25 - La chambre des duels
15e jour de la saison du sapin 2448
Les deux soleils se levaient paisiblement alors que leur sœur, la lune, abandonnait le trône temporairement une fois de plus. Pour la saison du sapin, il faisait beau. La température était douce sans qu'il fasse chaud. Les rayons des soleils pénétraient dans les multiples salles de l'académie d'Archlan.
Ce jour était des plus particuliers pour les apprentis de premières années. Azéna et Fayne se préparaient dans leur chambre. L'herboriste révisait ses notes avec angoisse tandis que sa colocataire de chambre terminait d'enfiler son uniforme.
— À quelle heure est l'examen et où doit-on se rendre ? questionna cette dernière.
— C'est au deuxième étage dans la chambre des duels, répliqua la brunette studieuse.
— La chambre des duels ?!? Pourquoi donc ?
— Relaxe. C'est juste parce qu'il y a plus d'espace. N'oublie pas que c'est tous les apprentis de premier cycle qui y passent et non seulement notre groupe.
Azéna, soulagée de la réponse de son amie, prit une grande respiration et se sentit mieux. Fayne termina de lire un paragraphe à propos des maladies communes chez les dragons et leva les yeux vers son amie qui se battait avec sa tunique entortillée.
La Kindirah fronça les sourcils.
— À bien y penser...
Elle marmonnait des injures, occupée à battre frénétiquement des bras dans l'espérance que ça allait arranger son problème.
— Je crois que ça serait possible qu'ils testent nos capacités à contrôler notre élément, alors prépare-toi mentalement à cela, avertit la demoiselle à la chevelure acajou.
Elle marqua une pause et observa son amie avec incrédulité.
— Non, mais ! Agir en poulet qui a perdu sa tête ne va pas t'aider.
Azéna grogna et continua de frôler la folie passagère. Fayne l'aida à se retrouver dans son labyrinthe et accrocha l'épinglette à sa cape.
— Pouah, merci, dit la Kindirah. Je ne sais pas où j'ai la tête ce matin.
— C'est le tracte, répliqua l'herboriste en faisant le tour de son amie afin d'assurer que son uniforme était correctement placé. Ne t'en fais pas. Tout me semble bien.
Elle lui accorda une petite tape amicale sur l'épaule et chercha dans son sac en cuir pour un deuxième livre. Cette dernière s'agrippa les cheveux, réalisant ce que Fayne lui avait averti à propos de l'examen qui pourrait peut-être contenir une partie pratique.
— C'est pas vrai. Je ne me sens pas prête pour ça.
Elle se mit à faire les cent pas au travers de la chambre.
— Tu n'es pas la meilleure dans ce sujet, mais tu n'es pas la pire non plus, encouragea la Litfow. Tout ira bien pour toi. Moi, c'est une autre histoire.
Pas très impressionnée, son interlocutrice s'arrêta devant l'herboriste et tapa du pied droit.
— Bien sûr... Et, c'est toi qui réussis à te sortir des notes quasi parfaites ou encore impeccables du cul sans étudier.
— J'étudie tout le temps, rétorqua Fayne, s'enflammant aussitôt. Je croyais que tu étais bien placé pour le savoir.
— Oui, mais il y a une différence entre vraiment avoir besoin d'étudier et tout savoir dès le début et étudier pour rien.
— Je ne prends tout simplement aucun risque et tu devrais faire pareil. De toute façon, nous allons être en retard. Allons-y.
Les daigorniènnes descendirent à la chambre commune et y trouvèrent Teriondil qui les attendait près de la fenêtre. Comme à son habitude, il fixait l'horizon, perdu dans ses songes.
— Teri, tu viens ? questionna Azéna. Il est temps d'aller se faire sacrer une fessée par les maîtres.
— Franchement, Azéna, se plaignit Fayne, travaille ta communication. Tu es grossière.
Le garçon tourna la tête et posa ses yeux vert forêt sur ses deux amies. Il sourit légèrement et se leva de sa chaise. Normalement, cette chaise solitaire était occupée par Umah, un autre elfe des bois. Tout aussi rêveur et mystérieux que lui, il passait de longues heures à contempler les dragons qui dansaient et jouaient dehors. Personne ne lui parlait. Il n'avait aucun contact avec les autres apprentis et il ne s'en plaignait pas. Teriondil était originaire de la même ville que lui pour la simple et bonne raison que les elfes des bois habitent tous dans une énorme communauté. Cependant, ils n'étaient pas du même quartier et ainsi, ne s'étaient jamais rencontrés auparavant.
En chemin, Azéna faisait tout pour se changer les idées. Elle observait les moindres détails de l'académie, allant de la voûte jusqu'aux torches magiques. Elle heurta Fayne de plein fouet lorsque son amie s'arrêta brusquement.
— On y est, murmura l'herboriste avec une touche d'anxiété.
La rebelle leva les yeux et aperçut une porte géante en métal. Elle se rendit compte qu'elle et ses deux compagnons de classe étaient devant la chambre des duels. Fayne déglutit et se figea.
— Bah ! Cogne ! rogna la Kindirah avec impatience.
La brunette cogna à trois reprises et on lui ouvrit la porte.
La salle était immense et le mur opposé était orné de plusieurs grandes et larges fenêtres. Le trio fut accueilli par une jeune femme au large sourire et à la robe rouge extravagante.
— Bienvenue ! s'exclama Fiara avec enthousiasme.
À la vue de la jeune maîtresse, Fayne eut un sourire jaune, de toute évidence parce qu'elle était stressée. De leur côté, Azéna et Teriondil étaient plutôt calmes. L'elfe ne semblait pas réaliser l'importance de l'événement tandis que l'archère se répétait qu'elle ne pouvait que faire de son mieux.
Alors que le trio entra, ils aperçurent leurs camarades de classe, tous assis à un pupitre, le tout formait quelques rangées installées au centre de la salle. Ils prirent place et remarquèrent l'absence d'équipement de combat ce qui était étrange pour une salle de duels.
Devant eux, au bout de la salle, se trouvaient tous leurs maîtres réunis : Zarak Ternos, Magar Blisk, Mana Senblom, Fiara Blakar et Eldarytzan Valkirel. De derrière eux apparut le Troisième Sage de l'académie : Murun Senblom. Il était vêtu de son habituelle robe de sage. Azéna devina qu'il était probablement présent pour superviser l'examen au grand complet. Murun prit place aux côtés des autres membres du personnel, s'avança vers les apprentis, puis sa voix légèrement autoritaire, il tonna :
— Je serai bref. Votre examen se constitue de tous les sujets pour lesquels vous avez étudié. C'est au maître de décider de quel style il se servira pour vous tester. Alors, nous commencerons avec la partie écrite. Tous les sujets y seront sauf maîtrise élémentaire qui formera la partie pratique. Vous disposez de deux heures pour la partie théorique. Ne faites pas de bruit et ne bougez pas lorsque vous aurez terminé.
Il distribua les manuscrits d'une vingtaine de pages aux apprentis. Lorsque celui d'Azéna heurta sur son pupitre dans un son sonore, cette dernière écarquilla les yeux à la vue de l'épaisseur impressionnante de l'examen. Elle jeta un coup d'œil à Fayne qui se rongeait les ongles puis, posa son regard sur la première feuille.
— Commence par écrire ton nom, songea-t-elle avec assurance. C'est un début et là-dessus, tu ne peux pas te tromper.
Elle trempa sa plume dans son pot d'encre. De façon machinale, elle écrit son nom. Elle prit le temps de bien réviser afin de s'assurer que c'était compréhensible, car sa main d'écriture était de très pauvre qualité. Satisfaite de son gribouillage, elle tourna la page pour se trouver face à face avec une longue liste de questions.
— Ça va aller, se dit-elle avec un léger point au cœur. Tu connais les réponses. Tu as étudié tout ça.
La première question était terriblement simple et évidemment choisit par Magar, ce qui signifiait que la première partie était à propos de l'histoire générale.
Comment appelle-t-on notre univers ?
— C'est tout ? songea Azéna. Bon, je ne vais pas me plaindre.
Elle roula les yeux et y inscrit la réponse : « Aerinda ».
Par la suite, il fallait expliquer la signification de la réponse à la question un. Azéna y avait répondue tellement souvent avec Fayne que s'en était presque instinctif. Elle écrit donc : « c'est un mot dérivé de l'ancienne langue des divinités. Ae signifie "inspiration", rin signifie "sphère" et da signifie "création". Donc, Aerinda veut dire "sphère de création inspirante". » Les autres questions portaient toutes à propos de la création du monde, de l'arrivée des dragons, du pacte qui forma les dragonniers, de la trahison d'Isriss et d'Écaille Létale. Il devait y en avoir une cinquantaine de questions, mais au grand soulagement de la Kindirah, les réponses étaient toutes courtes.
La deuxième partie était un immense jeu d'association. Là, elle commençait à perdre les pédales. Il fallait joindre les mots en langue commune à leur traduction en karsayrethrès, mais ce n'était pas ça le souci ; c'était qu'il y en avait une centaine et que certains possédaient une différence de définition très subtile tels que « chanter » et « tuer ». Heureusement, les mots n'étaient pas complexes et avec un peu de persévérance Elle finit par tous les associer.
La troisième partie avait pour sujet le bien-être du dragon de base. La première question de cette catégorie n'était pas trop pire : « Quelle est la maladie la plus commune chez les dragons ? ». Azéna écrit : « Une infection des écailles qui les fait pourrir et tomber. On l'appelle la skarlys. ».
La deuxième question : « Comment s'en débarrasse-t-on ? ». Sa réponse : « En frottant les pétales de la fleur lunaire, une plante moyennement commune aux pétales bleu pâle que l'on retrouve dans les champs et qui ne s'ouvre qu'à la lumière de la lune. ».
La troisième question : « Quelle est la maladie la plus nocive pour le souffle des dragons ? ». Elle ne s'en souvenait pas. Elle se concentra de toutes ses forces, mais rien ne fonctionnait. Cette question valait beaucoup de points et ça, elle le savait, car Maîtresse Mana avait averti ses apprentis à ce propos au début de l'année.
— Merde, merde et merde, songea-t-elle avec désespoir.
— Ah, une question piège. Ce n'est pas une, mais bien plusieurs maladies, dans ce cas, résonna une voix étrangement onctueuse, caverneuse et masculine dans son esprit. La réponse que tu cherches est : n'importe quelle infection pulmonaire, car c'est en inspirant ou en expirant que le dragon produit son élément.
Sur le coup, la Kindirah faillit jeter un coup d'œil autour d'elle pour identifier son sauveur, mais elle n'osa pas de peur de se faire accuser pour tricherie. Sa main était paralysée par l'angoisse. Cette voix ne pouvait pas provenir de quelqu'un qui était en dehors de la salle ; comment aurait-il su qu'elle était coincée à cette question particulière.
— Et si c'est un test pour m'inciter à tricher ? se demanda-t-elle.
— Ne t'inquiète pas, répondit la même voix. Je suis fiable et ton allié. Les maîtres n'en sauront rien.
Elle sursauta, prit une grande respiration puis, elle crispa sa main sur sa plume et elle écrit la réponse.
— Qui es-tu ?
— Je m'appelle Turion.
— Pourquoi es-tu entré dans ma tête ? C'est un peu incommodant.
— Incommodant ? Mmmhmm, pardon. Je suis entré dans ton esprit, car aujourd'hui, j'ai enfin regagné assez de force pour en être capable, répondit-il avec une touche de soulagement dans sa voix. J'aurai dû attendre un peu plus longtemps, mais je ressentais ton angoisse face à ton examen. Que vous pouvez être étranges, vous humanoïdes.
— Comment peux-tu ressentir cela ?
La voix s'éteignit et ne répondit plus aux questionnements d'Azéna. Turion n'était pas humain d'après ses dires. Qui pouvait-il être ? L'adolescente secoua sa tête, se dit qu'elle devait tout simplement être stressée et continua son examen. La quatrième partie avait pour sujet la psychologie draconique, ce qu'elle connaissait bien. Elle n'eut aucune difficulté à émettre son savoir et ses découvertes sur papier et termina juste à temps pour la partie pratique de l'examen.
Enfin, Murun s'avança vers les apprentis.
— Déposez vos plumes.
Les apprentis obéirent à l'exception de Teriondil qui n'écoutait pas. Eldarytzan passa à côté de son pupitre et lui donna une petite tape sur l'épaule. L'elfe des bois sursauta et réalisa ce qui se passait. Avec hâte, il posa sa plume au plumage vert.
— Mon tour maintenant, annonça Fiara en craquant ses jointures avec un sourire malicieux. Vous allez immédiatement tous former une ligne contre le mur du fond.
Les apprentis s'exécutèrent. Azéna se plaça entre Arièlla et Fayne. Teriondil était de l'autre côté de la Litfow. La tension commençait à grimper alors que l'archère regardait les maîtres déplacer les pupitres et les chaises par le bien de la magie ou encore de la façon traditionnelle pour ceux qui n'étaient pas mages.
Quelques minutes plus tard, la chambre des duels était presque toute dégagée. Fiara se plaça devant Umah, qui était le premier de la ligne d'apprentis. Le garçon était beaucoup plus costaud et large d'épaules que Teriondil. Son visage évoquait la sévérité malgré sa petite touche d'innocence. Il avait modifié son uniforme pour le rendre plus naturel et personnel en ajoutant des motifs tribaux, des bouts de cuir, des petits ronds de métal, des plumes aux couleurs ternes et un peu de fourrure brune. En gros, n'importe qui aurait pu le prendre pour un barbare aisément.
Mais, d'après Azéna, le plus intrigant était ses yeux gris, car ils étaient profonds et sérieux, mais si on regardait bien, on pouvait y détecter une subtile touche d'inquiétude et de douceur. Elle se demandait si tout cela n'était pas le fruit de son imagination, ce qui était très possible.
— Bon, chacun à votre tour, vous allez appeler votre dragon et m'attaquer avec votre élément, expliqua Fiara. Un petit duel ne fera pas de tort à personne. Votre vrai premier duel. Ne vous inquiétez pas si vous perdez contre moi. C'est presque inévitable. Ça n'affectera pas votre note. Umah, convoque ton dragon. C'est toi le premier en ligne.
À ce moment, Azéna remarqua que beaucoup de dragons étaient perchés juste à l'extérieur des fenêtres, attendant probablement que leur cavalier les appelle. Bien sûr, Tyrath, les yeux brillants par anticipation, s'y trouvait.
Umah demeura immobile et son regard semblait lointain. S'il avait donné un signal à son dragon, Azéna ne l'avait pas vu. La fenêtre du milieu s'ouvrit d'elle-même et un dragon brun s'y agrippa. La femelle à la tête aussi hardie qu'une montagne pénétra dans l'immense salle en repliant ses ailes attachées à ses bras. Elle renifla, inspecta les environs puis, aperçut son dragonnier et l'invita d'un signe de la tête à venir à ses côtés. Celui-ci obéit, sa cadence aussi lourde qu'agressive.
— Approche, Nigith. S'il te plait, requêta Fiara en hochant de la tête comme pour donner la permission à la dragonne rouge de pénétrer dans la salle.
La dénommée Nigith était deux fois la taille de son adversaire ; elle eut du mal à entrer par la fenêtre. Enfin, elle et sa dragonnière firent face à Umah et sa partenaire ailée. Ils combattirent efficacement, mais l'apprenti ne put résister longtemps au puissant feu de son opposante.
— C'était super, Umah ! complimenta Fiara en souriant. Tu passes mon test !
Azéna déglutit et détourna son attention du mur noirci par la pyromancie de l'adulte. Elle donna un petit coup de coude à Fayne afin de l'encourager à interagir avec Umah lorsqu'il passa devant elle. Le visage de la brunette rougit légèrement alors qu'elle tentait de contrôler sa gêne mélangée à de la rage. Sachant que son amie avait pour but qu'elle s'approche d'Umah pour confirmer leurs soupçons, elle secoua la tête légèrement en signe de refus. Azéna fronça les sourcils et lui donna un deuxième coup de coude. Fayne serra les dents et s'efforça de regarder le garçon avec un sourire improvisé.
— Félicitations, Umah, souffla-t-elle d'une petite voix gênée.
Umah jeta un coup d'œil vers elle. Les yeux de cette dernière s'écarquillèrent légèrement. Elle baissa la tête, dominée par ses émotions. L'elfe continua tout simplement son chemin, ne semblant pas s'en faire à propos d'elle. Celle-ci expira longuement pour évacuer son stresse alors qu'Azéna lui souriait avec satisfaction.
— Je vais te tuer, murmura-t-elle avec irritation.
La Kindirah roula les yeux et plaça ses mains derrière sa tête pour détendre contre le mur. Fayne l'ignora et se concentra sur son duel qui approchait. Fiara écrasait ses ennemis avec facilité. Environ trois apprentis sur quatre recevaient des félicitations de la dragonnière rouge. Pour ce qui est du reste...
— Je crois qu'ils ont raté leur examen, chuchota Fayne aux oreilles d'Azéna.
Enfin vint le tour d'Arièlla. C'était la seule à avoir réussi à atteindre Fiara avec une attaque. Malgré tout, l'adulte avait absorbé sa boule de feu et l'avait réfléchi contre elle. La jeune Valkirel s'était écrasée au sol, ce qui conclut le duel.
— Tu seras une excellente élémentaliste, complimenta Fiara avec un large sourire aux lèvres.
Malgré la flatterie de sa supérieur, Arièlla resta rouge de rage. Elle se releva, les poings crispés sur eux-mêmes, et elle retourna à sa place contre le mur.
— Azéna Kindirah, appela Fiara, convoque ton dragon.
— Bonne chance, souhaita Fayne à son amie.
Azéna s'avança au milieu de la salle et s'arrêta directement devant son adversaire de duel.
Un sifflement retentit puis, un rugissement. Tyrath s'agrippa férocement à la fenêtre ouverte, pénétra dans la salle en grognant, jeta un coup d'œil méfiant autour de lui. Enfin, il approcha sa dragonnière. Il déposa son museau sur son épaule et fixa Fiara de ses yeux violets à la pupille amincie. Ses narines se dilatèrent et un flot d'air en jaillit.
— Voyons voir, dit Fiara en se mettant en position défensive. Attaque-moi, jeune dragonnière grise.
Tyrath inspira au maximum de capacité que ses poumons lui permirent. Fiara l'observait avec intérêt et c'était de même pour lui. Azéna se concentra alors qu'il se prépara à relâcher son attaque. Elle tendit ses mains vers l'avant.
— Vas-y ! lui signala-t-elle.
Il exhala un flux d'air puissant et la sphère virevoltante se stabilisa entre les mains d'Azéna. Cette dernière donna un coup sec des bras, projetant l'attaque. Fiara l'évita avec aise et contre-attaqua avec une boule de feu qu'elle créa sans aide. Azéna en fut profondément impressionnée, car aucun jeune dragonnier de son âge ne pouvait le faire. Ses sentiments furent sa défaite. Déconcentrée, elle reçut la sphère enflammée à l'abdomen.
Avant que trop de dommage fut causé, elle étendit le feu qui léchait l'uniforme de la victime.
Azéna se releva et signala à Tyrath de produire un autre flux de vent. Celui-ci obéit. Sa dragonnière lança la nouvelle boule tourbillonnante en direction de Fiara qui l'esquiva encore une fois. Comme la dernière fois, la maîtresse contre-attaqua et le résultat en fut identique.
— Une autre, murmura l'archère au drake argenté.
Encore une fois, il obéit.
Azéna lança la sphère d'air en direction de Fiara qui l'imita. Impulsive, elle réalisa trop tard ce qu'elle risquait de créer : une explosion. Heureusement, les attaques élémentaires ne se touchèrent pas.
Tendue, elle se jeta au sol afin d'éviter la boule de feu. Elle sentit la chaleur des flammes passée juste au-dessus de sa tête. Heureusement, seuls quelques cheveux furent brûlés.
Du côté de l'ennemi, la sphère de vent avait frappé Nigith au museau. Son visage se crispa de colère et elle posa ses yeux menaçants sur Azéna. Elle grogna, révélant une rangée de dents acérées.
— Il va attaquer, avertit une voix qui résonna dans la tête de la rebelle. Contre-attaque, immédiatement !
— Qui est là ? demanda-t-elle tout haut, outrée par cette intrusion de son esprit.
Elle se releva et produisit une quatrième sphère de vent. Elle la lança en direction de Fiara qui projetait une boule de feu. Les deux éléments se heurtèrent puis déclenchèrent une violente explosion.
— Attention ! hurla Zarak.
Aveuglée, Azéna recula jusqu'au moment où quelque chose de solide obstrua son chemin. La fumée se dissipa lentement. Une grande partie du mur extérieur s'était écroulé. Un dragon bleu, le partenaire de Magar, avait protégé plusieurs victimes grâce à un mur d'eau glacée.
— Tu passes ! s'exclama Fiara avec fierté.
— Très énergisant, dit Magar en ajustant ses lunettes pleines de buée.
— Je ne trouve pas cela très amusant, grogna Zarak.
Le maître à la chevelure blonde se pencha vers Murun et lui murmura quelques mots. Le Deuxième Sage sourit faiblement et acquiesça.
Magar éteignit les dernières flammes avec l'aide de sa dragonne. Eldarytzan, étant lui aussi un hydromancien, s'était aussi mis à la tâche.
On poussa Azéna vers l'avant. Lorsqu'elle se retourna, elle aperçut une Arièlla autant frustrée qu'amusée. Avec un poing fermé, la demi-elfe lui donna une tape amicale sur l'épaule.
— Très beau spectacle, mais, venant de ta part, ce n'était rien d'imprévisible.
La Kindirah vacilla légèrement et lança un regard taquin à son amie. Elle retourna à sa place accotée au mur. Tyrath poussa un rugissement victorieux et sortit de la salle pour laisser place au prochain dragon.
— Il n'y a personne de blessé alors, continuer, signala Murun en accordant un hochement de tête à Fiara.
Il semblait légèrement inquiet, mais ne dit rien de plus.
C'était au tour de Fayne et Buhrik. Ils réussirent sans problème à créer leurs boules d'eau et à les lancer vers Fiara. Cette dernière les esquiva tous sans contre-attaquer.
— Très bien, Fayne et Buhrik. Vous passez.
— Je crois que Fiara a appris sa leçon, ricana faiblement Azéna en guise d'Arièlla.
Teriondil et Ella avaient un peu plus d'expérience et donnèrent un peu plus de fils à retordre à l'adulte. Celle-ci gagna le duel après quelques attaques et complimenta l'elfe des bois qui ne réagit pas à ses flatteries. À la place, il remercia Ella pour son aide, retourna à sa place et fixa le ciel, semblant se perdre dans ses songes.
Lorsque vint le temps de quitter la salle des duels, les maîtres capables de contrôler le mana entamèrent la reconstruction du mur qui avait été endommagé par l'explosion. Azéna, accompagnée de Fayne, Teriondil et Arièlla, partit directement en direction du Hall d'Archlan où un festin attendait les apprentis.
Toute la soirée, elle tenta de contacter Turion au travers de ses pensées, mais en vain. Fayne se rendit vite compte de la distraction inhabituelle de son amie et lui posa des questions. Celle-ci refusa de lui révéler ce qui s'était passé.
Juste avant de tomber endormie, la Litfow lui demanda encore une fois si tout allait bien.
— Ça va, Fayne, grogna Azéna en se retournant face au mur pour éviter le regard de la brunette.
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