☆ 8. Entre Deux Mondes
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Ayana
« Baby, this is what you came for
Lightning strikes every time she moves
And everybody's watching her
But she's looking at... » (1)
(1) : Paroles de This is what you came for, de Rihanna.
— YOU, OOH, OOH...
Une bouteille de Liberty Ale en main, Jade sautille et danse en hurlant, sa voix se superpose à celle de Rihanna qui emplit le night-club. Sa robe rouge à franges scintille sous le feu des projecteurs et le tissu s'agite au gré de ses mouvements, comme les tenues des danseuses de salsa. Ses cheveux de feu s'accordent parfaitement à son énergie : vive, enjouée, inarrêtable. Ce soir, elle a accepté de ne pas maquiller ses taches de rousseur, optant pour un simple trait d'eye-liner sur les paupières. Elle est tellement plus belle comme ça.
— BUT SHE'S LOOKING AT YOU !
À côté d'elle, Maya, en jupe courte noire et crop-top quasi-transparent de la même couleur, exécute des mouvements improvisés. Les lèvres couvertes d'un rouge vif et les yeux décorés de paillettes, elle s'agite en prenant plusieurs vidéos à la suite. Un peu en retrait, assise sur l'une des chaises hautes près du bar, je me contente de filmer autour de moi en sirotant mon verre de piña colada. Lait de coco, rhum et jus d'ananas. Un régal. Je souris à mes amies qui s'amusent à quelques mètres de moi, alternant mâchouillage de chewing-gum et selfies. Ma robe verte imprimée cachemire avec sa ceinture autour de ma taille est trop belle pour ne pas être prise en photo.
Maya me fait un geste de la main pour m'inviter à les rejoindre, mais je grimace, lui signifiant que je suis très bien là où je suis. Je lève les yeux vers les nombreux étages qui composent le bâtiment, où des espaces de détente privés s'alignent avec des miroirs sans tain en guise de baies vitrées, assurant une grande confidentialité aux clients VIP. Une loge surplombe l'endroit, sûrement s'y trouve-t-il un quelconque agent de sécurité qui a les yeux rivés sur des images de caméras de surveillance. Je sors de mes pensées quand Maya surgit devant moi pour saisir mon bras. Me forçant à me lever, elle hurle près de mon oreile :
— Écoute-moi : tu vas faire le vide et te détendre. Ensuite, tu vas venir danser avec moi, te casser les cordes vocales à crier comme princesse Sofia et te péter la gueule jusqu'à aller vomir dans les chiottes. Est-ce que c'est clair ou t'as besoin que je demande à Terry de le répéter dans le micro ?
Je ris et cède, lui emboîtant le pas. Nous trottinons sur nos escarpins et Jade nous accueille en ouvrant les bras, tout sourire. Le rez-de-chaussée est bondé d'individus de tout horizons et les uns bousculent les autres dans un brouhaha joyeux. Debout sur un îlot avec les instruments de beatmaking, le cousin de Maya sourit à la foule de danseurs déchaînés qui l'encercle et mixe des chansons qui libèrent les plus timides d'entre nous. J'accepte les nombreux verres que me proposent mes amies au fil des minutes et me déshinibe bien plus vite qu'un être humain normal. Je ne tiens vraiment pas l'alcool mais, au moins, mes tracasseries baignent désormais dans de la vodka. Pour ce soir, je décide de faire comme les autres : oublier.
Terry me cherche du regard. Il sourit et me fait un clin d'œil avant de changer de chanson en une transition élaborée. J'éclate de rire en entendant la voix de Dua Lipa que crache les enceintes.
« Talking in my sleep at night, making myself crazy.
Out of my mind, out of my mind... » (2)
(2) : Paroles de New Rules, de Dua Lipa.
Je hoche la tête lorsque nos regards se croisent à nouveau pour lui signifier que j'ai bien saisi le message. Après avoir passé l'après-midi à surveiller mes cadets, je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi, boire une tisane et me coucher. Mais Jade et Maya avaient d'autres projets : me sortir de ma morosité.
« Elle broie du noir. Ou du Brent. Au choix. Alors, t'as intérêt à jouer de la bonne sono, histoire qu'elle oublie ce connard ». Cette idiote de Jade s'était sentie obligée de cafter. Terry ne s'est pas fait prier et voilà qu'il me sert un son typiquement... « oublie ce connard ». Je ne vais pas cracher sur sa bonne volonté. Je vais satisfaire mon besoin fulgurant de faire un doigt d'honneur à Brent et à tous mes maux.
« I got new rules, I count 'em. I gotta tell them to myself. »
— Allez, bouge-moi ce cul de rêve ! m'ordonne Jade.
J'avale un autre verre. Le goût prononcé et sec du bourbon s'étale sur ma langue. Une note de caramel, un trait d'épices, un léger parfum de vanille. Intense. Vif. Mes neurones anesthésiés ne véhiculent plus la douleur. Inhibé, mon mal disparaît, noyé dans l'éthanol. Je m'esclaffe, le bassin de Jade collé à mon dos et le dos de Maya contre mon bassin. Les yeux à demi-fermés, j'oscille entre rêve et réalité, troublée par l'océan, jetée dans les abysses glacées.
Merde !
Si je pensais oublier Brent sans conséquences, je constate, sonnée par l'alcool, que mes pensées me ramènent sans cesse à un tout autre homme. Les muscles de mon bassin se contractent délicieusement. Mon corps, perverti par les idées qui remontent dans mon cerveau embrouillé, est parcouru de mille et un frissons. Les mains de Jade sur mes reins se transforment. Les doigts de Lucian Sulton marquent la chair de mes hanches dans mes pensées. Intense. Vif. Comme le bourbon. Un régal. Comme la piña colada. Je me mord la lèvre, hantée par un désir incontrôlable, et me déhanche davantage contre mes amies.
Je l'imagine, là, en train de m'observer, captivé par le mouvement de mes reins. Les mains dans mes cheveux, il me forcerait à lever les yeux vers lui avant de posséder ma bouche de la sienne. J'ouvre les paupières, honteuse de mes idées, le bas-ventre palpitant comme un deuxième myocarde.
— J'ai besoin de boire un peu d'eau ! lancé-je à mes amis avant de me diriger vers le bar.
Titubant légèrement, elles me rattrapent pour m'accompagner à bon port en s'esclafant. Les barmen sont débordés, alors mes amies et moi en profitons pour critiquer les tenues des gens qui nous tombent sous la main. Je ne devrais pas boire autant, surtout quant on sait que quelques verres suffisent à me rendre malade. Occupées à rire des répliques de mes acolytes, un mur humain vient soudain s'interposer entre elles et moi. Un grand baraqué chauve en costard et à l'allure peu sympathique me tend une carte sans l'ombre d'un sourire. Maya et Jade se rapprochent de moi, aussi confuses que je le suis.
— C'est un pass ! s'extasie Maya qui semble savoir de quoi il s'agit.
— Un pass ? Pour quoi ?
— Pour un salon, voyons, annonce-t-elle à mon oreille. Tu as surement un admirateur secret dans les parages ! Monsieur, nous vous suivons.
Encore plus perdue, je m'accroche à son bras, craintive.
— Est-ce que c'est une pratique courante ici ? Et si c'était un piège et qu'un membre d'une mafia quelconque tente de nous kidnapper ?
Hilares, Jade et Maya qui sont des habituées se moquent de mes remarques tout en me rassurant. J'ignore le nombre de pass que des « admirateurs » leur ont envoyés et le nombre de soirées qu'elles ont passé ici à s'amuser aux frais d'un individu dont elles ignorent tout, mais elles semblent particulièrement aimer ça.
Intriguée, je les suis à travers la foule, mon cœur battant un peu plus vite à l'idée de découvrir ce qui m'attend. Nous grimpons deux étages plus haut et, en pénétrant dans le salon privé après avoir validé mon pass près d'un dispositif biométrique, mes yeux s'ouvrent grands, captivés par l'opulence de l'endroit.
La pièce est baignée d'une lumière tamisée dans les teintes rouge et rose, créant une atmosphère d'intimité. Une boule d'ambiance suspendue au plafond projette des reflets dorés sur les murs tapissés de velours, ajoutant une touche de glamour à l'ensemble. Les miroirs sans tain nous donnent une vue sur les étages inférieurs et empêchent tout œil indiscret de guetter notre espace. Des canapés moelleux, drapés de tissus luxueux, invitent à la détente, tandis qu'une table basse en marbre poli apporte une touche de modernité. De multiples tissus sont accrochés depuis le plafond ici et là, et leur mouvement est motivé par la climatisation qui projette un vent frais autour de nous. Un sourire émerveillé se dessine sur mes lèvres alors que je m'avance plus avant dans la pièce, m'imprégnant de l'ambiance élégante qui règne ici. Mes amies me suivent, leurs yeux pétillants de joie et d'excitation, ajoutant à l'atmosphère festive qui règne. J'éclate de rire, un peu trop bourrée peut-être.
— Je ne sais pas qui m'offre ça, mais dites lui merci de ma part.
— J'y veillerai, annonce le molosse. Passez une excellente soirée.
Il décampe sans demander son reste. Maya fait un commentaire sur une bar de pole dance que je n'ai pas aperçue en entrant. La sensation de luxe et de confort m'enveloppe, me transportant dans un univers de raffinement et de bien-être. Je m'installe sur l'un des canapés avec un soupir de satisfaction, mes amies me rejoignant dans un élan de camaraderie et de complicité. Ici, la musique ne résonne pas comme à l'extérieur. La cabine doit être légèrement insonorisée, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Un serveur est même à notre disposition, alors nous nous empressons de commander toutes sortes de cocktails personnalisés. Les verres s'entrechoquent, les rires résonnent dans l'air et l'ambiance festive m'envahit peu à peu. Je suis entraînée dans la frénésie de la soirée, l'éthanol brouille mon cerveau et la moindre réplique de mes amies me fait exploser de rire. Je prends une autre gorgée, la sensation de l'alcool brûlant ma gorge me fait frissonner de plaisir. Une énième gorgée, puis une autre, et bientôt je me retrouve à siroter mon verre avec une insouciance grandissante. Une chaleur bienvenue s'installe dans tout mon être, mais je ne tiens plus droite et je ne vois plus clair. Désormais avachie dans le canapé, j'ai les yeux à demi-ouverts.
— J'vais pisser, annonce Maya.
— Attends-moi !
Et, comme la chose la plus naturelle au monde, elles se dirigent vers une porte si en retrait qu'elle en est invisible. Mes yeux s'écarquillent, ou plutôt s'ouvrent autant que je le peux. Je me redresse avec la tête qui tourne.
— Y a des putains de douches, ici ?
— Oui, idiote ! Bouges pas, t'es trop bourrée.
Je lève un pouce avant de me rallonger. Je me sens légère. Je devrais boire plus souvent, pensé-je en riant à voix haute. Les lumières dansent devant mes yeux, étincelantes et irréelles, comme si j'étais plongée dans un monde de rêve. Les rires et les conversations autour de moi semblent lointains, comme étouffés par un voile épais, et je me sens détachée de la réalité. Mes pensées vagabondent, flottant dans un océan d'émotions confuses. Des souvenirs et des sensations se mêlent dans mon esprit à des kilomètres de la lucidité, créant un kaléidoscope de sentiments indistincts. Dans cette mer de confusion, une silhouette se dresse devant mes yeux entrouverts et je rigole en croyant à une mauvaise blague de mon subconscient. Même saoule comme trente-six bourriques, ce type ne veut pas lâcher mon âme. Il me veut jusqu'à la moelle, jusqu'à ce que mon dernier souffle quitte mon corps et que la quintessence de mon être soit à lui. Je ferme les yeux en croyant qu'il va disparaître dans les méandres de ma mémoire, mais je sens désormais ses mains sur moi.
— T'es vraiment un psychopathe, tu sais ? éclaté-je de rire.
— Tu veux bien discuter un moment dans un endroit plus calme ?
Il n'attend pas ma réponse qu'il m'aide déjà à me redresser. Je me sens comme dans un brouillard épais, mes pensées sont emmêlées par l'alcool qui coule dans mes veines. La voix de mon ex copain résonne dans mes oreilles, mais je suis incapable de comprendre ce qu'il me dit. Ses doigts enroulent ma taille et chaque pas involontaire que je fais me mène un peu plus loin de mes amies.
— Maya... Non... Maya..., tenté-je d'appeler.
Mais ma voix est trop faible et la musique trop forte. Mes jambes flageolantes refusent de coopérer comme je le voudrais. Un sentiment de malaise s'installe dans mon estomac, s'intensifiant à chaque mouvement. Des vagues de nausée me submergent, et je lutte pour garder mon équilibre car mes muscles se crispent dans un effort désespéré. Chaque bruit, chaque sensation est désormais amplifié, comme si j'étais plongée dans un monde parallèle où tout est exagéré, oppressant. La peur me serre le cœur alors que je réalise ma vulnérabilité dans cet état d'ivresse. Mon esprit me crie de me retirer, de trouver une issue à cette situation qui devient de plus en plus menaçante. Mais je me sens prise au piège, impuissante face à la force qui m'entraîne plus loin dans l'obscurité des couloirs. Je cherche désespérément une échappatoire, un signe d'aide quelconque, mais les secondes passent et il n'y a plus que le bruit de mes talons pour me tenir compagnie.
— Brent, arrêtes... je vais vomir...
— Du calme, mon cœur, tu...
— Mlle Moore ? Où allez-vous ?
Nous nous arrêtons. Les muscles de mon cou sont bien trop affaiblis pour lever les yeux, mais même tout l'éthanol dans mon sang ne pourrait effacer cette voix de mes souvenirs.
À présent, je sais que je suis en sécurité. Alors, je relâche toute la tension dans mes jambes et m'écroule avant que Brent ne puisse me rattraper.
* * *
Lucian
Je suis assis dans ma loge, les pensées tourbillonnant dans ma tête, essayant désespérément de trouver un moyen d'approcher Ayana après lui avoir offert l'accès à un salon privé. Je pense l'avoir suffisamment observée pour croire qu'elle trouvera un moyen de me fuir dès l'instant où elle me verra. J'ai demandé à l'un de mes hommes de garder un œil sur elle jusqu'à ce que je lui parle. Peut-être dois-je simplement attendre qu'elle décide de rentrer chez elle pour l'aborder, mais j'ignore si elle sera en possession de toutes ses facultés mentales à ce moment-là. J'ai déjà pu constater en la regardant danser qu'elle ne refuse aucun des verres que ses amies lui proposent.
Tout de même inquiétant, comme comportement. Ce manque de méfiance envers ses proches en qui elle semble croire aveuglément, alors que l'une des bases de mon éducation était de n'accorder ma confiance à personne. Mon père a commencé à me maltraiter très tôt pour me punir d'être né en occasion la mort de ma mère. Fort est donc de constater que je n'ai pas eu beaucoup d'option lorsqu'il s'agissait d'accorder ma confiance aux autres. On ne m'a pas vraiment montré l'exemple.
— Monsieur ?
Je décale les doigts qui couvrent mes yeux pour apercevoir Matthew, le chef de mon service de sécurité qui est accessoirement mon homme de main. Oreillette, costume noir, lunettes, le parfait attirail de la garde rapprochée.
— Brent Smith a rejoint le salon de Mlle Moore.
Un sentiment étrange me prend à la gorge. Depuis le soir de l'anniversaire de ma société, le blog qui a publié cette image d'Ayana et moi est sous surveillance et son propriétaire aussi. Je sais que Brent est l'ex d'Ayana, mais après tout ce que j'ai entendu de leur relation catastrophique, les savoir en train de fricoter sur mon territoire me rend nauséeux et tout à fait furieux. Matthew place deux doigts sur son oreillette, à l'écoute d'un nouveau message. Il m'annonce ensuite :
— Mlle Moore a quitté le salon en compagnie de Brent Smith.
Cette fois-ci, je vois rouge. Je me précipite à l'extérieur, Matthew me devance, me montrant le chemin jusqu'au couple. Le dédale des couloirs qui communiquent entre eux nous mène à quelques pas du parking. J'aperçois enfin les deux silhouettes, Brent qui soutient une Ayana qui ne semble plus tenir seule sur ses jambes.
— Mlle Moore ? Où allez-vous ?
Je tente de garder mon ton indifférent, bien que je sois bouillonnant à l'intérieur. Je distingue clairement le visage de Smith qui porte une casquette et des vêtements amples qui cachent sa silhouette. De toute évidence, il ne souhaitait pas se faire remarquer. Soudain, et à ma grande surprise, Ayana s'effondre au sol, me laissant sans voix. Quelques secondes passent pendant que j'analyse rapidement la situation. Il est tout à fait vraisemblable qu'Ayana ne prenait pas la poudre d'escampette avec son ex copain et, sans même que je ne le réalise, cette pensée ôte un poids de ma poitrine. Je m'approche de son corps inerte, une colère nouvelle déferlant dans mon organisme.
Trois autres gardes du corps flanquent mes côtés, à l'affût du moindre geste hostile, mais Smith se contente de m'observer. Un bras dans le dos et un autre sous les genoux, je soulève Ayana avec précaution, laissant échapper un soupir de soulagement en la voyant si vulnérable. Les yeux projetant des flammes de fureur, l'expression de Smith est tendue, les muscles de son visage crispés par une rage contenue. J'ai été entraîné dès mon enfance à dominer sur les états d'âmes des autres. Mon Clan regorge de personnalités complexes et variées, et Brent Smith ne fait pas partie du type d'individus qui m'a donné du fil à retordre. En un coup d'œil, j'ai cerné qui il est et la personnalité pathétique qui est la sienne. Après l'avoir dévisagé pendant quelques secondes, j'annonce d'une voix inflexible :
— La prochaine fois que nous nous reverrons, vous m'expliquerez en détails où vous comptiez l'emmener, ce que vous comptiez lui faire et pour quelle raison. Si vos réponses me plaisent, nous reprendrons le train de nos vies sans encombres. Dans le cas contraire, je serai obligé de vous cogner vraiment très fort pour vous remettre les idées en place.
Les flammes dans ses yeux deviennent un vrai brasier. S'il pouvait me consumer pour lui avoir arraché son butin, il aurait calciné chaque atome de mon être.
— Je vais vomir...
La petite voix d'Ayana me sort de ma colère. Je baisse les yeux vers elle et, instinctivement, je la sers davantage contre moi.
— Matthew, raccompagne M. Smith à son véhicule, veux-tu ?
J'enjambe alors les quelques mètres qui nous séparent du salon le plus proche. À l'intérieur, un couple quelconque est en train de s'embrasser passionnément. Mes hommes s'occupent rapidement de les conduire ailleurs. Je mène alors Ayana vers les douches, où elle se penche pour vomir dans les toilettes. Je tiens ses cheveux, essayant de lui apporter un peu de réconfort. En une couette serré, j'empêche ses mèches de plonger dans la cuvette et ordonne qu'on lui apporte une bouteille d'eau. Avec mon soutien, elle se redresse pour se laver la bouche et avaler plusieurs gorgées du liquide rafraîchissant.
Voyant qu'elle frissonne, je la conduis vers un canapé et lui fais porter mon blazer. Je m'assois à côté d'elle, gardant sa tête sur mes genoux et caressant doucement son visage. Même avec le teint pâle, le front recouvert d'une fine pellicule de sueur et les joues colorées de son malaise, elle reste si magnifique que j'en ai mal dans la poitrine. Dehors, la musique résonne toujours et tous ces gens festoient sans savoir la frayeur qui est mienne chaque fois que je me demande ce qui lui serait arrivé si Smith était arrivé à ses fins.
— Allez chercher ses amies, recommandé-je à l'un de mes hommes.
Ayana frissonne de plus en plus fort, chose qui m'inquiète malgré moi.
— Vous allez être malade, c'est ça ? Je vais appeler votre chef pour l'avertir que vous ne travaillerez pas cette semaine, lui proposé-je. Je demanderai à un médecin de vous surveiller si...
Cette fois-ci, elle me laisse vraiment perplexe. En se mettant à pleurer, elle me met dans un embarras qu'elle ne réalise pas : j'ignore comment gérer ce genre de situations. Je n'ai jamais appris à consoler quelqu'un et j'ai peur qu'en disant ou faisant quoi que ce soit, j'empire la situation. Alors, je reste là, à caresser son visage en me tournant les méninges. Heureusement, Maya Fletcher et Jade Curry entrent en trombe dans la pièce, prenant Ayana dans leurs bras. Je me lève et recule de quelques pas pour leur laisser de l'intimité, observant ce débordement d'émotions auquel je ne suis pas familier.
Cette scène suscite quelque chose d'inhabituel en moi, voir la femme dont je suis raide dingue inconsolable entre les mains de ses acolytes qui la tiennent entre leurs bras. Autant de vulnérabilité, c'est tout nouveau pour moi. À sa place, Amel aurait sûrement attendu d'être seule dans sa salle de bain avant de montrer le moindre signe de faiblesse. Je suis si obnubilé par Ayana que je ne remarque que trop tard qu'elle s'endort contre la joue de Fletcher et que ses deux amies m'observent avec étonnement. Je peux voir dans leurs yeux qu'elles sont surprises de me voir ici. Je les salue avant de leur raconter la scène de tout à l'heure et elles se contentent de soupirer, affligées. Curry murmure des mots à Fletcher qui écarquille les yeux avant de me regarder d'un air curieux.
— C'est vous qui avez offert le pass à Ayana, c'est ça ? soupçonne-t-elle.
— Oui. Cette boîte de nuit m'appartient en réalité.
Après un petit silence, je reprends la parole.
— Par mesure de sécurité pour Ayana, je souhaite que vous logiez dans un hôtel cette nuit. Autant de nuits que vous voudrez, en réalité. Mon chauffeur vous y conduira et un de mes gardes du corps restera avec vous.
Elles balbutient des mots que je ne saisis pas bien et semblent au bord de la gêne tout en gloussant silencieusement, avant de retrouver leur calme en une grande inspiration collective. Elles me demandent ce qu'elles pourraient faire pour me remercier, et je leur souris discrètement.
— Il vous suffira de convaincre Ayana de me rendre mon blazer au cours d'un dîner.
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Salut, mes océans ! Vous en dites quoi du Lucian protecteur supplément badass ? 🤪
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Esther.
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