O5 | Taeko

Qui a dit que je ne savais pas poster à l'heure ? :p
(En vrai tout le monde doit dire ça tellement c'est vrai)
Bref, voici (enfin) le chapitre complet, il est un peu plus court que ceux de d'habitude mais c'est une histoire de 500 mots -w- et puis bon, il y a du Soukoku ET du Shin Soukoku dans celui-là ! Merci pour les 300 vues ♥ et encore merci pour tous vos adorables commentaires, je vous le dis toujours mais je suis toujours trop émue par vos gentils avis ;-; et vos réactions me font rire :')
Comme d'habitude, je remercie ma bêta Hasami/Emmelyn21 sur Wattpad, ainsi que Enferna_Satana (voilà ton chapitre !), Calycorne, PlumeDeFoudre, Cress21, angelwhiteandblack, CristalPersonne et loxrnlt pour les commentaires/ajouts/votes ! J'espère n'avoir oublié personne :)

Sur ce, voici le chapitre ! Le prochain sortira normalement dans trois semaines, avec les vacances je devrais pouvoir écrire plus !

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Chapitre Cinq - Taeko

Cette nuit-là, le sommeil d'Atsushi fut troublé. Les évènements de la soirée ne cessaient de lui revenir en mémoire, et il maudissait intérieurement son impuissance. Si les trois griffons avaient été de vrais ennemis, il serait mort depuis longtemps. Les cours de duel préconisés par le ministère allaient peut-être s'avérer très utiles finalement.

Le lendemain, il avait des cernes immenses et remerciait Merlin de ne pas avoir de cours ce jour-là. De toute façon, il avait suffisamment de travail pour le tenir occupé pendant tout le week-end. En se levant de bonne heure, il eut la surprise de tomber sur Oda qui s'adressait à un groupe d'élèves assis sur le sol de la salle commune.

« Tiens, bonjour Nakajima ! s'exclama-t-il en le voyant. Tu tombes bien, j'ai oublié de te donner les résultats des sélections pour l'équipe de Quidditch hier ! »

Atsushi le regarda un instant sans comprendre. Puis, son cerveau embrumé additionna deux et deux et il comprit où voulait en venir le capitaine.

« Attends, bafouilla-t-il, tu ne veux pas dire que... ?

- Rassure-toi ! Tu n'es pas attrapeur. » Atsushi soupira de soulagement mais le jeune homme continua : « Tu es attrapeur remplaçant !

- Quoi ? s'écria l'argenté.

- Tu n'auras pas besoin de faire tous les matchs ! Avec un peu de chance, tu n'en feras même aucun.

- C'est fort probable, ajouta l'un des joueurs qui devait être l'attrapeur titulaire, j'ai bien l'intention de nous faire gagner tous les matchs ! »

Certains joueurs applaudirent pour l'encourager.

« Quoiqu'il en soit, reprit Oda, ce sera super si tu pouvais participer à quelques entraînement. Le premier match est dans un mois mais on a besoin de préparation, et si jamais tu dois jouer, ce serait bien que tu aies les bases de notre stratégie !

- Mais le terrain n'était pas réservé par Serpentard ce matin ? demanda le cinquième année.

- Si, mais leur capitaine a été convoqué donc ils ont dû annuler. J'en ai profité. »

Ah, ça lui revenait maintenant. Le directeur Fukuzawa avait demandé à Oda d'avertir Dazai et Chuuya qu'il voulait leur parler. Il regrettait presque un peu que leur directeur ait fait ça, lui qui avait l'intention de travailler calmement allait devoir remonter sur un balai.

« L'entraînement commence juste après le petit déjeuner. Essaye de manger rapidement pour qu'on ait le maximum de temps ! Vous aussi mes chers joueurs. »

Les concernés acquiescèrent en souriant avant de sortir de la salle commune. Atsushi remarqua que Yama n'était pas parmi eux. Hier soir, épuisé par sa ronde mouvementée, il n'avait pas pensé à aller voir si elle était de retour de l'infirmerie. Visiblement, ce n'était pas le cas. Oda sembla lire dans ses pensées et déclara :

« Je suis passé à l'infirmerie hier soir mais je n'ai pas pu la voir. Madame Yosano m'a dit qu'elle dormait.

- Je vois... »

Le gris se promit d'aller la voir dans la journée, sûrement après l'entraînement de Quidditch. Il mourait d'envie de ne pas y aller, mais Oda semblait vraiment content de le compter parmi ses joueurs, et puis, de toute façon, il n'était que remplaçant. Il ne jouerait probablement pas, ce qui lui convenait parfaitement.

Il sortit à son tour du dortoir et se rendit dans la Grande Salle. Son estomac criait famine, il n'avait pas mangé depuis la veille, midi. Une fois assis, il se prépara un copieux petit déjeuner qui fit sourire ses camarades et balaya du regard la table des Serpentards, à la recherche de Gin. Il la trouva vite, installée à côté de son frère. Ils tournaient le dos au Poufsouffle, si bien qu'il ne voyait que le visage de Chuuya, assis face à eux. Ce dernier semblait d'ailleurs assez agacé, probablement à cause de la convocation de Fukuzawa. A moins que ce ne soit la perspective de devoir s'expliquer avec Dazai ?

Celui-ci était d'ailleurs absent de la Grande Salle. Atsushi eut beau observer attentivement la table bleu et bronze, il ne le trouva pas. Mentalement, il se demanda ce que le jeune homme pouvait bien trafiquer. Une absence du brun était toujours mauvais signe.

Il s'attarda ensuite sur la table des Gryffondors et repéra les Tanizaki, qui semblaient être en train de se disputer avec certains de leurs camarades. Ils ne parlaient pas très fort, mais les expressions de leurs visages étaient assez équivoques. Le jaune et noir se demanda s'ils savaient ce qu'il s'était produit la veille au soir. L'espace d'un instant, il songea que le frère et la sœur pouvaient très bien faire partie des agresseurs. Dans l'obscurité, il ne les avait pas beaucoup vus, et il ne les connaissait pas assez pour pouvoir reconnaître leur voix ou leur corpulence.

Cependant, il doutait qu'ils fassent partie de ces attaquants. Certes, ils détestaient Ryunosuke Akutagawa et ne le cachaient pas, mais Atsushi ne les pensait pas capables de s'attaquer à Gin pour se venger. C'était trop bas, trop... Le seul adjectif qui lui venait à l'esprit était « serpentard », mais il ne pouvait pas dire ça, puisque c'étaient des Gryffondors qui avaient perpétré l'attaque. A moins que ce ne soient des Serpentards ayant volé des uniformes de Gryffondor ? Mais les Akutagawa étaient des Serpentards, ils n'allaient quand même pas se faire attaquer par leurs propres camarades !

Tout ceci donnait une migraine effroyable au jeune homme, déjà épuisé par sa nuit agitée. En se reconcentrant sur son petit déjeuner, il remarqua que les joueurs de Quidditch avaient déjà tous fini de manger et paraissaient l'attendre. Il se dépêcha de terminer, avant de les suivre à l'extérieur.

Cependant, alors qu'ils descendaient dans le grand parc pour prendre la direction du terrain, une silhouette se dirigea vers eux. Des murmures se firent entendre lorsqu'ils reconnurent Ryunosuke Akutagawa. Atsushi se demandait bien ce que le jeune homme pouvait leur vouloir. Celui-ci échangea quelques mots avec Oda qui était en tête du groupe, avant de se tourner vers les élèves.

« Je me permets de vous emprunter l'un de vos remplaçants, avec l'accord de votre dévoué capitaine. »

Son ton était exagérément respectueux, ce qui fit grimacer la plupart des élèves. Sans attendre de réponse précise, le noir se dirigea vers l'arrière du groupe, attrapa Atsushi par la cape et le traîna sans ménagement vers un banc à l'écart.

Le gris était à deux doigts de la panique intérieure, se demandant bien ce que Ryunosuke Akutagawa pouvait lui vouloir. Ils ne s'étaient pour ainsi dire jamais adressé la parole durant les trois années qu'ils avaient passées en commun à Poudlard, séparés par l'année d'écart entre eux. Atsushi ne connaissait que les rumeurs sur lui, que ce soient celles avant ou après son emprisonnement.

Il était même surpris que le noir aux pointes blanches le connaisse. Il ne sortait pas vraiment du lot après tout, et ils n'étaient pas dans la même maison. Ils avaient des cours en commun cette année, dus à l'année manquée du vert et argent, mais il passait presque tout son temps à dormir, visiblement peu intéressé par les cours.

Ryunosuke lâcha la cape d'Atsushi et l'invita à s'asseoir sans un mot. Ce dernier s'exécuta, en prenant soin de maintenir une distance respectable entre eux deux. Si son interlocuteur le remarqua, il n'en dit rien sur le coup. Il se contenta de prolonger un silence extrêmement inconfortable pendant plusieurs minutes avant de déclarer :

« Tu as peur de moi. »

Ce n'était pas un reproche, ni même une question, c'était une affirmation catégorique et sans appel. Son ton était neutre, mais Atsushi eut l'impression que cette simple phrase contenait bon nombre de choses sous-entendues.

« Je..., fit-il hésitant.

- C'est bon, ne te justifie pas, le coupa sèchement l'autre. Le contraire serait étonnant. »

Pendant quelques secondes, aucun d'eux deux ne parla. Akutagawa brisa à nouveau le silence en poursuivant :

« Gin m'a raconté ce qu'il s'est passé hier soir. Elle m'a dit que tu avais tenté de l'aider. » Il accentua légèrement le « tenté », mais Atsushi essaya de ne pas y prêter attention. « C'était plutôt courageux de la part d'un Poufsouffle. »

Le gris se demanda s'il agissait d'une insulte ou d'un compliment. Probablement un peu des deux.

« Quoiqu'il en soit, ma sœur t'en es reconnaissante. » Nouvelle pause. « Et moi aussi, je suppose ? »

Tu... supposes ? releva intérieurement Atsushi, déstabilisé. Il avait le sentiment désagréable d'être complètement dépassé par la conversation. Il n'arrivait pas à comprendre où le jeune homme voulait en venir. Est-ce qu'il l'avait vraiment intercepté ainsi juste pour lui faire un semblant de remerciements ? Et pourquoi Gin n'avait-elle pas juste attendu leur prochaine ronde pour le remercier en personne ?

« Enfin voilà, reprit le noir, c'est tout ce que j'avais à dire. »

Il se leva et leva la tête vers la tour d'astronomie. Il semblait fixer quelque chose qu'Atsushi ne voyait pas.

« Une dernière chose, fit-il finalement, d'un ton si neutre que le jaune et noir se demanda s'il venait vraiment seulement de s'en souvenir. Tu es ami avec Junsa Sugimoto non ? »

Atsushi se redressa brutalement.

« Tu sais quelque chose à son sujet ?

- Non. »

Alors que le gris ouvrait la bouche pour demander à quoi cela rimait de lui en parler s'il ne savait rien, son interlocuteur se retourna et prit la direction du château. En passant, il frôla Atsushi et murmura à son oreille :

« Mais je pense que ceci te sera utile. »

Il s'éloigna sans plus d'explications. Perdu, Atsushi le regarda s'éloigner, se demandant bien ce qu'il avait voulu dire. Mais, en passant sa main gauche dans sa poche, il sentit une boule de papier qui n'y était pas auparavant. Il la sortit, la déplia et déchiffra l'en-tête.

Répartition des nés-moldus

La suite était une longue liste de noms. Atsushi finit par comprendre qu'il s'agissait de l'organisation effectuée au début de l'année, lorsque tous les élèves avaient dû se rendre à King's Cross par transplanage, et qu'il avait fallu s'organiser pour que les nés-moldus puissent aussi venir. Poudlard s'était organisé afin que les professeurs et les septièmes années ayant déjà leur permis de transplanage aillent chercher ceux qui n'avaient pas de parents sorciers. Logiquement, Junsa devait y figurer.

Son nom se trouvait en effet en bas de la feuille. En face était inscrit le nom d'Edgar Poe, un septième année de Serdaigle qui jouait dans l'équipe de Quidditch. Atsushi se promit d'aller l'interroger dès que possible. Il avait peut-être des informations.

Il replia soigneusement le papier et le glissa à nouveau dans sa poche. Ses yeux s'attardèrent dans la direction où Akutagawa était parti. Le Poufsouffle se demandait bien où et comment il avait pu récupérer ce papier. Probablement pas de manière honnête, songea-t-il.

Mais maintenant, il pouvait agir. Grâce à Ryunosuke Akutagawa, l' « assassin », le « traître », celui qui « méritait la mort ou la prison à vie ». Bien qu'il ignorait les réels motifs du jeune homme, il ne pouvait s'empêcher de se demander, encore une fois, si tous ces surnoms étaient mérités.

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« Ryunosuke Akutagawa ! »

Le susnommé grimaça en entendant son nom entier. Ils n'y avaient qu'une poignée de personnes qui l'appelait ainsi à Poudlard : les Aurors chargés de le surveiller et de protéger les élèves en même temps. Les protéger des éventuelles attaques extérieures ou de lui, là était la question. Lorsqu'il l'avait formulée à voix haute, il avait pu voir l'imperturbable Melville devenir aussi blanc que sa chemise.

Un spectacle qui en valait la peine en somme.

Il se retourna pour dévisager l'Auror du jour - l'Auror chargé de le suivre partout changeait tout le temps - dont il n'avait évidemment pas retenu le nom et fit tout son possible pour ne pas l'envoyer bouler.

« Qu'est-ce que c'était que ça ? »

Ryunosuke arqua un sourcil comme il savait si bien le faire. Oh, il savait parfaitement de quoi voulait parler ce type. Mais faire tourner en bourrique ces employés déjà sur les nerfs était un plaisir dont il ne se lassait pas.

« Quoi donc ?

- Ce qu'il vient de se passer, avec cet élève !

- Et ? Je dois vous demander l'autorisation pour adresser la parole à des gens ? »

Son ton s'était fait acerbe et l'Auror sursauta légèrement.

« Vous lui avez donné quelque chose.

- Ah oui ? » Il pouvait voir que l'autre faisait tout son maximum pour ne pas se laisser écraser, malgré la peur qu'il lui inspirait.

« Je-je vous ai vus !

- D'accord, merci de m'avoir informé de ça, j'en prends bien note. » Son ton était plus sarcastique que jamais.

« Écoutez, le chef Melville m'a dit qu'un document important pour l'enquête sur la victime de Q avait disparu de son bureau, peu de temps après votre venue. Si vous entravez l'enquête, vous êtes passible de prison ! »

Akutagawa ricana.

« Mais j'en viens, de la prison ! Renvoyez-y-moi si ça vous chante. Mais vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez. »

Il tourna les talons sans attendre de réponse, mettant fin à la discussion. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'il n'entende l'autre lui emboîter le pas. Il n'avait pas fait cent mètres qu'une voix l'interpellait à nouveau.

« Eh, Akutagawa ! »

Cette fois, c'était Tachihara qui venait vers lui à grandes enjambées. Il semblait légèrement contrarié.

« C'est vrai ce que j'ai entendu ? » demanda-t-il un peu trop fort, si bien que plusieurs élèves se tournèrent vers lui. Il baissa la voix et ajouta : « Tu as été mettre une raclée à Nakajima parce qu'il n'a pas été capable d'aider ta sœur hier ? »

Les rumeurs allaient vraiment trop vite dans ce château. Et en plus, elles étaient totalement fausses. Il était en liberté surveillée par Salazar, il n'allait pas frapper un élève ! En plus, il n'avait rien à reprocher à Nakajima.

Presque rien, corrigea-t-il avant que la petite voix ne le fasse. Rien qu'il ne se devait de mentionner à Michizo en tout cas.

« Pas du tout. Au contraire, j'ai été lui transmettre les remerciements de Gin.

- Ah je vois... Je me doutais bien que tu n'avais pas fait ça... »

Son ton restait cependant hésitant. Ryunosuke le dévisagea un instant avant de se souvenir de quelque chose. Il fit signe au rouge et or de le suivre et l'entraîna vers un coin calme.

« Nakahara m'a dit quelque chose, fit-il en observant son interlocuteur qui pâlit. Les agresseurs portaient des uniformes de Gryffondor.

- C'est ce que j'ai entendu... » Tachihara semblait vraiment mal à l'aise désormais.

« Tu ne saurais pas qui exactement ? »

Le rouquin hésita.

« Je-Je ne sais pas... J'ai juste entendu des rumeurs et des accusations non fondées, alors je préfère ne pas t'en parler...

- ... Si jamais tu entends quelque chose de concret, viens me voir.

- Ouais... D'accord. »

Sur ces mots, le griffon tourna les talons et prit la direction de sa salle commune. Ryunosuke le suivit un instant du regard avant de reprendre son chemin. Une fois descendu dans les cachots, il pénétra dans les dortoirs, s'attirant les regards de ceux qui traînaient encore dans la pièce principale. Il les ignora et se dirigea vers la chambre qu'il partageait avec ses « camarades ». Il avisa alors une enveloppe posée bien en évidence sur son lit.

Il l'attrapa mais ne l'ouvrit pas tout de suite. Son nom était inscrit sur le devant, dans une encre noire, assortie au cachet situé derrière. La cire s'était impeccablement déposée, ce qui lui permit d'identifier le blason du sceau. Un dragon étrangement détaillé, dont les yeux vides étaient fixés sur lui.

Certains le trouvaient original, d'autres dérangeant et tous essayaient de lui trouver une signification. Ryunosuke, lui, avait juste envie de brûler la lettre sans l'ouvrir à chaque fois qu'il voyait ce blason. Mais, il n'avait pas envie de recevoir une Beuglante juste après, donc il s'abstenait toujours.

Il souffla entre ses dents, s'assit sur son lit et décacheta la lettre. Un miroir tomba. Le vert et argent l'attrapa pour l'examiner, bien qu'il se doutait déjà de son utilité. Une note était attachée derrière, sur laquelle il déchiffra : « Maintenant, tu n'as plus aucune excuse pour ne pas me contacter. »

Soupirant, il retourna la glace vers lui, faisant apparaître le reflet d'un jeune homme pâle aux cernes impressionnants, avec un air profondément ennuyé. Il s'observa un instant, avant de détourner le regard. Il s'allongea sur son lit, tira les rideaux et insonorisa le tout. Il inclina ensuite l'objet vers lui et lâcha, presque à contrecœur :

« Fuku Akutagawa. »

Son reflet se troubla et disparut complètement, pour laisser apparaître celui d'une femme d'un âge mûr, aux cheveux noirs aussi en bataille que ceux de Ryunosuke. Son regard bleu était sévère, et le noir dut se retenir pour ne pas jeter le miroir.

« Ah enfin ! Je commençais à croire que tu ne me contacterais jamais !

- Mm.

- Tu fais peine à voir. Tu dors assez au moins ? Tes cernes sont immenses ! Et on dirait que tu manges à peine ! Ne me dis pas qu'ils te rationnent à Poudlard ? C'est parce que tu reviens d'Azkaban ? Je vais aller les voir moi et leur dire que...

- Maman, c'est bon, la coupa le jeune homme en levant les yeux au ciel. Ça va. Alors calme-toi.

- Tu pourrais au moins me tenir au courant. Tu ne m'envoies jamais aucune lettre !

- Toutes mes lettres sont lues. Et je n'aime pas en écrire.

- Tenir ta pauvre mère au courant, c'est trop demander ? s'insurgea la femme.

- Oui. »

La franchise de sa réponse fit légèrement sourire sa mère.

« Bon. Alors tu comptes me dire comment ça se passe à Poudlard ?

- Il n'y a rien à dire. Personne ne me parle et je ne parle à personne. Sauf Gin, Nakahara et quelques autres occasionnellement, ajouta-t-il après une pause.

- Ça va se replacer mon... » Ryunosuke lui jeta un regard noir et elle n'acheva pas le surnom qu'elle s'apprêtait à lui donner. « Tu as des nouvelles de l'enquête ? » reprit-elle sur un ton dégagé.

- J'ai un Auror derrière moi en permanence. Là il est posté devant ma chambre. Il me suit partout.

- Et à part ça ? On t'a recontacté ?

- Je crois que pour le moment, l'affaire Q est plus importante pour eux.

- Ah, le tueur en série ? J'ai entendu dire que sa nouvelle victime était un élève de Poudlard, c'est vrai ? »

Le directeur Fukuzawa l'avait annoncé au repas la veille. Il avait ajouté que l'identité de la victime n'avait pas été confirmée et que personne ne devait tirer de conclusions hâtives. Akutagawa ignorait cependant que l'information avait été rendue publique.

« Il paraît. Comment tu l'as appris ?

- J'ai reçu une lettre de l'école. Je suppose que ton directeur a préféré avertir tous les parents. »

Le noir ne répondit rien. Il repensait au papier qu'il avait donné à Atsushi Nakajima. Presque tout Poudlard était au courant que Yamagawa avait fait une crise d'angoisse, persuadée que son ami Sugimoto était la nouvelle victime de Q. Il y avait repensé lorsqu'il avait été convoqué par Melville et avait vu la liste des élèves nés-moldus.

La voler n'était pas vraiment dans ses plans, mais Herman avait tourné le dos un peu trop longtemps, et une impulsion inexpliquée l'avait poussé à prendre le papier. Il avait ensuite réussi à la donner discrètement au Poufsouffle, prétextant devoir lui communiquer les remerciements de sa sœur. Bon, l'Auror chargé de le surveiller l'avait vu, mais il n'avait pas de preuves concrètes. Il n'avait qu'à espérer que Nakajima soit assez intelligent pour cacher la liste, où ils allaient tous les deux avoir des ennuis.

« ... nosuke. Ryunosuke ! »

La voix de sa mère le tira de ses pensées.

« Tu m'écoutes ?

- Non.

- C'est bien ce que je croyais. Je te demandais comment allait Gin. »

Oh. Elle n'était pas au courant c'est vrai. Gin avait refusé d'aller à l'infirmerie justement pour ne pas que le professeur Yosano prévienne leur mère.

« Elle va bien. Je ne sais pas où elle est par contre.

- Quand tu la verras dis-lui de me contacter aussi avec ce miroir.

- Mm.

- Tu as beaucoup de travail ? »

Bonne question. Il n'en savait rien, il devait vraiment recommencer à écouter en cours. Il décida d'éluder la question.

« Je dois y aller, je dirais à Gin de te recontacter ok ? »

Sans attendre de réponse, il retourna le miroir pour mettre fin à la conversation. Il soupira alors longuement, avant de s'affaler encore plus contre son lit. Malgré toutes els accusations qu'il y avait eu contre lui, sa mère avait continué à le soutenir. Elle avait été la seule personne à lui dire les mots qu'il désirait vraiment entendre. Des mots simples, mais qui étaient gravés en lui pour longtemps. Peut-être les mots qui lui avaient permis de ne pas devenir fou à Azkaban.

« Peu importe que tu l'ais fait ou non. Tu restes mon fils, et je t'aimerais toujours. Que tu ais tué cet homme ou non. »

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Pendant ce temps, Chuuya devait se contrôler pour ne pas sauter au cou de Dazai et lui en coller une. En effet, celui-ci le dévisageait avec cet air suffisant qui horripilait tout le monde, celui qui voulait dire « j'ai gagné ». La phrase du directeur, prononcée pourtant plusieurs heures auparavant, flottait encore dans l'air.

« Expliquez-vous. Vous ne quitterez pas ce bureau tant que vous ne vous serez pas parlé comme deux personnes responsables et que vous n'aurez pas réglé ce différend. »

Chuuya ne pensait pas que leur directeur était sérieux en disant qu'ils ne sortiraient pas tant qu'ils n'auraient pas réglé leur problème. Mais, au bout de la troisième heure passée à ne rien dire dans la pièce, le rouquin devait admettre qu'il ne plaisantait pas en disant cela.

Le vieil homme n'avait pas bougé, à part pour aller chercher une pile de papier posée un peu plus loin. Il ne faisait que rédiger des documents sans leur prêter attention. Dazai s'était adossé à un pan de mur, tandis que le vert et argent s'asseyait sur l'un des fauteuils.

Par Salazar, jura-t-il, le pire c'est que Fukuzawa sait ! Il savait parfaitement ce qui était à l'origine de ce différend. Il l'entendait encore lui faire son sermon en début d'année, comme quoi il ne devait pas tout garder pour lui et expliquer la situation à ses amis.

Oh que non monsieur le directeur, songea-t-il amèrement. Tous les employés du ministère savaient déjà de toute façon, et les rumeurs à Poudlard étaient suffisamment proches de la vérité. Il préférait ne rien dire et laisser tout ça se tasser. S'il expliquait, il devrait faire face à la pitié et aux phrases toutes faites, ce qu'il voulait absolument éviter.

Et puis Dazai n'était pas son ami. Enfin, plus ou moins. Mais pas vraiment au fond. Même si, oui, parfois il était d'une grande aide. Mais seulement parfois. Les trois quarts du temps il était énervant. Totalement tête à claques. Et insupportablement insupportable.

« Il est onze heures. » déclara soudainement Fukuzawa. Il faisait ça toutes les demi-heures, ce qui commençait à agacer Chuuya. « J'espère que vous ne vous dîtes pas que vous n'avez qu'à attendre qu'il soit l'heure du repas. J'ai déjà demandé aux elfes de m'apporter mon repas dans ce bureau. En revanche vous, vous n'aurez rien. »

Il les fixa avec un léger sourire moqueur.

« Monsieur le directeur, fit Dazai, c'est à Chuuya qu'il faut dire ceci. Moi je suis prêt à parler.

- Je n'ai rien à te dire ! siffla le susnommé en lui décochant une œillade meurtrière.

- Si vous voulez vous disputez, faites ça en silence je vous prie. »

Fukuzawa se reconcentra un instant sur ses papiers, avant de relever la tête quand Chuuya fit grincer les pieds de sa chaise.

« Je n'ai pas envie de parler de mes problèmes à quelqu'un, et surtout pas lui ! dit-il avec colère. Ce sont mes affaires personnelles, je n'ai pas à...

- Monsieur Nakahara, l'interrompit Yukichi. Vous avez raison, ce sont vos affaires. Cependant, comme je vous l'ai dit au début de l'année, vous ne devriez pas garder cela pour vous. De plus, monsieur Dazai ici présent semble inquiété par votre comportement étrange depuis le début de l'année, et n'estimez-vous pas qu'il a le droit de savoir ce qui préoccupe son ami ?

- Non. Nous ne sommes pas amis !

- Oh, je vois. Excusez-moi, il faut avouer que votre relation porte à confusion. Ôgai m'en avait touché un mot, mais je ne savais pas que vous étiez déjà à un stade plus avancé tous les deux... »

Le rouquin manqua de s'étouffer, et entendit Dazai faire de même.

« Ce n'est pas du tout ce que vous pensez ! » s'écrièrent-ils d'une même voix.

Le directeur les fixa avec un sourire amusé mais ne dit rien. Chuuya toisa un instant Dazai avant de soupirer et de se laisser tomber dans le fauteuil. Un souvenir lui revint en mémoire et il ferma brièvement les yeux pour le chasser.

« Grand frère ! Tu viendras avec Osamu la prochaine fois ? J'aimerais tellement le rencontrer ! »

« ... C'est bon. D'accord. »

Les deux autres le fixèrent, surpris par son soudain changement de comportement.

« Puisque vous y tenez tant que ça, je vais lui dire. Mais, Dazai, écoute-moi bien : si tu t'avises de me prendre en pitié je jure sur Merlin que je t'étranglerai avec ta cravate. »

Yukichi émit un claquement de langue réprobateur en entendant la menace mais le Serdaigle se contenta de s'asseoir en face du rouquin et d'acquiescer. Ce dernier l'observa un instant avant de fixer son regard sur un point invisible.

« Je t'ai déjà parlé de ma petite sœur non ? demanda-t-il au brun.

- Oui, Taeko c'est ça ?

- Ouais. C'était une Cracmol. Malgré son ascendance sang-pur, elle n'avait pas de magie en elle. Pourtant elle l'adorait cette magie. Elle nous demandait toujours d'en faire à la maison. Bon, il n'y avait que mes parents qui pouvaient en faire vu qu'on était en dehors de Poudlard mais elle était déjà contente. »

Il marqua une pause. Au bout de plusieurs minutes, Dazai prit la parole, d'une voix douce.

« « C'était » ? » Chuuya planta ses yeux bleus dans ceux marron de son interlocuteur.

« Elle est morte cet été. C'est la neuvième victime de Q. »

Le Serdaigle pâlit, sous le choc de l'information. Chuuya en fut surpris, Dazai ne montrait pas souvent ses émotions. Il préférait analyser celles des autres.

« C'est tout. » trancha le rouquin. Il se leva pour partir mais une main sur son poignet le retint. Le capitaine de l'équipe de Serdaigle l'avait arrêté et le fixait désormais d'un air sérieux.

« C'est parce que ton père travaille au département des Aurors ?

- J'en sais rien. Personne ne sait pourquoi ce Q tue des gens, si on comprenait comment fonctionnent les tueurs en série, ça se saurait. »

Il dégagea son bras de l'emprise d'Osamu et reprit son chemin mais le brun le stoppa de nouveau.

« C'est pour ça que tu t'es énervé sur les Aurors à la rentrée ? »

Chuuya resta silencieux quelques instants avant de répondre, en prenant soin de ne pas croiser son regard, d'une voix dans laquelle perçaient sa colère et sa douleur :

« Mon père avait des gardes du corps cet été. Il avait aussi ordonné que toute notre famille en bénéficie. Mais eux... Ça les énervait de protéger une Cracmol. Ils trouvaient ça dévalorisant. Alors ils la laissaient seule, d'abord de temps en temps, puis de plus en plus souvent. Une fois, elle est partie jouer dehors avec ses amies. Elle n'est pas rentrée à l'heure prévue alors on l'a cherchée partout, on a été voir ses amies qui nous ont dit qu'elle était partie à l'heure pour rentrer chez nous. Et quatre jours plus tard, son corps était découvert. Mutilé comme les autres. Presque méconnaissable. »

Il marqua une pause avant d'ajouter :

« Sur son bras... étaient gravés son nom ainsi que le mot « Cracmol ».

- Son nom ? répéta Dazai.

- C'est la seule pour qui il a fait ça. Les Aurors chargés de le traquer n'ont pas eu d'explication à nous donner à part qu'il voulait que le cadavre soit identifié rapidement. »

Il se dégagea à nouveau de l'emprise du bleu et bronze et quitta le bureau du directeur, pressé de quitter l'ambiance pesante qui régnait dans le bureau. En descendant les escaliers en pierre qui menaient au couloir, il entendit cependant des pas derrière lui. En se retournant, il vit que Dazai l'avait suivi.

« Qu'est-ce que tu veux savoir encore ? Je t'ai tout dit ! » s'énerva-t-il, persuadé que le brun voulait des informations pour satisfaire sa curiosité.

L'autre le dévisagea sans ciller.

« Non. Tu ne m'as pas dit comment tu te sentais. »

Le rouquin en resta sans voix. Osamu Dazai lui demandait comment il allait ? Il se souciait de lui ? Non, ça n'allait pas. Rien n'allait dans cette phrase.

« De quoi tu-, commença-t-il d'une voix forte avant d'être interrompu.

- Chuuya. » Encore une fois, le ton de Dazai était sérieux. « Je sais que tu étais proche de Taeko. Tout à l'heure, tu t'es contenté de me raconter ce qu'il s'était passé, comme si ça ne te concernait pas, mais c'est faux. Ton comportement étrange le prouve.

- Arrête de faire comme si tu comprenais tout !

- Non, c'est vrai je ne comprends pas tout. » Cette fois, c'était le Serdaigle qui élevait la voix. « Mais, je te connais assez - pas la peine de protester tu sais que c'est vrai - pour voir que tu ne vas pas bien. Tu te retiens de pleurer Taeko pas vrai ? »

Chuuya cligna plusieurs fois des yeux sans répondre, trop surpris par le comportement du brun. Il mourait d'envie de s'énerver et de répliquer que non, il ne se retenait en rien, mais il ne convaincrait personne. Au fond de lui, il savait que le brun n'était pas loin de la vérité.

« Tu peux la pleurer Chuuya, reprit son interlocuteur d'une voix plus douce. Personne ne t'en empêche.

- C'est faux et tu le sais, lâcha-t-il. Si je le fais tout le monde se croira obligé de me prendre en pitié. Tout le monde ne verra en moi que le fils du directeur du bureau des Aurors, qui a perdu sa petite sœur dans des circonstances tragiques.

- Tu n'es pas forcé de le faire en public. Je suis persuadé que Taeko ne t'en voudrait pas de pleurer. »

Cette fois, le rouquin ne répliqua rien. Il se détourna simplement de Dazai, qui le vit serrer les poings de toutes ses forces. De longues minutes s'écoulèrent, pendant lesquels aucun des deux ne parla.

« Tu sais ce quels sont les derniers mots que je lui ai dits ? » déclara finalement le Serpentard. Le bleu et bronze ne répondit pas. « Je lui ai juré que je la protégerais toujours. Je lui ai promis que je ne laisserais personne lui faire du mal ! »

Sa voix se brisa, en même temps que quelque chose d'autre. Le capitaine de Serdaigle fit un pas dans sa direction mais le rouquin se retourna vivement. Ses yeux bleus brillaient mais aucune larme n'avait coulé.

« Je trouverais Q Dazai. Je le trouverais et je lui ferais regretter ce qu'il a fait ! Je le jure sur Merlin, Morgane et Salazar. »

L'autre lui adressa un sourire, qui pour une fois ne semblait pas moqueur.

« Je commence à avoir peur pour Q. »

Le rouquin laissa échapper un petit rire. Il allait répondre quelque chose quand il remarqua qu'Osamu le fixait toujours. Il lui rendit son regard et les deux septièmes années se fixèrent un instant dans le blanc des yeux sans bouger avant qu'un léger toussotement ne les interrompe.

Ils se tournèrent et virent que le professeur Mori se tenait derrière eux. Une étrange lueur brillait dans ses yeux. Chuuya se rappela alors brutalement que c'était lui qui avait insinué des choses étranges au directeur Fukuzawa. De quoi se mêlait-il déjà ?

Dazai et lui s'écartèrent pour le laisser monter dans le bureau du directeur. Le professeur passa sans faire de commentaire, mais en leur lançant un regard assez équivoque. Chuuya soupira. De nouvelles rumeurs, c'était vraiment ce dont il avait besoin. Même si en tant que professeur, Mori n'était pas supposé partager ceci aux élèves, rien ne l'empêchait d'en parler à ses collègues. Et quelque chose soufflait au rouquin que le professeur de défense ne s'en priverait pas...

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