agressif, ils étaient clairement en train de se quereller.
— C'est ridicule ! s'exclama la femme. Il faut que tu arrêtes d'être si subjectif quand ça vient au travail professionnel.
— Je te dis que j'ai un mauvais pressentiment en ce qui le concerne, insista l'homme qui talonnait son interlocutrice.
— Eld, on en reparlera à la maison.
Nymia et Eldarytzan étaient actuellement dans l'encadrement de la porte. Ils se figèrent brusquement pour fixer les deux adolescents. La blonde cendrée lança un regard sévère en direction des deux apprentis et quitta les lieux sans tarder. L'elfe lunaire, lui, resta un peu plus longtemps. Il hésita et paraissait triste et inquiet. Son regard vacilla sur Azéna momentanément puis il se hâta de rattraper sa femme.
— Curieux, dit l'aéromancienne.
— Qu'est-ce qui se passe ? questionna Katanor.
— Je ne...
— Il se passe que vous venez avec moi, ordonna une voix impatiente qu'elle identifia immédiatement comme étant celle de Reaginn.
En effet, lorsqu'elle tourna son regard vers la porte, le jeune homme s'y trouvait, les bras croisés. Vrai il était normalement irritable et cruel, mais elle percevait une différence en lui. Contrairement à son attitude habituelle, ce jour-là, il paraissait désappointé comme s'il n'avait pas d'espoir.
— Y a-t-il un problème ? demanda-t-il avec froideur en voyant que les deux apprentis n'avaient pas réagi à son ordre.
La préoccupation sincère que ressentait Azéna se dissipa et elle sentit son sang commencer à bouillir.
— Il n'y a aucun problème, s'efforça-t-elle à répondre, un peu comme l'un des soldats de son père adoptif qui se faisait questionner à propos d'évènements louches.
— Alors, suivez-moi. Et, Apprentie Kindirah, ne traînez pas derrière.
— Oui, répliqua-t-elle en grinçant les dents.
Elle et Katanor le talonnèrent en silence alors qu'ils entamèrent leur descente au donjon.
Il sait que j'ai fouiné la dernière fois ? songea-t-elle.
Il est loin d'être un idiot, répondit Turion.
Et, pourtant, il n'a rien fait pour me punir à ce propos, ce qui est étrange de sa part.
J'avoue. Reaginn est un expert en art de la discipline et du moral. Il doit avoir un raisonnement derrière son comportement.
Oui, mais quoi ?
Je ne peux pas t'aider là-dessus.
Azéna ne faisait plus attention et suivait machinalement son supérieur. Elle le heurta et revint à la réalité.
— Faites attention où vous allez, grogna celui-ci.
— Désolé, murmura-t-elle.
Gênée, elle recula pour éviter qu'elle ne l'embête à nouveau. Nerveux, Katanor sursauta, glissa sur sa propre cape et s'écroula au sol.
— Mais qu'est-ce que vous faites !? questionna Reaginn en jetant un coup d'œil derrière lui. Vous êtes maladroits. Levez-vous et faites attention sinon, je me ferais plaisir de vous montrer ce qui arrive aux maladroits dans votre genre au cœur d'une guerre.
Le prince était tombé sur Azéna qui gisait au sol en tentant vainement de se dégager. Une main agrippa le collet son uniforme et le tira vers le haut.
La Kindirah subit le même traitement quelques instants plus tard.
Maintenant debout, les deux apprentis se fixèrent l'un l'autre avec un mélange de honte et de rage.
— Enfants ! grogna Reaginn sèchement. Ce n'est pas le moment de vous câliner au sol.
— Acceptez mes excuses, Maître Ruvior, murmura Katanor en détachant son regard d'Azéna qui était complètement dégoûtée par son comportement. Ça ne se reproduira plus.
L'adulte l'ignora et continua sa descente en pressant le pas.
Azéna était indignée que Katanor eût accepté qu'il pensait qu'ils étaient entrain de se câliner. Pour elle, cette supposition était inacceptable. Elle devait le contester.
— Attendez un instant, dit-elle en haussant le ton de sa voix. Nous n'étions pas en train de...
Elle s'interrompit, car elle pensa aux conséquences de ses paroles qui pourraient s'avérer bien plus graves. Heureusement, le maître ne réagit pas et ne fit qu'ouvrir la porte derrière laquelle attendait le donjon. Azéna serra les dents. Elle détestait être piégée. En plus, Katanor n'avait pas renié ce qu'avait dit Reaginn, ce qui la frustra encore plus. Jamais elle n'irait cajoler ce garçon qu'elle jugeait indigne d'elle. Elle le fusilla du regard et se résigna à suivre son supérieur sans protester.
Les deux espèces de tabarnak d'ingrats ! rugit Azéna dans sa tête. Ils me le paieront !
Dois-je te rappeler que tu es loin d'être dans une situation qui t'est favorable en ce moment ? questionna Turion avec une touche de moquerie. Je te conseille de te tenir tranquille.
Ils sont tout simplement chanceux, grogna Azéna en s'imaginant entrain de vaincre ses compagnons. Je les tabasserai.
Cesse de faire des bêtises et tout ira bien.
Tous les malheurs viennent à moi et non le contraire.
Tu en attires la moitié.
Azéna répondit par un grognement inaudible. Heureusement, Reaginn leur assigna une cellule à chacun ; elle aura donc un minimum de paix.
— C'est quoi, cette fois ? commença-t-elle avant qu'il ne puisse partir. On doit devenir les meilleurs amis du monde entier ?
— Votre punition a un lien avec la solution.
— Encore cette réponse. Ça veut dire quoi ça ? Ça ne m'aide pas du tout ! Calice que je suis écœurée de tes devinettes.
Le maître du donjon disparut dans l'ombre d'un corridor humide.
Azéna n'était même pas certaine qu'il l'ait entendu. Elle s'accota contre le mur du fond et se laissa glisser au sol en soupirant longuement.
C'est simple, dit Turion. Pourquoi es-tu ici ?
Par injustice ! répliqua sa dragonnière sèchement.
Soit sérieuse.
D'accord, d'accord, répliqua-t-elle en se donnant une petite tape sur les joues comme pour se revigorer. Parce que j'ai été impulsive et idiote.
Alors, il faudra maîtriser cela si tu veux partir d'ici plus tôt.
Et Katanor, lui ? Il doit arrêter d'être insolent ? Je doute fort qu'il en soit capable.
Peut-être, mais c'est pour cela que vous n'êtes pas ensemble. Vous allez avoir des différents châtiments.
Génial... Hé, tu en connais beaucoup sur les méthodes de Reaginn, pas vrai ?
J'étais ici avant lui. J'ai assisté à toute sa carrière.
Donc, oui ? s'énerva—t-elle légèrement.
Mhm.
Alors, aide-moi un peu.
Elle n'eut aucune réponse.
Turion, allez ! jappa l'adolescente.
Elle abandonna son entêtement et se recroquevilla en boule en tentant de préserver sa chaleur corporelle. Elle poussa un long soupire puis, elle jeta un coup d'œil en direction de Katanor. Celui-ci, de son côté, n'avait pas bougé du centre de sa cellule. Il ne cessait de regarder dans tous les sens.
Quel cave, songea Azéna. Il m'énerve.
Connaissant Katanor, elle savait qu'elle devrait se montrer brave et forte si elle ne voulait pas qu'il défaille à la première vue d'un obstacle. Elle fixait attentivement son confrère et remarqua que sa respiration était extrêmement rapide. Ses tempes mouillées brillaient à la lueur du feu des torches. Bien qu'il fût immobile, son agitation physique l'énervait.
— Calme-toi ! rugit-elle avec impatience. Il ne va rien arriver pour le moment. D'habitude, il laisse mijoter les choses.
— Par la noirceur de Noktow, c'est encore pire ! se lamenta Katanor. Attendre et devenir fou n'est pas meilleur.
— C'est pour cela que je te recommande de te calmer. De plus, Noktow ne va pas t'aider pour la simple raison qu'il doit s'en foutre d'une fourmi comme toi. Alors, cesse de prier. Ça ne sert à rien.
L'elfe s'était mis à genoux, ses yeux étaient clos et ses doigts étaient entrecroisés et formaient un insigne aux allures curieuses. Aux paroles de l'archère, il leva le regard et la fixa avec un mélange d'étonnement et de confusion.
— Comment peux-tu nier le pouvoir des divinités ?
— Qu'ils se manifestent devant moi et j'aurai un peu plus de foi.
— Mais... Je ne comprends pas.
— Laisse tomber ! tonna-t-elle. Ça ne me donne rien de t'expliquer.
Elle avait vu Noktow au travers des visions de Turion, mais elle avait de la difficulté à croire qu'il était un dieu. Pour elle, il n'était qu'un mage noir ou nécromancien puissant. De plus, il serait trop vieux pour être encore vivant. Il devait certainement être mort.
— Ce ne sont que des imposteurs, murmura-t-elle pour elle-même.
Katanor continua de prier toute la nuit. Azéna avait réussi à dormir par intervalles et, à chaque réveil, elle jeta un coup d'œil sur l'elfe gris. Sa solution à leur situation l'exaspérait à un tel point qu'elle était souvent à deux doigts de lui faire la morale.
✦×✦
Pendant quelques longues journées, rien ne se produisit. Azéna tournait en rond dans sa cellule et était si lassée du manque d'action qu'elle espérait qu'un spectre l'attaquerait. Katanor passait son temps à prier. Il était certain que c'était ses prières qui l'avaient gardé en sécurité jusque-là.
De son côté, Azéna n'était pas idiote. Elle savait que Reaginn avait un plan derrière la tête. Il ne faisait jamais rien sans raison, surtout quand il s'agissait d'apprendre une leçon à quelqu'un.
Le maître leur apportait deux maigres repas et de l'eau vieillie chaque jour. La rebelle n'avait pas fréquemment l'estomac pour manger ni boire jusqu'à ce que son corps le lui oblige en la rendant maladive. Son pantalon devenait plus lousse et elle dut ajuster sa ceinture une fois.
— Reaginn ! hurla-t-elle avec colère. J'en ai marre ! Fais quelque chose !
Sa voix résonna au travers du donjon. Aucune réponse ne lui fut accordée.
Après tout ce temps dans sa cellule en compagnie de la noirceur et d'un elfe lunatique, elle n'eut pas d'autre alternative que de songer, réfléchir et parler avec elle-même pour se divertir à un minimum ce qui la fit sombrer lentement dans la mélancolie de la solitude. Elle s'ennuyait de la chaleur des soleils, de la fraîcheur de l'air extérieur, de la liberté, du sentiment d'adrénaline que lui procurait volée avec Tyrath, de la douceur et de la bizarrerie de Teriondil et de la simple présence réconfortante de Fayne. Elle enfouit son visage dans le creux de ses bras entrecroisés et renifla. Le froid et l'humidité percèrent au travers de son uniforme et vinrent frôler sa peau. Elle grelotta et pleura en silence.
Elle se demandait si c'était ça, l'isolation disciplinaire.
✦×✦
Durant la dernière journée, la fatigue vaincue Katanor et il s'était évanoui.
— Sainte Aspérule, un peu de paix, souffla faiblement Azéna, reconnaissante pour le silence.
La nuit venue, roulée en boule et la tête entre ses bras, elle entendit des bruits de bottes amplifier en intensité. Quelqu'un s'approchait de la cellule. Un grincement de bois contre le sol la fit sursauter. Elle sonda les environs, mais la noirceur l'empêchait de distinguer le nouveau venu. Il semblait assis sur une chaise et était encapuchonné.
Elle devina que c'était Reaginn qui faisait la ronde habituelle. Elle ne savait même plus combien de jours s'étaient écoulés, tout ce qu'elle savait c'était qu'elle allait recevoir son repas dégoûtant et qu'elle n'allait probablement pas le manger.
— Qu'est-ce que tu veux ? questionna-t-elle avec peu de motivation.
— Lassée de réfléchir ?
Elle reconnut la voix du maître du donjon ce qui confirma son identité et cela suffit à raviver la rage qu'elle avait oubliée.
— C'était quoi, ce séjour de merde !? rugit-elle. Me faire perdre mon temps à réfléchir alors que j'aurai pu faire autre chose de mon temps !?
— Au moins, tu as appris à penser avant d'agir, répondit Reaginn avec un amusement noir.
— C'était donc ça, répondit-elle avec un peu plus de calme. J'aurais dû m'en douter.
— Tu aurais peut-être été libérée plus rapidement si tu t'en étais rendu compte et tu aurais accepté d'y travailler, mais ce n'est pas le cas alors, tu seras libérée demain.
La confirmation que cette torture allait enfin se terminer bientôt lui donna plus de joie que de revoir le ciel à cet instant.
— Et Katanor, lui ? questionna-t-elle avec le plus de neutralité possible.
— Lui aussi puisque c'est entendu que vous alliez rester pour six jours. Mais, il n'a pensé qu'à Noktow et à sortir d'ici vivant. Ce qui n'était pas le but de ces vacances... Une perte de temps en somme.
— Des vacances ? Ouais... C'est ça. Mais, honnêtement, comment fais-tu pour vivre ici ?
— Lugubre et inconfortable, je sais. Mais, je fais mon travail et je suis content avec ce que je fais.
— Difficile à croire.
Puis, sans avertissement, Reaginn se leva, glissa leur repas sous les barreaux de leur cellule et repartit.
Azéna fut encore une fois seule avec ses pensées. Elle frappa le mur derrière elle, mais ne sentit pas la douleur. Sa main était gelée.
✦×✦
La soirée suivante, après les classes, Reaginn libéra les deux apprentis. Katanor avait beaucoup maigri et il avait le teint blafard et les yeux cernés d'un malade. Il avait tout simplement remercié le maître du donjon à sa libération et était resté muet durant tout le trajet. De son côté, Azéna paraissait moyennement plus en santé puisqu'elle s'était au moins abreuvée chaque jour.
Alors qu'ils se dirigeaient vers le Hall d'Archlan pour souper avec les autres, Katanor retrouva enfin sa vigueur.
— Tu vois, je t'avais bien dit que Noktow allait m'épargner de toute souffrance.
Azéna le fixa tout simplement, les sourcils élevés et les yeux ronds.
— Je ne vais même pas prendre la peine de t'expliquer ce qui s'est réellement passé durant ces six jours parce que tu es un idiot et ce serait une perte de mon temps, grogna-t-elle avec exaspération en augmentant la vitesse de sa cadence pour s'éloigner de lui.
— Tu es tout simplement impuissante face au pouvoir du grand Dieu des ténèbres !
Elle se hâta en direction de la table des apprentis du premier cycle, Katanor sur ses talons. Elle en avait plus qu'assez de ses idioties. La seule chose qui l'aidait à garder son calme était la punition qui suivrait ses actions et elle refusait de retourner au donjon.
— Va-t'en, calice ! Je suis écœurée de toi !
— Tu es chanceuse que je meurs de faim, rétorqua le garçon.
— Ouais, squelette idiot !
Katanor rejoignit ses amis, tout fiers de lui. Azéna se dirigea vers Fayne et Arièlla qui étaient assises ensemble. Elle était si heureuse de les voir, mais elle devait avouer que rien que de voir les courbes généreuses du rôti de porc la faisait saliver.
Lorsqu'elle aperçut la nouvelle venue, Fayne se précipita vers elle avec Arièlla juste derrière. Azéna s'immobilisa, surprise lorsqu'elle lui donna un câlin à lui en briser les cotes. La blonde cendrée sourit et s'arrêta avec calme.
— J'étais inquiète, avoua l'herboriste.
— Pas morte, la petite ? taquina la guerrière.
— Je ne suis pas petite, s'obstina Azéna.
La pyromancienne leva un sourcil et sembla comparer sa hauteur avec celle de son interlocutrice, puis avec celle de Fayne.
— Ouais c'est ça. Rêver, c'est bien. Je fais quelques pouces de plus que toi et Fayne faites une tête de plus grande que toi.
Azéna fit la moue et tenta de se séparer de la brunette, mais la brunette était trop forte et elle dut attendre qu'elle décide d'elle-même de la libérée.
— Qu'est-ce que j'ai manquée ?
Elles retournèrent à la table et elle prit place à côté d'eux.
— Beaucoup de théorie et assez de pratique, petite crevette, se moqua Fayne.
— Crevette !? s'indigna Azéna avec confusion et dégoût.
— Oublie ça, lui dit Arièlla. Elle s'est faite du souci à ton sujet. Six jours dans le donjon, ça ne doit pas être pris à la légère.
— Là-dessus, tu as entièrement raison.
— De toute façon, tu n'es pas morte alors, rebienvenue dans le monde des vivants.
À la table, Azéna fixa son assiette débordante de nourriture avec une avidité presque gloutonne. Pour une fois, c'était plus qu'un plaisir d'être revenue à la routine.
— Où est Teri ? demanda-t-elle, qui venait de remarquer l'absence de l'elfe des bois.
— Oh, il est resté en classe pour terminer son devoir, expliqua Fayne. Maître Ruvior l'a forcé.
— Pas étonnant, murmura Arièlla avec un grain de noirceur dans sa voix.
La Kindirah ne répondit pas. Elle ne savait pas trop quoi penser de Reaginn. Sa personnalité unique était un véritable modèle à suivre par moment tandis que le reste du temps, il était le pire cauchemar de tous.
Environs à la moitié du souper, Teriondil fit son apparition et vint s'asseoir à la table. Il ne dit pas un mot et mangea en silence ce qui tracassa ses amis.
Azéna remarqua qu'il but une tasse entière de son thé alors que normalement, il n'en consommait pas beaucoup durant le souper. Elle s'imaginait qu'il devait être stressé et le laissa tranquille.
✦×✦
Ce soir-là, Azéna retourna à son entraînement quotidien en compagnie de Lythrana et Nymfrein. Ils tentèrent de lui apprendre des techniques stratégiques pour contrer un umbrancien, mais l'élève se montra des plus têtue face à certaines d'entre elles.
— Écoute-nous ! s'énerva Lythrana. On sait de quoi on parle.
Après une longue heure à s'entraîner avec Tyrath et à s'obstiner, Azéna s'écroula au sol complètement épuisé. Son cœur voulait lui sortir de la poitrine et sa peau était imbibée de sueur.
— Je crois que j'en ai eu assez pour ce soir, souffla-t-elle en haletant. Je suis morte de fatigue.
— Tu n'as pas perdu ta forme à ne rien faire dans ta cellule, se moqua Lythrana.
— Lyth..., dit Nymfrein avec sévérité en fixant sa sœur.
— Je sais, ma politesse est à améliorer.
Azéna s'étonnait à chaque fois de la réaction des jumeaux. Un lien bizarre existait entre eux et elle ne pouvait pas l'expliquer ni le comprendre.
— Allez, va te coucher, la petite, dit Lythrana en la saluant de la main.
— Je ne suis pas petite, grogna l'archère. Pourquoi tout le monde dit que je suis petite ?
Elle se leva du sol rocailleux et Tyrath l'aida à se hisser sur lui en se couchant. Lythrana partit avec son dragon rouge et Nymfrein avec sa dragonne blanche.
— Hé ! Demain soir, c'est le Festival du Miracle ! réalisa Azéna alors qu'elle et Tyrath se dirigèrent vers la fenêtre de sa chambre. J'ai attendu longtemps pour voir ça.
— Je pense que tu vas t'amuser, ronronna le dragon en levant les yeux vers la lune violette qui luisait d'un éclat éblouissant. Mais, avant, assure-toi de bien te reposer.
— Oui, maman Tyrath.
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