Chapitre 15 : Cette nuit là

C'était beau, c'était magique et c'était agréable. Ses mains parcouraient mon dos comme s'il s'agissait d'un champ de fleurs dont il caresserai chacune d'entre elles.

Je me sentais trembler, faiblir et me livrer entièrement à lui. Son front appuyé contre ma nuque, ses lèvres sur ma peau, mon cœur était sien.

D'ailleurs, c'est drôle, mais il paraît que nos grains de beauté sont la marque des endroits où notre ancien amour aimait nous embrasser. Dans ce cas, nous étions déjà ensemble dans une autre vie...

Il y a des choses que je ne sais pas expliquer. Comme un mystère non élucidé, et qui restera à jamais enfouit dans les tréfonds de mes entrailles. Ça ne me dérange pas. Les abysses de mon corps sont fait pour être explorés.  Ça me fait plaisir que ce soit lui qui s'y aventure, avec sa torche et tout son équipement. Qu'il traverse chaque paroi de la grotte, qu'il y allume un feu, ça me fait frissonner de chaleur.

J'aime ça.

C'est des milliers de papillons dans mon ventre qui éclatent en une splendide explosion colorée. C'est un chant majestueux de la forêt toute entière, qui crie et s'exclame. C'est un battement de paupières, léger et volatile. C'est un rire amoureux. Maladroit, mais amoureux.

Malgré tout, je continue de rêver. Rêver de me blottir contre son cou, son torse, son ventre. Je continue de me surprendre à manquer son touché; ses doigts qui se baladent sur ma peau, puis le bout de ses lèvres.

C'est fou. C'est tellement dingue. J'en mourrai presque. Presque parce qu'il y a toujours ce soupire délicat, ce souffle d'aise, qui traverse ma gorge pour venir se loger contre la sienne.

Et même si ce n'est qu'un souffle, ça reste une once de vie. Une once de lumière, l'indice que rien n'est encore fini. Ce souffle ressemble à un gémissement transcendant le vide, une preuve de résistance, une preuve que nos voix portent encore.

Mais je ne suis qu'une gamine en vrai, qu'est ce que j'en sais que c'est ça la volupté ?

Non.

Non, j'en ai aucune idée. En même temps je m'en moque de savoir si on peut se sentir encore mieux. Parce que je ne demande pas plus que ce qu'il m'offre, puis j'adore ce qu'il m'offre.

Et là je me retrouve à écrire un porno.
Un joli porno.

C'est marrant quand on y repense...


Nos nez se touchent, je peux voir ses cils battre alors qu'il descent ses baisers de mon cou à mon ventre. Même plus bas.

''Ahah, ça chatouille''

J'ai dis.

''C'est une bonne chose ?''

Il a dit.

''Moi j'aime bien''

J'ai répondu.

''Tant mieux''

Il a répondu.

Donc, j'ai souri. Lui aussi. Et ah... ce que j'aime ce sourire. Il est rassurant, aimant, doux et chaleureux. Surtout, sincère. Il ne me l'a jamais dis mais je le sais. Au plus profond de moi, on l'a murmuré. Un son plus bas encore que celui d'un brin d'herbe au vent. Mais si clair. Clair comme l'eau des rivières dans le nord de l'Espagne et le sud de la France. C'est une image que j'ai parfaitement en tête, et c'est pour ça que je suis persuadée qu'on me l'a chuchoté à l'oreille. Ou peut être pas à l'oreille. Peut être justement ailleurs, dans ma cage thoracique ou bien entre mes côtes. On a cherché le bon endroit pour me mettre au courant, puisque lui ne le ferait pas.

Je ne lui en veux pas de ne pas me le dire. Je ne lui en voudrais jamais. C'est parce qu'il n'en a pas besoin. Lui aussi est au courant qu'on m'a mise au courant.

Il sait que je sais. Et je sais qu'il l'a, ce sourire sincère.

Je pense à lui tous les jours. Vraiment. Il ne se passe pas un moment sans que son image ne me vienne en tête pour une raison ou une autre. C'est une image douce de son visage riant. Des souvenirs de moments qu'on a passés ensemble. C'est si bon de se remémorer à quoi il ressemble avant que je ne le revois plus.

J'ai écris beaucoup de poèmes sur lui à vrai dire. Je n'avais jamais autant désiré quelqu'un, à un tel point que ce même désir explose et se renverse sur le sol fleuri sans que je puisse rien y faire. Donc, pour expédier ce désir et cet amour ailleurs que par terre, j'ai couché mes mots sur le papier. J'étais plus heureuse comme ça qu'en laissant ces sentiments pourrir au fond de mon cœur. Comme ça au moins, il y a plus de chance qu'il les découvre.

Mais, il ne les découvrira jamais.

D'autres nuits ont passées, toutes plus magiques les unes que les autres, jusqu'à la dernière. Je n'avais pas compris que ce serait la toute dernière fois qu'il me toucherait, et que je poserais mes mains dans ses cheveux, en rigolant niaisement. Je ne sais pas non plus si ce jour là il avait déjà prévu que ce soit la dernière.

Un soir, il m'appelle. Je décroche. Il me dit :

" ... je suis désolé... écoute, t'es une fille super et tout. Mais je ne l'ai pas oubliée. "

Alors voilà. On en est là.

J'ai une boule dans la gorge, je me sens envahie par ce sentiment qui m'est tellement familier et auquel, pourtant, je ne m'habituerais jamais. Je m'allonge sur mon lit, celui où on a passés bien des nuits ensemble. Il me parle, encore et encore. Je l'écoute, patiemment, même si mon envie de raccrocher devient de plus en plus grande au fur et à mesure des mots qu'il prononce.

J'ai les larmes qui montent, elles montent sans s'arrêter et ne coulent pas. Elles s'infiltrent dans mon cerveau, et elles m'éteignent.

Cette nuit là, ce n'est pas dans ses bras que je me suis lovée. Même si j'aurais aimé... mais non. Ma solitude était si vaste que je pouvais sentir un seul de ses doigts contre moi, dans mon imaginaire.

Je voulais m'endormir et me réveiller en ayant tout oublié. Que ce soit un mauvais rêve. Que ça passe. Que rien ne soit vrai. Qu'il soit toujours là.

Seulement, nos nuits étaient désormais bien loin, et sa présence réconfortante aussi.

Son sourire n'était peut-être pas si sincère, finalement.

           - Adieu, et aujourd'hui, je trinque à ces nuits là, même si je n'ai ni verre ni célébration.                         Adieu, à toi que j'ai aimé si fort. J'oublierais beaucoup, c'est sûr, mais pas ces nuits là.

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