CHAPTER 1

⸻ ❝ 𝚂𝙷𝙸𝙽𝙸𝙽𝙶 𝙹𝙴𝚆𝙴𝙻 ❞ ⸻

⸺【 🜲 】⸺













LA SALLE D'INTERVIEW était sobre, éclairée par des projecteurs discrets qui donnaient un air presque intime à l'échange. Dojima, installé confortablement dans un fauteuil en velours noir, semblait étrangement à l'aise. Il portait une tenue simple mais élégante : un pull gris clair à col roulé et un pantalon noir ajusté. Ses cheveux noirs légèrement ébouriffés lui donnaient une allure décontractée, tandis que son sourire permanent et son regard perçant captivaient l'attention.

Face à lui, le journaliste, un homme dans la quarantaine aux lunettes rondes, feuilletait ses notes avec une curiosité palpable.

- « Merci d'avoir accepté cette interview, Dojima.»

- « Pas de quoi.» répondit Mitsuru, croisant nonchalamment les jambes. « Mais honnêtement, je me demande ce qu'il y a d'intéressant à raconter sur moi. »

Le journaliste esquissa un sourire, habitué à ce genre d'autodérision chez les personnalités.

- « Eh bien, votre parcours parle de lui-même. Vous êtes devenu mannequin presque par hasard, et pourtant, vous êtes déjà une figure emblématique de l'industrie. Mais aujourd'hui, j'aimerais qu'on revienne à vos débuts... dans le football. »

Il leva un sourcil, intrigué.

- « Ah, le football. Ça remonte à loin. Je suis surpris que ça intéresse encore quelqu'un. »

- « Vous plaisantez ? Vous avez marqué 13 buts à vous seul lors du tournoi national des U16. Ce genre de performance ne s'oublie pas. À l'époque, certains vous surnommaient le Fantôme du terrain. Vous vous en souvenez ? »

Un éclat amusé illumina les yeux du modèle.

- « Oh, ce surnom... Oui, je m'en souviens. Les gens avaient tendance à exagérer. Je jouais juste à ma manière, rien de plus. »

- « Pourtant, votre manière était unique. Votre style de jeu - imprévisible, presque insaisissable - a laissé une impression durable. Vous êtes entré sur le terrain comme un inconnu, et en quelques matchs, vous êtes devenu la star du tournoi. Comment expliquez-vous cela ? »

Mitsuru haussa les épaules, un sourire énigmatique aux lèvres.

- « Peut-être que je suis doué pour surprendre les gens. Je n'aime pas faire ce que l'on attend de moi, alors je trouve toujours un moyen de... disons, sortir des sentiers battus. »

Le journaliste hocha la tête, fasciné.

- « Vos 13 buts restent un record dans ce tournoi. Certains disent que vous auriez pu devenir une légende du football. Pourquoi avoir arrêté si tôt ? »

Il s'adossa un peu plus, ses doigts jouant distraitement avec l'accoudoir du fauteuil.

- « Le football, c'était amusant... au début. Mais quand tout devient prévisible, ça perd son intérêt. Une fois que j'ai compris que la plupart des joueurs ne voyaient pas le jeu comme moi, ça a commencé à m'ennuyer. »

Le journaliste plissa les yeux, intrigué par cette réponse.

- « Que voulez-vous dire par là ? »

Dojima hésita une seconde, son regard se faisant plus sérieux.

- « Sur le terrain, j'aimais analyser les mouvements, anticiper, trouver les failles. Mais la plupart des joueurs... ils suivent des schémas préétablis. C'est comme jouer à un jeu dont on connaît déjà toutes les règles. Ce n'est pas amusant quand vous êtes toujours deux coups en avance. »

Un silence s'installa, le journaliste semblant peser ses mots.

- « Donc, vous avez arrêté parce que c'était trop facile pour vous ? »

Le noiraud éclata de rire, un rire grave et sincère.

- « Disons que je cherchais quelque chose de plus excitant. »

- « Et ce quelque chose, vous l'avez trouvé dans le mannequinat ? »

Il haussa les épaules, un sourire malicieux sur le visage.

- « Pas vraiment. Le mannequinat, c'est différent. On me dit où regarder, quoi porter, comment poser... Ça ne demande pas beaucoup de réflexion. Mais au moins, ça a son lot de surprises. »

Le journaliste sourit, amusé par son honnêteté.

- « Pensez-vous retourner un jour sur un terrain de football ? »

Mitsuru posa son menton dans sa main, réfléchissant un instant avant de répondre.

- « Peut-être. Si quelqu'un ou quelque chose arrive à rendre le jeu imprévisible, à me surprendre... alors oui. Mais pour l'instant, je n'ai rien vu qui en vaille la peine. »

Le journaliste, après un moment de silence, hésita légèrement avant de poser sa prochaine question, ses lunettes reflétant la lumière tamisée du studio.

- « Permettez-moi de poser une question un peu plus personnelle, Dojima. Vous n'êtes pas obligé de répondre, mais je suis certain que beaucoup de vos admirateurs se le demandent... Êtes-vous actuellement en couple ? »

Un éclat amusé traversa les yeux orange du jeune homme, et son sourire s'étira légèrement, dévoilant une facette plus malicieuse de sa personnalité. Il croisa les bras, prenant un air faussement pensif.

- « Hmm... c'est une excellente question, mais... comment dire... ma vie amoureuse est un peu comme mon style de jeu au football. »

Le journaliste haussa un sourcil, intrigué.

- « C'est-à-dire ? »

Mitsuru se pencha légèrement en avant, comme pour partager un secret.

- « Imprévisible. »

Il laissa le mot en suspens, observant le visage du journaliste qui cherchait à comprendre si cela était une esquive ou une véritable réponse.

- « Vous voulez dire que vous êtes célibataire, ou que vous préférez ne pas en parler ? » insista le journaliste avec un sourire prudent.

Dojima appuya son menton sur sa main, ses doigts jouant distraitement avec une mèche de cheveux.

- « Je veux dire que c'est bien plus amusant de laisser les gens deviner. Ne trouvez-vous pas que le mystère est toujours plus intéressant que la vérité ? »

Le journaliste ne put s'empêcher de rire, légèrement déconcerté par cette réponse.

- « Vous savez, cette réponse ne fera qu'alimenter les rumeurs à votre sujet. »

Il haussa les épaules, l'air totalement détaché.

- « Les rumeurs sont comme les adversaires sur le terrain. Elles courent dans tous les sens, mais elles ne m'atteignent jamais. Alors, pourquoi m'en inquiéter ? »

Un éclat de rire échappa au journaliste.

- « Je dois dire, vous êtes difficile à cerner, Dojima. Mais je suppose que c'est ce qui fait votre charme. »

Dojima sourit de plus belle, son ton devenant presque joueur.

- « Difficile à cerner ? Peut-être. Mais avouez-le, ça rend l'interview plus divertissante, non ? »

Le journaliste acquiesça, amusé mais clairement impressionné par la facilité avec laquelle le noiraud souriant maniait les mots. Quant à ce dernier, il semblait s'amuser à brouiller les pistes, fidèle à son éternelle quête d'adrénaline et de mystère.

Dojima laissa échapper un soupir, sa main posée contre son poing, l'air pensif, alors que le journaliste quittait la pièce. Son regard, brillant d'une lueur indéfinissable, se perdit dans le vide.

- « Le football, hein... » murmura-t-il doucement.




















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⸻ 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 1 ⸻
:
Sentimentalement Mort






















Le vent du soir emportait doucement les pétales des cerisiers en fleur, illuminés par la pâle lumière de la lune. Le jardin familial, habituellement si paisible, était rempli des murmures de la brise. Mais un autre son perça cette quiétude.

- « JiJi ! JiJi ! »

Le petit garçon leva les yeux de sa console portable, l'air visiblement agacé d'être interrompu en pleine partie. Sur le pas de la porte, sa sœur jumelle, débordait d'énergie, ses longs cheveux noirs en bataille témoignant de sa course effrénée jusqu'à lui.

- « Hime... Ne crie pas, il est tard. Papa va encore nous gronder. »

- « Mais c'est important ! Regarde ça ! »

Elle brandit sa tablette sous le nez de son frère, presque impatiente qu'il lise ce qu'elle avait découvert. Le petit noiraud la prit en main avec un soupir, plus intrigué par l'excitation inhabituelle de sa sœur que par l'objet en lui-même.

- « Qu'est-ce que... »

- « Lis !! » l'interrompit-elle, sautillant sur place comme si elle ne pouvait contenir son enthousiasme.

Dojima baissa les yeux vers l'écran. Une annonce colorée s'affichait : Tournoi de football local - Venez découvrir les talents de demain !

- « Un match de foot ? » marmonna-t-il, perplexe.

Hime acquiesça vigoureusement, son regard brillant d'une lueur d'espoir.

- « Oui ! S'il te plaît, JiJi ! Demande à papa si on peut y aller ! Tu sais que si c'est moi qui lui demande, il dira non ! »

Il fronça les sourcils, peu convaincu.

- « Pourquoi tu veux voir un match de foot ? On s'en fiche, non ? »

La jolie fillette serra les poings, visiblement frustrée par la réaction apathique de son frère.

- « Parce que j'aime ça, moi ! Je veux voir ce que c'est en vrai ! Et toi, tu pourrais aimer aussi si tu faisais un effort. Alors, s'il te plaît, fais-le pour moi... »

Son regard insistant et l'éclat de détermination dans sa voix finirent par faire céder Mitsuru. Il soupira, se passant une main dans ses cheveux en bataille.

- « Pff... D'accord. Mais juste cette fois. »

Himejima laissa échapper un petit cri de joie, sautant pour enlacer son frère.

- « Merci, JiJi ! T'es le meilleur ! »

Il grogna, gêné par tant d'enthousiasme, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres malgré lui.

Le lendemain, ils étaient dans un stade gigantesque, une arène vivante pulsant d'une énergie incontrôlable. Les tribunes rugissaient sous les cris des supporters, un torrent d'émotions brutes qui semblait vibrer jusque dans les os. Dojima Mitsuru, à peine âgé de 12 ans, restait immobile, écrasé par l'immensité du moment.

Il n'avait jamais vu une telle foule. Pas dans ses rêves. Pas dans ses cauchemars.

Il voulait prétendre que ça ne l'atteignait pas, que ce n'était qu'un simple match de plus. Mais la vérité, qu'il n'aurait jamais avouée, était différente : c'était fascinant. Terrifiant, même.

Quand le coup d'envoi fut donné, c'était comme si le temps lui-même hésitait, suspendu dans l'air. Puis tout explosa.

Le ballon, minuscule depuis les gradins, virevoltait avec une vitesse et une précision inhumaines. Chaque passe résonnait comme une lame tranchant l'air, chaque duel était une collision d'âmes prêtes à s'écraser pour dominer. C'était plus qu'un jeu. C'était une guerre silencieuse.

Dojima ne pouvait pas détourner le regard.

L'équipe du Japon affrontait un géant européen, un colosse réputé invincible. Mais ce qui captiva Mitsuru, c'était cet attaquant japonais. Un prodige. Son nom s'entendait à peine à travers le vacarme, mais ses gestes... eux, étaient gravés dans la rétine.

Il bougeait comme une ombre insaisissable, défiant la logique. À chaque dribble, il semblait effacer ses adversaires, les transformant en statues figées. Et puis, il y eut cet instant.

Une contre-attaque éclatante.

Le prodige reçut le ballon, accéléra. Un défenseur plongea sur lui : balayé. Un deuxième tenta de le bloquer : humilié d'une feinte à peine perceptible. Le joueur avançait, seul face au gardien.

Et là, comme si le monde entier retenait son souffle, il décocha un tir d'une violence et d'une précision qui dépassaient l'entendement.

Le ballon fusa, frappant la lucarne avec un bruit sourd. Une détonation. Un but parfait.

Le stade explosa.

Mitsuru resta figé, incapable de cligner des yeux. Une chaleur étrange envahit sa poitrine, un mélange d'excitation, de respect, mais surtout... d'envie.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ça me fait ça ?

Ses pensées furent interrompues par une réaction quasi instinctive. Ses doigts se crispèrent sur le bord de son siège, son souffle s'accéléra. Il n'était plus un simple spectateur. Il ressentait chaque mouvement, chaque combat, comme s'il était lui-même sur ce terrain.

L'Europe répliqua avec une férocité monstrueuse, déchaînant toute sa puissance. Mais le Japon ne céda pas. Défense après défense, ils tenaient, se relevant chaque fois qu'ils semblaient brisés.

Le jeu n'était pas une danse. C'était un duel à mort.

Et pourtant, ce n'était pas cela qui fascina Mitsuru. Ce fut cette volonté. Cette flamme qui brûlait dans chaque joueur. Un désir inhumain de triompher, de marquer, de vaincre.

Le temps s'écoulait, mais pour lui, chaque seconde s'éternisait. Quand le Japon marqua un dernier but à la toute dernière minute, une frappe magistrale qui transperça le filet, le stade tout entier sembla trembler.

Mitsuru, lui, était ailleurs. Perdu dans cette euphorie qu'il n'avait jamais connue.

Il tourna la tête vers sa sœur, Hime, qui souriait de toutes ses forces, ses yeux brillants d'excitation.

- « Tu vois, JiJi ? C'est ça, le football ! »

Elle criait pour couvrir le vacarme, mais ses mots n'atteignirent pas vraiment Mitsuru. Son regard était fixé sur le terrain, sur ces joueurs qui respiraient quelque chose qu'il n'avait jamais compris jusqu'à aujourd'hui.

Et là, pour la première fois de sa vie, il sentit une chose qu'il ne pouvait pas nommer. Une envie sauvage, brûlante, impossible à ignorer.

"C'est ça, le football ?" pensa-t-il, son cœur battant à tout rompre.
































[Quelques Années Plus Tard...]






















Les cris des élèves résonnaient sur le terrain de football du collège, mêlés au bruit sourd des ballons frappant les cages. Dojima, à seulement 12 ans, se tenait là, vêtu du maillot de son équipe pour la première fois. Son expression neutre contrastait avec l'excitation palpable des autres joueurs.

Il n'était pas particulièrement passionné au départ, mais quelque chose l'avait poussé à rejoindre l'équipe. Peut-être le souvenir de ce match qu'il avait vu avec Himejima. Peut-être cette envie de ressentir à nouveau cette chaleur, cette adrénaline.

Dès son premier entraînement, il se démarqua par sa capacité d'observation. Tandis que les autres se ruaient sur le ballon sans réfléchir, le noiraud, lui, restait en retrait, analysant les mouvements, les failles, les opportunités.

- « Hé, Dojima ! Pourquoi tu restes planté là ? Bouge-toi un peu ! » cria un de ses coéquipiers.

Il haussa simplement les épaules, attendant le bon moment. Quand l'opportunité se présenta enfin, il bondit, interceptant une passe avec une précision déconcertante. Un dribble, un second, et il envoya le ballon dans la lucarne, laissant le gardien sans réaction.

Un silence incrédule tomba sur le terrain avant que les applaudissements ne fusent.

'C'était facile.' pensa-t-il, un sourire en coin.

Dans les semaines qui suivirent, Dojima gravit rapidement les échelons. Sa technique, bien que brute, évoluait à une vitesse fulgurante. Ses coéquipiers le surnommèrent bientôt « La Fantôme», en raison de sa capacité à surgir de nulle part et à changer le cours du jeu.

Mais s'il y avait une personne qui croyait en lui plus que quiconque, c'était Himejima.

- « JiJi, tu es incroyable ! » lui disait-elle souvent après les entraînements, un cahier à la main.

Elle avait décidé de devenir la manager de l'équipe, un rôle qu'elle prit très au sérieux. Avec sa personnalité méthodique, elle notait les failles de l'équipe, organisait les entraînements et, surtout, veillait à ce que son frère reste concentré.

- « Hime, pourquoi tu fais tout ça ? » lui demanda-t-il un jour, alors qu'ils rangeaient ensemble les équipements.

Elle leva les yeux de son cahier, un sourire malicieux sur les lèvres.

- « Parce que tu ne comprends rien aux règles ! Il faut bien que quelqu'un t'aide. »

Il rit doucement, amusé par sa franchise.

Mais la vérité, c'était qu'elle adorait le voir jouer. Chaque dribble, chaque but qu'il marquait semblait la remplir de fierté. Et elle savait, au fond d'elle, qu'il était fait pour ce sport, même s'il ne le réalisait pas encore pleinement.

Lors d'un match important contre une autre école, Dojima montra à quel point il avait évolué. L'équipe adverse était redoutable, mais il resta fidèle à son style : discret, imprévisible et terriblement efficace.

À la mi-temps, Himejima rejoignit le vestiaire avec un thermos de thé pour l'équipe. Elle s'accroupit devant son frère, une étincelle dans les yeux.

- « Tu joues bien, mais arrête de te retenir. »

- « Hein ? Je ne me retiens pas. »

- « Si, tu le fais. Je te connais, JiJi. Quand quelque chose te passionne, tu donnes tout. Alors, montre-leur. »

Ses mots résonnèrent en lui. Lorsqu'il retourna sur le terrain, quelque chose avait changé. Il joua avec une intensité nouvelle, marquant deux buts spectaculaires et menant son équipe à la victoire.

Ce jour-là, Himejima regarda son frère avec un sourire satisfait.

Il est vraiment fait pour ce sport.










Espagne, 10h54
_________






Le soleil couchant d'Espagne peignait le ciel de teintes orangées, mais dans le cœur de Dojima, tout était gris.

Assis sur le banc de touche après son avant-dernier match, il serrait ses crampons dans ses mains, ses cheveux noirs collant à son front à cause de la sueur. La clameur des spectateurs résonnait encore dans le stade, mais il n'entendait rien. Ses 13 buts avaient mis fin au match dans une démonstration écrasante. Les applaudissements ne vibraient plus dans sa poitrine.

Rien. Absolument rien.

Il releva les yeux vers le terrain déserté. Ses coéquipiers, euphorisés, étaient déjà rentrés au vestiaire, fêtant une victoire qui n'avait, à ses yeux, aucune saveur.

'Pourquoi ?' pensa-t-il. 'Pourquoi est-ce que ça ne me touche plus ? Pourquoi est-ce que je n'ai ressenti aucune adrénaline, aucun frisson ?'

- « JiJi ! Tu viens ? »

La voix de Himejima le tira de ses pensées. Elle accourait vers lui, sa tablette contre la poitrine, un sourire radieux illuminant son visage.

- « C'était incroyable ! 13 buts ! Les recruteurs n'ont parlé que de toi ! »

Il tourna lentement la tête vers elle, son sourire éternel collé à son visage.

- « Vraiment ? Tant mieux, alors. »

Mais la noiraude fronça les sourcils. Elle connaissait ce sourire. Ce sourire qui n'était qu'un masque.

- « Dojima... Ça va ? » demanda-t-elle doucement, s'agenouillant devant lui.

Il détourna les yeux, fixant le ciel en flammes.

- « Ouais. Tout va bien. »

Mensonge.












































La lumière blafarde de la lampe de chevet éclairait la pièce silencieuse. Dojima était assis sur le lit, ses crampons toujours dans les mains, son regard plongé dans le vide.

'Pourquoi ? Pourquoi personne n'arrive à me suivre ?'

Il se remémorait chaque but marqué pendant le tournoi. À chaque fois, les défenseurs semblaient ralentir face à lui, leurs regards trahissant l'abandon.

'Ils baissent les bras avant même d'essayer. Où est le défi dans ça ? C'est censé être la Coupe du Monde U16... Et pourtant, c'est tellement... pathétique.'

Une vague de colère monta en lui, une émotion qu'il ne s'autorisait jamais. Ses doigts se crispèrent sur les crampons, son souffle devenant plus lourd.

'Est-ce que c'est moi, le problème ? Suis-je trop fort ? Ou sont-ils juste trop faibles ?'

Il lança violemment ses crampons à travers la pièce. Ils frappèrent le mur avec un bruit sourd avant de retomber au sol.

Il enfouit son visage dans ses mains, ses coudes appuyés sur ses genoux.

'Je pensais que ce tournoi allait me donner ce frisson... Mais c'est pire que tout. Je me sens vide.'



Le premier entraînement après la Coupe aurait dû être un moment de célébration. Mais Dojima était absent.

Himejima monta sur le toit de l'école, un endroit où elle savait qu'il se réfugiait quand il voulait fuir le monde. Comme prévu, il était là, allongé sur le dos, les bras derrière la tête, fixant les nuages.

- « JiJi ! » cria-t-elle en s'approchant.

Il tourna légèrement la tête vers elle, son sourire toujours accroché à ses lèvres.

- « Hé, Hime. Tu viens profiter de la vue ? »

- « Arrête ça. Descends. L'équipe t'attend. »

- « Je vais passer mon tour. »

Elle se planta devant lui, les mains sur les hanches, son regard rempli de détermination.

- « Tu ne peux pas continuer comme ça. Tout le monde compte sur toi. L'entraîneur est furieux, tu sais ? »

Il ferma les yeux, un soupir long s'échappant de ses lèvres.

- « Hime... Pourquoi tu t'accroches autant ? Tu sais, toi aussi, que je n'ai plus rien à prouver. »

- « Ce n'est pas une question de prouver quoi que ce soit ! Tu aimes ce sport ! »

Il ouvrit les yeux, fixant le ciel.

- « Je pensais que c'était le cas. Mais maintenant, je ne suis plus sûr. C'est toujours la même chose, Hime. Les mêmes matches, les mêmes adversaires... Et toujours le même résultat. J'avance seul. Personne ne peut me suivre. »

- « Ce n'est pas vrai ! » cria-t-elle, sa voix tremblante.

Il se redressa lentement, son sourire s'effaçant pour la première fois.

- « Si, ça l'est. »

Il posa une main sur son épaule.

- « Désolé, Hime. Mais je crois que je vais arrêter. »

Son regard perça le sien, et elle comprit qu'elle ne pouvait pas le convaincre.

Des semaines plus tard, Dojima ne remit jamais les pieds sur le terrain. Il passait ses journées sur le toit, seul, le regard toujours tourné vers l'horizon, comme s'il cherchait quelque chose qu'il ne trouvait plus dans le football.

Et pour la première fois, le garçon qui illuminait le terrain avec ses sourires semblait s'être éteint.























TO BE CONTINUE...

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