16 - Discipline en cage
2e jour de la saison de la mort 2447
Les sourcils froncés et les bras croisés, Maître Ruvior fixa Azéna avec sévérité. Des deux punies, c'était elle qui l'avait affronté verbalement et cela, à multiples reprises. Encore une fois, elle se tenait devant lui. Bien qu'elle fût au bord de défaillir, elle le fusilla de son regard colérique et défiant. Il sourit et s'avança vers Arièlla qui gisait toujours au sol. Azéna lui barra la route, titubant devant la blonde, et ouvrit les bras.
— Tu feras une courageuse dragonnière, l'adulte complimenta. Attention. Il est inutile de sacrifier sa vie lorsque nos actions sont vaines.
D'une force brutale, il poussa l'archère au sol. Cette dernière se retrouva à quatre pattes. Il se contente d'observer les demoiselles, tout simplement.
Azéna lutta contre sa fatigue et tenta de se relever. Ses muscles étaient tendus et abattus par la douleur poignante. Malgré tout, elle refusa de se laisser marcher dessus, de se faire abattre comme un animal, mais son corps ne lui obéissait plus. Elle grogna et secoua la tête. Elle tenta de se relever en vain.
— La colère n'est nullement la solution, affirma Reaginn, sa voix mielleuse provenant de sous son capuchon. Tu as encore beaucoup à apprendre, Apprentie Kindirah.
— Alors, pourquoi toute cette violence ? Nous sommes vaincues. Par pitié, cesse. Nous avons appris notre leçon. Nous nous comporterons bien.
— Qu'on le veuille ou non, la violence est présente dans ce monde et c'est parfois nécessaire. La colère et la violence sont deux choses entièrement différentes. Tu n'as pas besoin de détester quelqu'un pour le frapper comme tu peux ressentir de la haine, mais utiliser la diplomatie pour trouver une entente. Souviens-toi que les actes d'une personne ne sont pas nécessairement reliés à ses sentiments.
Ce bref discours prit Azéna au dépourvu. C'est à ce moment qu'elle réalisa qu'elle avait toujours agi selon ses sentiments. Si c'était bon ou mauvais, elle n'en était pas certaine, mais elle avait été honnête et vraie.
— Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la question de ce soir, continua l'homme aux allures sombres avec une touche de déception dans sa voix. Suivez-moi.
La Kindirah utilisait le peu d'énergie qui lui restait pour forcer ses yeux à demeurer ouverts. Le froid mordait sa peau fragile. Elle voulut les retirer du sol gelé, mais elle savait que si elle faisait ça qu'elle risquait de s'écrouler. À ses côtés, Arièlla avait succombé à l'inconscience. Reaginn s'approcha d'elle et se pencha pour l'examiner. Son expression faciale engouffré dans l'ombre de son capuchon, il était impossible de percevoir ses émotions.
— Vous êtes impressionnantes, avoua-t-il en se retournant vers Azéna. Tu as beaucoup de cœur et ton amie...
— Elle n'est pas... mon amie..., coupa l'archère, offusquée par cette présomption.
— Arièlla possède l'expérience au combat que tes compagnons de premier cycle, incluant toi, n'avez tout simplement pas.
— Elle a grandi ici, marmonna Azéna qui ne pouvait plus combattre le violent étourdissement qui l'accablait. C'est... injuste...
Ce qu'elle assuma être la réponse de Reaginn n'était que bredouillements incompréhensibles. Tout devint floue. Elle ne sentait un engourdissement qui rongeait le bout de ses membres. Chaque respiration était une nouvelle montagne à escalader. Cette simple tâche en était trop. Ses poumons en demandaient trop. L'obscurité engloutit ses sens et sa vision.
✦×✦
Azéna cligna des yeux, enfin c'est ce qu'elle crut avoir fait. Elle n'y voyait rien. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé. Tout semblait si floue, incompréhensible. Elle sentit une main qui soutenait son visage. On la souleva doucement. Puis, le froid qui l'agressait fut adouci par une chaleur réconfortante. Elle s'y accrocha comme si sa vie en dépendait. Elle rogna, capable de rien d'autre.
À nouveau, l'inconscience triompha.
✦×✦
Combien de temps s'était écoulé depuis son deuxième évanouissement ? Azéna n'en avait aucune idée. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était gelée et épuisée. Elle resta pourtant éveillée, frissonnant un long moment. Ses yeux s'ouvrirent enfin et sa vision branlante se stabilisa lentement. Elle aperçut un visage et elle sursauta ce qui stimula ses sens. Devant elle, Arièlla dormait profondément sur le plancher de pierre froid.
Elle leva la tête pour scruter où elle se trouvait. Visiblement, elle n'était plus dans la salle de torture. Cet endroit était plus petit et entièrement vide. La pénombre de la pièce était lourde, donnait une impression d'étouffer. Une douleur provenait des mains tournantes au bleu de l'aéromancienne. Elle souleva son corps à l'aide de ses bras tremblants et réussit à se mettre sur ses genoux.
— Où... ? Où suis-je ?
— Ah, dit une voix qui provenait de derrière elle. Debout, jeune dragonnière grise.
Remémorant sa situation, Azéna sentit ses muscles se crispés. Elle fit volte-face et plaça son bras devant elle de sorte qu'il lui serve de bouclier. Un homme encapuchonné se tenait bien droit devant elle, des barreaux épais les séparant. Il était immobile sauf pour sa respiration constante. Les traits de son visage qui étaient visibles paraissent relaxes.
— R-reaginn! glapit l'adolescente.
Paniquée, elle jeta un coup d'œil autour d'elle à la recherche de n'importe quoi pour l'aider. Il devait bien avoir une sortie.
— Tu es dans une cellule de la prison du Donjon, répondit Reaginn, les bras croisés nonchalamment. Tu ne peux pas t'échapper.
La vérité frappa Azéna comme la foudre. Elle était dans une cage, prise au piège avec cet espèce de sadique. Un nœud se forma dans son estomac et elle faillit vomir ses émotions.
Dos à une lanterne accrochée au mur dont la flamme crépitait faiblement, le visage de l'homme lugubre était voilé par la noirceur. Il semblait insisté à cacher son humanité.
Un violent mal de tête agressa l'archère soudainement. L'avait-on frappé à la tête ? Elle ne s'en souvenait pas. Elle ferma un œil en espérant atténuer la douleur et fixa son tortionnaire de l'autre. Elle avait envie de grogner, mais elle n'osa pas.
— Pourquoi sommes-nous ici ?
— Vous êtes mes prisonnières jusqu'à ce que vous trouviez la réponse au problème ou jusqu'à ce que votre séance disciplinaire se termine, soit dans deux jours, répondit Reaginn.
— C'est ça les grands moyens ? Nous enfermer ?
— Absolument pas.
Azéna crut apercevoir un sourire en coin se former sur les lèvres du maître du donjon. Elle voulait s'enfuir, mais elle désirait aussi le tabasser.
— Bonne nuit, dit-il.
Il emprunta le corridor de droite et disparut, sa longue cape traînante derrière lui.
— C'est tout !? tonna Azéna, les joues rougies de rage. Hé ! Reviens, espèce de...
Sa confiance vacilla. Ses traits s'adoucirent momentanément.
— ... d-de lâche !
Elle se sentit soulagement lorsqu'elle fut assurée qu'il était bel et bien parti et leur avait laissé une source de lumière, même si ce n'était pas grand-chose.
Normalement, elle ne craignait pas le noir, mais dans ce cas-ci, elle était conscience que devenir aveugle était bien trop dangereux. Reaginn lui avait confirmé qu'être enfermé dans une petite cellule n'était pas les grands moyens et cela l'inquiétait. Il allait se passer quelque chose de plus horrible encore.
Arièlla était toujours inconsciente. Elle s'était battue férocement, peut-être pas dans le but de la défendre, mais au moins, sa performance avait été valeureuse comparé à la sienne. Azéna n'allait pas durer longtemps sans elle si elle devait prendre part à un combat. Ça, elle ne pouvait pas prétendre autrement. Reaginn avait raison.
Elle se traîna avec avidité pour s'accoter contre l'unique mur solide de la cellule et posa son regard sur la lanterne. Elle se sentit un peu plus en sécurité. Sa réserve d'énergie se rétablissait lentement et ses mouvements devenaient plus fluides. Malgré tout, bouger était encore douloureux avec un corps parsemé de blessures mineures et d'ecchymoses.
Elle posa sa main sur son bras et sentit une douleur soudaine lui ronger le membre. Elle grimaça et se recroquevilla, le menton sur ses jambes repliées.
— Hé pis merde !!!! rogna-t-elle.
Le problème. Il fallait qu'elle trouve la solution avant de devenir folle ou pire.
Pendant ce qui lui parut plusieurs heures, rien ne se passa. Il n'y eut aucun mouvement suspicieux, aucune activité. Seul le bruit de gouttes d'eau qui tombaient sur le sol animait la place. Ça pesait sur le moral d'Azéna qui n'avait encore aucune réponse.
Au moment où elle s'apprêta à donner un coup de poing au mur, un grognement la distrait. Elle riva son attention sur sa compagnonne qui se roula sur le côté et se gratta le flanc.
— Merde que c'est pas confortable. Pourquoi j'ai pas de couvertures ? marmonna cette dernière.
Elle avait tenté de se lever, mais s'était satisfaite d'une position agenouillée. D'après ses mouvements machinaux, elle devait ressentir de la douleur elle aussi. Elle cligna des yeux pour ajuster sa vision et observa les environs.
— Génial, une prison, ronchonna-elle avec un sarcasme noir. Pourquoi nous a-t-il emprisonnés ?
Azéna lui expliqua ce qu'elle savait ainsi que ce qui s'était passé durant son sommeil.
— Alors, aide-moi à trouver le problème et la solution, termina-t-elle sur une note sévère.
— Tu me demandes de l'aide ? répliqua Arièlla avec ironie. J'avoue que ça me surprend.
— Je te signale qu'on est tous les deux coincés dans ce trou, calice !
Son interlocutrice se leva, secoua la poussière de ses vêtements et alla s'accoter contre le mur, loin d'elle.
— Ça ne t'a pas empêché de démontrer de l'agressivité envers moi dans le passé.
Azéna resta silencieuse en réponse à cette vérité. Elle réalisa qu'elle allait devoir faire la paix avec sa rivale si elle voulait maximiser ses chances de sortir d'ici indemne et au plus vite.
Après avoir avalé sa fierté, elle parla :
— Mon intention n'était pas de causer des ennuis. Je désirais tout simplement faire partie d'une équipe de skotar comme toi.
— Eh bien, commença Arièlla, semblant plus calme, si ça peut te faire plaisir, ma mère...
Elle s'interrompit, fronça des sourcils et pinça les lèvres.
— ... Maîtresse Valkirel, se corrigea-t-elle, ne désirait pas que je me joigne à une équipe de skotar cette année.
— Pourquoi ? questionna l'archère avec étonnement.
— Pour prévenir ce qui s'est passé avec toi. Elle déteste l'injustice et prend son rôle de maîtresse très au sérieux.
— Comment l'as-tu fait céder ?
— Avec un peu d'aide de Maître Valkirel.
— Ton père ?
Le visage d'Arièlla s'empourpra légèrement. Elle entortilla une longue mèche de ses cheveux blond cendré autour de son doigt. Elle soupira en grimaçant, visiblement inconfortable.
— Lui, c'est le contraire de Maîtresse Valkirel. Il préfère faire plaisir plutôt qu'agir professionnellement. D'ailleurs, c'est le seul, mis à part Grand Maître Terenas, puisqu'il est son supérieur, à être capable de la faire changer d'avis.
— Ah, tu as abusé de ta relation avec lui, devina la jeune Kindirah. J'aurai probablement fait pareil, en toute honnêteté. Et puis, Terenas t'aurait empêché si ça avait été un problème, non ?
— Je suppose. Mais, prend en considération que Grand Maître Terenas a été témoins de mon progrès puisque je venais sur le terrain de l'académie pour m'entraîner avec mes parents.
Elle fit une pause, cessant de jouer avec sa chevelure et fixa droit devant, son regard froid, comme si elle s'attendait à voir un ennemi.
— J'étais si excitée de débuter mon cheminement en tant que dragonnière. D'être l'une d'entre eux. La possibilité qu'un dragon ne me choisisses pas m'angoissait. Ce n'était pas aussi aisé que tu ne le crois. Ce sont de lourdes exigences provenant de tous les sens.
Azéna resta bouche bée, perdue dans ses pensées. Elle se contenta de fixer Arièlla avec curiosité. Même cette tête de pioche avait une vulnérabilité et un secret. Maintenant, elle la comprenait un peu mieux et elle se sentait beaucoup moins irritée à son égard.
— Il vaudrait mieux se mettre au travail si on veut sortir d'ici, suggéra la pyromancienne.
— Bonne idée. J'ai essayé, mais je n'ai pas eu de chance. J'y comprends rien.
De retour à la tâche, son cerveau refusait de coopérer. Elle ne réussissait pas à se concentrer. À la place, elle se tourna vers sa compagnonne.
Elle ne tente pas de cacher ses intentions, car l'obscurité dissimulait ses traits. Arièlla l'intriguait en raison de ses origines et de son historique. Même son physique était intéressant : un mélange de deux races. Elle partageait plusieurs traits avec sa mère et quelques-uns avec son père. Elle était différente elle aussi.
— C'est quoi le sentiment lorsque qu'on n'est... enfin...
Elle réalisa qu'elle ne savait pas trop comment traiter quelqu'un de sang-mêlé sans que ce soit contrariant. Lorsque les gens faisaient référence à ça, c'était normalement le but d'être blessant. Elle l'avait éprouvé plusieurs fois, mais dans son cas, l'insulte était liée à sa son sang et non à sa race.
— Lorsqu'on est un hybride, devina Arièlla qui était restée parfaitement sereine.
Azéna rougit et acquiesça, gênée. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle ne comprenne sa question si aisément.
— On me le demande souvent. Dis-moi, comment le saurais-je ? demanda la blonde musclée. J'ai n'ai jamais eu de sang pur dans mes veines. Je ne sais pas comment on se sent dans cet état.
Elle fixa les oreilles de l'aéromancienne et sourit faiblement.
— Le sang... souillé, murmura celle-ci. C'est bien familier et nostalgique.
— Mhmm... Comment se sent-on d'être l'un d'eux, des humains ? C'est ce que j'ai cru entendre que tu étais, mais je suis incertaine.
Comme par réflexe, Azéna effleura la cime ronde de son oreille.
— Je ne sais pas trop, avoua-t-elle. Honnêtement, depuis que je suis dragonnière, j'ai l'impression de m'être trouvée une place dans ce monde. Auparavant, je ne savais pas qui j'étais ni ce que j'allais devenir. Ainsi, l'identité raciale m'importait peu et c'est toujours le cas. Qu'est-ce que ça donne que son sang soit pur et d'appartenir à une famille noble si tu te sens comme une étrangère dans ton propre environnement ?
Elle soupira et évita le regard d'Arièlla pour la suite.
— En toute franchise, je croyais que les elfes n'existaient que dans les contes de fées jusqu'à récemment. De là où je viens, les gens sont coincés dans leur petit monde, tu sais. Ils n'ont aucune idée de ce qui existe en dehors de cette bulle. Ils craignent tout ce qui est différent d'eux. Enfin, pas Fayne. En ce qui me concerne, débarquer ici a été un choc culturel et ça m'a ramené à la réalité.
L'expression de la Valkirel se transforma, passant d'attentive à étonner au fur et à mesure qu'Azéna avançait dans son explication.
— Je ne savais pas...
Aucune d'elles ne prononça un mot pendant un long moment. Le silence devint lourd rapidement. Azéna était complètement gênée par ses propres paroles.
En fin de compte, ce fut la blonde qui craqua la première.
— Tu sais, je comprends que c'est difficile pour toi d'avouer une telle chose.
Éberluée, la rebelle leva les yeux du sol pour les poser sur elle.
— M-mais... Qu'est-ce que tu veux dire ?
Sentait-elle enfin qu'Arièlla abaissait sa garde ? Était-ce possible ? Son cœur battit plus rapidement et une nouvelle vigueur l'enveloppa. Mais un doute avait été semé.
— Ne joue pas l'innocente, répliqua la blonde cendrée en affichant un sourire fugace. Au fond, nous ne sommes pas si différentes. On a le même problème d'entêtement et de fierté. J'ai aussi de la difficulté à faire confiance aux gens, mais j'ai l'impression que ce n'est pas pour les mêmes raisons que toi.
Elle fit une pause et enfin, elle continua avec une pointe d'amertume dans sa voix.
— Tu vois, je suis privilégiée d'avoir des parents qui sont dragonniers et de vivre dans la cité glorieuse d'Atgoren, mais...
Elle marqua un deuxième silence. Cette fois, elle parut lutter contre quelque chose d'émotionnel. On dirait qu'elle se préparait à libérer tout ce qui menaçait de déborder en son cœur.
— Être une sang-mêlé n'est pas si facile que ça, avoua-t-elle d'une voix tremblante. Il faut faire preuve de force et de détermination en tout temps, car les autres te jugent constamment. Les dragons n'en font pas exception. L'héritage est un aspect important pour eux. Souvent, les dragonneaux au sang mêlé se font abandonner ou tuer selon leurs parents.
— Je ne savais pas que les dragons pouvaient être si cruels, glapit Azéna en songeant à ce qui serait arrivé à Tyrath s'il avait été dans cette situation.
— En premier temps, Harath n'était pas exactement ravie de s'être lié avec moi.
— Mais visiblement, elle a appris à t'apprécier. Elle est si protectrice de toi. Je peux le percevoir sous sa carapace de dure à cuir.
— C'est un mécanisme de défense qui t'est familier.
La Kindirah se mit à bafouiller sans trop savoir comment répliquer. Elle détourna le regard et changea le sujet de conversation.
— La vie est une longue aventure, mais elle est aussi une jungle. Dans chaque situation, on est soit la proie ou le prédateur. Mon père m'a souvent répété qu'il faut régner ou se soumettre pour survivre, mais je n'y crois pas. Je n'ai envie d'aucun. Alors, je me bats pour ce que je crois et ce qu'importent les conséquences.
Arièlla sourit avec détermination. Quelque chose en elle semblait avoir changé. Elle démontrait plus de respect dans sa manière d'agir.
— Ça me semble une belle, mais difficile alternative. Le pacte des Gardiens d'Aerinda nous soumet à une autorité, mais au moins c'est pour de bonnes causes et c'est volontaire.
— Tant que c'est notre propre choix, ronchonna Azéna, soudaine inconfortable avec ce qui était dit.
Un couinement retentit dans la salle.
— Shh ! siffla la Valkirel, soudainement en état d'alerte.
L'infâme bruit causé par ce qui semblait être un rongeur continua par brèves intermittences et devenait de plus en plus puissant. D'autres se joignirent à l'original. Ils s'approchaient.
Les punies se levèrent d'un bond maladroit, leur corps toujours fatigué. Stressées, leurs regards se promènent un peu partout.
— Ça met fin rapidement à une conversation profonde ça, dit Arièlla en tirant sa cape dans un coin. Débarrasse-toi de la tienne. Ça va t'encombrer dans cet endroit restreint. Le travail des pieds est important.
Azéna ronchonna, car c'était la seule chose qui la gardait moindrement au chaud, mais elle obéit.
— Nous n'avons même pas d'arme.
— Il va falloir improviser. Reste dans le coin, c'est l'endroit le plus sécuritaire.
— M'ouais... C'est pour ça que je me suis installée ici.
Une horde de rats de la taille d'un chat domestique émergea de l'ombre. Ceux-ci passèrent entre les barreaux de la cellule et dépêchèrent vers les adolescentes. Il y en avait de toutes les couleurs allant du noir au blanc en passant par le brun, le gris, le bleu gris et l'orangé. Leurs yeux globuleux brillaient dans le noir.
— Des rats géants, rogna Arièlla. Il doit encore avoir une infestation, mais ça se prend bien.
— Parce que tu es habituée à ce genre de truc !? s'étonna Azéna.
— Ben ouais ! Donne-leur un bon coup de pied et ça les assomme.
Son interlocutrice grimaça, songeant à ce que les serviteurs de sa famille devaient endurer en arrière-plan. Après tout, les infestations de pestes étaient fréquentes à Nothar. Pourquoi pas chez les Kindirah aussi ?
La horde se divisa, chaque groupe ciblant une adolescente. La pyromanciènne s'en sortit sans peine, habituée à combattre ces rongeurs. Azéna s'était fait mordre à deux reprises aux jambes. Hurlant sa colère, elle donna un violent de coup de pied au dernier envahisseur qui couina et fila.
— Tes réflexes sont quand-même impressionnants, complimenta Arièlla, acquiesçant.
Le corps de la rebelle saisit sous la douleur atroce que lui faisaient subir les horribles morsures. Elle s'écroula, le visage tordu. Du liquide chaud coulait doucement le long de ses membres.
— Merveilleux, grogna-t-elle avec une ironie teintée par la panique. Oh, du sang !
— Tu t'es fait mordre ? questionna Arièlla dont l'attention se fixa sur elle. Ne t'en fais pas, je vais t'arranger ça.
Elle lui offrit un semblant de sourire comme si elle tentait, en vain, de paraitre amicale. Est-ce que Azéna venait d'imaginer ça ?
— On a juste à espérer que ces rats n'étaient pas trop malpropres si tu vois où je veux en venir. Des rats géants, c'est assez commun par ici. Ils voyagent jusqu'à Atgoren de la Mangrove Sanglante en Dètmor lorsque le nombre de leurs prédateurs est trop élevé. Il y a deux ans, mes parents ont échoué une quête à la recherche d'une arme. Ils racontent que c'est un endroit infectieux, mais que les dragons noirs s'y sentent confortable.
— Tu en connais beaucoup, s'étonna Azéna. Un autre avantage d'avoir des parents qui sont dragonniers.
D'une froideur sereine, Arièlla s'approcha d'elle, déchira le bout de sa cape, s'agenouilla et se servit du tissu pour faire des garrots à ses blessures.
— Tien, ça devrait t'empêcher de trop saigner, confirma-t-elle en examinant son œuvre, scrutant pour la moindre imperfection.
— Attends un instant ! ordonna Azéna en paniquant. Qu'est-ce qui va se passer s'ils sont malades, ces rats !?
— Il faudra juste te rendre à l'infirmerie après notre retenue, car les morsures de rats géants peuvent causer des mortalités, dépendant d'où ils sont passés. Tout va bien aller, je te jure.
La jeune Kindirah sentit son visage se vider de son sang.
— Quoi !? Je vais mourir !? couina-t-elle d'un ton suraigu.
— Mais non, lui répondit Arièlla.
— Tu en es certaine ?
La blonde musclée la fixa comme si elle avait perdu la tête. Elle serra un peu plus son garrot. Elle sourit lorsqu'elle hoqueta de douleur.
— Ça fait mal, pleurnicha Azéna.
— Fais avec, grogna son interlocutrice.
Décidément, elle était encore son habituelle dure à cuir bien qu'elle semblait être sous des termes plus amicaux avec elle.
— Oh, merci ! s'écria une nouvelle voix qui provenait de la cellule voisine.
Les deux dragonnières sursautèrent. Croyant qu'il s'agissait d'un piège, elles s'approchèrent avec prudence.
— Qui est là ? questionna Azéna qui aurait tant aimée avoir eut une branche pour tapoter dans la noirceur devant elle.
— Gragèn ! répondit la même voix surexcitée. Je vous remercie, qui que vous soyez, de m'avoir réveillé avec votre vacarme.
Les demoiselles échangèrent un regard perplexe.
— Nous sommes Azéna et Arièlla, répondit la Kindirah avec méfiance. Si tu es véritablement Gragèn, pourquoi donc es-tu ici ?
Le visage apeuré du jeune roux émergea soudainement entre les barreaux qui séparaient les cellules. L'extrémité de ses doigts était légèrement bleutée, son teint était pâle et il était emmitouflé le plus possible dans sa cape. Il avait froid, tout comme elles.
— Maître Ruvior sait tout, déclara-t-il en écarquillant ses yeux larmoyants comme s'il allait annoncer une nouvelle primordiale. Il comprend pourquoi ses prisonniers sont ici et il utilisera les moyens les plus cruels pour corriger leurs fautes ou encore pour les faire mûrir de force. Les soldats les plus faibles ralentissent l'escadron.
À cette révélation, Arièlla plaça sa main sous son menton pour soutenir sa tête. Son regard se perdit dans le vide. Elle réfléchissait.
De son côté, Azéna s'inquiéta pour le garçon. Sa vie quotidienne tournait autour de la satisfaction des désirs de Serfantor et de la survie aux manigances de Reaginn.
— Il sait pour toi et Serfantor ?
Un frisson couru sur sa peau, ses poils s'hérissèrent au touché cruel du froid. Elle fit signe à Gragèn d'attendre et récupéra sa cape avant de lui revenir.
— Je crois, répondit-il, la mine morose. Il ne me l'a jamais confirmé, mais d'après la façon dont il me parle et comment il prépare mes épreuves suggèrent fortement que oui.
— Tu sais qui est cet autre homme qui était présent ? demanda Arièlla, plus alerte.
— Oh lui. J'aurai cru que ça aurait été évident. C'est Maître Arahich. Maître Ruvior ne le laisse pas toucher aux apprentis et il est très sévère à ce propos.
— Pourquoi ? demanda Azéna.
— Je ne sais pas vraiment. Arahich dégage quelque chose de plus sinistre, de plus inhumain. Je crois qu'ils le réservent pour les vrais prisonniers... Vous savez, dans le genre des traîtres, ennemis ou des espions. De toute façon, il me fout la chair de poule. Je n'ai jamais vu quelqu'un avec une telle expression faciale. C'est comme s'il héberge un monstre affamé enfoui en lui.
— Peut-être est-il tout simplement un monstre, souffla l'aéromancienne en haussant les épaules.
— Tu parles comme si tu t'y connais.
— J'ai subi mes expériences... J'assumais que c'était ainsi partout.
Les yeux d'Arièlla s'écarquillèrent avec inquiétude. Elle semblait perturbée par cette idée. C'était si paisible à Atgoren ; personne n'osait défier les dragons. Elle avait reçu de l'entraînement en combat, mais elle ne connaissait probablement pas les réalités du monde extérieur.
Azéna ne pouvait pas le dénier, mais elle choisit de ne pas en dire plus. Elle savait que des choses ignobles se passaient à Nothar, mais Bayrne avait toujours été doué pour les cacher de sa famille.
Cependant, il avait échoué une soirée alors qu'elle n'avait que sept ans. Elle l'avait entendu faire appel à un bourreau. Le matin suivant, une gentille servante avait disparu. Elle n'avait jamais osé demander des détails car au fond, elle savait ce qui s'était produit.
— Mmmm... Alors, qu'est-ce que Maître Ruvior t'a fait subir ? questionna la blonde.
En premier temps, Gragèn hésita. Le ton de sa voix avait changé à quelque chose de sombre.
— Lorsque je suis dans cette cellule, si je m'endors, je fais d'horribles cauchemars. Contrairement à mes rêves habituels, j'ai l'impression que ceux-ci durent une éternité. C'est une malédiction ! Je m'étais endormi. Voilà pourquoi je vous ai remercié pour votre chahut.
— Cesse de te faire souffrir pour Serfantor ! aboya Azéna, autant horrifiée que bouillante de rage. Il n'en vaut pas la peine ! Aucune brute n'en vaut la peine !
— Vous ne comprenez pas...
Avant qu'elle ne puisse continuer son ravage verbale, Azéna sentit la température baisser soudainement et ce, de façon anormale.
— Qu'est-ce que... ?
— Oh non ! se lamenta Gragèn en se traînant jusqu'au fond de sa cellule. Horreur ! Tu as attiré le monstre !
— Qui ? Ruvior ?
Elle se vira, n'y apercevant rien de suspicieux.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Arièlla qui récupéra sa cape à son tour et l'enfila avec hâte.
— C'est un spectre ! hurla le garçon, son teint blafard.
— Qu'est-ce que ça fait dans la vie un spectre ? blagua Azéna qui se sentait plus en confiance puisque l'intru n'était pas son tortionnaire.
Un long gémissement ineffable lui glaça le sang. Elle ne put s'empêcher de faire un pas nerveux vers Arièlla. Celle-ci l'ignora, adopta une position défensive et vira son attention vers l'entrée de la cellule.
— Place-toi au centre, ordonna-t-elle sèchement en guise d'Azéna. Allez, que ça saute ! Te cacher derrière moi ne va pas t'aider. Surveille le côté droit. Gragèn est déjà à notre gauche, alors ça devrait aller.
La Kindirah savait qu'elle savait mieux qu'elle alors, elle s'exécuta sans broncher et pointa subtilement vers Gragèn. Le pauvre garçon avait une expression terrifiée et était figé. Lorsqu'un deuxième gémissement se fit entendre au travers de la prison, il poussa des pleurs désespérés. Ses émotions infectèrent Azéna qui se sentait paniquer.
— Concentre-toi, Azéna ! aboya la pyromancienne. Et ne dis pas de bêtises !
Cette fois, ce n'était pas des rats géants qu'on butait à coups de pied qui émergèrent de l'ombre, mais un humanoïde translucide, une âme qui s'avançait doucement en flottant dans le vide vers la lanterne. Horrifiée, la boule à la gorge, Azéna contempla l'apparition de ses yeux écarquillés.
Le mort-vivant ne portait pas de vieille robe blanche déchirée comme elle l'avait toujours imaginé durant le Festival du Crâne durant lequel on peut se connecter à un défunt. Au contraire, il était entièrement nu et sous son nombril, à la place d'un corps, il n'y avait des veines géantes qui pendaient. Sa stature était si frêle qu'il ne restait plus qu'une mince couche de peau qui gardait les organes, les muscles et les os en place. De ses longs doigts effilés, il effleura la flamme qui vacilla à plusieurs reprises avant de disparaître pour de bon.
L'obscurité emplit la pièce. Cependant, le spectre était toujours visible. Il était en lui-même une source de lumière qui ondoyait en conséquence de ses mouvements.
— Calice de sainte aspérule, qu'est-ce qu'on fait !? aboya Azéna.
— Ne bouge pas, ordonna Arièlla dans un murmure. Ne fais rien de brusque et on va espérer qu'il nous oubliera. La sérénité peut pacifier un spectre.
Gragèn, de son côté, claquait des dents et ne pouvait s'empêcher de trembler. La rebelle eut envie de lui hurler de se ressaisir, mais son corps avait refusé de bouger en remémorant l'avertissement d'Arièlla.
Par un coup de folie ou peut-être de panique, elle se vira vers le mort-vivant.
— Hé ! Idiot de spectre ! Ramène-moi ton père ! Ah, je paris que tu en as même pas un !
— Ferme ta gueule ! répliqua la blonde musclée, les traits étirés par un mélange de rage et de stupéfaction. Ne dis rien aux spectres ! Ils sont vicieux et rancuniers !
Inspirante, elle était en parfait contrôle de son corps. Azéna et Gragèn perdaient leur sang-froid et elle était la dernière lueur d'espoir.
Le spectre, toujours flottant, se glissa lentement vers Gragèn et passa au travers des barreaux de sa cellule. Azéna eut l'impression que tout allait au ralenti, car elle ne voyait rien d'autre que ce monstre qui bougeait dans toute sa gloire monstrueuse avec une extrême douceur. On se sentait comme si rien n'était naturel.
Finalement, le mort-vivant fut assez proche pour que le halo de lumière qui l'entourait atteignit Gragèn qui s'était recroquevillé. Il s'arrêta devant lui, l'observa pendant quelques secondes en penchant sa tête de côté puis enfin, il étendit sa main droite vers lui.
— Non pas ça ! s'écria le roux. Par pitié !
Azéna ressentit l'envie de se fermer les yeux mais, malgré elle, elle fixa la scène avec horreur. Tout devint flou et une force invisible siphonna et se délectant doucement de l'énergie des trois adolescents. Ce fut Gragèn qui s'endormit le premier. Le garçon, qui était contre le mur du fond de sa cellule, s'écroula au sol.
Azéna fut soudainement secouée par la panique. Le spectre s'avançait vers elle et Arièlla. S'il avait pu endormir Gragèn promptement, qui sait ce qu'il se préparait à faire à la suivante. Le halo de lumière toucha s'approchait de la Valkirel. Celle-ci fit signe à Azéna de ne pas bouger. Lorsque le spectre étendit la main en sa direction, elle frappa ses deux paumes ensemble vigoureusement.
— Noktow ! jappa-t-elle avec autorité. Flamme des profondeurs, laisse-moi emprunter une partie de ton pouvoir afin que je puisse détruire mon assaillant et ainsi nous protéger.
Elle sembla prendre beaucoup de courage et assuma une position offensive. Ses mains furent enveloppées d'une aura rouge vibrante qui se transforma en boule de feu. Elle fronça les sourcils et lança la sphère de feu en direction du mort-vivant qui ne se préoccupait que de son rituel. L'impact causa une petite explosion et le spectre disparut, ne laissant que de la fumée dans son sillage.
— Comment ? s'émerveilla Azéna, le regard pétillant.
— C'est pratique d'avoir des parents qui en savent beaucoup à propos des créatures d'Aerinda, répondit Arièlla en souriant fièrement. Pour tuer tout ce qui n'est pas solide, il suffit de vaincre du feu avec du feu.
— Le feu n'est pas solide, réalisa l'aéromancienne, étonnée qu'elle ait compris le sous-entendu si rapidement. Donc, j'aurai pu le repousser avec du vent ?
La blonde hocha de la tête. Même si Azéna ne put voir sa réaction, elle savait que ce silence signifiait. Une pointe de respect.
— Ça n'explique quand même pas comment tu as réussi à contrôler et à créer du feu sans Harath.
— Demande à la divinité qui a créé ton élément pour de l'aide, répliqua la Valkirel. Ça ne fonctionne pas toujours, mais ça en vaut le coup quand tu es à court de choix.
— Mais... Les divinités n'existent pas. Serait-ce tout simplement ta volonté d'esprit ?
— Bien joué ! s'exclama une voix sinistre qui provenait de l'entrée de la cellule.
La lanterne fut rallumée à sa pleine capacité et on pouvait maintenant distinguer Reaginn Ruvior qui se tenait droit à la gauche de l'objet.
— Je crois que vous avez enfin trouvé la réponse au problème, continua-t-il sur un ton presque empathique.
— De quoi parle-t-il ? questionna Azéna avec incrédulité.
— Je crois avoir compris ! beugla Arièlla en souriant fièrement.
— Explique, par pitié avant que je sombre dans la folie !
— « Le problème » est la raison pour laquelle nous sommes ici.
— Ouais, et c'est quoi ?
— C'est... heu... C'est notre rivalité.
— Donc, la réponse...
— L'entraide, grogna la demi-elfe, un peu énervée de toutes ces interruptions.
— Mais j'ai rien fait pour t'aider ?
— Au contraire, intervient Reaginn, tu l'as écouté lorsqu'elle t'a commandé de ne pas bouger. Vous vous êtes accordé la confiance mutuellement. Un ami est toujours meilleur qu'un ennemi, même si l'on devrait garder ses ennemis proches.
À nouveau bouillante de rage, Azéna accourut vers la porte en fer de la cellule et empoigna fermement les barreaux.
— Tu nous as fait languir tout ce temps alors que tu savais que nous avions déjà fait la paix !
— Apprentie Kindirah, vous n'êtes toujours pas tirée d'affaire, répliqua calmement Reaginn. Va-t-il falloir que je vous donne une leçon de politesse aussi ?
Elle serra les dents et le défia du regard. Décidément, elle le détestait plus que tout au monde. Mais, d'un autre côté, c'était grâce à lui si elle et Arièlla s'étaient rapprochées et pour cela, elle lui en était reconnaissante. Ainsi, elle retint sa langue.
— Bon choix, dit Reaginn en souriant. À présent, partez et que je ne vous revois plus ici.
Ils les accompagnèrent jusqu'à la Tour Mère, là où l'entrée était, et disparut, de retour dans son antre. En chemin, Azéna l'avait questionné à propos de Gragèn en tentant de le convaincre de le laisser partir. Ses efforts s'avérèrent bien futiles.
— T'es vraiment une idiote, soupira la Valkirel. T'as quelque chose d'autre que de l'impulsivité dans le crâne ? Mais... j'avoue que c'est noble de ta part d'essayer de venir en aide à Gragèn.
L'archère toléra l'insulte et apprécia le compliment. Elle ne voulait surtout plus de leçon de Reaginn.
Elle s'élança vers la première fenêtre qu'elle croisa. À l'horizon, une couverture lumineuse roulait par-dessus les collines. La chaleur réconfortante de la liberté lui chatouilla les entrailles.
— Finalement, on y est passé toute la nuit ! déclara la pyromancienne, colérique. Oh, et ma réputation !
Elle accéléra le pas comme s'il elle essayait de s'éloigner au plus vite. Azéna devina qu'elle était trop fière pour se montrer le bout du nez en sa présence et ce même s'il n'y avait pas une âme pour le voir à cette heure. Elle grimaça, écœurée. Elle vint lui tapoter l'épaule afin d'attirer son attention en vain. Au bout de sa patience, elle se faufila devant elle avec agilité comme elle l'avait fait tant de fois avec Fayne et lui barra le chemin.
Arièlla s'arrêta et haussa un sourcil suspicieux.
— Tu es rapide pour une humaine.
— Hé, tu vas m'écouter ! tonna Azéna, les mains se serrant en poings. On fait la paix, officiellement. Je ne retournai pas au Donjon en raison de cette rivalité !
La blonde cendrée sourit en coin comme si ce qu'elle avait dit l'amusait.
— Bon, d'accord. Tu as du cran. J'aime bien.
Elle leva et étira le bras vers elle.
— Allez avant que je change d'avis.
Azéna sourit malicieusement, contente de la situation, et serra la main de son ex-rivale avec enthousiasme.
En fin de compte, la sagesse de Leith s'était avérée véridique. Les dragonniers et les dragons devaient s'entraider. Ils étaient comme une grande famille et leur quête dans ce monde était de la plus haute importance et ne pouvait pas être accomplie par une seule personne. Azéna allait devoir tenter de son mieux pour ne pas l'oublier.
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