Chapitre 2
Ceci est un one shot sur Le Prince des Dragons (je l'ai publié aussi dans "Another ending...", où il y a les explications si besoin - j'invite à aller les voir parce que je trouve que c'est mieux pour la compréhension de ce qui suit... -).
Mais comme c'est la première histoire à penchant de romance que j'écris, je la considère non seulement comme un one shot, mais du coup aussi un peu comme un test. Voilà pourquoi je la poste ici aussi.
Bref voilà !
Bonne lecture !
=*=*=*=
Les murs, le sol... tout, autour d'eux, tremblait. La fumée et la poussière envahissaient leurs poumons.
Ajustant l'arbalète géante qu'il maniait, un soldat parvint enfin à blesser le gigantesque dragon qui les attaquait. Mais que vaut une fléchette sur la peau d'un éléphant ? Cela n'eut pour seul effet que de provoquer chez l'Archdragon un nouveau rugissement et, soudain, il replongea en direction des remparts du château.
« Attention ! » cria Soren.
Noir. Sifflements.
Puis, petit à petit, sa vision trouble s'éclaircit.
Autour de lui, il ne voyait que débris de pierre, soldats blessés et villageois effrayés et paniqués. Il se releva tant bien que mal, sentant un filet de liquide tiède couler le long de sa tempe.
Alors, il prit une longue inspiration, avant d'ordonner d'une voix forte :
« - Arrêtez l'attaque ! Nous partons !
- Mais, chef, commença un soldat, ce dragon est aveugle ! Il ne pourra pas éviter nos flèches ! Nous pouvons l'atteindre !
- Et y arriverez-vous avant qu'il ne nous réduisent tous en cendre ?
- Mais... et le château...
- Le château n'est que du matériel, répondit Soren. Nous devons sauver des vies »
Son regard était grave et déterminé.
« - Bien, chef ! » s'écria le soldat en se mettant au garde à vous.
Soren, quant à lui, tourna les talons, et pris le chemin des souterrains du château où se trouvaient les prisons, se frayant un chemin parmi les débris de pierre et les poutres enflammées.
Un cri se fit entendre derrière lui :
« - Soren ! »
C'était Opeli, un membre du Conseil.
« - Que faites-vous ?! reprit-elle. Nous devons partir !
- Je dois aller le voir »lui répondit le principal concerné d'un ton déterminé et qui ne souffrait d'aucune contradiction.
=*=
La porte des cachots s'ouvrit avec fracas. Viren, qui ressentait les tremblements de la terre mais ne comprenait pas ce qu'il se passait, se précipita vers les barreaux de sa prison et, quand il reconnut son fils, s'exclama, paniqué :
« - Soren ! Que se passe-t-il ? Tout va bien ? »
Son interlocuteur ne répondit pas, mais déverrouilla la porte et vint libérer son père de ses chaînes.
Celui-ci, interloqué, reprit :
« - Mais... que fais-tu ? Et... tu es blessé ! »
Il voulu tendre la main vers le visage de son fils, mais ce dernier le repoussa.
« - Un gigantesque dragon nous attaque ! Tout est en train de brûler ! Tu dois faire quelque chose !
- Qu... quoi ? bégaya Viren, effrayé. Mais... que puis-je faire ? Je ne suis plus le haut mage de Katolis... je ne suis plus rien...
- Si ! lui répondit Soren. Le sort que tu as jeté à tes soldats à Lux Aurea, celui qui les protégeait du feu des dragons, il pourrait tous nous sauver !
- Mais... je... je ne peux pas... commença Viren d'une voix faible. J'avais une pierre primitive... je...
- Non ! Il y a un moyen ! s'exclama son fils en lui tendant un objet qu'il tenait derrière son dos : un bâton, le bâton dont l'ex mage noir se servait pour pratiquer la magie interdite... La magie noire ! continua-t-il. Avec elle, il existe forcément un moyen !... »
Les yeux de Viren reflétaient terreur et horreur.
« - N... non ! balbutia-t-il. Je ne peux pas... je me le suis promis et puis...
- Tu laisserais des centaines d'innocents mourir ?!
- Mais... le sacrifice... Ce sort... il nécessite... un cœur humain. »
Un éclat reflétant une émotion indescriptible mais aussi une certaine détermination passa brièvement dans l'œil de l'épéiste qui ne tarda pas à répondre, en tendant à son père le bâton maudit :
« - Alors prends le mien »
=*=
TW
Viren s'avança sur le balcon surplombant la cour du château, une dague ensanglantée à la main, les yeux remplis de larmes et d'une souffrance sans nom.
Devant lui, Sol Regem préparait un nouvel assaut, ses ailes gigantesques se déployant dans le ciel d'un bleu seulement troublé par la fumée noire qui s'y élevait, et sa gorge rougeoyante, présage sinistre des flammes dévastatrices à venir.
L'ancien mage noir lâcha la dague, et brandit devant lui son bâton orné de pierres couleur améthyste. Ses yeux tout entiers devinrent noirs tandis qu'il commençait à réciter des incantations rapides dans une langue inconnue et effrayante.
Le dragon s'approchait de lui, s'apprêtant à cracher sa calamité sur toutes les personnes restantes dans le château.
Le visage de Viren - rendu presque inhumain par les effets de la magie noire - ruisselait de larmes quand il tendit, de son autre main, un cœur ensanglanté, encore chaud.
Un gigantesque rayon de lumière violette l'enveloppa alors que Sol Regem lâchait une vague de flammes gigantesques sur le château.
Chacun retint son souffle, attendant la fin ; qui ne vint pas.
Viren, lui, s'écroula à genoux. Puis, soudainement, il saisit la dague qu'il avait laissée tomber au sol, et se l'enfonça en plein cœur.
Dans un dernier souffle, il murmura un nom. Un nom inaudible, celui d'un être cher, d'un enfant...
fin TW
=*=
Chacun regardait ses mains, ses compagnons, son corps... avec surprise et admiration.
Ils n'étaient pas morts. Et leur épiderme avait comme pris les particularités de celui des elfes du soleil : sombre, craquelé et parcouru de trainées rouges et orange. A présent, ils résistaient aux flammes, et pouvaient s'enfuir sans être bloqués et asphyxiés par le feu qui les encerclait.
Opeli prit rapidement le commandement de la foule.
« - Allons-y ! Nous devons partir ! Que les valides aident les blessés ! Dépêchez-vous, ce sort n'est que temporaire ! »
Sol Regem, quant à lui, était déjà parti, ne se doutant pas du « tour » que lui avaient « joué » les humains.
=*=*=
« Ceci est une lettre que tu ne recevras jamais, Corvus, mon ami.
Après tout, il est vrai qu'il est assez compliqué de recevoir une lettre que l'expéditeur écrit par la pensée, non ? Haha... je suis certain que si tu lisais cela, tu soupirerais d'exaspération... mais peut-être aurais-tu tout de même une ombre de sourire sur les lèvres ?
Je l'espère... Si tu savais comme j'aime ton sourire. Avant, tu ne souriais pas si souvent. Maintenant, j'ai la chance de te voir le faire plus souvent. Si tu savais à quel point cela est précieux pour moi.
Là, tu me dirais : « Soren, qu'est-ce que tu racontes, enfin... ? » En poussant un soupir.
Je fais bien trop mon sentimental, hm ? Tu n'as pas tord... Mais disons que j'ai choisi cette lettre que tu ne recevras jamais pour te dire tout ce que j'aurais voulu te dire.
Souris, tu es tellement magnifique quand cette expression s'épanouit sur ton visage.
J'aime aussi quand tu ris. C'est plus rare, mais c'est ce qui fait de ton rire quelque chose qui m'ait si cher.
Tu te rappelles de ce que tu m'as dit, la dernière fois, quand je t'avais confié que je m'inquiétais pour Zym ? (Sa mère étant malade... si elle venait à mourir, il se retrouverait seul...) Tu m'as répondu en langage « des mots de mains ». Tu m'as dit qu'il m'avait moi, un homme bon, avec un grand cœur.
Ces mots... je te remercie de me les avoir dit. Cela m'a beaucoup touché.
D'ailleurs, en parlant de cœur, je l'ai, dans ma vie, finalement donné à deux « éléments » : une personne, et un peuple.
J'ai donné mon cœur à Katolis - littéralement - pour que mon père puisse sauver tout le monde des flammes.
Mais je l'ai aussi donné à quelqu'un. Cette personne, Corvus, tu la connais.
Encore une fois, tu vas me dire que je suis trop sentimental, ou me joindre d'arrêter de dire n'importe quoi... mais je t'assure que ce n'est pas le cas. Cela peut paraître étrange... Moi, Soren, personne d'apparence plus comique que sérieuse - j'en ai conscience - (mais la vie serait bien trop ennuyeuse, sinon!), déclarer donner mon cœur à une personne, de façon métaphorique... et je sais ce que cela représente. J'ai moi-même eu du mal à comprendre ce que je ressentais, et ressens toujours. Les sentiments humains sont vraiment complexes, quelqu'un comme moi a bien du mal à les comprendre, tu vois ! Mais là-dessus, j'en suis certain.
Le fait est, Corvus, que c'est à toi que je donne mon cœur.
Cet organe qui, de ses battements, nous maintient tous en vie.
C'était un peu long, pour quelque chose qui, même en paraissant complètement absurde, peut se résumer en trois ou quatre mots, mais c'est ainsi que - je crois - je souhaitais te le dire.
Je vais finir simplement - puisque c'est ainsi que je préfère tout de même m'exprimer.
En fait, je t'aime, Corvus, tout simplement.
J'aurais voulu pouvoir te le dire en face, mais je crois que ça va devoir attendre...
Donc je te dis... à plus ?
Soren
=*=*=
Des résidus de fumée s'élevaient toujours dans les airs quand Callum atterrit dans la cour en ruine du château.
Devant le paysage de désolation composé de ruines se déroulant devant lui, il tomba à genoux, choqué, désespéré.
Un soldat, accompagné de Dame Opeli, tous deux venus en repérage, accourut quand il aperçut le jeune homme.
« - Callum ! s'écria la conseillère.
- Que... que s'est-il passé, ici ? »demanda-t-il finalement d'une voix faible.
La femme baissa la tête, accablée.
Au même instant, on entendit des battements d'ailes vigoureux.
Tous levèrent la tête.
L'instant d'après, c'était au tour d'Ezran, Corvus et Aanya de faire un atterrissage remarqué, sur le dos de créatures xadiennes.
« - Callum ! »s'exclama Ezran, comme en écho avec sa conseillère, en accourant vers lui.
Tous se tournèrent vers Opeli, attendant des explications.
Celle-ci, intimidée par ces regards braqués sur elle, détourna la tête tout en déclarant :
« - Nous... nous avons été attaqués. Une gigantesque calamité dorée a surgi des cieux... avant de tout brûler sur son passage... »
Les nouveaux arrivants échangèrent un regard.
Ezran prit la parole d'un air grave :
« - C'était Sol Regem, c'est certain. L'ancien Archdragon a bel et bien retrouvé ses ailes... »
Puis, Corvus s'avança, une lueur inquiète dans les yeux :
« - Opeli, dis-moi... où est Soren ? Ne devrait-il pas être là, à tes côtés ? »
A ces mots, la femme se figea. Elle détourna - encore une fois - le regard.
On pouvait lire l'angoisse et la détresse dans le regard de Corvus.
« - Opeli ? fit Callum, commençant lui aussi à s'inquiéter.
- Nous... le seigneur Viren... il nous a sauvé.... à l'aide d'un sortilège... et..., ses mots - qui étaient déjà hésitants - se bloquèrent un instant dans sa gorge. Avant que je ne m'enfuis, j'ai entendu la conversation entre Soren et Viren... »
Chacun attendait avec appréhension la suite de son récit, tentant de ne pas imaginer le pire.
« - Le sacrifice... nécessaire afin de se réaliser ce sort... était... un cœur humain..., termina-t-elle dans un souffle. Et..., sa voix se brisa, Soren... il... » Elle ne continua pas sa phrase. Mais tous avaient compris.
Corvus tomba à genoux. Ezran se mit à trembler, les mains sur la bouche, les larmes aux yeux.
Callum, lui, resta sans voix, mais on voyait dans ses yeux l'étendue de son chagrin.
=*=
Cette nuit-là, dans les ruines du château du royaume de Katolis, on entendit une mélodie de violoncelle s'élever dans la nuit.
En elle transparaissaient un chagrin sans fond, une détresse des plus déchirantes, et toutes les émotions et les sentiments d'un être brisé, qui aurait perdu sa moitié.
Des yeux noisettes ruisselants de larmes. Une écharpe bleu pâle volant dans la brise nocturne.
La sonorité des mots d'une lettre qui finalement, est peut-être parvenue à son destinataire.
=*=*=*=
The end
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