Mon petit garçon adoré devient grand, il rentre à l'école ! Et c'est parti pour des années et des années d'apprentissages, de découvertes, de bonheurs, de prises de tête, de nuits blanches, d'examens surprises et de surprises littéraires, d'amitiés, de camaraderies, d'amours, de trahisons, de cours, de leçons, d'exercices... Bien sûr, on ne lui a pas expliqué tout cela à la première rentrée, on lui a dit qu'il allait s'amuser, prendre du plaisir, se faire de nouveaux amis, apprendre plein de nouvelles choses...

Au début, à l'école on apprend les lettres et les chiffres, reconnaitre son prénom et apprendre à compter. On commence par apprendre le chiffre 1, la notion d'unité, puis rapidement on rajoute les autres chiffres. L'enfant comprend assez instinctivement que 1 + 1 = 2, généralement en comptant ses bonbons, chocolats ou Playmobils préférés. Mais qu'en est-il quand ça ne fonctionne pas ?

Mon fils adore cuisiner avec moi, notamment mélanger. Il faut souvent restreindre ses ardeurs, sinon la cuisine est artistiquement repeinte. Il connait quelques recettes par cœur, dont celle de la quiche. On met la pâte dans un plat à précuire au four, c'est plutôt facile. Mais il faut attendre qu'elle soit prête, la patience n'est pas innée. Ensuite, on prépare la garniture. On sort une ou deux boites de lardons, 1 + 1 = 2 tout va bien ! Mais, quand on les ouvre pour les vider dans la poêle, on se retrouve avec 2 boites vides certes mais des dizaines de lardons partout. C'est déjà moins logique. Pendant que tout chauffe, on s'occupe des œufs. On arrive à une problématique existentielle : 1 œuf cassé en 2 (quand on est doué), en plusieurs morceaux (quand on rate son coup), donne plusieurs coquilles et un jaune (parfois deux) et du blanc. Et si on rajoute un 2ème œuf au premier, on n'y comprend plus rien. 1 + 1 = beaucoup : des coquilles, des jaunes, des blancs... utilisons donc un fouet pour résoudre ce problème mathématique et on arrive à obtenir : 1 + 1 = 1. À rendre dingue notre descendance. "Mais maman, il est passé où l'œuf ???" Alors imaginez donc que vous choisissiez de rajouter de la crème fraiche : 1 pot plus 1 autre pot disparus dans le mélange. Et qu'en est-il du sel ? On secoue, on en fait tomber (pas trop non plus, ça deviendrait immangeable), on voit plusieurs grains et puis plus rien.

Alors, on passe à l'étape assemblage : on sort la pâte, en faisant attention à ne pas se bruler, on y dépose les lardons puis la garniture. Et là, mon fils s'agite : "maman, on a oublié le fromage !" Enfer et damnation, une quiche sans fromage, c'est un blasphème. Il descend donc de son perchoir, sort le fromage du frigo, la râpe du placard et s'installe de nouveau à sa place. Il adore cette étape le gourmand, mais qu'en est-il de notre logique mathématique ? Un fromage + une râpe donne des centaines de petites miettes... qu'on éparpille généreusement sur la quiche. Il faut être rapide, les petits mains expédient tout ce qu'elles peuvent dans la bouche.

Lorsqu'il sera l'heure de manger, il sera tout fier de s'installer à table et d'annoncer fièrement qu'il a cuisiné le repas. On énonce donc tous les ingrédients à papa : une pate + des lardons + des œufs + de la crème fraiche + du sel + du fromage = une quiche. La chimie a œuvré, les ingrédients ont disparu, tous non, on reconnait toujours les lardons. Pratique pour les piquer plus ou moins discrètement dans le plat !