11 | Le baiser du condamné

JOYEUX ANNIVERSAIRE JOYEUX ANNIVERSAIRE JOYEUX ANNIVERSAIRE Emelynn21 JOYEUX ANNIVERSAIRE 💕
magnifique entrée en matière je sais. Voilà ton premier cadeau !

sinon si vous êtes en vacances, sachez que je ne vous aime pas. Moi, au moment où j'écris ces mots, je suis actuellement devant mon lycée avec ma ptite convocation parce que j'ai 4h de bac blanc jsuis dans la déprime ;;
(edit 4h plus tard : je suis encore plus déprimée voilà.)
'fin bref, voici el new chapitre ! vous m'avez détestée sur le précedent alors préparez-vous à... me détester encore plus en fait. :)
spoiler alert : vous allez m'aimer au prochain chapitre.
Un bonus pour les 2K (vous êtes fouus, merci ♡) sortira au cours de la semaine prochaine, je devais le sortir avec ce chapitre mais je n'ai pas eu le temps de l'écrire pardoon. J'ai été débordée avec les révisions, les bacs blancs et les cadeaux d'anniversaires divers... mais promis ça arrive !

Bref, je vous laisse lire :D Les remerciements se font sur votre droite, merci de les lire, j'ai fait une petite note informative ->

Bonne lecture ! On se retrouve le 14 mars pour le chapitre douze ! (d'ailleurs je viens d'apprendre que je passe aussi mon oral blanc le 14 mars. entre ça, les bacs blancs et les dst classiques, je crois que j'ai toujours un exam plus ou moins important quand je poste x))

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Chapitre Onze - Le baiser du condamné

« Les moldus veulent que Ryunosuke Akutagawa soit condamné à mort. Si nous refusons, ce sera la guerre. »

Deux jours s'étaient écoulés depuis la chaotique rentrée des vacances de Noël, pourtant, Atsushi avait l'impression qu'il se trouvait encore sur le quai, témoin de l'arrestation du Serpentard. Les évènements passaient en boucle devant ses yeux.

Une fois cette déclaration faite, Hawthorne s'était détourné et avait fait signe aux Aurors d'interpeller Akutagawa. Ceux-ci l'avaient immobilisé sans difficultés, le noir ne leur avait opposé aucune résistance. Il semblait presque avoir attendu cet instant.

Fukuzawa avait protesté, arguant qu'il paraissait invraisemblable que les moldus demandent quelque chose d'une telle cruauté. Le ministre et ancien professeur avait simplement déclaré que c'était une requête qui n'émanait pas uniquement des britanniques, mais de tous les moldus en général. Le chaos touchait le monde entier, et il était apparu que pour le faire revenir partout, la mort du tueur était nécessaire.

Étrangement, cela avait considérablement impacté l'opinion publique magique et les journaux sorciers, qui présentaient désormais Akutagawa comme un martyr. Eux qui ne cessaient de protester contre la réouverture du procès, clamant haut et fort qu'il était évidemment coupable, déclaraient désormais que l'affaire exigeait d'être réexaminée.

Atsushi les trouvait ridicules ; ce brusque changement d'opinion n'était dû qu'au fait que la majorité des sorciers n'acceptaient pas de se laisser dicter leur comportement par des moldus. La paix d'accord, mais les affaires sorcières restaient entre les mains des sorciers, et inversement ! Le Poufsouffle comprenait leurs raisons de changer d'avis, mais trouvait détestable que ce soit la seule raison pour laquelle Ryunosuke n'était plus discrédité.

Il s'inquiétait pour le Serpentard, et il savait qu'il n'était pas le seul. Il avait fait sa ronde avec Gin hier, et la jeune femme faisait peine à voir. Elle n'avait pas dit un mot durant l'arrestation de son frère, mais tous voyaient à quel point cela l'avait ébranlée, surtout l'annonce de la condamnation à mort de Ryunosuke. Elle qui s'était battue pour sa libération conditionnelle de toutes ses forces...

En plus de Gin, il avait également croisé Kyoka qui paraissait très soucieuse aussi. Bien qu'il ignorait la nature exacte des relations entre les Akutagawa et elle, Atsushi avait compris qu'ils étaient proches. Il était normal qu'elle s'inquiète pour lui.

La réaction la plus mémorable avait été celle de Chuuya, qui s'était énervé en apprenant l'affaire le soir de la rentrée, lorsque Fukuzawa avait expliqué ce qu'il s'était produit. Il était furieux d'apprendre cette demande injuste et surtout très cruelle. Dazai et Oda avaient dû s'y mettre à deux pour le retenir et l'empêcher de faire un scandale au Parlement britannique. Eux-mêmes semblaient très choqués par l'annonce du directeur (même Dazai qui n'était pourtant pas surpris par beaucoup de choses).

La plupart des autres élèves restaient silencieux et adoptaient une attitude normale, mais Atsushi avait remarqué que le changement d'avis de l'opinion publique les avait touchés également. Eux aussi commençaient à soutenir Akutagawa.

L'argenté se demandait souvent ce qu'en pensait le principal concerné. Ils ne se connaissaient pas tant que ça, mais Atsushi se doutait qu'il réagirait sûrement en se moquant de tous ceux qui ne l'avaient jamais soutenu et qui retournaient leur veste maintenant. Il pouvait presque l'imaginer faire.

Actuellement, Ryunosuke se trouvait au Ministère, en attente de recevoir le funeste baiser du Détraqueur. Celui que l'on réservait aux pires criminels du monde sorcier. Le méritait-il ? Atsushi était convaincu que non. Même si, en admettant qu'il soit coupable, Akutagawa avait tué une personne, il y avait à Azkaban des criminels en vie qui avaient commis bien pire.

Atsushi sentit qu'on lui donnait un coup de coude qui le tira de son monologue intérieur. Il revint sur Terre, ou plus exactement dans sa salle commune, face à Yama et Oda qui le regardaient étrangement.

« Tout va bien Atsushi ? demanda son amie.

– Oui, désolé. Tu disais ?

– Ils ont fixé la date de l'exécution. » répondit Oda à sa place. « C'est dans demain. En présence de la ministre moldue.

– C'est contre les lois magiques ! répondit immédiatement le gris. Les ministres moldus sont supposés rester en dehors de nos affaires, tout comme nous restons en dehors des leurs !

– Et bien il semble que cette nouvelle ministre n'en ait cure.

– A peine nommée et déjà des exigences, marmonna Yama. Je pense qu'elle n'aime pas les sorciers et qu'elle se fiche bien que nous voulions la paix !

– Tu penses comme Dazai, grommela Oda. Il est aussi persuadé qu'elle fait semblant de vouloir obtenir la paix.

– Je ne sais pas... Elle a tout à gagner à la retrouver non ? déclara Atsushi, mal à l'aise.

– Pas sûr. La guerre est bonne pour l'économie. Et elle apaiserait les extrémistes...

– De là à déclencher une guerre exprès...

– Je suis sûre que dès qu'on aura exécuté ce pauvre Akutagawa, elle va ajouter plein de demandes supplémentaires pour retarder l'accord de paix ! s'agaça Yamagawa. Du genre « arrêter le tueur en série Q » sous prétexte que c'est un sorcier ou « retrouver le traître qui se balade dans nos rangs ».

– Le traître ? répéta Atsushi. J'ai raté un épisode ?

– Tu n'es pas au courant ? » demanda Sakunosuke.

L'attrapeur remplaçant secoua la tête négativement.

« Tachihara a disparu, lui expliqua sans cacher son agacement Yama. Il a réussi à échapper à la surveillance des Aurors.

– Comment est-ce possible ? » s'insurgea le gris. Il se souvint brutalement de la conversation entre Mori et l'elfe des cuisines qu'il avait entendue, et de la menace de mort qui pesait sur le rouquin. A sa grande honte, il devait admettre que toute cette histoire lui était sortie de la tête durant les vacances. Tachihara était-il déjà mort ?

« A priori, il a distrait les Aurors et s'est volatilisé. C'est comme ça qu'ils ont justifié sa disparition en tout cas, raconta Oda.

– Tu penses que... » Yama hésita. « Ça pourrait être un coup de Q ? »

Les deux hommes lui jetèrent un regard perplexe. Elle se justifia rapidement :

« Les victimes de Q disparaissent toujours pendant plusieurs jours avant d'être retrouvées... » Atsushi eut une pensée pour Junsa. Lui aussi avait disparu avant d'être retrouvé...

– Je ne sais pas..., déclara Sakunosuke. Cela fait presque une semaine qu'il a disparu. Les autres victimes réapparaissaient au bout de quelques jours seulement.

– Et puis, Q choisit ses victimes lorsqu'elles sont isolées. Tachihara était entouré d'Aurors. »

Atsushi soupira. Il se demandait ce qui était arrivé au Gryffondor. Celui-ci s'était comporté comme un parfait abruti, mais il espérait qu'il n'était pas mort. D'autant plus qu'il aurait pu empêcher ça... Il savait que si le rouquin était assassiné, il s'en voudrait jusqu'à la fin de ses jours.

« Je pourrais toujours demander à ma mère si elle a des informations, déclara Oda en se levant lentement. Ou à Dazai, il sait toujours tout. » Il s'assombrit légèrement et marmonna quelque chose qui ressemblait à « même s'il agit bizarrement en ce moment ». « Quoiqu'il en soit, changea-t-il de sujet, tu viens à l'entraînement demain Atsushi ? »
J'ai le choix ?
Pas vraiment. Je sais qu'on n'a pas de match important avant le mois de mai mais ce n'est pas une raison pour ne rien faire !
Il n'y a pas de match avant pour Poufsouffle ?
Si, contre Gryffondor. Mais cela ne va pas être bien difficile !
Serpentard a eu du mal à gagner, observa Yama.
Mais j'ai pu analyser leur stratégie donc je peux vous le dire : on va gagner ce match ! »

Il leva le poing en l'air pour appuyer sa déclaration, ce qui déclencha quelques applaudissements de la part des autres élèves. Cela surprit l'auburn qui rit malgré tout, accompagné d'Atsushi et Yama. Rire ainsi leur faisait du bien.

Ils furent interrompus par le professeur Mitchell qui passait dans le couloir et qui les avait entendus. Elle les sermonna, insistant sur le fait qu'ils ne devaient pas se faire remarquer, que rire ainsi dans une période aussi sombre était de bien mauvais goût, et plein d'autres choses qu'aucun Poufsouffle ne se donna la peine de retenir.

Oui, la situation était compliquée, un de leurs « camarades » allait bientôt mourir... Mais c'est justement pour cela qu'ils avaient besoin de rire. Pour qu'il y ait au moins une chose de positive dans leur vie. Une chose à laquelle ils puissent se raccrocher en désespoir de cause.

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« Poe ! Poe attends ! »

Dazai accéléra le pas pour rattraper le jeune homme qui marchait droit devant, sans lui prêter attention.

« Dis donc, tu fais exprès de m'éviter ? interrogea le brun lorsqu'il fut à son niveau.

– Je ne vois pas pourquoi tu dis ça, répliqua le concerné.

– Parce que je t'ai appelé et que tu ne m'as même pas calculé ? Je dois t'envoyer un sortilège de chauve-furie pour que tu te rendes compte que quelqu'un te parle ? »

Poe se tourna vers lui pour le dévisager de son regard gris.

« Mauvaise journée ? Je ne t'ai jamais entendu aussi... sarcastique. C'est le domaine des Akutagawa normalement. » Le brun se passa la main dans les cheveux en lâchant un soupir.

« Écoute, je ne suis pas vraiment d'humeur à tergiverser, comme tu peux le voir.

– Des problèmes avec Nakahara ? »

Dazai le fixa un instant, avant de froncer les sourcils en comprenant où il voulait en venir.

« Poe... Garde tes allusions pour toi tu veux ?

– Avec plaisir, sourit le susnommé d'un air goguenard. Mais tu dois être au courant que la moitié de Poudlard attend votre mise en...

– C'est bon, c'est bon, je sais ! soupira Osamu avec agacement.

– Dazai ! Poe ! »

La voix de Kunikida les fit sursauter. Le préfet-en-chef se tenait derrière eux et semblait peu content de les voir.

« Salut Kunikida ! le salua Dazai en tentant de mettre un peu de chaleur dans sa voix.

– Vous savez que le couvre-feu est passé ? » Les deux fautifs échangèrent un regard.

« Absolument pas ! répondit avec insolence le brun.

– Retournez à la salle commune avant que je ne retire des points à Serdaigle ! »

Poe se mit immédiatement en route, mais Dazai ne résista pas à taquiner encore un peu le blondinet :

« Tu sais, tu n'es pas obligé de te priver, on en a suffisamment grâce à moi ! »

Il emboîta ensuite le pas à son camarade, et put entendre la voix courroucée de Kunikida crier : « Dix points en moins pour Serdaigle ! » ce qui le fit rire.

« C'était nécessaire ça ? l'interrogea Edgar qui avait tout entendu.

– Ça me faisait plaisir, répliqua Osamu.

– Qu'est-ce que tu voulais alors ?

– Ryunosuke Akutagawa va mourir demain.

– Je sais. Tout le monde en parle. Quel rapport avec moi ?

– Il faut empêcher ça. »

Poe s'esclaffa.

« Tu te prends pour un saint Dazai ? Navré de te l'apprendre mais tu n'en seras jamais un, vu les infos que tu prends plaisir à collecter sur les gens et ta propension à mentir.

– Je n'ai pas la prétention de me prétendre être quelque chose que je ne suis pas contrairement à toi, monsieur l'écrivain à succès qui n'a vendu que deux exemplaires de son livre, répliqua sèchement le brun. De plus, j'aimerais te rappeler qui me fournit les infos en question.

– Tu crois sérieusement que tu vas réussir à changer quelque chose ? Tu ne peux rien faire pour Ryunosuke Akutagawa. Rien qui soit dans la légalité en tout cas. Il a été condamné et il va mourir demain. Tu n'empêcheras jamais ça.

– Il y a un moyen pourtant. »

Le jeune homme lui jeta un regard inquisiteur en coin.

« Et qu'est-ce que... » Il se ravisa au milieu de sa phrase. « Non, finalement, je ne veux pas savoir. Débrouille-toi tout seul Dazai. Je ne viendrais pas te voir à Azkaban si tu fais quoi que ce soit d'illégal.

– Je n'aurais aucune envie de te voir de toute façon.

– Tu es vraiment de mauvaise humeur.

– Tu es celui qui en est responsable actuellement.

– Je ne t'ai dit que la vérité. Si tu veux passer tes nerfs sur quelqu'un, soit gentil de le faire sur quelqu'un d'autre. »

Dazai roula les yeux. Il avait d'ordinaire assez d'humour et d'autodérision pour ne pas se soucier des piques de son camarade mais il était épuisé physiquement et mentalement. Il n'avait qu'une envie, trouver un sortilège qui résoudrait tous ses problèmes en une seule fois. Malheureusement, même Merlin n'aurait pu l'aider à ce moment précis.

« Ce sera tout ? » demanda insolemment Poe.

Osamu tourna les talons en guise de réponse. Il n'avait aucune envie de continuer sa conversation avec le jeune homme. Il était suffisamment agacé comme ça. Il ne repartit cependant pas vers la salle commune, comme il l'avait pourtant promis à Kunikida, mais se dirigea vers la bibliothèque, au quatrième étage.

Elle était fermée, bien évidemment, mais il avait appris au fils des années à en ouvrir la porte. Aussi s'y faufila-t-il sans problème. Allumant sa baguette à l'aide d'un Lumos, il se rendit directement au niveau de la section juridique, et en tira un exemplaire du livre intitulé « Lois magiques ». Il l'avait déjà lu en cinquième année, c'était une lecture assez obligatoire en raison de sa volonté de devenir Auror. Et l'exécution d'Akutagawa lui avait rappelé un passage qui l'avait marqué lors de sa première lecture.

Il tourna rapidement les pages à la recherche de la partie qu'il cherchait. Il la trouva au bout de quelques minutes et commença à lire en diagonale les sujets abordés. Lorsqu'il trouva enfin ce qu'il cherchait, son visage s'éclaira. Parfait. C'était exactement ce qu'il lui fallait.

Un bruit en provenance de l'entrée le fit sursauter et il éteignit sa baguette en vitesse. Il attrapa le livre et s'accroupit à hauteur de la table pour se cacher un petit peu. Il lança également un sort de désillusion pour ne pas se faire repérer. Il entendit distinctement des bruits de pas qui se rapprochaient de plus en plus de la section dans laquelle il se trouvait et se fit tout petit. Il ne tenait pas à être repéré en dehors des dortoirs alors que le couvre-feu était passé depuis belle lurette.

Deux personnes entrèrent dans la section. Elles n'utilisaient pas de sort de lumière, pourtant elles évoluaient dans la bibliothèque comme si elles en connaissaient les moindres recoins. De là où il était, Dazai n'apercevait rien, à peine leurs chaussures identiques, noires, probablement cirées vu le bruit qu'elles faisaient sur le sol.

Il retint son souffle lorsque les deux personnes passèrent juste à côté de lui. Logiquement, elles ne devraient pas le remarquer vu qu'il était caché mais...

« Monsieur Dazai, vous jouez les tapis ? » interrogea la voix claire du directeur, qui résonna dans le silence de la bibliothèque.

Bon, ne pas se faire repérer, c'était raté visiblement. Le jeune homme fit disparaître le sortilège et se redressa en essayant d'adopter un ton léger, comme si la situation était tout à fait normale.

« Monsieur le directeur, bonsoir ! Je ne pensais pas vous croiser ici.

– Moi de même. Ne devriez-vous pas être dans votre dortoir ? Ou alors êtes-vous venu chercher un livre pour vous aider à dormir ?

– Un livre de lois me semble être un choix plutôt douteux pour une lecture nocturne. » intervint la voix moqueuse du professeur Mori, que Dazai n'avait jusque-là pas remarqué. Il ne voyait pas son visage, mais pouvait deviner que l'homme devait avoir son habituel sourire narquois.

« Au contraire mon cher Ôgai, déclara le directeur, lire quelque chose d'ennuyeux est le meilleur moyen de s'endormir facilement. »

Osamu restait en retrait, observant leur conversation sans rien dire. Il avait du mal à déterminer si les deux professeurs pensaient vraiment qu'il était venu chercher de la lecture, ou s'ils étaient juste extrêmement sarcastiques et avaient deviné ses intentions. La deuxième option était plus probable. Quoiqu'il en soit, ils semblaient bien s'amuser de la situation.

« Bon, monsieur Dazai, finit par lui dire le vieux directeur, vous devriez peut-être retourner dans votre dortoir non ? N'avez-vous pas un match important bientôt ? »

En effet, le match Serdaigle/Serpentard devait se tenir la semaine suivante. Dazai fut cependant déstabilisé par le fait que la préoccupation principale de Fukuzawa soit le match à venir, et non le sort d'Akutagawa qui devait mourir le lendemain ! Il commençait à se poser des questions sur la santé mentale du directeur.

Il ne fit cependant aucun commentaire et s'éclipsa sans demander son reste, jusqu'à ce que Mori le rappelle.

« Le livre, monsieur Dazai. Je ne pense pas que notre chère bibliothécaire soit heureuse de voir ses livres disparaître. »

Le concerné grommela dans sa barbe inexistante mais rebroussa chemin pour ranger l'ouvrage. Il pouvait maintenant être sûr que les deux adultes avaient compris ce qu'il venait faire dans la bibliothèque à une heure pareille. Le directeur précisa d'ailleurs, alors que le jeune homme était sur le point de quitter la bibliothèque :

« C'est tout à votre honneur de vouloir aider votre camarade, mais nous avons la situation bien en main. »

Bon. Il n'était peut-être pas si fou que ça, ce bon vieux Fukuzawa.

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Le lendemain, Dazai fut surpris du silence qui régnait dans la Grande Salle au petit déjeuner. Il ne se priva d'ailleurs pas de le faire remarquer bien fort en s'asseyant :

« Pourquoi faire toutes ces têtes d'enterrement ? C'est bientôt la fin de la semaine ! »

De nombreuses personnes lui lancèrent un regard courroucé, et Kunikida lui donna un coup de pied.

« Idiot ! Tu sais qu'Akutagawa va mourir aujourd'hui ? murmura-t-il.

– Évidemment que je le sais, répliqua le jeune homme, toujours bien fort. Mais je ne vois pas pourquoi vous agissez tous comme si c'était votre meilleur ami qui allait mourir, alors que les trois quarts d'entre vous se fichent bien de son sort. »

Sa phrase fit mouche et il eut le plaisir de voir de nombreuses personnes sursauter, comme si elles se sentaient concernées. Chuuya lui jeta une œillade amusée, et il vit même qu'Atsushi Nakajima avait un léger sourire sur les lèvres suite à cette déclaration. Ils devaient penser comme lui.

« Pour une fois, je suis d'accord avec Dazai, intervint une voix plus désagréable, celle de Steinbeck qui se trouvait à la table des griffons, et regardait tout le monde avec amusement et mépris. Ce ne sera pas une grande perte. »

Lui au moins ne se donnait pas la peine de faire semblant et conservait l'attitude qu'il avait toujours eu vis-à-vis du noir, se dit Dazai. C'était déjà ça. Personne ne se donna la peine de relever son commentaire méprisant ou de répliquer à sa déclaration presque inhumaine.

Le Serdaigle remarqua bien vite que les élèves murmuraient désormais, abandonnant leur soi-disant silence endeuillé pour commérer sur lui.

« Tu étais obligé d'y aller aussi fort ? souffla Kunikida, désespéré l'attitude de son camarade.

– C'est la vérité. Même toi tu t'y mets alors que je t'ai déjà entendu parler dans le dos d'Akutagawa.

– Écoute Dazai... Même si c'est vrai que beaucoup se fichent bien de savoir ce qui va arriver à Ryunosuke Akutagawa, il est sur le point de mourir. Personne ne pensait qu'on lui infligerait le baiser du Détraqueur. On réserve ça aux crimes inhumains normalement, ou aux récidivistes.

– C'est pour cela qu'il vaudrait mieux réfléchir à un moyen d'empêcher ça, plutôt que de s'habiller en noir et se préparer à un deuil.

– Parce que tu crois qu'on peut faire quelque chose ? »

Le préfet-en-chef avait raison évidemment. Ils n'étaient que des élèves, sans le moindre poids politique. Pourtant, Osamu ne parvenait pas à se résigner à rester sans rien faire. Il ne pouvait pas juste attendre la mort de quelqu'un sans rien faire.

« De plus, reprit le blond, sans vouloir t'offenser Dazai, je ne pense pas que Ryunosuke Akutagawa apprécie ton aide. Honnêtement. »

C'était probable, oui. Il n'avait jamais été très proche du Serpentard. Ils n'étaient pas de la même année et s'étaient rarement côtoyés durant les années que le noir avait passées à Poudlard avant son incarcération. Il savait que, pendant un moment, Ryunosuke l'avait admiré. Comme beaucoup, aujourd'hui encore. Il représentait le « génie » de Poudlard, l'un des élèves les plus doués, un futur Auror de renom. Qui rendrait sa famille fière.

Peu se souciaient de ce qu'il voulait vraiment. Y avait-il d'ailleurs une personne qui s'en était un jour préoccupé ? Son père voulait qu'il trouve un bon métier, pour pouvoir se vanter d'avoir un fils ayant réussi. Sa mère avait quitté la maison depuis longtemps, se fichant éperdument d'abandonner son fils unique. Elle en avait un nouveau maintenant qu'elle était remariée. Un fils qui ne passerait pas son temps à résoudre des mystères inutiles, à se renseigner sur tout le monde, à élaborer des plan farfelus pour faire on-ne-sait quoi.

Quand il était jeune, il voulait être Auror pour résoudre des mystères et affronter les méchants sorciers. Le petit garçon qu'il était admirait ces hommes d'une classe absolue, aux capacités magiques impressionnantes. Son père l'avait toujours encouragé dans ce sens. Dazai croyait que c'était parce qu'il voulait qu'il fasse quelque chose qui lui plairait.

Ce n'était que des années plus tard qu'il avait compris que ce n'était pas le cas. Le patriarche voulait juste pouvoir se vanter d'avoir un fils Auror. Aussi voulait-il qu'Osamu ait un dossier impeccable, qu'il soit un candidat parfait que le bureau des Aurors ne pourrait refuser. Alors, quand il avait découvert la propension de Dazai à mentir mais aussi à se renseigner sur tout et tout le monde, il avait tout fait pour que le jeune garçon perde cette habitude.

Et pour cela, il avait employé la manière forte. La violence. La brutalité. Les coups, jour après jour. La douleur, toujours plus forte. Jusqu'à ce que la vie prenne sa revanche.

Il n'avait pas pleuré lorsque son père avait succombé à une crise cardiaque. Il avait perdu toute affection pour cet homme depuis longtemps. C'était presque... comme une libération. Il avait été confiée à sa tante pendant sept ans, jusqu'à ce qu'il ait dix-sept ans et atteigne la majorité sorcière. Ensuite, il était retourné dans la maison de son enfance, qu'il occupait désormais seul, avec quelques elfes de maison. Il était plus heureux comme ça.

Pourtant, aujourd'hui, il ne savait plus s'il voulait vraiment devenir Auror. Les motivations de sa jeunesse avaient disparu le jour où il avait compris que les incroyables Aurors du monde de la magie n'étaient pas les héros qu'il s'était figuré. Qu'ils n'étaient en réalité que des humains, cupides et idiots. Et qu'ils n'avaient pas de motifs louables. L'argent et le prestige étaient les seuls motifs qui les poussaient à travailler.

Il avait néanmoins continué à poursuivre cet objectif, pour des raisons obscures même pour lui. Il ne savait pas vraiment pourquoi il voulait toujours devenir Auror. Une vieille habitude sûrement. On lui avait tellement dit qu'il deviendrait Auror qu'il avait pris le pli.

Même si peut-être... Peut-être qu'il avait trouvé une nouvelle raison...

Un bruit à sa droite le sortit de ses pensées et il croisa en tournant la tête le regard de Poe. Cela raviva sa mauvaise humeur due au manque d'aide du jeune homme.

« Alors ? l'interrogea Edgar. Tu as abandonné ton projet stupide ? »

Dazai lui jeta un regard en coin, pour que l'autre soit sûr qu'il l'avait entendu avant de dire à Kunikida, en ignorant superbement son camarade :

« Je dois finir un travail, je remonte. »

La tête de Poe en valait la peine.

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D'un point de vue purement objectif, les cellules d'Azkaban étaient presque plus accueillantes que celles du Ministère. Franchement, au moins à Azkaban, ils avaient de la compagnie. Certes, il s'agissait de Détraqueurs ou de détenus complètement fous mais quand même.

Akutagawa devait cependant admettre qu'il préférait largement se trouver au Ministère qu'à Azkaban. Et, s'il y avait une chose de positive dans la perspective de sa mort prochaine, c'était qu'au moins il ne remettrait pas un pied dans l'horrible prison magique.

Peut-être ne devrait-il pas être aussi détaché par rapport au fait que, à moins d'un miracle, il serait mort dans un peu moins de six heures. Mais il tenait à rester digne jusqu'à la fin quand même. Mourir d'un baiser du Détraqueur, c'était déjà suffisamment difficile pour la dignité.

Bon sang, qu'est-ce que ces bancs étaient inconfortables. Il se tourna pour tenter de changer de position, malgré les menottes qui lui entravaient les mains et les pieds. Il trouvait que le ministère avait quelque peu abusé en le menottant aussi aux pieds. Déjà, les mains, c'était un peu inutile vu qu'il n'avait pas de baguette mais alors les pieds... Même s'il avait voulu s'enfuir, il aurait été arrêté par les gardes et le système de sécurité du ministère.

Il changea plusieurs fois de position sans en trouver une qui ne le faisait pas souffrir. Il finit par reprendre sa position de départ, allongé sur le bois pourri du banc, mains sur le ventre. Un clou lui rentrait dans le bas du dos mais il ferait avec.

Il posa les yeux sur le plafond décrépi de la cellule dans laquelle on l'avait enfermé et soupira. Il n'avait rien d'autre à faire que ressasser les mêmes pensées. Il allait mourir bientôt. Dans six heures. Il cesserait de vivre, d'exister. Son cœur cesserait de battre. Son sang ne circulerait plus.

Et avant ça, il subirait une torture inhumaine : le baiser du Détraqueur. La perspective de mourir ainsi le dégoûtait. Il n'avait jamais craint la mort, mais il ne voulait pas non plus mourir ainsi.

Pas dans cette situation. Pas de cette manière. Pas sans avoir dit à quelqu'un la vérité. Dazai ne comprenait pas assez vite et quoique Junsa ait pu découvrir, il était mort, et n'avait probablement pas toutes les clés du mystère en main.

La vérité devait peut-être rester enfouie. C'était peut-être la meilleure chose à faire. Coupable ou non... Il était un homme mort.

« Ryunosuke Akutagawa. »

La voix de l'Auror qui le surveillait le tira de ses pensées. Ce dernier le fixait d'un air mauvais. Il semblait peu content de devoir surveiller un criminel.

« On t'a accordé le droit de voir ta famille avant de mourir parait-il. »

Effectivement, le premier ministre en personne était passé le voir pour l'informer de cet « acte de générosité ». Il paraphrasait là la première ministre moldue. Elle ne semblait vraiment pas le porter dans son cœur ; mais le noir devait avouer qu'il se fichait bien de ce qu'elle pensait de lui. Au moins, il pourrait voir sa famille une dernière fois.

« Viens, reprit l'Auror qui le gardait, ta visite est arrivée. »

Ryunosuke se leva lentement – juste pour l'agacer un peu – et le suivit dans les longs couloirs du ministère jusqu'à la salle de visite, où l'attendaient sa mère et sa sœur. Fuku voulut se précipiter vers lui à l'instant où elle le vit, mais l'Auror lui fit signe de ne pas bouger. Elle le foudroya du regard, ce qui ne sembla pas l'émouvoir outre-mesure.

« Asseyez-vous. » lui intima une jeune femme en tailleur – pas une Auror donc – qui se tenait debout dans un coin de la salle. Le vouvoiement le surprit, il n'en avait plus l'habitude, mais il s'exécuta. Sa famille put en faire de même. L'Auror qui l'avait escorté se retira ensuite, mais la jeune femme resta. « Je surveillerai cet entretien et ce que s'y dira, signala-t-elle en sentant les regards de la famille sur elle.

– Vous ne nous accordez même pas d'intimité ? s'insurgea la chef de famille Akutagawa.

– Navrée madame. Ce sont mes ordres. »

La femme lui jeta un dernier regard agacé avant de se focaliser sur son fils.

« Mon chéri... » Il lui jeta un regard appuyé en entendant le surnom mais prit sur lui pour ne pas protester. « Je-...

– Ils n'ont pas le droit de t'exécuter ! s'écria Gin. Tu- Ils ne savent même pas si tu es coupable... » Sa voix tremblait. « Ils n'ont pas le droit de te tuer comme ça... »

L'aîné ne savait pas quoi dire pour apaiser sa petite sœur. Aucun mot ne pourrait calmer sa colère et son sentiment d'injustice. Ils ne pouvaient qu'accepter cette sentence, sans protester. Le sort de toute une communauté en dépendait.

« Ryunosuke..., fit sa mère en lui prenant une main, je suis tellement désolée... Je voudrais tant pouvoir faire quelque chose.

– Tu ne peux rien faire, maman. » sourit tristement le noir. Il serra la main de sa mère en retour. « C'est sûrement mieux...

– Ça ne l'est pas ! protesta Gin d'une voix fêlée. Pourquoi tu devrais mourir parce que cette femme le demande ? Tu es un sorcier ! Ce sont les sorciers qui doivent décider de ça... Pas des moldus... »

Du coin de l'œil, Akutagawa vit la femme tressaillir. Partageait-elle l'avis de la cadette Akutagawa ?

« On ne peut pas changer ça. Si c'est la seule exigence pour que la paix revienne... Il est normal que le ministère choisisse cette solution.

– Et ça ne te gêne pas d'être un simple sacrifice pour la paix ? » s'insurgea sa sœur.

Ryunosuke ne répondit rien et baissa la tête. Oh que si. Il ne voulait pas de cette mort, de cette exécution. Pour que la paix revienne... Elle ne reviendrait pas, non. Tout le monde le savait. Il faudrait plus qu'un mort pour que les tensions s'apaisent, pour que les attaques cessent dans les deux camps, pour que les horreurs se stoppent.

Il savait qu'il allait mourir pour une cause vaine. Pour un simple prétexte. Et il ne le voulait pas par Merlin ! Il ne voulait pas mourir. Il s'y était préparé pourtant. A Azkaban, combien de fois avait-il hésité à se donner la mort ? Bien trop de fois pour être qualifié de sain d'esprit, ça c'était sûr. Il se rapprochait plus du dépressif.

Il ne l'avait jamais fait pourtant. Il n'avait jamais été jusqu'au bout, même s'il avait une fois été jusqu'à briser un verre pour récupérer un morceau coupant. Inconsciemment, il s'était raccroché à l'idée qu'il obtiendrait justice. Il en avait bien conscience. Il était plein de contradictions.

Mais que pouvait-il faire dans sa situation ? Il était en prison pour un crime qu'il avait « commis », si on prenait ce mot dans un sens large. Il se rapprochait plus du complice. Mais dans tous les cas, peu importe comment on le considérait, il ne pouvait pas échapper à sa condamnation.

Gin lui prit la deuxième main, le tirant légèrement de ses pensées macabres. Il redressa la tête et planta ses yeux dans les siens. Ils avaient les mêmes yeux, c'était toujours perturbant. Il se souvenait qu'elle croyait dur comme fer à son innocence. Qu'elle pensait qu'il endossait la responsabilité du crime de quelqu'un d'autre. Il aurait voulu lui dire la vérité. Même si cela aurait impliqué de lui dire que son frère n'était pas si exceptionnel que ça.

« Le temps est écoulé. » annonça la jeune femme du ministère d'une voix neutre. Aucun des trois Akutagawa ne bougea, aussi répéta-t-elle d'un ton agacé : « Le temps est écoulé. Vous allez devoir partir.

– Je veux y assister, lâcha Fuku d'un ton glacial sans regarder son interlocutrice.

– Je vous demande pardon ?

– Vous m'avez entendue. Je veux assister à l'exécution. »

Gin sursauta et jeta un regard inquiet à sa mère ; Ryunosuke ne bougea pas mais posa sur la chef de famille des yeux surpris.

« Vous ne pouvez pas..., commença l'employée du ministère avant d'être interrompue.

– Vous allez assassiner mon fils unique sans aucun procès, sur la seule demande d'une femme étrangère à toute cette affaire, cracha Fuku Akutagawa dont la voix montait de plus en plus dans les aigus. Et vous voulez m'empêcher de le voir ?

– M-Madame, bégaya son interlocutrice, je comprends votre point de vue mais nous ne pouvons pas...

– Vous laissez un enfant se faire assassiner de la pire des façons et votre priorité c'est d'empêcher une mère de voir son fils ? »

Les deux enfants suivaient le conflit verbal sans un mot. Fuku s'était levée et faisait face à l'employée, la foudroyant du regard. L'autre semblait de plus en plus mal à l'aise devant la fougue de la mère de famille. La porte s'ouvrit alors sur trois Aurors – dont Melville – et le ministre en personne. Ils semblèrent surpris de voir les deux femmes Akutagawa encore présentes dans la salle.

« Haruno, que se passe-t-il ? interrogea Nathaniel d'une voix lasse. Pourquoi mesdames Akutagawa sont-elles toujours ici ?

– Oh, euh, monsieur le ministre, elles...

– Je veux assister à l'exécution. » lâcha Fuku.

Les Aurors se tendirent, et Hawthorne fronça les sourcils.

« Pardon ?

– C'est une manie de faire répéter les gens ? Je. Veux. Assister. A. L'exécution. » Elle appuya sur tous les mots de son ton toujours aussi glacial. « Vous comptez m'en empêcher ?

– C'est que..., commença Herman.

– Laissez, Melville, déclara brusquement le premier ministre. Si c'est ce que vous désirez, madame...

– Monsieur le ministre ! s'exclama la susnommée Haruno. Vous ne pouvez pas... !

– Il existe des choses qu'un ministre ne peut pas faire ? » La brune en resta sans voix. « Messieurs... (Il s'adressa aux Aurors) escortez monsieur Akutagawa jusqu'au département de la justice magique.

– L'exécution a déjà lieu ? demanda Gin d'une toute petite voix.

– Elle a été avancée suite aux demandes de la ministre moldue. »

Akutagawa serra les dents. Ils se pliaient tous à ses quatre volontés... Il aurait mis sa main à couper que c'était ce qu'elle désirait. Il laissa les Aurors l'attraper par le bras et l'entraîner dans les couloirs sombres. Il eut juste le temps de voir sa mère enlacer sa sœur avant que la salle ne devienne hors de vue.

Quelques instants plus tard, il entrait dans un des tribunaux du département judiciaire. Il n'y avait presque personne, excepté un groupe de cinq personnes, quatre hommes en costume noir et aux lunettes de soleil assorties – quel intérêt de porter des lunettes de soleil en intérieur ? s'interrogea mentalement Ryunosuke – et une femme aux longs cheveux blonds et aux yeux vert clair.

Tout dans ses manières lui rappelait les clichés étrangers sur les anglais. Elle avait les jambes croisées, un sourire moqueur sur les lèvres et surtout, surtout, elle tenait l'anse d'une tasse de thé entre ses deux doigts, d'une manière presque royale. Il sut immédiatement de qui il s'agissait. La première ministre moldue, dont il ne connaissait absolument pas le nom.

Lorsqu'elle l'aperçut, son sourire s'élargit et elle posa la tasse sur un plateau tenu par l'un de ses acolytes en noir. Elle fit ensuite signe aux Aurors de s'approcher, et par la même occasion d'amener Akutagawa jusqu'à elle. Ceux-ci hésitèrent avant de s'exécuter.

« Mon prédécesseur pourra reposer en paix, lança-t-elle d'une voix dégoulinante de satisfaction.

– Je pense plutôt qu'il se retournera dans sa tombe, avec une femme comme vous aux commandes, je m'inquiète pour l'avenir des moldus. »

La femme se raidit comme s'il l'avait giflée alors qu'il lui adressait un sourire satisfait. Elle se détourna de lui et les Aurors le traînèrent alors jusqu'au centre de la salle. Entre temps, le premier ministre, Melville et sa mère étaient arrivés.

« Nous sommes tous là ? demanda la ministre moldue.

– Il semblerait. » répliqua instantanément Nathaniel d'un ton coupant. Il n'avait visiblement pas envie de se laisser marcher sur les pieds par la femme. « Je suppose que nous pouvons commencer. »

Il fit un signe de main à deux Aurors qui encadraient une porte. L'un d'eux sortit sa baguette et entreprit de lever le sortilège qui la maintenait close. En même temps, l'ancien professeur de Poudlard leva sa propre baguette et l'agita, faisant apparaître une fine brume blanche qui se répandit dans toute la salle, avant de se regrouper pour former un lapin. L'animal se posta à ses côtés, sous le regard surpris des moldus présents dans la salle.

Ryunosuke sentit alors la température chuter de plusieurs degrés et fut parcouru d'un frisson. En jetant un coup d'œil à la porte, il s'aperçut qu'elle était désormais ouverte et qu'un Détraqueur était en train d'en sortir.

La créature était pire que dans son souvenir. Elle avançait, tendant vers les personnes présentes une main grisâtre et repoussante. L'aîné Akutagawa, n'avait qu'une envie, celle de s'enfuir le plus loin possible de cette horreur. Mais dans le même temps, il était paralysé, et avait l'impression que ses jambes ne le porteraient plus jamais.

Le monstre progressa vers lui, avec une lenteur insupportable. Ryunosuke se sentait de plus en plus gelé et rempli d'une tristesse incommensurable. Seuls quelques mètres le séparaient encore de son châtiment. La créature retira lentement sa cagoule, dévoilant un visage indescriptible, dénué de toute humanité. Elle saisit le menton d'Akutagawa de sa main et le força à lever les yeux vers elle.

Le jeune homme sentait une foule de souvenirs remonter des tréfonds de son esprit, uniquement des souvenirs tristes. Lorsque son père était mort. Lorsqu'il avait entendu sa mère pleurer de nombreuses nuits d'affilées après ça. Lorsqu'il avait été condamné. Tout remontait en lui, contre sa volonté. Accompagné d'une unique pensée :

Il allait mourir.

Mais alors que l'infâme créature s'apprêtait à poser ce qui lui servait de lèvres sur celles du condamné, un chat persan lumineux surgit brutalement dans le champ de vision du jeune homme et vint flotter juste devant lui.

Le Détraqueur recula en poussant ce qui ressemblait à un gémissement. Ryunosuke, le souffle court, regarda le patronus sautiller devant lui sans dire un mot. Un immense serpent apparut également, faisant reculer encore plus le gardien d'Azkaban.

« A quoi rime tout cela ? s'écria la ministre moldue.

– J'aimerais le savoir également. » déclara son homologue sorcier d'une voix intriguée. Il semblait cependant avoir une idée sur la question, puisqu'un fin sourire s'était dessiné sur ses lèvres.

« Nous nous permettons d'intervenir. » dit une voix éraillée en guise d'explications.

Ryunosuke leva les yeux vers les deux silhouettes qui venaient de pénétrer dans la salle d'exécution et dut retenir un soupir. Évidemment...

« Vous voyez monsieur Akutagawa, déclara Fukuzawa, amusé, je ne suis pas encore complètement sénile. Je vais même vous prouver que je suis loin de l'être. »

Il posa un regard dur sur la ministre moldue qui tremblait de rage.

« Madame, je crains que l'exécution que vous désirez ne puisse avoir lieu aujourd'hui. »

Mori se posta juste derrière lui, un papier dans les mains.

« Ryunosuke Akutagawa n'est pas coupable. Et nous allons vous le prouver. »

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