☆ 4. Fuir Devant La Tentation

Lucian


— Tu te rappelles ce que je t'ai dit ?

Je hoche la tête contre mon gré, fermant régulièrement mon poing pour contrôler les influx nerveux qui veulent m'inciter à exécuter ce que me suggèrent mes envies. Haimeï me demande de répéter mot pour mot ses recommandations et je souffle bruyamment, car ce n'est pas ce que j'avais prévu. Je déteste changer mes programmes à la dernière minute. Ça me démange dans tout le corps, je me mords les lèvres, tourmenté. Comment m'efforcer à suivre les conseils avisés de mon bras droit ? Par quel miracle convaincre mes muscles pour qu'ils cessent de se contracter nerveusement ? Comment contraindre mes pieds à garder le reste de mon corps à une distance sécuritaire de la sœur de mon nouvel employé préféré ?

— Je ne vais pas y arriver, Meï. Je le sens dans chaque partie de mon anatomie.

Haimeï fronce les sourcils, plissant davantage ses yeux bridés.

— Tu m'avais dit que tu abandonnais l'idée de t'approcher d'elle. Je comprends que, la voir dans la vraie vie, ça a dû te bouleverser, mais souviens-toi les raisons pour lesquelles tu ne voulais pas qu'elle soit dans ton champ de vision dès le départ.

— Parce que c'est trop dangereux. C'est trop dangereux, murmuré-je, reprenant le dessus sur les picotements dans mes mains. Tu as raison.

La chinoise applaudit, fière, et vérifie que ma cravate est toujours à l'endroit. Je me concentre sur le reste de la soirée, tous ces gens dans la salle d'à-côté et ces mains à peu près propres que je dois serrer. Nous nous éloignons du recoin du podium où nous discutions pour regagner la salle de réception où défilent serveurs et hôtesses. Amel me rejoint pour s'accrocher à mon bras et, à la vue de son air joyeux, je conclus qu'elle n'a sans doute pas encore été mise au courant de la publication du cliché fauteur de trouble. Mes gardes du corps nous suivent et d'autres nous précèdent, à l'affût du moindre danger. Je m'efforce de ne pas rester stoïque lorsqu'on m'aborde, remerciant les uns pour leur présence, félicitant les autres pour leurs dernières prouesses dans leurs carrières.

— Ces escarpins me martyrisent les talons, chéri, se plaint ma fiancée à mon oreille. Je suis d'avis pour qu'on salue le peuple et qu'on aille se reposer.

Sulfureuse au possible, la brune a opté pour une robe aussi noire que mon costume, avec une petite sacoche de la même couleur. Sa cuisse droite est perceptible à travers la fente extravagante de son vêtement au décolleté plongeant. Son dos est barré par des ficelles et je m'empare de sa hanche pour me pencher vers elle.

— Je doute que tu aies envie de rentrer à la maison ce soir.

Lorsque tu apprendras ce qu'il s'est passé près des vestiaires.

Elle n'a pas le temps d'en placer une que nous sommes accostés par Josh.

— Félicitations, Einstein ! Tout s'est super bien passé, tu as géré comme un chef !

Le gestionnaire de patrimoines dont je suis le client fidèle et l'ami me tapote doucement l'épaule.

— Merci beaucoup. Où sont les autres ?

— À table. Venez, je vous escorte, sinon vous ne traverserez pas cette pièce sans qu'on ne vous interpelle.

En effet, avec l'aide de mes gardes du corps, il nous libère le chemin jusqu'au centre de la pièce, où se dresse l'imposante table que je suis censé rejoindre. Mes amis les plus proches ainsi qu'Elaine discutent joyeusement avant de m'apercevoir. L'instant d'après, ils se lèvent pour applaudir et, dans les secondes qui suivent, le reste de la salle les imite. Amel agite doucement la main, comme si elle salue ses fans. Presqu'immédiatement, on me tend un micro et je remercie à nouveau ceux qui m'entourent avant d'annoncer qu'une surprise leur est réservée. L'instant d'après, nous nous installons et l'estrade au-devant de la pièce s'illumine pour laisser apparaître l'une des chanteuses les plus en vogue aux États-Unis. Mary Miller interprète en avant-première deux des morceaux de son nouvel album qui doit paraître dans moins d'une semaine, chansons qui sont accueillies avec cris de joies et applaudissements.

Pendant que sa voix mature et envoûtante séduit l'audience, les assiettes et les verres se vident. Je suis attablé entre Haimeï et Amel. Près d'elles se trouvent Tom, mon meilleur ami, vendeur de best-sellers à ses heures perdues. Awa, la cheffe du service juridique de mon entreprise a le regard rivé sur son téléphone et Adrien, le plus jeune, est accro à ses Airpods. Il est le responsable de l'atelier boiserie, celui qui donne à mes voitures toutes les textures de bois possibles et imaginables. Josh est près de Tom et Elaine Carter, l'égérie principale de ma marque qui apparait régulièrement sur les vidéos publicitaires, est aussi une actrice fascinante.

Son père, le vice-président, n'a pas pu se libérer pour fêter les dix ans de mon entreprise avec moi, mais il sait toujours comment se faire pardonner. En l'occurrence, il a validé la commande de cinq modèles personnalisés de Smart Sulton.

Et tout ce beau monde constitue mon entourage le plus proche, ceux à qui je pense lorsqu'on me cite le mot « amis ».

— Eh, Josh ! C'est quoi le plan, ce soir ? demande l'écrivain.

— Se bourrer la gueule jusqu'à pas d'heure ? suggère l'autre.

— Jusqu'à demain soir, rectifie Adrien en ôtant enfin ses écouteurs. M'sieur Sulton, vous vous joignez à nous ?

Haimeï secoue la tête pour répondre à ma place.

— Nous avons du travail et des comptes à vérifier durant toute la semaine qui arrive.

— Gary ! s'inquiète Amel. Tu devrais relâcher un peu la tension et aller t'amuser avec tes amis.

— Je ne suis pas tendu et j'ai encore beaucoup de travail avant de considérer cet événement comme réussi. Tu peux te joindre à eux, si tu veux.

— Ils ne m'apprécient que lorsque tu es dans les parages, murmure-t-elle à mon oreille.

— Josh est mon ami mais aussi ton cousin, lui rappelé-je sur le même ton. Il sera toujours de ton côté.

Elle boude, mais doit admettre que j'ai raison. Penché vers elle pour discuter sans attirer l'attention du reste de la bande, mon regard croise l'entrée de la salle que traverse une blonde aux cheveux courts dont les traits sont gravés dans mes pensées. Sans m'y attendre, je frissonne et suis contraint de reprendre contenance en sentant une vague inédite d'adrénaline se déverser dans mon sang.

Je l'observe, toujours aussi déconcerté par la finesse de son beau visage, la courbe discrète de ses hanches et la tristesse dans ses yeux. Elle regarde autour d'elle et aperçoit la table de ses parents vers laquelle elle se dirige. Elle s'arrête pour discuter avec un serveur et celui-ci hoche la tête avant de s'éloigner. Elle va s'asseoir près de son frère qu'elle enlace, puis elle redresse la cravate de ce dernier. Elle retient un sourire pendant que ses parents s'esclaffent d'une des réplique de leur fils. Elle accueille ensuite le serveur de tout à l'heure qui revient avec une bouteille de vin pour remplir le verre de la jeune femme. Elle mâche doucement les amuse-gueules qu'elle trouve sur la table, contemple les murs peints de jaune et de noir, détaille les lustres suspendus au plafond. Du bout des doigts, elle caresse le grand vase au milieu de leur table. Elle jette un œil à son reflet à travers son téléphone. Elle fait ensuite une vidéo de la salle et quelques photos. Elle se lèche discrètement les doigts après avoir grignoté, m'insinuant des pensées que j'essaie de réprimer en vain.

À quel arôme peut être parfumée une bouche comme la sienne ?

Sans doute mieux qu'une sucrerie sur mes papilles. Mes neurones qui implosent, gonflées par un message nerveux trop vif, délicieux, insupportable. Mon intérieur me hurle de la dévorer. Mes dents s'enfoncent dans ma langue, s'imaginant la chair de ses seins à la place, puis chaque parcelle de ce corps voluptueux qui ne demande qu'un peu d'attention. Vénérer cette nudité que je n'ai jamais aperçue mais qui monopolise déjà mes pensées. Effleurer sa peau après l'avoir chérie, émue jusqu'à la rougir, recouverte de perle de sueur, marquée par l'empreinte de mes baisers ardents. Plonger en elle dans tous les sens du terme. Me nicher dans la chaleur de ses tourments. Dans le creux du volcan de son existence.

— C'est trop dangereux, me répété-je en fixant mon assiette intacte.

— Pardon ?

Haimeï et Amel l'ont dit en même temps. Épuisé, ayant vidé ma réserve d'énergie pour faire semblant d'être à l'aise, j'invite Elaine et Haimeï à me suivre, car je sais que je ne passerai pas le reste de la soirée tranquille en étant à quelques mètres d'Ayana Moore.

* * *

Ayana


Je regarde ce corps impressionnant s'éloigner, escorté par l'asiatique qui semble toujours à quelques pas de lui ainsi qu'Elaine Carter, la fille du vice-président. L'actrice semble à l'aise aux côtés de ce prototype de dieu grec car elle lui sourit de toutes ses dents. Il doit bien y avoir sept gaillards pour les entourer et assurer leur protection. Lucian Sulton, alias Gary, est le genre d'homme dont on accroche l'image dans sa chambre pour rêver de prince charmant durant la nuit. Il me fait un effet indécent que je dois m'efforcer de cacher en forçant un sourire à ma famille qui me demande régulièrement si je vais bien.

— C'est juste un abruti en quête d'un peu de notoriété qui a pris cette photo. Ça va vite se tasser, annonce papa en prenant une bouchée de sa viande.

Ayant gardé la nouvelle assez longtemps, je me redonne un peu de courage grâce aux saveurs affirmées de mon vin.

— C'était Brent.

J'aurais pu croire que le monde s'était figé si le reste de la salle ne s'agitait plus au son de la musique de Mary Miller. Statufiés, mes parents déposent leurs couverts comme un seul homme.

— On rentre.

Je fais les gros yeux à papa.

— On va vraiment laisser ce fou furieux gâcher la soirée de Roy ? m'offusqué-je. Maman ! S'il te plaît.

La psychologue semble départagée. Elle recommande alors à papa de la suivre pour discuter calmement. Le commando est un homme inflexible qui ne changera pas d'avis, je le sais. Conséquemment, mon frère passera le reste de la soirée avec ses nouveaux collègues. Sachant donc cet bel épisode bientôt achevé, j'invite Roy à m'accompagner pour visiter les magnifiques salles que j'ai aperçues en arrivant. Il sait qu'il est mon photographe attitré car la majorité des images que je poste ont été prises de sa main.

— Il faudrait que tu penses à me rémunérer.

Même s'il boude, il ne se fait pas prier pour m'immortaliser près d'une grande statue d'un homme qui se sculpte lui-même dans la pierre.

— Tu auras déjà un salaire aussi haut que la Statue de la Liberté. Je ne vois pas ce que tu veux de plus.

Je lui reprends le téléphone des mains pour observer les images et, pendant qu'il se fait aborder pour recevoir des félicitations diverses, une main se pose sur mon épaule. Je manque de balbutier en apercevant Elaine Carter de si près. Je me contente donc d'entrouvrir la bouche, étonnée, fascinée par sa peau aussi pâle qu'un linge blanc et ses magnifiques cheveux blonds. Ses yeux sont étonnants de plus près. Ils sont d'une teinte proche du bleu mais étrangement singulière.

— Ayana Moore ? Bonsoir. Je suis une grande fan de votre travail. Elaine Carter.

Ses gardes du corps m'épient pendant qu'elle me tend la main. Je sors de ma torpeur pour la prendre dans mes bras avant de me détacher rapidement, les mains sur la bouche.

— Désolée ! Je suis désolée, je ne voulais pas, je...

— Ce n'est pas grave, venez.

Et, d'elle-même, elle me câline à nouveau. Lorsqu'elle s'éloigne doucement en souriant, je hoche vivement ma tête.

— Vous venez de réaliser mon rêve. J'ai regardé tous vos films, vous êtes exceptionnelle et l'intelligence dans vos réponses, lors de vos interviews... Je crois que je suis fan de vous, mais que je ne le réalise que maintenant.

Elle éclate de rire et m'invite dans la pièce d'à-côté pour discuter calmement. Je fais un signe de main à mon frère qui lève le pouce vers moi. Lorsque je rejoins la jeune femme, elle me conte qu'elle est abonnée à mes comptes grâce à un faux profil, et qu'elle pioche ses nouvelles lectures à travers les avis que je poste régulièrement.

— Vous avez un faux compte ?

— Toutes les stars ont des faux comptes.

Je m'esclaffe et nous nous aventurons dans un salon privé pendant que ses chiens de garde se postent devant la porte qu'ils ferment derrière nous. Un serveur nous apporte du vin, mais je refuse poliment, sinon je finirai par me bourrer.

— De quoi vouliez-vous qu'on discute ? Vous écrivez secrètement un livre et vous voulez mon avis ?

— J'aurais aimé, pouffe-t-elle, la main sur sa poitrine. Ce n'est pas moi qui souhaite vous parler, c'est mon cousin.

— Votre cousin ? m'étonné-je.

— Merci beaucoup, Elaine.

La voix de Sulton s'élève derrière moi, me forçant à frémir en même temps que je me retourne. Il a troqué son costume pour un pantalon en tissu léger et un pull à col roulé, tous les deux noirs. Sa coupe de cheveux est plus négligée, mais Dieu ! Qu'est-ce qu'il est sexy, lui et ses sandales à mille dollars.

— De rien, sourit-elle en s'éloignant. Ça te coutera une séance de shopping, un de ces quatre. Si tu désistes, je te dénonce à ton oncle.

— Tu devrais apprendre à convaincre sans y mêler ton père à chaque fois, s'agace le PDG.

— C'est l'argument le plus solide que j'ai !

Sur ces mots, elle disparait derrière la porte, me laissant avec le trentenaire. Je digère lentement ce que je viens d'apprendre. Sulton est le neveu du vice-président et donc le cousin d'Elaine Carter. Il m'observe, prend son temps pour détailler ma robe rouge, la traîne derrière mes pieds, mes épaules mises à nu et mon ventre plat. Je ne sais plus où me mettre. Il semble lui-même débordé par plusieurs émotions, chose qui colore mes joues malgré moi. Il me dévisage et semble vouloir prononcer quelque chose avant de se raviser. Finalement, il amorce :

— Votre grâce et votre élégance transcendent l'ordinaire. Vous êtes...

Il secoue la tête en s'humectant les lèvres.

— Excessivement sublime.

Je déglutis avec toutes les peines du monde. À l'entente de tels compliments, un frisson délicat parcourt mon corps, enveloppant mon être d'une chaleur douce et inattendue. Les mots choisis par cet homme aimé par les foules résonnent comme une mélodie exquise, caressant délicatement mon estime propre et éveillant en moi une émotion insoupçonnée. Stupéfaite, je sens le poids de son admiration sincère, et j'en suis désormais chamboulée.

— Je... je ne comprends pas, monsieur.

C'est tout ce que ma bouche parvient à prononcer. Mes yeux clignent plus rapidement que de coutume et je serre ma pochette contre mon abdomen, espérant créer une sorte de rempart pour empêcher cet homme envoûtant de m'approcher.

— Que souhaitez-vous comprendre, Ayana ?

Il prononce mon prénom avec une délicatesse qui perturbe mes sens. Il a au moins sept ans de plus que moi, et maman m'a interdit d'intéragir avec lui. Or, mes yeux sont rivés sur lui et il exerce sans peine son autorité sur moi.

— La raison pour laquelle je suis ici, avec vous.

— C'est parce que je désirais vous voir. Je n'ai pensé qu'à ça depuis que nous nous sommes vus, plus tôt dans la soirée.

Je ris nerveusement en secouant la tête. Je suis sûrement en train de rêver. Lucian Sulton me fait la cour. Sans faux-semblants, sans détours, il me révèle avoir prémédité cette rencontre, il m'avoue que j'ai, à un moment ou un autre, occupé ses pensées. Comment dois-je me sentir après une telle confession ?

— Je suis désolée, M. Sulton. Je ne suis pas... le genre de femmes que vous croyez.

Il fronce les sourcils et se ronge la lèvre inférieure. Il est douloureusement magnifique lorsqu'il réfléchit, mais il est aussi et surtout un homme fiancé et terriblement riche. Somme toute, il est le genre de personne avec qui je n'ai pas le droit de m'enfermer dans un salon luxueux où plane en arrière-plan les bruits de la foule. Or, il fait fi de toutes ces choses et, un pas après l'autre, il se rapproche prudemment de moi. Je suis maboulement clouée sur place, pétrifiée, perdue comme je ne l'ai jamais été.

— À moins que vous ne lisiez dans mes pensées, je doute que vous sachiez le genre de femmes qui m'intéresse, Ayana.

— Les femmes qui couchent avec les hommes déjà occupés ? suggéré-je en désignant la bague de fiançailles à son doigt.

Je lève la tête pour croiser son regard d'eau. Il grimace discrètement, l'air agacé.

— Vous faites fausse route. J'apprécie les femmes qui sont accros aux réseaux sociaux, qui aiment le bon vin et ont un cercle restreint d'amis. Je frémis devant celles qui ont été journalistes politique qui rédigeaient des articles sur les guérillas budgétaires des politiciens ou sur le conservatisme fiscal et social des républicains avant de devenir critique littéraire. Je suis fasciné par celles qui ont un cursus étonnant, amoureuses des romans et des lettres, de la justice et du peuple. Elles ont les cheveux blonds, les iris marrons, et leur prénom signifie « Fleur ».

J'esquisse un pas en arrière, troublée, mais il me retient d'une main dans le dos et réduit la distance qui me sépare de lui. Son eau de Cologne tourbillonne dans mon centre olfactif et me rend toute chose.

— Vous connaissez... Comment...

Il sait bien trop de choses pour que ça soit une coïncidence. Cet homme m'a observée, étudiée, analysée, et ce, bien avant que je ne le connaisse.

— Or, vous remplissez tous ces critères. Conséquemment, pardonnez-moi si je faiblis quand je vous vois de si près, quand je respire si intensément votre parfum ou lorsque je vous tiens si fort.

Pour illustrer ses mots, ses doigts glissent vers ma hanche avant de s'ancrer dans ma chair, à travers le tissu de ma robe. Et, comme s'il avait pressé sur un bouton dont j'ignorais l'existence, un courant me traverse de part en part. Je ne suis plus qu'un condensé de cellules en pleine agitation. J'oublie comment respirer. Il est si proche de mon visage ! Sa chaleur m'atteint et me déshydrate. Sa main glisse vers mes côtes et sa paume semble en ébullition. Je fonds, je me liquéfie, et tout ce qui compose mon être se focalise sur la sensation que me procure son contact.

— Vous me faites un effet indécent, Mlle Moore, murmure-t-il près de mes lèvres. J'ai tant de choses à vous dire et, si vous m'offrez le temps d'un dîner, je pourrai...

Je reçois une nouvelle décharge dans le bas-ventre et mon myocarde panique. Électrifiée, je me détache de lui comme une furie et me précipite vers la porte. J'entends des voix s'élever derrière moi et la sienne qui jure à nouveau dans une langue étrangère, mais je slalome plus vite dans les allées pour revenir dans le premier salon où je rejoins Roy, les joues colorées, le souffle anarchique et les sens retournés.

— Je ne me sens pas très bien, l'avertis-je entre deux inspirations.

Il enlace mes reins et s'éloigne de son groupe d'interlocuteurs pour me mener à l'extérieur, où nos parents discutent à voix basse. Le vent fouette mon visage rougi que papa remarque d'emblée. Je respire difficilement et doit forcer mes poumons à se gonfler pour approvisionner mon sang qui manque d'oxygène. Papa s'avance, suivi de maman, tous les deux inquiets.

— Je crois qu'elle fait un malaise, suppose Roy.

— J'ai juste besoin de... de dormir un peu.

— O.K, je la raccompagne, annonce maman. Vous vous organiserez pour rentrer tous les deux. Est-ce que tu peux tenir sur tes jambes, chérie ?

Je hoche la tête et elle s'empare des clés que lui tend papa. Après nous avoir accompagnées au parking, les deux hommes me font promettre de me reposer et de les appeler. Maman démarre alors en me demandant si ça va. Comme un automate, je lui réponds que oui.

Cependant, mon cœur ne cesse de battre la chamade et mes mains tremblent encore, alors je les coince entre mes cuisses, perdue dans un labyrinthe de sensations que je n'aurais jamais cru éprouver un jour.

_______________

Hello, mes océans ! Accueillez chaleureusement le PDV de Lucian. Accrochez-vous, car ça bouge beaucoup dans sa tête, mais ne le jugez pas trop vite, puisqu'il saura vous surprendre par sa nature, son passé directement corrélé à sa famille et ses projets 😉

🌟 : Une étoile si vous avez aimé.
💬 : Un commentaire si vous avez une remarque (ne la gardez surtout pas pour vous, ça m'aide à me corriger et à avancer) ou quoi que ce soit d'autre à (me) dire.

📸 Instagram : Nothin_moreauteure.

Love,
Esther.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top