20 - Réminiscence de neige fraîche
32e jour de la saison de la lune 2448
C'était un jour de repos. Pas de cours, pas d'entraînement. Fayne sentit son esprit s'éveiller tranquillement à la douceur de l'aube. Elle s'étira, ses couvertures ordonnées exactement comme quand elle s'était endormit. Elle ne bougeait pas beaucoup dans son sommeil, contrairement à Azéna qui semblait toujours se chamailler avec des ennemis imaginaires, spécialement depuis sa séance disciplinaire. Parfois, cette dernière marmonnait et gémissait des dires incompréhensibles.
Ce matin-là, elle avait les fesses qui pointaient vers le plafond, le visage plongé sous son oreiller et elle ronflait doucement. Un peu plus et elle se mettait à baver. Elle avait dû être affligée par des cauchemars encore une fois, mais elle ne partageait jamais de détails.
— Bordel, Azéna, murmura Fayne, complètement ébahie par le comportement de son amie et ceci, même lorsqu'elle était inanimée.
Lors d'une journée d'entraînement, elle devait normalement se préparer et lutter pour qu'Azéna se lève à un temps raisonnable. Un jour comme celui-ci, elle se levait tôt avec le deuxième soleil, prenait son petit-déjeuner, avait le temps d'étudier ou d'effectuer des recherches et dans l'après-midi, Azéna sortait enfin de son interminable sommeil.
Elle était reconnaissante pour les jours où elle pouvait porter ses vêtements personnels qui lui donnaient l'ombre d'une impression qu'elle était chez elle, de retour à Nothar dans la taverne de son père : la Corne Blanche. C'était l'établissement la plus joyeuse de toute la ville. On y servait de la bière artisanale brassée localement, des amuse-gueules préparés sur place et les troubadours faisaient danser les clients. Là, Azéna, sacré Azéna, essayait toujours, en vain, de la convaincre de lui dénicher un peu d'alcool pour qu'elle essaie. En vérité, elle la refusait car les avertissements de son père à propos de cette substance l'inquiétaient.
— Certains individus se laissent dominés par l'alcool et bien souvent, cela amène à des conséquences insidieuses, grognait Lyran chaque fois qu'il nettoyait un dégât causé par un ivrogne. C'est du pur hasard semble-t-il, ma p'tite. Ces pauvres cons ont juste un don pour ça. La triste vérité est que cela dépend simplement de s'ils nourrissent le dragon."
Le dragon. C'est ainsi qu'il surnommait le mal et agissait comme si tout le mauvais dans ce monde émanait de la créature. Il craignait les dragons et les appelaient des destructeurs. Souvent, les bardes racontaient des histoires de chasseurs de dragons et il les acclamait. Fayne se demandait s'il accepterait Buhrik.
Et aussi, elle n'aimait pas l'intérêt qu'Azéna démontrait pour la boisson. D'ailleurs, elle aurait voulu que son père cesse d'en vendre. Prendre soin de cette taverne l'exténuait et il prenait de l'âge. Elle craignait qu'un terrible accident se produise.
De la cuisine, elle alla dénicher un gâteau d'anniversaire pour Azéna et un déjeuner garni de fruits, avec un œuf et un peu de pain pour elle. Elle avait refusé le jambon. Ça lui rappelait de quand son père avait abattu leur chèvre domestique pour se faire un peu d'argent et qu'elle en avait mangé un bifteck sans savoir que cette viande était son amie. Depuis, elle n'avait tout simplement jamais eu le cœur de manger de la chair.
Le dessert était petit et modeste, car les cuisiniers ne pouvaient pas se permettre de dépenser trop de temps pour une requête personnel, mais c'était le favoris d'Azéna : un gâteau au fromage à la citrouille sans cuisson. C'était un classique daigornien. Les citoyens qui pouvaient se le permettre en profitaient à tout moment car les citrouilles y poussaient pendant la majeure partie de l'année. Elle le cacha dans le placard de leur chambre et dégusta son déjeuner en étudiant.
Puis, elle retourna à la salle commune où elle trouva Teriondil parmi d'autres apprentis. Elle avait lu dans un livre que les elfes des bois ne célèbrent pas les anniversaires. Elle ne savait pas comment lui expliquer, lui qui était occasionnellement un peu lent d'esprit.
— Viens dans notre chambre, murmura-t-elle dans son oreille, tentant de se faire distraite.
Le garçon, le regard songeur, mit un peu de temps à répliquer :
— Umm... qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Était-ce un sous-entendu pervers ? C'était une possibilité scandaleuse, même grossière. Malgré cela, une image d'eux en train de s'enlacer sensuellement se manifesta dans sa tête. Elle hoqueta, secouant ses esprits. Ses joues virèrent au rouge et elle détourna le regard.
— Ah, non! Pas ça, idiot ! hurla-t-elle. On veut juste... On veut juste... Puis, tu sais quoi !? Ben...
Honteuse, elle inspira profondément et sentit son cœur se calmer.
— J-juste, viens passer du temps avec nous. Ça va être juste comme d'habitude. Je t'invite.
Quelques apprentis levèrent un sourcil curieux, mais sans plus. De son côté, Teriondil parut inquiet pour son amie, mais il ne tarda pas à sourire gracieusement.
— Ça me va.
— Honnêtement, je crois que tu n'as même pas compris ce qui vient de se passer.
— Moi ? Non, je ne crois pas. Toi, qu'en penses-tu ?
La jeune Litfow se frappa le visage de sa paume ouverte tellement elle n'en revenait pas de comment cet elfe pouvait être niais.
— Laisse tomber et viens avec moi, soupira-t-elle.
Elle se précipita à l'étage et dans sa chambre après avoir vérifié qu'il n'y aurait aucun témoin qui se cachait à proximité qui aurait pu reporter qu'un garçon avait visité les dortoirs des filles. Les fesses toujours pointées vers les cieux, Azéna avait poussé la dernière couverture qui lui restait au sol.
— Pauvre petite, dit Teriondil, bienveillant. Elle doit avoir froid.
Sans plus tarder, il se redressa les épaules, se sépara un peu les jambes comme s'il cherchait à se faire plus solide et se concentra. La couverture la plus épaisse se mit à flotter jusqu'à au-dessus d'elle et la couvrit délicatement. Le mana dans l'air était à peine visible, de simples filaments qui serpentaient posément, émanant une lueur.
Chaque fois que l'elfe sylvain faisait usage de sa magie, Fayne sentait une vague de frissons lui traverser le corps et une boule de chaleur se former dans son ventre. Elle reconnaissait ce sentiment qui se manifestait lorsqu'elle se sentait attiré par un garçon. Ce n'était néanmoins pas assez pour obtenir une place spéciale dans son cœur. Teriondil avait beaucoup de bonnes qualités et un physique exotique et captivant, mais elle n'éprouvait que de l'amitié envers lui. Honnêtement, s'imaginer être sa femme l'exaspérait.
Azéna baissa enfin son postérieur et se roula sur le dos, les jambes écartées. Encore une chance qu'elle portait des sous-vêtements et qu'il y avait une couverture qui cachait le tout. Elle poussa un dernier ronflement sonore, puis elle ouvrit un œil paresseux.
— Tria, j'veux pas jouer à la poupée, marmonna-t-elle. Va te perdre quelque part et restes-y.
Elle tira son oreiller qui heurta Fayne en pleine figure. Cette dernière grogna légèrement alors que Teriondil rigola.
— Bien visé, Azéna, complimenta-t-il chaleureusement.
Ce n'était pas la première fois qu'Azéna la prenait pour un membre de sa famille adoptive lorsqu'elle était à moitié endormie. De plus, bien souvent, lorsque ça se produisait, elle changeait et s'avérait grossière. Se sentait vengeresse, Fayne frappa le lit de ses poings.
— Bon anniversaire, Zé ! hurla-t-elle.
Secouée, Azéna se leva d'un bond, se coinça le pied dans la couverture et tomba à la renverse de son lit. Pendant un instant, elle ses yeux écarquillés fixaient devant elle, semblant confuse. En peu de temps, son habituelle irritation matinale reprit le contrôle.
— Calice, c'est quoi ton problème !? vociféra-t-elle, se redressant pour se faire paraitre plus intimidante.
Fayne retenu un rire alors qu'un sentiment victorieux lui pompait le cœur de bonheur. Elle tassa une mèche rebelle de son beau visage illuminer d'un sourire bienveillant.
— Allons, relaxe. J'ai une surprise pour toi.
— J'espère pour toi que cette surprise vaut mon sommeil perdu, ronchonna sa colocataire de chambre qui se croisa les bras en se levant, peu impressionnée.
Fayne se plaça devant la garde-robe et se pencha en tentant de dissimuler le gâteau ainsi que la boîte qui contenait le cadeau. Alors qu'elle se préparait à soulever la pâtisserie, elle entendit un grincement aigu qui lui glaça le sang.
Elle en connaissait trop bien la cause : Tyrath, la menace de vent.
— Mon gros bébé gâté ! s'écria Azéna qui avait soudainement retrouvée la joie en elle.
Décidément, la présence de ce dragon était le miracle que Fayne avait de besoin pour la distraire. Elle se vira avec le gâteau entre les mains. Enroulée dans sa couverture, la Kindirah ouvrit la fenêtre d'un geste emporté. Un vent glacial se dispersa dans la chambre et soudainement, on se serait dit dans une autre réalité. Fayne faillit laisser tomber le gâteau tellement son corps fut choqué par le changement soudain de température.
— Mais ferme la fenêtre ! se lamenta-t-elle.
Azéna ne portait même pas attention à elle. Elle s'était mise à gratter le menton de Tyrath qui ronronnait déjà comme un gros chat épanoui. Excité, ce dernier finit par donner des petits coups de queue qui fit le lit de Fayne craquer. La brunette soupira, réalisant qu'elle allait devoir prendre les grands moyens. Elle détestait le faire.
C'était toujours comme ça : Tyrath rendait visite à Azéna et une fois à l'intérieur, il se tournait et sa queue ou son gros postérieur ruinait son lit.
— Je t'en pris, Tyrath, fait comme chez toi, grogna-t-elle avec sècheresse, sentant sa patience s'écouler lentement comme une douce torture.
Il accepta l'invitation et s'allongea sur le dos dans son lit pendant que sa dragonnière lui chatouille le ventre.
— Sérieux là..., murmura Fayne avec désespoir.
Juste au moment où son amie se préparait à passer à l'action, Azéna ferma enfin la fenêtre. Elle se frappa les hanches de ses poings mous comme si elle regagnait son courage et ensuite, elle lui fit face. Lorsqu'elle aperçut le gâteau, ses yeux brillèrent avec gloutonnerie.
— Oh, Aspérule Blanche ! Où as-tu déniché ça ? C'est plutôt sucré ou légèr...
Face à cette réaction enthousiaste, Fayne n'avait plus l'envi de la défier, mais elle se sentait encore taquine.
— C'est légèrement épicé, lui assura-t-elle avec un sourire de prouesse aux lèvres. Exactement comme tu les aimes.
— Excusez-moi, dit Teriondil en levant un doigt. Quelle est l'intention de ce gâteau et de la boîte derrière Fayne ?
Et voilà : il venait de ruiner la surprise. Fayne soupira puis, elle remarqua une tache bleue qui scintillait sur un perchoir dehors à proximité de la fenêtre. Buhrik roula ses ailes autour de son corps qui tremblait de froid, paraissant navré. Il était au courant de la situation et avait sûrement tenté de retenir Tyrath. La brunette le remercia pour ses efforts d'un signe de tête. Le dragon aux écailles azures acquiesça et s'envola.
— Il y a une boîte ? questionna Azéna, complètement niaise.
Elle fit une pause, fixant sa colocataire avec intrigue.
— Oh ! Un cadeau de fête ! réalisa-t-elle.
Elle avait ignoré la question de l'elfe sylvain et n'avait visiblement que le cadeau en tête.
— Attends un peu que je réponde à Teriondil, ronchonna Fayne. Franchement, tu es une véritable enfant. On va espérer que devenir une femme va te bouger le cerveau un peu.
Azéna grogna et croisa les bras, visiblement inconfortable avec le fait qu'elle était devenue une adulte, enfin d'après les normes daigorniènnes. Fayne soupira, reconnaissant qu'elle avait été blessante et offrit un petit sourire désolé à son amie.
— Pardonne-moi, Zé.
L'archère fronça les sourcils, ne répondit pas, mais afficha un subtil sourire en coin qui en disait plus long que le reste.
— Moi, je trouve que vous avez un dedans gracieux, exprima Teriondil avec un air ingénu. Dis, je peux goûter au gâteau ?
L'herboriste éloigna le dessert des trois loups affamés qui le zieutait avec envie.
— De toute façon, laissez-moi expliquer à Teriondil l'intention derrière le gâteau et la boîte, supplia-t-elle.
Tous les regards se fixèrent sur elle. Satisfaite, elle continua :
— C'est la tradition de notre peuple de célébrer les anniversaires de naissance, car parfois, vivre est un exploit en soi. On donne un cadeau et on mange du gâteau et ceci, entourés d'êtres chers. On laisse la personne qui fête son anniversaire recevoir une part du gâteau en premier. Comme ça, elle peut choisir exactement ce qu'elle désire. C'est juste une façon de gâter un peu.
Teriondil se caressa le menton, murmura quelques mots dans une langue incompréhensible puis il s'assit sur le plancher dans un coin.
— Tout ça m'est un peu étrange, avoua-t-il. Les miens ne célèbrent pas l'âge. Pour nous, ce n'est qu'un chiffre et ça importe peu. C'est un peu ridicule comme concept, je trouve. Il y a plein de choses bien plus dignes de célébrer telles que la vie d'un bien-aimé déchu, la nature, l'éveil d'un proche...
Fayne se sentait émoustillée par la différence de culture entre les daigorniens et les elfes des bois. Ces êtres étaient fascinants.
— Vous offrez des cadeaux ? questionna Azéna avec curiosité.
Sa famille, étant noble et riche, lui avait malheureusement appris que les offrandes étaient de plus grande importance. C'était imprimé dans son subconscient, qu'elle le réalise ou non.
— Laisse tomber les cadeaux, rétorqua la Litfow. Qu'est-ce que tu veux dire par « l'éveil d'un proche » ?
Teriondil ferma les yeux et sa respiration ralentit comme lorsqu'il méditait.
— La possession de matériaux n'est pas importante. On célèbre en démontrant notre joie ; souvent en dansant, en fumant, en méditant, en courant dans la forêt avec la faune, en faisant l'amour...
Alors qu'il se perdit dans ses pensées, les demoiselles échangèrent un regard autant intrigué que choqué. Fayne avait songé à danser et à l'acte sexuel dans le passé, mais pas au reste. Elle sentit le bout de ses oreilles chauffer légèrement. C'était un étrange, mais sublime sentiment. Elle devait se distraire.
— Continue, souffla-elle en tentant de chasser ses pensées qu'elle considérait impures et inacceptables, mais si tentatrices.
— Parfois, nous utilisons notre magie pour venir en aide aux animaux et à la nature quoique leurs besoins soient, dit Teriondil.
Il fit une petite pause, songeant pour un moment.
— L'éveil ! s'exclama-t-il soudainement avec plus d'entrain. L'éveil est un état d'esprit. Nous caractérisons quelqu'un d'éveiller lorsqu'il fait preuve de maturité, d'ouverture d'esprit et de calme. C'est un peu comme une pureté d'âme que nous travaillons tous à atteindre. Vous voyez, il n'y a aucune loi, aucune restriction, aucune autorité chez nous... Cette liberté peut devenir la source de calamités si la corruption s'installe dans nos cœurs. Heureusement, la plupart d'entre nous atteignent l'éveil à un moment donné. J'y travaille encore. Je ne suis qu'un jeune bambin comparé à nos ancêtres.
— C'est une si belle façon d'être, complimenta Fayne avec émerveillement.
Elle jeta un coup d'œil en direction d'Azéna et se questionna sur ce qu'elle en pensait. Celle-ci semblait perdue dans ses pensées et son regard paraissait paisible. Sachant comment elle détestait toute forme de prison ou de restriction que ce soit mental ou physique, elle se doutait bien qu'elle approuvait tout cela.
— Mais bon, dit Teriondil sur un ton nonchalant, je n'ai pas de cadeau pour ton anniversaire. Je ne savais pas... J'aimerai bien participer à votre échange culturel pour savoir comment on se sent lorsqu'on est émergé dedans et pour en apprendre plus à propos des vôtres.
Il leva un doigt encore une fois.
— Je reviens sous peu.
Il se leva et sortit de la chambre.
Lorsqu'il revint quelques minutes plus tard, il tenait un capteur de rêves avec la douceur d'un parent. L'objet était composé de bois elfique, le tout décoré de plumes iridescentes et de bibelots étranges pendus à la toile. Il le tendit à Azéna, un peu comme un enfant incertain le ferrait.
— Pour ton anniversaire, car ton sommeil est agité. Je le remarque... Tu sais, tu passes beaucoup de nuits en ma présence. Ce capteur de rêves purifiera tes cauchemars et calmera ton esprit. Tu sais que j'adore nos séances nocturnes ensemble, mais tu dois dormir.
Un nœud à la gorge obstrua légèrement la respiration de Fayne qui appréciait sa bienveillance. Elle remarqua une lueur au coin de l'œil droit d'Azéna.
— Merci, dit la rebelle d'une voix qui faillit se briser sous le poids des émotions. C'est magnifique, vraiment.
Elle le serra brièvement et attacha le capteur de rêves au-dessus de son lit sous le regard de ses amis. Teriondil parut particulièrement fier de lui.
— J'espère sincèrement que ça va t'aider.
— J'en suis certaine, répliqua la Kindirah en retournant zieuter le gâteau entre les mains de Fayne. Maintenant, à table !
Elle tenta d'attraper le dessert pour l'attirer vers elle. Mais Fayne le posa sur sa table de nuit et lui fit signe de patienter. Elle récupéra la boîte de sa garde-robe et le lui tendit.
— Je suis convaincue que tu vas apprécier... Possible que tu me boudes un peu aussi, mais ça passera vite.
Azéna leva un sourcil, suspicieuse, et ouvrit la boîte pour en ressortir une petite toile protégée d'un cadre en métal. C'était plus lourd qu'elle pensait. Assez maladroitement, elle la vira sur le côté pour qu'elle soit en orientation paysage. Immédiatement, elle poussa un hoquet de surprise.
— Fayne... N'avais-tu pas renoncé au dessin et à la peinture ?
— Je sais que tu affectionnes mon art, même si je trouve que je ne suis pas aussi talentueuse que toi et Papa le réclamez. Bandes de rigolos.
Azéna la fixait comme si elle avait dit la plus terrible des bêtises.
— De toute façon, j'espère qu'il est à ton goût, continua-t-elle en l'ignorant. J'ai pensé que ça t'apporterait un sentiment de nostalgie, mais avec une tournure plus récente.
— Tu plaisantes. C'est un chef-d'œuvre ! Et c'est nous !
La rebelle, un grand sourire au visage, admira la pièce d'art avec Tyrath et Teriondil qui s'étaient placé la tête par-dessus son épaule. Le drake avait une lueur d'émerveillement dans ses yeux reptiliens alors que l'elfe des bois approuvait d'un hochement de la tête.
Ensuite, Azéna posa le cadre sur sa table de nuit, derrière le gâteau. On pouvait maintenant apercevoir une peinture détaillée d'une bande d'amis qui faisait les fous dans la neige fraîche. La coquinerie aux lèvres, le dessin d'Azéna se préparait à lancer une boule de neige vers Tyrath qui essayait de dévorer les flocons qui tombaient du ciel. Mais la vedette du dessin était Fayne qui se trouvait derrière Azéna et était sur le point de lui faire subir le même sort. Enfin, Buhrik paraissait peu impressionné de tout cela. Il était assis, le dos bien droit, au sommet d'une modeste colline. C'était vraiment une scène amusante, débordant de joie.
— J'vais me venger, promis l'archère avec un air défiant. Enfin, j'vais venger le dessin de moi du dessin de toi par te punir toi. Tu me comprends, pas vrai ?
— T'es une idiote, ricana Fayne.
Elle se tourna vers Teriondil qui n'avait pas dévié son regard hypnotisé par la peinture.
— Mais j'y pense, pourquoi tu n'étais pas au courant pour la tradition humaine des anniversaires ? Ce n'est pas ta première année d'entraînement ici.
— Oh, tu sais, j'étais plutôt solitaire durant ce temps, avoua l'elfe.
Sur le coup, elle se sentit coupable. Elle ne désirait pas évoquer des souvenirs tristes chez lui.
— Je suis désolée, Teri.
— Pourquoi donc ? demanda-t-il, prenant une gorgée de son thé.
Ce geste prit Fayne par surprise. Quand avait-il emmener sa théière?
— Oublie ça, conseilla Azéna, enthousiaste. Mangeons !
La Litfow récupéra des ustensiles et des assiettes qu'elle avait empruntés de la cuisine. Même Tyrath eut droit à une petite part qu'il dévora en une bouchée en poussant des grognements de satisfaction.
— C'est si délicieux ! couina Teriondil dans une extase buccale. Les cuisiniers vraiment talentueux. Mes compliments au chef ! Ces délicatesses n'existent pas par chez moi.
— Quelle horreur ! compatit l'archère qui avait une dent pour le sucre. Pauvre toi !
Durant le bref moment pendant lequel son attention est centrée sur lui, elle ne remarqua pas que Tyrath avait mangé sa part de gâteau sous son nez. Lorsqu'elle piqua sa fourchette dans le vide, elle baissa le regard vers son assiette sale, puis vers lui qui avait le bout du museau nappé de crème orange.
— Tu vas regretter ça, mon vieux !
Elle bomba le torse pour se faire paraitre plus large. Son compagnon de vie accepta son défi d'un reniflement hautain.
— Tel dragonnier, tel dragon, soupira Fayne qui se rappela les paroles de Buhrik. Une chance qu'ils soient adorables.
— J'suis complètement en accord, balbutie Teriondil qui avait la bouche pleine de gâteau.
La Litfow secoua doucement la tête, déposant une deuxième part dans son assiette. Ces idiots la rendaient folle, mais bordel qu'elle les aimait. Ils rendaient son séjour à Archlan bien plus lumineux.
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