Day 1 : late night drive

Hey ! J'espère que tout le monde va bien ! Ici #Drac' !
Voilà donc le premier OS de notre Week, et c'est moi qui ouvre le bal (pression) ! Je sais pas trop pourquoi, j'ai tout de suite flashé sur ce thème en vrai. Dans tous les cas, on va tous participer, alors j'espère que cette week vous plaira ^^ ! Et je tient à préciser que la couv' est de #rainy, et que je trouve qu'elle est vraiment incroyable !
Voilà. Sur ce, bonne lecture !

Ce soir là, Shinjuku brillait de milles feux.

Que ce soit ses immenses buildings, ses magasins divers ou même ses salles de karaoké, chacun des bâtiments du district semblaient scintiller dans la nuit, si bien que l'obscurité nocturne avait été presque totalement chassée, remplacée par une lumière certes artificielle, mais magnifique. Au milieu des taches lumineuses de diverses couleurs, un grand nombre de gens peuplaient encore les rues, à pied ou en voiture, seuls ou à plusieurs. Il était tard, et pourtant cela n'avait rien d'étonnant. Après tout, Shinjuku faisait partie de ces quartier qui ne dormaient jamais.

Mais tous ces aspects relatif à l'endroit où ils se trouvaient, bien qu'intéressant en un sens, étaient bien loin de préoccuper Ôgai Mori et Fukuzawa Yukichi en ce moment même, tous les deux assis sur les sièges-avants d'une voiture noir assez chic, roulant sur le bitume des routes bondées du district malgré l'heure. Surtout en voyant le soupir parfaitement synchronisé qu'ils lâchèrent avec la même exaspération.

Un air mis-agacé mi-mal-à-l'aise sur le visage, le parrain pianotait nerveusement sur le volant de ses doigts gantés, seul geste qu'il s'autorisa pour évacuer son impatience. L'autoradio diffusait faiblement une musique assez lente de mauvaise qualité qui lui tapait aussi sur le système, mais ils n'avaient pas réussi à l'étendre, ni lui ni l'autre. En jetant un rapide coup d'œil au patron de l'Agence à côté de lui, il se dit qu'il était sûrement dans le même état, même s'il ne voyait pas son visage, tourné vers la vitre. Aucun des deux n'étaient franchement ravis de cette situation, mais ce n'était pas comme s'ils avaient vraiment eu le choix. De toute façon, c'était la faute de leur mentor.

Quelques jours auparavant, il les avait convoqués tous les deux pour leur confier une tâche à accomplir. Il avait apparemment besoin qu'ils s'infiltrent dans une soirée entre riches hommes et femmes d'affaires pour effectuer une transaction en son nom, un échange d'information sur l'une des personnes invitées, justement. Il avait prétendu ne pas pouvoir y aller lui-même car son visage était trop connu par ce genre de personne. Il trouvait plus normal d'envoyer ses deux élèves à sa place, Jusqu'ici, rien d'exceptionnel. Seulement il restait un problème non négligeable : l'incapacité et le manque de volonté de ses deux cadets à travailler ensemble.

En effet, ils avaient tout de suite refusé cette mission, en affirmant qu'ils ne voulaient pas avoir à coopérer et qu'ils pouvaient très bien y aller tous seuls. Mais ils avaient fini par y aller tout de même, pour la simple et bonne raison qu'ils n'avaient vraiment pas envie de contrarier Nastume Sôseki, un des plus puissant détenteurs que l'histoire ait connue.

Et donc ils étaient tous les deux là, en costume noirs très pompeux, bloqués dans les embouteillages d'une ville qui n'était même pas la leur, à essayer désespérément de rentrer chez eux pour échapper au malaise de cette situation. Voilà vraiment ce qu'on appelait une soirée agréable.

La tête appuyée dans la main, Fukuzawa observait le paysage stagner derrière la vitre, accoudé à la portière. Était-il vraiment possible de rester coincé dans les embouteillages à une heure pareil ? Apparemment oui. Et encore, ce n'était pas lui qui conduisait, dieu merci.

En parlant de conduire… Il jeta un regard à son "partenaire", qui se pinçait l'arrête du nez en soupirant, l'air épuisé. Apparemment, la situation l'énervait au moins autant que lui. Pris d'un élan soudain, il demanda sans se retourner :

-Tu es sûr que tu ne veux pas que je prenne le volant ?

D'un ton légèrement moqueur, l'autre lui répondit :

-Quitte à mourir dans un accident, je préfère encore que ce soit moi-même qui l'ai provoqué.

Exaspéré par son comportement puérile, il lâcha un claquement de langue méprisant. Le pire, c'est qu'en un sens, il n'avait pas vraiment tord. Si c'était lui qui conduisait, ils auraient sûrement un accident.

Même s'il avait le permis depuis une éternité, qu'il avait d'ailleurs eu du mal à passer, il ne prenait que très rarement la voiture. Peut-être parce qu'il aimait marcher, ou parce qu'il était soucieux de l'environnement, mais le fait est qu'il n'avait plus touché à un volant depuis un certain temps. Et le brun avait donc rapidement demandé à conduire, manifestement douteux des capacités de pilote de son ancien garde du corps. Et le pire pour le loup d'argent, c'est qu'il ne pouvait même pas le contredire sur ce coup là.

Soudain, le trafic sembla se fluidifier miraculeusement, et Mori appuya avec soulagement sur l'accélérateur. Le trajet se déroula encore quelques minutes dans le silence, puis la voiture effectua un virage et s'engagea sur une route plus large vers la sortie de la ville, s'éloignant ainsi du quartier illuminé. Et ce simple fait leur enleva un certains poids des épaules. Ils n'aimaient pas être loin de leur chère ville, et se sentiraient déjà plus à l'aise une fois de retour.

Sans se rendre compte du regard de son aîné braqué sur lui, le plus jeune passa une main sur ses yeux, profondément las. La transaction s'était bien passée, heureusement, mais ils s'étaient retrouvés retenus là-bas pour diverses raisons, et ils n'avaient pas pu s'éclipser qu'après trois bonnes heures au milieu de tous ces riches, obligés de subir leurs bavardages incessants sur leurs richesses récemment acquises. Il n'était pas un modèle de modestie, il voulait bien l'admettre, mais même pour lui ça avait été trop. Il était presque heureux que son ancien collègue ait été avec lui ce soir. Attention, j'ai bien dit "presque". 

Mais là, il commençait un peu à fatiguer. Tout cela l'avait profondément ennuyé, et il n'avait qu'une envie : rentrer chez lui et dormir au moins quelques heures. Concentré sur la route, il aurait dû être plus attentif au regard que l'autre lui lançait depuis plusieurs minutes.

Mine de rien, Fukuzawa l'observait à la dérobée. Son visage légèrement crispé, sa peau claire, ses yeux d'une couleur si particulière… Et son cou, laissé à découvert par la coupe de son costume, dont la peau sans imperfection lui semblait étonnement tentatrice. En temps normal, il aurait repoussé ce genre de pensées opportunes. Mais pas cette fois. Cette fois, il se posait des questions.

Quand Natsume les avaient convoqués pour qu'ils travaillent une nouvelle fois ensemble, étrangement, il n'avait pas été dérangé plus que ça. Et il avait comme l'impression que tous les deux avaient protestés juste pour la forme. Au fond, il ne haïssait plus vraiment le fait de l'avoir près de lui. 

Depuis l'affrontement contre les rats, ils avaient été obligés de se côtoyer plus souvent, à cause de tout ce qu'ils avaient eu à réparer. Et par la force des choses, ils avaient passés pas mal de temps ensemble, et avaient discutés. Maintenant, ce n'était plus très clair. Au fond, qu'étaient-ils devenus l'un pour l'autre ? Toute la rancœur et les non-dits passés étaient-ils effaçables ? C'était en partie la raison pour laquelle ils se sentaient un peu mal à l'aise, l'un avec l'autre. En plus du reste, ils avaient du mal à se cerner l'un l'autre. Il en avait assez de toutes ces questions. Là, il voulait des réponses. Tout ce qu'il s'était passé entre-eux était très lourd, et ne pourrait peut-être jamais être effacé. Seulement...

-Arrête la voiture.

Il avait parlé d'une voix claire et net, même s'il ne savait absolument pas ce qu'il comptait faire ensuite. Incrédule et étonné, l'autre demanda :

-Pardon ?

-Je t'ai demandé d'arrêter la voiture.

Le brun ne comprenait pas où il voulait en venir. En temps normal, il aurait accéléré, juste pour voir cette lueur d'agacement dans ces yeux, mais pas cette fois. Pour une raison inconnue, l'intensité dans sa voix et son regard suffirent à le convaincre.

Il fit une embardé sur la gauche et s'arrêta sur le bas-côté, sans rien dire. Il se demandait bien ce que l'autre avait derrière la tête.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ne me dit pas que tu as besoin d'aller aux toilettes-

Il s'interrompit net quand il se rendit compte que l'autre s'était soudainement rapproché.

Ils se regardèrent un moment, sans rien dire. Les yeux acier du plus âgé semblèrent étonnamment brillants quand ils se plantèrent dans les iris mauves de l'autre. Il se pencha encore un peu vers lui, réduisant l'écart entre leurs deux visages. Le plus jeune sentit une vague de chaleur l'envahir, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Cette soudaine proximité lui faisait un drôle d'effet.

-Fukuzawa ? Qu'est-ce que tu-

-Je vérifie quelque chose.

Et avant qu'il ne puisse discerner la légère rougeur qui avait pris place sur les joues de l'argenté, celui-ci l'embrassa.

Ce n'était pas vraiment un baiser violent et passionné. C'était assez doux et innocent, un peu différent de ce qu'on aurait pu penser. Alors qu'il avait eu un léger mouvement de recul au début, Mori fini par se détendre sous la sensation des lèvres de Fukuzawa contre les siennes, et se rapprocha même à son tour, répondant à ce baiser, pour passer les bras autour de son cou. Approfondissant légèrement leur échange, il vint à son tour poser les mains sur ses hanches, tout de même un peu entravé dans ses mouvements par la présence de la ceinture de sécurité contre lui. À côté d'eux, la musique tamisée de l'autoradio semblait soudain s'être fait parfaitement oubliée.

Pendant un moment qui sembla durer une éternité, ils restèrent enlacés comme ça, comme dans une bulle, oubliant qu'ils étaient censés être ennemis, qu'ils étaient sur le bas-côté d'une route en train de s'embrasser et que les gens qui passaient devaient sûrement les regarder bizarrement. Après tout, quelle importance ?

C'est n'est qu'un moment après qu'ils se séparèrent enfin, alors qu'ils commençaient à manquer d'air. Le souffle court et les joues rougies, ils se regardèrent un moment, leurs visages toujours à quelques centimètres. Et étrangement, ce fut le parrain qui rompit le contact en premier, en repoussant doucement le détective. Avant que l'autre ne puisse dire quoique ce soit, il murmura, essayant de cacher son gêne :

-Bon, on devrait s'arrêter là pour le moment.

Tout en reposant les mains sur le volant, il dit d'une voix amusée, presque provocatrice, en se reprenant immédiatement :

-Nous ne pouvons décemment pas aller plus loin dans cette voiture, n'est-ce pas ? Et puis… Il lui offrit un sourire moqueur. Si tu veux vraiment m'avoir, il va falloir faire un peu mieux la prochaine fois.

Et sans plus attendre, il redémarra et repris la direction de la ville, sous le regard stupéfait de son collègue. Mais l'expression de son visage ne tarda pas à se transformer en un mince sourire. La rougeur qui persistait sur les joues de l'autre ne le trompait pas. Il savait que ces intentions avaient été plus que comprises, et largement partagées. 

De son côté, le brun fit un effort pour se reconcentrer sur la route, histoire d'éviter d'avoir un accident pour de bon. Il ne pouvait pas nier que le baiser de l'autre lui avait fait pas mal d'effet, d'autant plus qu'il ne s'y attendait pas. Le malaise qu'ils ressentaient l'un près de l'autre, à cause de leur manque de communication, semblait s'être allégé d'un coup. Il ne savait pas si la situation était vraiment plus claire maintenant, mais au moins leurs sentiments l'étaient un peu plus. Mais si l'autre voulait vraiment que ça aille plus loin, il voulait d'abord être sûr qu'il était déterminé. Et puis, c'est aussi important de savoir se faire désirer, non ? 

Ils se verraient de nouveau après ça, c'était une certitude. Ils ne savaient pas vraiment en temps que quoi, mais ils comptaient bien le découvrir. Ils ne voulaient pas se précipiter. Mais oui, Fukuzawa comptait bien faire plus que ça la prochaine fois.

Et alors qu'ils roulaient vers Yokohama, ils se dirent que leur maître avait sûrement tout prévu en les envoyant là-bas ensemble. 

Donc, malgré tout ça, Nastume Sôseki était définitivement un magouilleur.

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