Free Day
Salut ! Ici Asproscycla pour clore la Week du Clan ! Un texte plus long, multipairing et gros gros délire vous attend. Il y a aussi un crossover ^^
Bonne fin de semaine à tous ! Merci de nous avoir suivis !
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Une odeur de chlore envahissant les narines et les poumons à chaque inspiration. Une eau ni chaude, ni froide. Tiède. Les cris de la foule alors que les gouttes coulent sur les lunettes, que de la buée se forme et que le souffle se fait court. Les maillots de bain serrés et rêches. Dans les gradins, la foule en délire semble hurler de plus en plus fort. Au fond du bassin, des carreaux rouges et noirs s'alignent, marquant le milieu d'une ligne d'eau. Les corps se tendent, les doigts se crispent tandis que les nageurs s'accroupissent sur les plots. Ils attendent le top départ du relai.
Parmi les candidats, un rouquin aux cheveux tirant sur le rose se concentre. Ses trois camarades sont placés derrière lui, prêts à plonger derrière lui. Il ne veut pas perdre. Nagisa pleurerait et Haru bouderait si cela arrivait. Le premier nageur sent une légère pression sur son épaule. Makoto lui adresse un sourire rassurant avant de se retirer aux côtés de leurs amis pour attendre le lancement de la course. Un jeune homme à lunettes est également présent pour l'encourager, Rei. Face à tant d'encouragements, Rin Matsuoka ne pense plus qu'à l'eau et à la victoire.
Le décompte commence. L'arbitre lève le bras sous les regards du public et des maîtres nageurs. Il presse la gâchette. Rin ne voit que l'eau, s'apprête à plonger. Avant de remarquer que son voisin de ligne d'eau, qu'il n'avait pas bien observé, arbore désormais un sourire dangereux. Il s'agit d'un jeune homme brun un peu plus âgé, aux bras et au torse cachés par une combinaison blanche lui donnant des airs de momie. Et son sourire s'étire encore avant de s'envoler. Le coup part. Rin plonge, les yeux voyant encore le visage de cet homme. L'eau glacée lui fait remarquer sa perte de vitesse. Il doit se remettre dans de bonnes conditions. Il se tend et accélère. Il glisse dans le liquide tel un animal marin. Se détend. Il est à l'aise, mais quelque chose ne va pas, il le sent. Comme si plus aucun bruit ne résonnait sous l'eau. La culbute qu'il réalise est parfaitement effectuée, la deuxième partie du cinquante mètres en papillon passe en un éclair. Sa main touche le mur violemment, donnant le signal à Makoto. Qui ne plonge pas. Quand Rin sort la tête de l'eau, il remarque que la piscine est silencieuse et que tous les regards sont fixés sur une forme immobile et flottant sous l'eau. Des bras étendus, on aurait pu penser à une étoile de mer mutante et blanchâtre. Aucune bulle ne remonte à la surface. Personne ne réagit. Et quand enfin une voix se fait entendre, c'est un cri de joie qui retentit.
"Donc ça y est ? Le maquereau a réussi son suicide ?"
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Fukuzawa Yukichi, coach de l'équipe de natation de l'académie de la baie de Yokohama, pouvait sentir à ses côtés son dernier protégé en date trembler et respirer de plus en plus vite. Le stress montait. Kyouka, une junior prise elle aussi sous l'aile du patron depuis peu de temps, lui serrait la main en lui montrant comment économiser de l'énergie. Inspirer puis expirer. Le terrible coach lui en était reconnaissant. Il ne faut pas que ses poulains flanchent maintenant, si prêt du but. Cette année, la piscine de Yokohama, située sur la côte avec vue sur la mer, accueille les championnats nationaux de natation. Et l'équipe de l'académie dirigée par Fukuzawa s'apprêtait à se battre pour le titre de meilleur club du Japon. Un titre qui depuis des années lui échappait et revenait au club du quartier nord, une institution dirigée par le terrible Mori Ôgai, dont la réputation des méthodes n'était plus à faire. Ce club est autant réputé qu'évité. Et Yûkichi avait su tirer son épingle du jeu en accueillant des jeunes en sortant, par la suite d'affaires sombres, dans ses rangs. Tout pour faire plier le géant du quartier nord, dont le directeur, comme lui placé sur une chaise haute avec un sifflet de maître nageur autour du cou, surprit son regard insistant auquel il répondit par un sourire charmeur accompagné d'un geste de la main.
Donc Rintarô le prenait comme ça ? Yûkichi serrait des dents de plus en plus fort. Il ne perdait rien pour attendre. De toute façon, l'équipe adverse perdrait cette épreuve et les autres clubs étaient trop peu cotés pour espérer gagner le relai. De plus, le Loup Argenté avait mis ses meilleurs éléments sur le coup. Atsushi qui tremblait, Ranpo confiant, Kunikida qui était plus agacé que stressé et Dazai, premier de fil sur le plot et prêt à partir. Tout ne pouvait que bien se passer.
Alors pourquoi est-ce que, à peine entré dans l'eau, son meilleur élément, celui-là même qu'il avait volé à Mori, avait décidé qu'il était une merveilleuse journée pour enfin réussir une tentative de suicide ?
Le cri qui suit le long moment de flottement provient d'un petit rouquin aux yeux bleus trempé, lui aussi dans le bassin sportif. Chûya, un protégé de Mori et ancien partenaire de Dazai qui, de ce temps deuxième meilleur au papillon, était passé premier suite à l'émancipation du petit génie du suicide.
Et ce cri déclenche la prise de conscience de ce qu'il se passe. Les réactions sont diverses. Certains membres de l'équipe de Mori éclatent de rire avant de reprendre contenance face au regard de mort que leur lance leur coach. L'heure n'est pas à la rigolade. Un homme a gâché en l'espace de cinq secondes tous les efforts fournis pendant un an entier par les autres. Et ce ne sont pas les secours qui plongent dans le bassin le repêcher. Ce sont ses collègues et rivaux, prêts à aller vérifier qu'il est parti pour de bon. Fukuzawa n'esquisse pas un geste. Son regard se fait plus dur que de l'acier, tranchant, et une ride d'agacement barre son front. Yosano, une nageuse et la médecin référente du club, grimace en le constatant avant de s'éloigner puis de partir en voyant une grande rousse séduisante de l'équipe d'en face en faire de même. Quelques gestes leur suffisent à se comprendre. L'après-midi va déraper. Autant ne pas assister au massacre. Et sans un mot, les deux femmes se prennent la main avant de franchir les portes du bâtiment sous le regard perplexe de l'agent de sécurité qui hésite à les suivre. Il n'y a plus un bruit à l'intérieur, doit-il les retenir au cas où elles auraient commis un forfait ? Mais non, les demoiselles s'installent juste à la terrasse d'un café en face de la piscine et bavardent en s'affichant sans complexes. Elles n'ont pas l'air de criminelles. Donc il les laisse pour aller vérifier la situation à l'intérieur. Et il rate de peu le baiser tendre qu'elles échangent entre deux rires discrets sous le soleil d'été.
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La situation est chaotique. La compétition est ruinée et un pauvre homme tiré au sort crapahute à moitié dans l'eau armé d'une très longue tige en métal. Ryûro Hirotsu déteste sa bonne étoile en cet instant. Il est chargé de vérifier si l'imbécile au fond du bassin a réellement cessé de respirer. Ordre de Mori, son supérieur au sein du club de natation. C'est bien sa veine. A croire que toutes personnes passées par leur entraînement finissent avec une déficience mentale. Quelle merveilleuse pub pour leur club !
"Tonton Hirotsu, tu sais il faut pas essayer d'arracher le poisson à son environnement. Si le maquereau retourne à la mer, il faut l'y laisser vivre."
L'homme se tourne vers la source de la voix qu'il peut reconnaître entre mille : celle moralisatrice et taquine de leur mascotte personnelle, la fille adoptive du coach Mori, Elise. Douze ans, des cheveux blonds comme les blés, des yeux pétillants et bleus et un tempérament de fouineuse et danger ambulant. Hirotsu panique : que fait-elle ici ? Elle devrait être dans les gradins. Puis il réalise à quelle scène il assiste.
Affalée sur une bouée aux dessins de poulpe, dans le bassin, et vêtue d'un joli maillot de bain rouge, la jeune fille se laisse dériver en le fixant comme si il était une bête curieuse. Regard qu'il lui rend. Que fait la gamine dans le bassin ? Elle répond à cette question d'un simple mais fatal :
"Rintarô m'a autorisée ! Il a dit que Yûkichi serait d'accord, vu qu'on est chez lui aujourd'hui !"
Et comment diable a-t-elle pu deviner ses pensées ? Cette gamine va avoir sa peau. Son boss aussi. A eux deux, ils auraient leur peaux à tous si on en croit le regard dont ledit Yûkichi toise à présent son rival. C'était la phrase de trop. Mais d'autres individus ne semblent pas s'en être rendus compte. A commencer par le jeune Nakahara qui hurlait toujours des insultes à l'encontre du pseudo-noyé au fond du bassin. Et le regard perçant de Mori sur lui n'a pas suffi à le calmer. Comment arranger la situation ?
"Du coup, est-ce que ça veut dire qu'on peut aussi aller dans l'eau ?"
L'inconscient ayant parlé est Ranpo qui se prend par la suite un violent coup de carnet sur la tête de la part de Kunikida. En l'absence de Yosano, c'est à lui qu'incombe la lourde tâche de calmer les ardeurs de son ami d'enfance. Ami d'enfance qui n'a malgré tout pas perdu son enthousiasme.
"Allez tout le monde, c'est pas grave si on peut pas concourir ! Du coup je propose de transformer cet après-midi compétition en bataille de frites ! Ca compensera l'impossibilité d'aller à la mer !"
Et sur ces paroles pleines de sagesse, il s'extirpe de l'étreinte douloureuse de Kunikida pour aller chercher une frite et plonger à son tour dans le bassin sous le regard médusé de la foule. Il glissa sur quelques mètres, de quoi dépasser la limite du petit bassin, avant de s'immobiliser, tête sous l'eau et frite devant lui. Puis, prenant la barre de mousse à une main, il bat des bras dans une imitation douteuse de l'ange de mer ou de la tortue. Un soupir et un gloussement dans la salle. Le second provient d'Elise qui frappe dans ses mains en même temps que le brunet bat ses nageoires invisibles, et le soupir provient de Kunikida qui commence lui aussi à stresser face à l'aura noirâtre qui entoure son coach.
"Doppo, va me le chercher."
"Oh non Yûkichi, on commence tout juste à bien s'amuser !"
"Quant à toi Elise tu sors de ce bassin et arrête de nous afficher. Et que quelqu'un aille chercher Dazai au nom du ciel !"
"Tiens, il remonte." résonne la voix paresseuse de Ranpo.
Et sous le regard fatigué d'Hirotsu, le fantôme du fond de la piscine atteint la surface pour prendre une grande gorgée d'air avant de gémir.
"Ranpo-senpai, je te promets que j'ai presque réussi... ça avait le goût de la liberté."
"Et bien retourne te noyer !" lui répondit son porte-chapeaux énervé d'ancien partenaire.
En même temps que Chûya recommence à hurler, une voix inconnue au bataillon et naïve s'élève.
"Donc on se sent libre quand on coule ?"
"Haru arrête d'écouter cette bande de dingues. On a reçu les consignes de la coach. Si ce bazard n'est pas fini d'ici un quart d'heure, on se tire."
La question émanait d'un jeune homme bien bâti, brun aux yeux bleus innocents et rêveurs, dont le coéquipier le plus proche, un rouquin aux cheveux plus rose que roux et trempé marque de son récent passage dans l'eau a bouché les oreilles. A leurs côtés, trois autres jeunes hommes semblent approuver la remarque bien qu'un blond aux yeux rosés fasse un peu la tête.
"Mais ça a l'air drôle une bataille d'eau..."
"Pas maintenant Nagisa. Dès que l'on peut, on part de cet antre de fou pour retourner à la maison." répond le jeune homme aux lunettes rouges.
Dans la ligne d'eau adjacente, un autre nageur prend la parole :
"Et regarde, vu le temps de réaction face à une situation de crise, on peut affirmer que les maîtres nageurs sont incompétents. Ou au moins que nos hôtes n'ont aucune connaissance des consignes de sécurité."
Le rire de Mori emplit la salle à cette critique. Enfin, un vigile entre dans la pièce. Avant de s'arrêter sur le pas de la porte. Et enfin le Loup Argenté a le temps d'en placer une.
"José, fais donc évacuer nos invités."
Sa déclaration provoque un tollé.
"Je vous demande pardon monsieur ? Certains d'entre nous ont fait plusieurs heures de Shinkansen pour venir ici ! Vous allez tout annuler à cause de l'indiscipline de deux de vos membres ?"
"Jeune blanc bec, je suis à la recherche d'une harmonie intérieure et d'une plénitude dont tu n'as même pas idée, ne confond pas ça avec de l'indiscipline !"
"Mais tu as surtout pété un boulon ! Va te faire interner !"
"Silence !"
La voix de Fukuzawa est glaciale. Le silence gagne à nouveau la pièce.
"J'ai dit : "on évacue"."
Et tout le monde marche au pas. Les gradins se vident rapidement et les nageurs regagnent les vestiaires. Croisant les bras devant lui, la tête entre ses mains, Fukuzawa émet un long gémissement plaintif sous le regard hilare de Mori.
Un des jurés de la fédération de natation prend toutefois la parole.
"Et concernant le contrat entre notre organisation et votre club qui stipule qu'en cas d'incidents nous devenons les autorités compétentes ?"
"Monsieur, je vous inviterai prendre un thé pour en discuter quand la situation se sera améliorée. De plus, je vous prie d'excuser ma franchise, vous n'êtes pas apte à gérer mes recrues. Maintenant, évacuez à votre tour. Nous ferons un bilan dans le hall d'entrée."
Et quand les derniers invités partent en silence, Ryûro pose un regard las sur Gin et Tachihara qui sortent en lui faisant des signes d'encouragements avant de se prendre par la main sous le regard haineux du frère aîné de la jeune fille. Et Hirotsu serre entre ses mains sa barre métallique de plusieurs mètres de long. Il doit encore repêcher trois hurluberlus qui se prennent pour des sirènes.
**********
Oui, il faut reconnaître que la mosaïque courant le long du mur est magnifique. Elle révèle d'un travail d'artisan admirable qui, bien qu'éloigné de ses goûts ordinaires, arrive à le toucher. Et ce poser délicat de morceaux de verres et de pierres colorés rend le tableau superbe. L'oeuvre représente une scène de tempête avec une femme sur une falaise proche de la mer agitée, regardant un homme partir sur un bateau. Le tout le surprend. C'est vrai qu'il n'avait pas prit le temps d'admirer ce style imitant les estampes dans lequel le tableau était fait. Oui, un délice pour les yeux. Pas étonnant que Yûkichi l'ait choisi pour décorer la salle principale de sa piscine.
"Quand tu auras fini de fixer mon mur, peut-être pourras-tu me dire Ôgai pourquoi nous restons ici pour discuter alors que nous sommes attendus dans le hall ?"
Mince, sa tentative d'esquive de la conversation a échoué. Mori pose son regard sur son vis à vis qui le fixe d'un air sérieux et dur. Et voilà qu'il fait sa tête de pioche... Et bien ils ne sont pas avancés avec ça. Trêve de mondanités, il faut aller droit au but.
"Tu sais que je t'aime et je veux m'assurer de la réciprocité de ces sentiments."
"... Tu nous fais perdre du temps au travail pour ça ?"
"Ce n'est pas une perte de temps comme mon avenir et la logistique de mon foyer en dépendent. Par ailleurs il faudra décider de qui emménage chez l'autre. Je suis pour que tu viennes chez moi comme tu connais déjà Elise et la maison. En plus, mon appartement est plus grand et-"
"Bon, ça suffit. Je t'ai assez entendu pour aujourd'hui et j'en ai par-dessus la tête de ces bêtises. On va rejoindre les autres."
Maintenant réellement énervé, Yûkichi se lève pour descendre de sa chaise en hauteur au dessus de l'eau. Son amant dépasse les bornes cette fois. En plus d'avoir gâché l'évènement, le voilà qui essaie de lui faire perdre du temps pour le discréditer. Il peut se demander ce qu'il aime chez lui. Il a pourtant moult défauts tels que son orgueil, son tempérament de manipulateur et son égoïsme qui atteint des sommets ces derniers temps.
Il n'est pas descendu de trois marches quand une tornade blonde percute la chaise haute, la faisant tomber fatalement vers le côté du bassin où se trouve Mori qui comme lui écarquille les yeux devant cette scène. Par terre, le jeune Kenji court le long du bassin, passant devant les panneaux "course interdite au bord de l'eau" sans complexe pour aller récupérer ses affaires. Il ne voit pas son coach tombe.
"Désolé de l'interruption, je viens juste récupérer mon sac que j'ai oublié. A tout à l'heure."
Et il repart en sens inverse retrouver ses comparses dans les vestiaires sans avoir remarqué la chute inévitable de son supérieur. Qui, pris, d'une impulsion, saute de sa chaise pour atterrir de l'autre côté du bassin avant le grand plongeon. Sauf que l'atterrissage se fait sur les genoux de Mori dont la chaise tremble sous le choc. Et voilà Fukuzawa Yûkichi qui rougissant, tente de s'extirper sans chuter des jambes de Rintarô qui le fixe surpris et mutin.
"Bah alors mon cher Yûkichi, c'est qu'on est entreprenant aujourd'hui !"
Le Loup Argenté ne peut que rougir pendant que l'autre, sans aucune honte liée au fait qu'ils se trouvent encore dans un lieu public, lui agrippe les hanches pour le garder sur ses genoux. Il va jusqu'à caresser les abdominaux de son partenaire visibles distinctement sous le T-shirt blanc de maître nageur. Plus clairement, il se rince l'oeil.
"C'était purement involontaire Mori ! Maintenant lâche-moi avant que quelqu'un nous voit." souffle le terrible Loup Argenté, dont la teinte du visage oscille entre le rougissement et la pâleur due à la gêne et au stress que l'on puisse les surprendre. Cela attriste un peu Rintarô, que son amant se sente aussi mal à l'aise en sa présence. Pour une fois, il n'a pas envie de s'en moquer. Et il profite de sa position pour caler le visage de son aîné dans le creu de son épaule pour ne plus voir son expression. Cela détend un peu Fukuzawa qui n'est plus obligé de lui faire face. L'étreinte se raffermit quelque peu.
"Tu as honte de nous ? Je suis désolé de cette situation tu sais."
Rintarô qui s'excuse. Pour la première fois de l'année. Cela réchauffe le coeur de Fukuzawa. Au moins, son amant a appris qu'il pouvait lui aussi être en tort. Un progrès depuis qu'il le connaît.
"Je n'ai pas honte de nous. Je ne suis juste pas prêt à l'annoncer aux enfants."
"Tu sais, ils le savent déjà à mon avis."
Et en effet, derrière le rideau des vestiaires, Ranpo, Dazai, Kenji, Elise et quelques autres écoutent attentivement la suite de la conversation.
"C'est plus que probable, mais quand même."
"D'accord. Et pour ma première question ?"
"J'en serai ravi, mais hors de question que je sois le seul à faire des efforts. Elise est un peu lasse de ton appartement. On pourrait peut-être en choisir un autre ?"
Et c'est au tour de Rintarô de rougir de plaisir. Il enfouit encore davantage la tête de son aimé dans son cou pour ne pas qu'il remarque son réjouissement. Il ne s'était pas préparé à une réponse aussi positive. Elle l'emplit d'une joie immense. Yûkichi lui pince enfin les côtes pour lui signifier qu'il veut qu'il le lâche. L'étreinte se desserre. Ils se regardent dans le blanc des yeux un moment avant de descendre maladroitement l'échelle l'un après l'autre, sans faire plus attention que ça à l'autre chaise gisant au fond de la piscine.
Ils franchissent le pédiluve pour regagner les parties publiques du bâtiment, souriant en entendant les bruits de pas précipités des petites souris ne voulant pas se faire prendre la main dans le sac.
**********
La foule est amassée dans le hall, attendant depuis vingt minutes les instructions du directeur qui ne semble pas décidé à pointer le bout de son nez. Les membres de la fédération s'impatientent et critiquent ouvertement l'organisation de cette compétition tout en jetant de l'huile sur le feu. Quant aux sportifs troubles-fêtes, ils sont également portés disparus depuis l'évacuation. Il manque la plupart des membres des deux équipes locales. Et enfin, ils sortent des vestiaires en courant, trempés sous leurs vêtements secs. Ils ont à peine pris le temps de se doucher et de se sécher. Comme si ils fuyaient quelque chose, ils s'empressent de s'écarter des portes d'accès aux bassins, Dazai et Chûya se courant après en tête. Une bonne ambiance émane de ce groupe pourtant constitué de rivaux héréditaires. Et leur entrée fait considérablement monter le niveau sonore de la pièce.
"Tu me rends mon maillot le maquereau !"
"Certainement pas ma limace ! Ceci est une prise d'otage ! Demande à Kôyô de t'en racheter un, celui-ci ne te va pas. Il est trop grand."
"Tu veux surtout me mater dans l'eau oui ! Cela n'arrivera pas ! Et t'es gonflé de me dire ça vu la tête de ton maillot !"
"Il a raison Dazai, ton maillot n'est même pas réglementaire !"
"Tu n'as aucun sens de l'humour Kunikida... C'est désespérant..."
"Ah, merci Ranpo. Enfin du soutien."
"Je ne te soutiens que si j'ai des sucreries en contrepartie."
"Mais du coup Higuchi, vous allez faire du shopping la semaine pro' ? Vu que c'est la Golden Week..."
"Yep ! Tu pourras nous rejoindre vers 11h à la galerie commerciale Naomi si tu veux venir ! On y prendra des Tapioka"
"Merci mille fois Higuchi ! J'en parle à Akiko ?"
"Non ! Si vous lui en parlez, elle en parle à Ane-san et je me retrouve forcé de venir aussi pour refaire ma garde robe !"
"Mais elle n'a pas tort, tes vêtements craignent un peu Chûya."
"... Je t'ai demandé ton avis Ryûnosuke ? Balaie devant ta porte !"
"Non, continue de balayer devant celle de Chûya grand-frère s'il te plaît."
Quel étrange spectacle que cette bande d'oiseaux piailleurs. Dazai, Ranpo et Elise ignorent royalement les regards indignés des autres nageurs. Et leur joie ne les quitte pas. La foule est forcée d'assister leurs disputes jusqu'à l'entrée des hommes providentiels.
"Et bien on ne vous attendait plus Monsieur Fukuzawa." commence une femme à l'air sévère. "Comment expliquerez-vous ça aux hauts jurés ?"
"Je comprends votre agacement, et nous sommes navrés de cette série d'incidents. Bien entendu mes jeunes rembourseront les frais de transport perdus."
Un concert de gémissements résonne, au milieu duquel un "cheh" est audible, suivi d'un "ta gueule Chû". Les adultes choisissent de les ignorer.
"Yûkichi, tiens-tu donc à mettre ces jeunes à la rue ?" poursuit Mori, taquin. Il se prend un léger coup de la part de son compagnon qui relève la tête en entendant des bruits précipités se diriger vers eux.
Une jeune fille, surement lycéenne, aux cheveux et yeux semblables à ceux du voisin de ligne d'eau de Dazai se dirige vers eux avant de s'arrêter, quelques feuilles en main, à trois mètres. Elle s'incline.
"Désolée du dérangement messieurs. Je suis Gou Matsuoka, coach de l'équipe du lycée d'Iwatobi. Je viens de recevoir ces feuilles que je me suis permise d'imprimer. Elles proviennent de la fédération et établissent le fait que cette compétition n'était pas réglementaire apparemment."
"Oh, et pourquoi ne serait-elle pas réglementaire ?" continue Mori, très intéressé par la tournure des évènements.
"Peut-être car des infrastructures ont été abîmées récemment ?" suggère un membre de la Fédération, l'air perdu.
"Ah oui ! Désolé Patron, je crois que c'est de notre faute." le jeune Atsushi avance l'air fautif, suivi de près par Kenji et, surprenant, Akutagawa frère.
"Oui !" poursuit le blond. "On a cassé un conduit d'évacuation secondaire lors d'une soirée à la piscine que vous avons organisé sans votre accord. En fait, c'est moi qui l'ai cassée hier soir et nous l'avons dit à Katai qui s'est chargé de prévenir l'organisme sans passer par vous. Mais du coup, le message a été envoyé en retard. Et on ne vous a pas prévenu car on avait peur des remontrances."
Il était comme toujours trop franc. Naturel et franc comme diraient d'autres.
"Enfin bref, compétition annulé pour cause de déficience de matériel." finit Ryûnosuke, une main pressée dans le dos d'Atsushi pour le rassurer.
Le Loup Argenté les toise longuement avant de souffler, laissant s'échapper un soupir de mort. Puis, se tournant vers la foule.
"Dans ce cas, la compétition est de suite annulée. Navré de ces aléas, mais le centre sportif est dès à présent fermé. Merci encore de vous être déplacés." finit-il en s'inclinant vers la masse.
L'évacuation se fit sans grande confusion, bien que des remarques indignées fusent, accusant le manque de savoir vivre des locaux. Et dans un des groupes :
"J'ai bien aimé leur façon de voir la natation. Gou, tu pourras t'arranger pour qu'on revienne pour une vrai compétition ?"
"Si ça t'a tant plu Haru, pourquoi pas-"
"Non on ne reviendra pas. Ces personnes ne sont pas fiables. On ferait mieux de rester dans notre préfecture."
"Rin est dur, mais n'a pas tort. Avec tout ça, on peut finir par croire qu'il n'y a que des tarés à Yokohama."
Au fond du hall, derrière eux, un homme âgé au chapeau melon et aux cheveux tricolores sourit à cette déclaration avant de rejoindre Hirotsu, enfin libéré de ses occupations de supervision des jeunes, pour lui prendre la main. Si ces lycéens savaient la vérité...
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