Chapitre 38
Chapitre 38
-Leia-
Je ne savais plus quel jour on était. Le confinement passait à une vitesse folle. Je n'arrivais pas à m'ennuyer. J'étais tellement heureuse d'avoir autant de temps libre. Je bossais sur mes projets persos, délaissant un peu le court-métrage, je l'avouais. Mais je travaillais dessus depuis l'année dernière. Je ne pouvais plus le voir en peinture. Surtout avec les commentaires du professeur d'animation qui voulait toujours tout modifier dans mon film. Et ce n'était pas juste des conseils de professeur, c'était des choix et des goûts subjectifs de sa propre personne. Ce n'était pas non plus de simples petites rectifications, c'était plus modifier tout le film, enlever mes intentions, le fond. Si on l'amputait, ce n'était plus mon film, mais le sien. Les corrections techniques ou logiques, je peux les entendre, même si ça fait chier et que ça prend du temps. Mais ce qu'il me reproche parfois n'est juste que son propre avis en tant que personne et pas son avis de professeur. Le pire, c'était la crise qu'avait faite l'un de mes camarades de classe devant les profs en plein call Discord.1 Ce grand fou m'avait accusé de ne rien faire depuis septembre.
Mais nique-toi en fait.
Cette histoire était allée très loin, je l'avais clashé de façon professionnelle et cordiale sur les réseaux, en ne répondant pas à ses provocations, screenant toutes ses insultes, ses reproches, les gardant comme pièces à convictions si son harcèlement durait. Le professeur de scénario et de rendu de couleurs m'avait défendu devant le prof d'animation et la classe, assurant avoir été témoin de tout le boulot que j'avais accompli depuis le début de l'année. J'étais folle de rage face à cette histoire.
Mais hormis ça, j'avais repris l'histoire que j'imaginais depuis ma troisième. Cela me faisait énormément de bien. Je peignais et dessinais aussi les nombreuses commandes de mes amis et ma famille. J'étais heureuse de voir qu'ils étaient prêts à payer le prix pour mes œuvres. Ils avaient confiance en moi.
Depuis deux semaines, j'avais repris un bon rythme, une bonne hygiène de vie, je dirais même. Au lieu de me coucher aux aurores, j'allais au lit entre vingt-trois heures et une heure du matin, me levant tous les jours à huit, neuf heures du matin. Cela me faisait bizarre, puisque depuis quatre ans, je n'avais pas été aussi longtemps dans ma chambre d'adolescente -si on ne compte pas les vacances d'été-. J'apprenais à réapprivoiser cet espace qui avait été le mien pendant des années.
Même si Paname me rappelait énormément de mauvais souvenirs, mon appart commençait à énormément me manquer, ainsi que Tarik. Au début du confinement, pas du tout, étant habitué aux relations à distance. Mais là, ça commençait à être un peu long... Néanmoins, je restais positive, gardant une certaine dynamique. J'avais hâte de commencer mon stage chez messfims. Plus que quelques jours et je pourrais d'abord commencer en télé-travail, puis en présentiel.
J'avais aussi repris la lecture, entre les tonnes de bouquins qui trônaient sur ma table de chevet, ainsi que les tonnes d'histoires que je lisais sur ma nouvelle plateforme : Wattpad. Parfois Skyblog et fanfiction.net me manquaient... J'y avais lu tellement de bonnes fanfictions...
Trois coups furent portés à ma porte.
« - Entrée.
- C'est moi Jacqueline. M'annonça mon frère.
- Salut Jean-Claude, tu veux quoi ? Lui demandais-je
- J'ai besoin de toi pour mon projet de littérature anglaise. On a un sujet sur la littérature gothique.
- Ah oui ! Je me rappelle avoir bossé dessus en première ! M'exclamais-je.
- Oui, voilà. J'aurais besoin de toi pour faire les dessins. Car on pouvait faire une sorte de BD pour illustrer notre expression écrite. C'était facultatif, mais ça rapporte pas mal de points.
- Pas de soucis. 'Faudra juste que tu m'expliques ce que tu veux, et je te ferai ça.
- Merci, t'es trop forte ! » S'exclama Thomas.
Quand il fut parti, je pensais pouvoir jouer aux Sims ou regarder Vikings. Mais la sonnerie de mon téléphone m'en empêcha. C'était Tarik.
- Tarik-
« - Allô ?
- Allô. Ça va, Bella ?
- Ça va bien et toi ?
- Ça va. Dis-je mentant comme d'hab'.
- J'ai vu ce que tu as fait avec Karim, c'est génial que tu aies fait ça ! S'exclama-t-elle.
- Ah, ça. C'est normal.
- Tu rigoles ? Ce n'est pas tout le monde qui aiderait les SDF. Encore plus pendant cette période spéciale où tout le monde pense encore plus à leur propre gueule. Heureusement qu'il y a des gens comme vous qui utilisent leur notoriété, leur argent et leur temps pour aider ceux dans le besoin. Sinon, ce serait encore plus la merde. Ça me rappelle une phrase de ton frère : « Je ferme les yeux, je vois la merde, j'ouvre les yeux, je vois la merde. »
Elle me faisait rire de nous citer en permanence.
Meuf calmos.
Dire que ça me rendait ouf avant. Après, j'avais eu trop peur que ce soit une kehba. Ça avait ienb évolué.
- C'est vrai. Après, pour moi, c'est walou.2 Faut être un zemel pour ne rien faire face à la misère. Moi ce genre de hmar je les hagar.3
- Je sais chéri.
Qu'est-ce que je l'aimais.
- Pardon. Je me suis emporté. Sinon ça va, tu as passé une bonne journée ?
- T'inquiètes, je suis pareille là-dessus, et tu le sais bien. Oui, ça va. Mon frère m'a demandé de faire les dessins de son sujet de littérature anglaise. Ah, et j'ai fait mon fidèle gâteau au yaourt à la fleur d'oranger et aux pépites de chocolat pour ma famille. Dit-elle joyeusement.
Je pouvais sentir son sourire à travers l'appareil.
- Tu es vraiment une meuf incroyable.
- Quoi ? Pourquoi ? Demanda-t-elle toute gênée.
- Bah, t'aides ton frère dès qu'il a besoin de toi. T'es là pour gérer la maison avec tes rents-pa. Et puis tu fais ton gâteau délicieux pour tout le monde, alors que tu ne pourrais t'en faire que pour ta gueule.
- Oui, mais je ne suis pas comme ça.
- Je sais. C'est pour ça que t'es incroyable. Insistais-je.
- Arrête, tu vas me faire rougir.
- Et si c'est ce que je veux.
- T'es nouille.
- Non, j'suis ton homme.
Elle eut un petit rire trop mignon.
- Oui, et moi ta femme.
- Quel homme chanceux je suis.
- C'est moi la chanceuse. Rétorqua-t-elle.
J'entendais au loin Nabil et Nk.F m'appeler.
- Bon, je dois y retourner habiba.
- Dac'. Travaille bien.
- Toi aussi. Lâche rien pour le film. Je sais que c'est dur. Surtout, à cause de l'autre connard, mais laisse-le parler, tu vaux bien mieux que lui. La remotivais-je.
Je croyais en elle comme jamais.
- T'as raison.
- Bien évidemment, que j'ai raison.
Ce qui nous fit rire tous les deux.
- Bon, à plus tard.
- À plus tard mi lionu.
À chaque fois qu'elle m'appelait par ce surnom avec son accent corse, je frissonnais.
- À plus tard Bella. »
1 call : appel en visioconférence ou téléphonique en anglais
2 walou : rien du tout en arabe
3 hagar : frapper, donner un coup, défoncer en arabe
Voilà le chapitre 38, j'espère qu'il vous aura plu 😌
Le connard qui la fait chier ?
Sa réactions face tout cela ?
L'appel avec Tarik ?
Leur complicité ?
On se retrouve vendredi soir !
saphirabluesharkwttpd sur insta
Prenez soin de vous 🤍
Saphira
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