O4 | Silence dans la salle
Merci encore pour tout le soutien que vous apportez à cette histoire ♡
Remerciements particuliers à Hasami pour la bêta-lecture ainsi qu'à kotonko, Enferna-Satana, t_asshole, sassyaf et CristalPersonne pour leurs commentaires :D
Et petite dédicace à Heaven' (oui je vais continuer de t'appeler comme ça) qui m'a aidé à trouver quel rôle donner à Élise :)
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Chapitre quatre – Silence dans la salle
« Hum... Chuuya ? »
Le jeune homme releva la tête du devoir de potions dans lequel il était plongé. Le professeur Motojiro leur avait demandé de rédiger trois rouleaux de parchemin sur la potion de régénération sanguine qu'ils étudiaient depuis le début de l'année. Le travail n'était pas spécialement compliqué, juste long, mais Chuuya avait rencontré des difficultés lors de la réalisation de la potion, et il travaillait dur pour essayer de les combler.
Celui qui l'avait interpellé n'était autre que le capitaine de l'équipe de Poufsouffle, Sakunosuke Oda. Le Serpentard appréciait beaucoup son homologue jaune et noir qui était toujours posé et de bon conseil. Ils se parlaient cependant rarement en dehors de leurs cours communs et des compétitions de Quidditch ; le fait que le Poufsouffle soit venu lui parler le surprenait donc énormément.
« Je peux t'aider ? demanda-t-il tandis que le jeune homme s'installait en face de lui.
– Je voulais juste savoir... comment tu te sentais. »
Chuuya le dévisagea longuement, évaluant du regard son interlocuteur et la fiabilité des informations qu'il possédait. Il se souvint cependant que la mère du capitaine était une langue-de-plomb, travaillant donc au Ministère de la Magie.
« Tu sais, pas vrai ? » déclara-t-il d'une voix éteinte.
Oda sembla surpris par sa franchise mais son regard devint rapidement grave.
« Oui. » La réponse était brève, mais tout était dit. Il sembla vouloir ajouter quelque chose mais le rouquin lui coupa vite la parole.
« Ne me dis pas que tu es désolé. Si tu le fais, je vais être obligé de te frapper, et cela m'ennuierait énormément. Et puis, si je le fais, les autres élèves présents vont encore jaser sur mon compte, et franchement je n'ai pas besoin de ça !
– Tu pourras toujours te justifier en disant que c'était une querelle de capitaine. » répliqua Sakunosuke avec un léger sourire.
Le Serpentard sourit également, mais comme toujours, ses sombres pensées revinrent le hanter. Son homologue sembla le remarquer et enchaîna :
« Je ne l'ai pas dit à Dazai. Je me suis dit que tu préfèrerais le faire toi-même.
– On ne peut pas dire qu'il me facilite la tâche... » Oda grimaça.
« Je sais qu'il est insupportable quand il s'y met. Et qu'il ne peut pas s'empêcher de fouiner partout quand un secret se met sur sa route. Il faut croire qu'il ne retient jamais la leçon... » Il ajouta cette dernière phrase à mi-voix, plus pour lui-même.
« Je devrais lui dire, tu penses ?
– Et bien, d'une manière ou d'une autre, il finira par l'apprendre. Il y a déjà de nombreuses rumeurs qui courent au château, et il a toujours été très doué pour mettre à jour les secrets les mieux gardés. Mais je suis sûr qu'il préfèrerait que tu te confies directement à lui.
– J'ai plutôt l'impression qu'il a décidé de m'énerver et de me coller tout le temps...
– C'est sa manière de montrer son inquiétude. Il n'est juste pas doué pour le faire... »
Chuuya soupira et s'affala contre sa chaise.
« On voit que tu le connais bien... Pour moi, toutes ses réactions sont des énigmes...
– Tu exagères ! Tu le connais probablement mieux que tu le penses. La preuve, tu as réussi à le repérer hier, pendant tes sélections de Quidditch.
– Ce n'était pas vraiment compliqué, tout le monde sait qu'il espionne les sélections des autres...
– Personnellement, je ne l'avais pas vu... »
Oda afficha une mine boudeuse qui fit rire le rouquin.
« Il espionne même son meilleur ami ?
– Tout ça n'a aucune importance quand il est question de Quidditch ! »
Le Poufsouffle s'affala à son tour un peu plus sur sa chaise.
« Quoiqu'il en soit, tu peux toujours venir me demander conseil si tu en ressens le besoin. Je n'en parlerai jamais à Dazai, promis !
– Merci, Oda. »
Chuuya était sincèrement reconnaissant au capitaine. Savoir qu'il pouvait se confier à quelqu'un de confiance et de bon conseil était un vrai bonheur pour lui, en ces temps troublés.
Son regard s'attarda sur un groupe de premières années qui murmuraient en lisant quelque chose. Il reconnut la Gazette du Sorcier du jour. Oda, qui avait suivi son regard, soupira longuement.
« Ce Q... C'est horrible ce qu'il fait...
– Ils n'ont même pas réussi à identifier le corps..., lâcha à voix basse le vert et argent, qui avait lu l'article. Trop mutilé.
– Je pense à tous ceux dont un proche a disparu, et qui ignorent si c'est son corps ou non. Ce doit être horrible.
– Franchement, s'emporta légèrement le rouquin. Qu'est-ce qu'ils attendent pour l'arrêter ?
– Le ministre fait tout ce qu'il peut Chuuya..
– En voyant le nombre de victimes de ce monstre s'alourdir, j'ai du mal à y croire... C'est la dixième bon sang !
– Tant qu'on ne saura pas si c'est un sorcier ou non, ce sera d'autant plus dur...
– Mais bien sûr que oui ! »
Les cadavres avaient les membres tordus, les paupières arrachées, et il leur manquait même des organes ! Cela ne pouvait être que l'œuvre d'un mage noir... Dont les connaissances en magie noire étaient plus qu'effrayantes.
« C'est forcément un sorcier... Aucun moldu ne serait capable de ce genre de choses ! Un sorcier qui profite de la pagaille engendrée par la guerre pour assouvir ses pulsions sanguinaires ! »
Oda garda le silence. Chuuya pouvait lire le doute et la compassion dans ses yeux. Il ferma les yeux un instant pour se calmer, et vit alors se dessiner devant lui le visage qui le hantait depuis l'été, depuis les évènements du 17 août.
Takako...
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L'avantage primordial d'être un Serpentard doublé d'un ancien prisonnier d'Azkaban était que l'on vous fichait une paix royale. Pour Ryunosuke qui aimait le calme et la tranquillité, être fuit par les autres n'était nullement un calvaire et il appréciait particulièrement voir les couloirs bruyants devenir brutalement silencieux lorsqu'il arrivait.
C'est donc après avoir arpenté le long couloir et les escaliers menant au premier étage dans le plus grand calme que le cinquième année arriva devant la salle de Défense contre les Forces du Mal. D'autres élèves étaient déjà arrivés et restaient dans leur coin, murmurant des choses inaudibles pour le jeune homme. Probablement des rumeurs ou des commérages à son sujet.
Habituellement, dans ce genre de situation, il restait avec sa sœur, tirant avantage de son redoublement. Cependant, elle souffrait d'un sévère mal de crâne depuis le déjeuner et était partie à l'infirmerie, laissant son frère seul pour affronter les autres. En désespoir de cause, il se focalisa sur les tableaux en tentant d'ignorer les chuchotements de ses « camarades ».
Son regard gris s'arrêta sur l'un d'eux, qui représentait un homme aux traits tirés et à l'air grave. Il avait vu ce tableau de nombreuses fois, mais il le fascinait toujours autant. L'homme bougeait à peine, si bien qu'au premier abord, on pouvait croire qu'il s'agissait d'une peinture moldue. Pourtant, le sujet bougeait bel et bien, mais il fallait surtout observer son regard pour s'en rendre compte.
Ses yeux d'un rouge semblable au sang se fixaient sur tous les élèves qui passaient près de lui, les jaugeant du regard, évaluant leur valeur d'un simple coup d'œil. Et, puisqu'il trônait au-dessus de la salle de DCFM, il devait en avoir vu des élèves.
Les premières années étaient souvent étonnés de la ressemblance frappante entre l'homme du portrait et de le professeur de défense. En effet, ils avaient le même air sévère, et le même regard pénétrant qui semblait lire votre âme.
Et ce n'était pas une pure coïncidence : le sujet du tableau n'était d'autre que Shizuka Mori, l'ancêtre d'Ôgai Mori. Ryunosuke avait entendu maintes rumeurs au sujet de la présence de ce tableau à Poudlard, mais la seule qui lui paraissait fondée était celle que donnait le professeur Mori lorsqu'on osait lui poser directement la question :
« S'il est ici, c'est pour déterminer lesquels d'entre vous ont des aptitudes pour la magie noire et pour les empêcher de devenir de mauvais sorciers. »
Étrangement, malgré le fait que c'était l'explication donné par le descendant direct et donc, vraisemblablement, le plus au courant, peu de personnes y croyaient vraiment. Ils avaient tant diabolisé le professeur Mori qu'imaginer qu'un de ses ancêtres était présent pour un acte honorable leur était impossible.
Comme s'il avait senti son regard, Shizuka Mori le regarda droit dans les yeux et esquissa un léger sourire. Ryunosuke ne doutait pas du fait qu'il percevait chez lui des prédispositions pour la magie noire et pour cause : il en pratiquait avant son incarcération ! Pas de sorts mortels non, juste quelques sorts bien utiles pour se sortir de certaines situations. Cela avait même constitué un motif pour son emprisonnement.
A croire que juste parce qu'il s'intéressait à la magie noire, cela faisait de lui un tueur. Les préjugés et la tension de la guerre qui couvait avaient émoussé la capacité de jugement de tous ces sorciers qui se croyaient importants. Ils avaient besoin de condamner quelqu'un pour calmer la foule, alors ils l'avaient fait.
Et la question est donc : ont-ils condamné la bonne personne ?
Tiens, la petite voix était de retour. Elle ne lui manquait pas pourtant. Il soupira et leva la tête vers les étages supérieurs. Il pouvait voir les escaliers bouger sans se soucier des élèves. Les premières années, encore peu habitués au déplacement des escaliers, poussaient parfois de petits cris surpris lorsque l'un d'eux tremblait brutalement et amorçait un mouvement.
L'un des escaliers s'immobilisa en face du couloir et un groupe de Gryffondor en émergea. Akutagawa reconnut rapidement le jeune homme en tête : Michizo Tachihara, une des pires têtes brûlées de l'école. Et aussi l'un des élèves les plus agressifs. Clairement, tous ceux qui critiquaient Chuuya pour son impulsivité n'avaient jamais parlé plus de trois minutes à Tachihara. Parce qu'il était pire que le Serpentard.
Michizo et Ryunosuke s'entendaient bien avant l'emprisonnement du Serpentard. Leurs caractères étaient opposés, mais ils partageaient les mêmes idées sur la société magique. Le noir se doutait cependant que cette amitié devait avoir été enterrée à la seconde où il avait été incarcéré à Azkaban. D'autant plus que le cinquième année était ami avec les Tanizaki.
Le rouquin s'arrêta juste devant lui et le toisa un instant du regard avant, à la surprise générale, de lui tendre la main. Le Serpentard la serra avec un air étonné qui fit rire l'autre.
« C'est si surprenant que ça de croiser quelqu'un qui ne t'en veut pas ? » déclara-t-il avec un sourire en coin.
Des protestations se firent entendre parmi les griffons massés derrière lui.
« Tachihara, pourquoi tu es si amical avec lui ?
– C'est vrai, c'est un meurtrier après tout !
– C'est toujours comme ça ? demanda Michizo à son ami en les ignorant.
– Toujours. Mais on s'habitue. »
Le Gryffondor sourit à nouveau. Une voix se fit alors entendre, provenant de derrière eux.
« Je suis heureux de voir que votre réintégration se passe bien, monsieur Akutagawa ! »
Le susnommé observa le professeur Mori qui se dirigeait vers sa salle en haussant un sourcil. « Je suis heureux de voir que votre réintégration se passe bien ? ». Sérieusement ? Il avait presque envie d'éclater de rire. Soit le professeur de DCFM était aveugle, soit il n'en pensait pas un mot.
A voir le regard rose ironique du professeur, c'était la deuxième option. L'ancien prisonnier aurait bien voulu lui demander à quoi il jouait, mais il se doutait qu'il n'obtiendrait pas de réponse tout à fait honnête de la part de l'homme. Il ne détestait pas l'enseignant, mais savait qu'il était extrêmement incompréhensible, probablement pire que Dazai, et que personne ne savait quand il disait la vérité.
Et puis, son sourire quand il le voyait ne le rassurait pas, il fallait bien l'admettre.
Il rentra dans la salle de cours et s'installa au fond de la classe.
Le professeur Ôgai Mori ferma la porte une fois que tous les élèves furent entrés et s'installa à son bureau. Il les gratifia d'un grand sourire qui fit frissonner toute la classe avant de déclarer :
« Bonjour à tous ! Je sais que c'est vendredi après-midi, que vous êtes sûrement très fatigués, mais le cours d'aujourd'hui va être un peu particulier, et assez important. » Il attrapa une craie et inscrivit les mots suivants au tableau : Sortilège de défense élémentaire : Flipendo.
Le sortilège du Repoustout... Ryunosuke savait qu'il était particulièrement efficace contre les gnomes dans les jardins. Sa mère avait l'habitude de beaucoup l'utiliser.
« Le ministère a insisté pour que des cours de duel soient instaurés à Poudlard, afin de vous apprendre à vous défendre sans devoir recourir à des sortilèges interdits.
– Mais professeur, objecta un élève, l'utilisation de magie sur un moldu est interdite non ?
– C'est exact. Mais ce n'est pas contre les moldus que vous allez apprendre à vous défendre. »
Contre Q, comprit Akutagawa en même temps que ses camarades. Il avait évidemment entendu parler du cadavre découvert la veille, le dixième en un an et demi. Et le tueur courait toujours... Il se faisait toujours discret après ses meurtres, probablement pour ne pas se faire repérer, et cela marchait bien visiblement.
Le professeur continua de parler, mais l'esprit de Ryunosuke était ailleurs. Les dix mois qu'il avait passés à Azkaban avaient émoussé sa capacité de concentration en cours, qui n'était déjà pas optimale auparavant. Il sortit cependant de ses pensées lorsque la porte de la salle s'ouvrit brutalement, sur le professeur de sortilèges Hirotsu.
Comme le professeur Mori, le professeur Ryûrô Hirotsu dégageait une certaine aura qui dissuadait les élèves de le provoquer. A l'époque où il était à Poudlard, il était le meilleur élève de sortilèges et personne ne pouvait remettre en doute son excellent maniement de la baguette. C'était un ancien Auror, qui avait quitté son travail à la suite d'une blessure à l'œil gauche : celui-ci avait été frappé par un sortilège de magie noire et il ne voyait plus correctement avec cet œil. Il portait d'ailleurs un élégant monocle qui accentuait son air sévère.
Le professeur semblait extrêmement agacé, ce qui intrigua tous les élèves et leur professeur.
« Professeur Hirotsu, déclara ce dernier, quelque chose ne va pas ?
– J'ai... une présence indésirable qui perturbe mon cours. Vous pouvez venir vous en occuper ? »
Une « présence indésirable » qui nécessitait l'intervention du professeur Mori... Il n'en fallut pas plus aux personnes présentes dans la salle pour comprendre les causes de l'énervement du professeur de sortilèges.
« J'arrive, soupira le bleuté en souriant. Surveillez mes élèves s'il vous plaît. »
Il se leva et quitta la salle tandis que le gris venait prendre sa place. Celui-ci s'assit devant le bureau en soupirant. Quant aux élèves, ils murmuraient entre eux sur la « cause » de tout ceci.
« Je me disais bien qu'elle ne s'était pas encore manifestée..., souffla Tachihara à son voisin.
– J'en déduis qu'elle ne s'est pas calmée comme je le pensais ?
– Pas du tout. Je crois même qu'elle est de pire en pire. L'année dernière, elle a caché les balles de Quidditch un peu partout dans le château. Le jour de la fameuse finale Serpentard/Serdaigle. On a mis un temps fou à retrouver le vif d'or...
– Elle ne change pas à ce que je vois... »
La porte de la salle se rouvrit sur un professeur Mori toujours aussi souriant.
« Et voilà professeur, déclara-t-il, le problème est réglé.
– Parfait. Merci. répondit sommairement le gris en se levant et en quittant la salle.
– Tu n'es pas drôle Rintarô, s'exclama une voix boudeuse derrière le professeur de DCFM. Je m'amusais bien moi ! »
La voix boudeuse appartenait à un petit fantôme qui flottait tranquillement derrière le directeur de maison des Serpentards. Il s'agissait d'une fillette de première année, aux cheveux longs et au regard moqueur, qui se nommait Elise. C'était l'unique fantôme de Poudlard à régulièrement venir voir les élèves – principalement pour leur jouer des mauvais tours.
Personne ne savait vraiment comment elle était morte, ni même quand cela avait eu lieu. La seule chose certaine à son sujet était qu'elle adorait enquiquiner son monde. Et que la seule personne qu'elle écoutait était le professeur Mori, qu'elle appelait Rintarô pour une raison obscure. On ne savait pas exactement pourquoi il était le seul à avoir de l'autorité sur elle, mais les faits étaient là.
Le professeur alla se rasseoir à son bureau, tandis que la jeune fille balayait la salle du regard. Ses yeux bleus s'arrêtèrent sur Ryunosuke et un large sourire fendit son visage.
« Alors il est vraiment de retour ? s'exclama-t-elle. Vous n'avez pas peur de vous faire planter dans votre sommeil ? »
Un silence glacial s'abattit sur la salle. Le Serpentard fit son maximum pour ne pas se départir de son air blasé lorsque tous les regards se tournèrent vers lui.
« Ma petite Elise..., commença Mori d'un ton posé.
– Quoi ? se défendit-elle. J'ai raison non ? On parle de celui qui a assassiné le premier ministre moldu non ? »
Si le silence qui suivait sa précédente déclaration était glacial, celui-là aurait fait geler le soleil en moins d'une minute. Ryunosuke se fit la réflexion mentale qu'il y avait bien longtemps qu'on n'avait pas prononcé son « titre » complet. Les gens se contentaient généralement d' « assassin ». « Assassin du premier ministre moldu » c'était un peu trop long.
En attendant, tout le monde le dévisageait depuis de longues minutes et cela en devenait légèrement dérangeant. Qu'attendaient-ils au juste ? Qu'il dise quelque chose ? Pour quoi faire ? Il avait dit tout ce qu'il avait à dire lorsqu'on l'avait condamné. A savoir, rien.
C'était une des raisons pour lesquelles on l'avait jugé coupable. Après tout, quelqu'un qui se fait accuser à tort de meurtre fait tout pour démentir l'accusation. Alors, lorsque l'on ne dit rien du tout, c'est qu'on est coupable, même si on n'avoue pas les crimes. Aucun de ces prétendus juges du Magenmagot n'avait cherché plus loin.
Mais n'auraient-ils pas dû le faire, justement ?
Il chassa la petite voix et jeta un coup d'œil au professeur Mori. Celui-ci le fixait également, un sourcil haussé. On aurait presque pu croire qu'il lisait dans ses pensées... Akutagawa se souvint brutalement que parmi les rumeurs sur le professeur, une des plus répandues disait qu'il était legilimens. Lorsque leurs regards se croisèrent, l'homme eut un léger sourire et prit la parole :
« Ma petite Elise, pourrais-tu éviter ce genre d'interventions et me laisser faire mon cours ? » Le fantôme se tourna vers lui, joues gonflées et mine boudeuse. L'homme ajouta : « Si tu veux, nous jouerons après d'accord ? »
Imaginer l'imperturbable professeur de Défense contre les Forces du Mal jouer avec un fantôme était quelque chose de très difficile pour les élèves, mais la concernée sembla accepter ce compromis et s'envola pour aller s'asseoir en haut de l'une des étagères de la salle.
Mori se racla la gorge afin que tous se retournent à nouveau vers lui.
« Bien, après avoir perdu presque quinze minutes de cours, nous allons peut-être pouvoir reprendre. Je vous disais donc que le mouvement de baguette était primordial pour que le sort frappe ce que vous désirez, et pas autre chose. »
Il agita sa baguette pour montrer l'exemple, et Ryunosuke leva discrètement les yeux au ciel en remarquant que beaucoup lui jetaient encore des regards en coin. L'année allait être désespérément longue.
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Le soir, Atsushi était lessivé. Cela ne faisait que deux semaines que les cours avaient repris, mais il comptait déjà les jours jusqu'aux vacances. La charge de travail qu'ils recevaient était nettement supérieure aux autres années, et les deux éprouvantes heures qu'il venait d'avoir avec le professeur Motojiro n'avaient pas été de tout repos. Ils avaient dû préparer une potion de force, en se servant eux-mêmes dans la réserve, sans connaître les ingrédients qu'ils devaient prendre. Encore une idée farfelue de leur professeur.
Résultat : aucun élève n'avait pu réaliser convenablement sa potion. Aux yeux d'Atsushi, il s'agissait d'un immense gaspillage d'ingrédients, mais cela n'avait pas l'air de particulièrement émouvoir le professeur Motojiro. Le Poufsouffle se demandait encore comment il faisait pour ne pas avoir été viré. Le directeur devait s'arracher les cheveux avec un tel énergumène comme professeur.
Sa seule envie à la fin de la journée était de rentrer dans sa salle commune et de s'allonger dans l'un des confortables fauteuils qu'elle possédait. Mais avant cela, il devait y retourner et la simple perspective de monter les escaliers reliant les cachots au hall principal le désespérait. Il se demandait comment les Serpentards faisaient pour faire ça tout le temps.
Quelques minutes plus tard, alors qu'il descendait aux cuisines de Poudlard, il fut interpellé par un de ses camarades qui sortait de la salle commune.
« Nakajima ! Tu tombes bien ! On a un... problème avec Yamagawa.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda immédiatement l'argenté, inquiet. Son amie, chamboulée par l'annonce de la découverte d'une nouvelle victime de Q, n'avait pas assisté aux cours de la journée.
« Je crois qu'elle fait une crise de panique ou quelque chose comme ça... Elle était dans sa chambre, quand elle a crié d'un coup... On a été voir ce qui n'allait pas, mais elle ne dit rien, elle fixe juste un point invisible, et elle a du mal à respirer...
– Vous avez été chercher l'infirmière ?
– J'y allais... Mais puisque tu es là, tu peux peut-être lui parler...
– J'y vais. »
Il se dirigea vers le tas de tonneaux qui dissimulait l'entrée de leur salle et tapa le rythme d' « Helga Poufsouffle » sur le deuxième tonneau en partant du bas, au milieu de la deuxième rangée. Il s'agissait de leur système de sécurité, qui les protégeait à merveille. Certains disaient que c'était moins sûr qu'un mot de passe, mais Atsushi n'était pas d'accord : un mot de passe, ça fuitait facilement. Alors qu'eux, ils avaient deux éléments : le rythme auquel il fallait taper et le bon tonneau. Une double sécurité.
Il entra à grandes enjambées dans la salle commune, remplie d'élèves en ce vendredi soir. Il passa l'ouverture qui menait aux dortoirs des filles et se rendit dans celui de Yama. Il la trouva entourée de deux de ses amies, toujours recroquevillée par terre et fixant un point invisible, comme ce que son camarade lui avait dit. Sa respiration était saccadée et des larmes coulaient sur ses joues.
Atsushi s'agenouilla près d'elle et lui prit la main en murmurant son prénom. Elle sembla entendre sa voix et se tourna vers lui.
« Atsushi... Atsushi...
– Qu'est-ce qu'il se passe Yama ? souffla-t-il.
– Junsa... » La simple mention de ce nom glaça le sang d'Atsushi. Une mauvaise nouvelle à son sujet était-elle arrivée ? « Il est mort, j'en suis sûre..., poursuivit son amie.
– Qu'est-ce que tu racontes ? fit-il, abasourdi par ce que lui disait son amie.
– Oh Atsushi tu ne comprends pas ? Le cadavre mutilé de Q... Je suis sûre que c'est lui ! »
Atsushi eut l'impression que son cœur s'était arrêté. Non, non. C'était impossible.
« Yamagawa, déclara gentiment l'une des camarades, tu as l'air fatiguée. Tu devrais peut-être aller voir à nouveau madame Yosano ?
– Je vais bien ! répliqua-t-elle d'une voix aiguë en se mettant à faire les cent pas. J'ai raison et vous le savez ! Junsa est mort ! Il a été assassiné par Q ! Il n'est plus de ce monde, c'est pour ça qu'il ne répond pas à nos lettres, qu'il n'est pas venu cette année ! Il est mort ! MORT ! »
Elle avait crié ce dernier mot qui résonna un instant, avant que le son d'une gifle ne se fasse entendre dans les dortoirs. Atsushi releva la tête et vit sa meilleure amie, qui se tenait la joue, face à Oda qui la tenait par les deux épaules. Le regard du capitaine, d'habitude si chaleureux, avait laissé place à une colère teintée de tristesse.
« Reprends-toi Yamagawa ! » cria-t-il. Son interlocutrice le fixa d'un regard éteint. « Rien ne prouve que c'est Sugimoto. Il y a encore de l'espoir. S'il ne vient plus, c'est peut-être juste parce qu'il a dû fuir le pays avec sa famille. Rien n'est perdu ! »
Ses mots semblèrent atteindre la jeune femme qui vacilla avant de s'écrouler ; Sakunosuke la rattrapa in extremis. La porte des dortoirs s'ouvrit de nouveau sur trois adultes : madame Yosano, le professeur Mitchell et le professeur Fukuzawa. Atsushi n'en revenait pas : leur directeur s'était lui-même déplacé.
Il balaya le dortoir du regard avant de s'arrêter sur Yama, toujours soutenue par Oda. L'infirmière se précipita vers eux, tandis que le professeur Mitchell se dirigeait vers Atsushi et les deux autres élèves.
« Par Helga, que se passe-t-il ici ? On entend vos cris à l'autre bout du château ! »
Ses yeux lavande lançaient des éclairs. Nouvelle directrice de la maison Poufsouffle, elle avait insisté sur la transparence des élèves qui était de rigueur en ces temps troublés. Elle ne semblait pas apprécier que ses élèves se fassent remarquer ainsi.
« Professeur Mitchell, intervint leur directeur, laissez-leur le temps de s'expliquer.
– Euh... » Atsushi échangea un regard gêné avec ses camarades. Comment expliquer ce qu'il venait de se passer quand eux-mêmes ne l'avaient pas compris ? Oda vint à leur secours en déclarant :
« Yamagawa a fait une espèce de crise de panique.
– A cause de monsieur Sugimoto ? déclara posément Fukuzawa.
– Oui... » Le vieil homme se dirigea vers la jeune femme mais Yosano l'arrêta.
« Monsieur le directeur, cette élève est très instable. Je dois l'examiner à l'infirmerie. »
Fukuzawa la dévisagea et acquiesça. Il se tourna vers les quatre Poufsouffle.
« Vous quatre, j'aimerais que vous me suiviez dans mon bureau, afin que je puisse comprendre tout ce qui s'est passé. Ne vous inquiétez pas monsieur Nakajima, ce ne sera pas long, vous pourrez aller effectuer votre ronde avec mademoiselle Akutagawa. »
Ce qui était impressionnant avec leur directeur, c'était qu'il était toujours au courant de tout. Il connaissait tous ses élèves, savait qui était dans l'équipe de Quidditch, qui faisait ses rondes de préfet avec qui et quand, et connaissait même les emplois du temps ! Atsushi se demandait souvent comment il faisait pour retenir tout ça, sachant que cela changeait chaque année. Leur directeur était vraiment impressionnant.
Ses camarades et lui remontèrent jusqu'au deuxième étage, accompagnés par le professeur Mitchell. Les élèves qu'ils croisaient les regardaient avec de grands yeux étonnés, surtout lorsqu'ils reconnaissaient Oda, qui était réputé pour être un bon élève. Tous se demandaient ce qu'ils avaient fait pour être escortés par le directeur en personne jusque dans son bureau.
Alors qu'ils avançaient vers le bureau du professeur Fukuzawa, des cris de colère facilement identifiables se firent entendre et Atsushi vit Oda lever les yeux au ciel en soupirant. Son aîné semblait franchement agacé ce qui le surprit. Le jeune homme était pourtant connu pour sa patience légendaire (il en fallait quand on était ami avec Dazai). Cette fois cependant, il semblait vraiment en avoir assez de ses deux amis.
« Messieurs Nakahara et Dazai, je suppose, déclara Fukuzawa posément. J'ai l'impression qu'il ne s'écoule pas un jour sans qu'ils ne se disputent.
– Ce n'est pas une impression, grinça le professeur Mitchell. Ils ne font que ça ! C'était déjà le cas les autres années, mais cette année c'est pire !
– Il va falloir que j'intervienne, convint le vieil homme. Monsieur Oda, pourrez-vous leur dire de venir me voir demain matin ? Précisez-bien à monsieur Nakahara que son entraînement de Quidditch n'est pas une excuse pour ne pas venir.
– Très bien monsieur. » répondit le capitaine d'un ton dans lequel perçait son étonnement.
Ils arrivèrent devant la gargouille qui gardait l'entrée du bureau du directeur ; celui-ci donna le mot de passe (« Cachots », les quatre Poufsouffle furent surpris de sa simplicité) et les invita à monter l'escalier en pierre dévoilé par la statue. Atsushi n'était pas souvent venu dans le bureau du directeur, juste une fois l'année dernière lorsque son père avait été attaqué et qu'on l'avait prévenu.
La pièce n'avait pas changé depuis la dernière fois, toujours circulaire et remplie d'objets. Le Choixpeau était toujours posé sur l'étagère, au côté des objets des quatre fondateurs : le diadème de Rowena, l'épée de Godric, le médaillon de Salazar et la coupe d'Helga.
Le bureau en bois trônait au centre de la pièce, et deux fauteuils avaient été placés devant. L'un d'eux était occupé par Herman Melville, le chef de la délégation d'Aurors installée à Poudlard. Il se leva en les voyant arriver.
« Herman, le salua Fukuzawa. Je suis à toi dans quelques minutes, je dois juste m'entretenir avec ces quatre élèves.
– Prends ton temps. Je repasserai.
– Tu peux rester. Tu pourrais être intéressé. »
Melville lui jeta un regard interrogateur mais ne dit rien. Le professeur Mitchell agita sa baguette et quatre fauteuils supplémentaires apparurent autour du bureau. Atsushi s'assit à côté d'Oda, tendu. Les mots de Yama tournaient encore dans son esprit, il ne parvenait pas à les chasser. Avait-elle raison ? Junsa était-il vraiment mort ? Il ne voulait pas y croire, mais ne pouvait pas nier que c'était une hypothèse.
« Alors, commença leur directeur. Que s'est-il passé ?
– Yamagawa ne se sentait pas bien ce matin, expliqua l'une des deux filles, alors elle a été à l'infirmerie. Elle y a passé toute la matinée et est revenue dans l'après-midi, juste avant qu'on aille en cours de potions.
– On s'est dépêchées de rentrer dans la salle commune après le cours, on voulait savoir comment elle allait. C'est alors qu'on l'a entendu crier et qu'on l'a trouvée recroquevillée par terre en train de pleurer.
– Et quand je suis arrivé, continua Atsushi, elle a commencé à me crier que Junsa était mort, que c'était lui la dixième victime de Q. » Il entendit le hoquet de surprise d'Herman Melville juste avant qu'Oda ne prenne la suite.
« Je l'ai entendu crier en rentrant à la salle commune alors je suis intervenu. Elle avait presque l'air hystérique, ça m'a inquiété. Je ne la reconnaissais pas, ça ne lui ressemble pas de perdre ses moyens ainsi.
– Je vois..., fit le blanc lorsque le silence fut revenu. Tout est donc lié à Q... » Il se tourna vers les deux camarades de dortoir de Yama. « Merci mesdemoiselles. Le professeur Mitchell va vous raccompagner à votre dortoir. »
Cette dernière fit mine de protester mais s'interrompit lorsque le directeur lui jeta un regard en coin. Elle se leva et quitta la pièce, suivie des deux filles. Fukuzawa se tourna alors vers l'homme assis à sa droite.
« Herman, tu sais quelque chose à ce sujet ? Je t'ai entendu lorsque monsieur Nakajima a évoqué Q.
– Hm, Yukichi... » Le prénom du directeur sonna étrangement aux oreilles des deux élèves, ils avaient si peu l'habitude de l'entendre. « Je ne pense pas que...
– Ils sont concernés Herman. Et je n'ai pas l'intention de cacher aux élèves des informations qui pourraient les regarder.
– Ils ne sont pas encore concernés. Pas directement. » Il jeta un regard vers Oda et Atsushi. « Les analyses du cadavre viennent de commencer. On n'a pas encore pu déterminer son identité, mais on a récupéré quelques informations physiques. La victime était brune et de sexe masculin. » Le sang d'Atsushi se glaça. Junsa était brun. « Elle était de taille moyenne, pas de caractéristiques spécifiques. En revanche on a trouvé dans sa poche un billet de train. Pour le Poudlard Express, daté de cette année.
– Donc, fit Oda avec lenteur, la victime était un élève de Poudlard.
– ... Oui, sauf si le billet a été placé là pour nous induire en erreur. » avoua Herman.
Le silence s'abattit sur la pièce. Atsushi avait l'impression qu'une tonne de briques venaient de lui tomber sur la tête. Un élève de Poudlard... Brun... Les mots de Yama revinrent encore une fois le hanter.
« Est-ce que... » Sa voix trembla. « ...on sait à quelle maison il appartenait ?
– Non. » Le Poufsouffle sentit le poids s'alléger un peu. Il y avait encore de l'espoir. « Nous recherchons encore une valise qui pourrait lui appartenir.
– De nombreux élèves ne sont pas venus à Poudlard cette année, ajouta Fukuzawa. Nous allons essayer de contacter leurs familles afin d'en savoir plus. Rien n'est perdu, dit-il à l'intention des deux élèves. Il faut continuer d'espérer que votre ami ait simplement quitté le pays. »
Ce fut sur ces mots qu'il congédia les deux garçons. En redescendant les escaliers, Atsushi sentit une boule d'angoisse se former dans sa gorge. Malgré les paroles encourageantes de leur directeur, celles de Yama lui revenaient sans cesse en mémoire. Oda sembla remarquer son trouble et posa une main sur son épaule.
« Essaye de ne pas trop t'inquiéter. Je suis sûr que Sugimoto va bien. »
Il ponctua sa phrase d'un sourire rassurant qui réchauffa le cœur d'Atsushi. Le capitaine le salua avant de se rendre dans la Grande Salle pour le dîner tandis que l'argenté se dirigeait vers la bibliothèque. Les affirmations de Yama lui avaient coupé l'appétit, et il voulait en profiter pour s'avancer dans la montagne de travail qu'il avait pour ce weekend.
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Un peu plus tard, lorsqu'il se rendit au premier étage où ils faisaient leur ronde, il eut la surprise de constater que Gin n'était pas encore arrivée – chose exceptionnelle. La Serpentard était toujours un peu en avance et il n'était jamais arrivé avant elle. Elle avait peut-être été retardée par un évènement urgent.
Cependant, les minutes s'écoulaient sans que la jeune femme ne se manifeste. Au bout de quinze minutes, il se décida à commencer la ronde sans elle. Si l'un des professeurs passait dans le couloir, il ne manquerait pas de le réprimander pour rester sans rien faire. Gin me rejoindra, se dit-il.
Pourtant, Atsushi effectua la ronde sans voir sa collègue. Avait-elle oublié ? Cela ne lui ressemblait pas. Alors qu'il se questionnait pour savoir s'il devait ou non se rendre à la salle commune des Serpentards pour lui parler, il entendit un bruit en provenance d'une salle de classe normalement vide.
Il déglutit, légèrement effrayé, et avança jusqu'à la porte. Celle-ci était déverrouillée ; il n'eut qu'à la pousser pour y entrer. Le clair de lune illuminait la pièce ce qui lui permit d'apercevoir distinctement une silhouette plaquée contre l'un des murs. L'obscurité l'empêcha de l'identifier.
Du bruit derrière lui le fit se retourner, et il vit trois garçons entrer dans la salle. D'après leurs cravates, ils venaient de Gryffondor. Leurs visages étaient cependant cachés par les capuches qu'ils avaient rabattues dessus.
« Qu'est-ce que vous faites ici ? s'exclama-t-il en essayant de prendre une voix dure. Le couvre-feu est passé ! Retournez dans votre dortoir !
– Ne te mêle pas de ça ! rétorqua l'un des inconnus.
– Ouais, laisse nous nous occuper d'elle !
– Je ne vais pas vous laisser attaquer une élève ! protesta Atsushi en cherchant une solution. A trois contre un, il était désavantagé.
– C'est de sa faute si on en est là ! A elle et à son frère ! »
La phrase avait été criée avec colère et permit au Poufsouffle de comprendre qui était la personne attaquée par les trois griffons. Gin Akutagawa.
« Retournez dans votre dortoir, répéta-t-il d'une voix ferme. Et je retire cinquante points à Gryffondor pour agression envers une élève, préfète de surcroît.
– On t'a dit de ne pas te mêler de ça ! »
Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il se passait, Atsushi fut plaqué au sol, mains liées. L'un des Gryffondors avait sorti sa baguette et la pointait vers lui.
« Laisse-nous faire ce qu'on a à faire ! »
Le cerveau d'Atsushi tournait à toute vitesse. Que pouvait-il faire ? Face à trois élèves, il était désavantagé, surtout que l'un d'eux semblait parfaitement maîtriser les sortilèges informulés. Lui ne les maîtrisait pas du tout, ces sorts étaient au programme de sixième année. D'autant plus que, s'il avait une bonne mémoire, il avait parfois des difficultés à mettre en pratique ce qu'il apprenait.
Pendant qu'il réfléchissait, les trois assaillants s'étaient approchés de Gin qui s'était déplacée vers la sortie. L'argenté remarqua qu'elle se tenait le bras et que des gouttes de sang parsemaient ses vêtements. Ce constat lui donna la nausée. Comment pouvait-on blesser quelqu'un pour des raisons aussi subjectives et stupides que « c'est de la faute de son frère tout ça » ?
Alors qu'il tentait de se redresser, un objet roula au sol non loin de lui. Sa baguette. Louée soit Helga. Avec le plus de discrétion possible, il se traîna lentement vers celle-ci et roula sur le dos. Sa main droite attrapa sa baguette.
L'idéal aurait été qu'il lance un sortilège informulé, mais il en était incapable. Il murmura donc un « Finite Incatatum » qui fut néanmoins entendu par les quatre autres. Il se redressa rapidement et pointa sa baguette vers les trois assaillants. L'un d'eux avait plaqué Gin contre un mur mais les deux autres – dont le lanceur de sortilèges informulés – avaient toujours leurs baguettes dans les mains.
Atsushi lança un protego afin d'anticiper les attaques et réfléchit. Il ne désirait pas attaquer les griffons, mais ne trouvait pas de moyen pacifique de s'en sortir. C'est alors que les baguettes des deux élèves bondirent de leurs mains, tandis qu'une voix glaciale résonnait :
« Je peux savoir ce que vous faites ? »
Veine sur la tempe et regard bleu qui lançait des éclairs, Chuuya Nakahara se tenait dans l'embrasure de la porte. Immédiatement, le troisième élève lâcha Gin qui s'éloigna de lui et rejoignit son aîné.
« N-Nakahara... On l'a surpris en train d'attaquer Akutagawa ! » s'écria l'un des rouge et or en pointant Atsushi. Ce dernier faillit s'étouffer avec sa salive devant cette accusation mesquine.
« C'est vous qui l'attaquiez ! se défendit-il.
– Pas du tout ! » crièrent les deux autres.
Le regard azur du Serpentard passa d'un camp à l'autre, l'air profondément exaspéré. Gin se pencha vers lui et lui murmura quelque chose. Il hocha simplement la tête avant de déclarer, d'une voix empreinte de colère :
« Je pensais que les Gryffondors avaient plus de courage que ça. Attaquer quelqu'un en pleine nuit et rejeter la faute sur un autre ? Je suis sûr que Fitzgerald sera ravi d'apprendre ça.
– M-Mais..., balbutièrent les trois fautifs.
– J'ai hâte de voir à combien de points va redescendre la maison qui était en tête du classement tout à l'heure. » sourit sournoisement le rouquin.
Comprenant que la situation n'était plus à leur avantage, les rouge et or partirent sans demander leur reste. Atsushi fit disparaître son bouclier et se tourna vers les deux vert et argent. Théoriquement, il aurait dû sanctionner Chuuya pour être dehors après le couvre-feu, mais il leur avait sauvé la mise. Et puis, il avait toujours du mal à réprimander ceux qui étaient plus âgés que lui.
Il se contenta donc de remercier le roux qui balaya ses remerciements d'un mouvement de main. Il se tourna vers Gin qui lui sourit avant de sortir de la salle derrière lui. Elle adressa néanmoins une esquisse de sourire à Atsushi en murmurant un merci en partant.
Une fois seul dans la salle, l'argenté soupira et s'adossa contre le mur. Lui qui avait espoir que la guerre n'ait pas altéré l'ambiance de Poudlard, il venait d'avoir la preuve claire que ce n'était pas le cas du tout.
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