Chapitre 4

Les fournitures leur ont permis de tenir trois semaines.

Semi ira faire la course aux fournitures tout seul aujourd'hui tandis que Shirabu continuera de réparer la radio.

"Tu devrais rester ici, tu sais, pour que ta petite cicatrice guérisse."

"Eita, c'est déjà guérit."

"Nope, restes ici, ordres du docteur." Semi tapota sa tête. "Je ne te laisserai pas quitter la maison tant qu'il reste une croûte, là."

"Es-tu sûr que tu peux y aller seul ?" Shirabu demande, un air inquiet sur son visage. "On peut vivre de baies congelées jusqu'à ce que ma jambe aille mieux."

"Sauf qu'elles sont rares à trouver, tu serais même chanceux d'en trouver 10," Semi ria, enfila son bonnet préféré. "Je serai rapide."

"Fais en sorte de revenir vivant, hein ?" Shirabu commente, enroulant une écharpe autour du cou de Semi.

"Je te le promets."

"Si tu ne reviens pas, je te retrouverai et te tuerai vraiment." Shirabu le fixe mais ses yeux se radoucissent quand Semi rigole.

"Je garderai ça en tête."

Semi embrasse le front de Shirabu et sort pendant que Shirabu le regarde jusqu'à ce qu'il soit hors de vue.

Shirabu s'occupe avec tout ce qu'il peut. Lire, nettoyer, réparer la radio; mais chaque minute qui passaient rendaient Shirabu de plus en plus inquiet au sujet de Semi.

Les secondes devenaient des minutes.

Les minutes devenaient des heures.

Shirabu réparait avec frustration la radio quand la porte s'ouvre.

Shirabu souffle un soupire de soulagement parce que cela voulait simplement dire que Semi était revenu chez eux.

Sain et sauf.

"Kenjiro ?" Semi appelle depuis l'étage du bas bien plus doucement que ses salutations habituels.

"Je serai en bas dans un instant." Shirabu crie, attrapant la radio presque réparée.

Il sprint en bas et s'arrête au dernier escalier.

"E-Eita?"

Il est plutôt sûr que ses sens sont en train l'emmerder, là tout de suite. Toutes ces nuits sans dormir provoquent une hallucination, parce que le tableau en face de lui ne peut pas être réel, ce n'est pas possible.

Pas vrai ?

Semi se tient debout près de la porte, des tâches de sang partout sur ses vêtements ainsi qu'une marque de morsure très évidente sur sa jambe gauche.

Shirabu fait tomber la radio, faisant tomber des semaines de travail à l'eau.

"Je suis désolé" est tout ce que Semi pouvait sortir. "Ils m'ont eu."

La respiration de Shirabu devient lourde, il ne peut pas respirer, il sent ses jambes sur le point de céder.

Semi a été mordu.

"Non, s'il te plait, dis-moi que ce n'est qu'une blague. Tu te fous de ma gueule, là, pas vrai ?" Shirabu secoue sa tête, faisant rouler des larmes librement sur ses joues.

"Je me suis débrouillé pour en tuer autant que je le pouvais, ça te donnera probablement deux à trois jours sans rôdeurs, quatre, si t'as de la chance." Semi boite vers Shirabu, mais Shirabu reste paralysé. "Il y a trois sacs de nourriture ici, ça te fera tenir l'hiver entier."

"Dis-moi que tu me mens, ce n'est pas drôle, putain." Shirabu baisse le regard. Des sanglots s'échappent de sa bouche, sanglots qu'il ne pensait même pas pouvoir émettre.

"Tu t'es probablement égratiné la jambe sur un morceau de métal, pas vrai ?"

Silence.

"Pas vrai ?" Shirabu supplie pour un oui mais ce n'est pas ce qu'il reçoit.

"Je suis désolé."

Shirabu ferme ses yeux.

Le monde ne peut pas être aussi cruel pour prendre la seule chose le gardant en vie, si ?

C'est seulement quand Shirabu sens un pouce caresser son visage qu'il lève les yeux. Semi se tient là avec un doux sourire sur son visage.

"Je devais te revoir une dernière fois".

"Ne dis pas ça comme ça," Shirabu prend la main de Semi dans la sienne. "Je vais courir à l'hôpital dans la ville, ils auront peut-être des choses qui peuvent t'aider."

Semi porte leurs mains près de son visage et y dépose un simple baiser sur les phalanges de Shirabu.

"Kenji, tu sais que ce n'est pas possible."

"S'il te plait, ne me quittes pas." Un appel même plus doux que le plus silencieux des chuchotement mais pour Semi, il entendait tout pareil.

"Chéri, si je le pouvais, je ne le ferai pas." Semi porta sa main à sa ceinture. "Mais,"

Semi sort son pistolet et le place dans les mains tremblantes de Shirabu.

"Non, je ne peux pas," Shirabu pousse en retour le fusil à Semi et avec un air dur sur son visage tâché de larmes, il continue. "Tu devras me tuer aussi."

Shirabu était préparé à tout lâcher. Le monde en avait assez prit de lui; ses amis, son équipe, sa famille.

Il n'est pas prêt à perdre Semi aussi.

"Tu sais que je ne le peux pas," Semi bloque le fusil à nouveau dans les mains de Shirabu.

Sa vision devient de plus en plus floue à cause des larmes mais Shirabu voit encore le sourire de Semi.

Ses mains racontent une toute autre histoire. Pendant qu'il sourit, les mains de Semi tremblent dans les siennes.

Il joue la comédie pour le bien de Shirabu.

Semi sourit mais profondément, il sait que Semi est apeuré.

Il ne veut pas mourir.

"Stupide Eita, où est-ce que t'as même été ?" Shirabu tapa son pied de frustration, laissant ses deux bras tomber sur ses côtés.

"J'ai fait un petit détour," Semi laisse sortir un faible rire. Il plonge sa main dans sa poche et en sort une petite boite.

"J'avais planifié d'en prendre une depuis un moment."

Dans la boite, il y a deux bagues en plastique avec un 'S' inscrit au milieu. C'est l'une de ces bagues que tu trouverais éparpillées sur le sol d'un magasin 'tout à 100 yen'. Néanmoins, ça réussit tout de même à faire sourire Shirabu.

"Au moins, j'ai tenu cette promesse."

"Tu n'es qu'un putain d'idiot, Semi Eita." Shirabu sèche ses larmes quand un petit rie s'échappe de ses lèvres, suivit par un autre gémissement.

"Ouais, mais je suis ton idiot," Semi attrape la main de Shirabu et enfila l'une des bagues sur son annulaire. "Pour toujours."

Il enfile l'autre bague à son propre doigt, levant cette main avec celle de Shirabu.

"Regarde, on est accordé."

Shirabu pleure encore et encore.

"Hey, hey, shhh." Semi porte ses deux mains au visage de Shirabu, séchant ses nouvelles larmes avec son pouce. "Tout va bien, tu iras bien."

Semi commence à fredonner un doux son, terrant Shirabu près de son torse. Le même son que Shirabu entend presque tous les jours. Dans le lit, dans la cuisine, dans le salon, dans le jardin. Ce son, c'est celui de Semi.

C'est le leur.

Shirabu se calme après quelques minutes.

"Est-ce que ça va, maintenant ?" Semi demande, suivit par un doux hochement de tête de Shirabu. "Est-ce que tu peux sourire pour moi ? Je n'aime pas te voir triste."

Shirabu force un sourire sur son visage.

"Voilà, tu vois ? Tu es tellement magnifique quand tu souris." Les mains de Semi voyage à nouveau jusqu'au visage de Shirabu, ainsi que celles de Shirabu, les entourant autour de celles de Semi.

"Au moins, techniquement, on s'est vraiment mariés." Semi commence à le couvrir de baisers. Sur la joue, le front, nez, paupières, oreilles, cou et un dernier baiser sur ses lèvres.

Le dernier que Shirabu aurait.

Et Semi répète le motif. Joue, front, nez, paupière, oreille, cou, mais cette fois aucun sur les lèvres. Il ferme tout de même les yeux, savourant chaque moment et chaque toucher.

Les baisers s'arrêtent et Semi dépose sa tête sur l'épaule de Shirabu. Même là, il continue à dire ses "Je t'aime"'s et rappelle à Shirabu qu'il est la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée.

Shirabu en oublie presque du fusil dans son autre main. 

"Comment peux-tu attendre de moi que je te tue, maintenant ?" Shirabu demande, Semi relève sa tête. "Surtout après tout ça."

"Fais le en tant que dernier cadeau d'anniversaire." Semi chuchote. "Laisse moi mourir humain, laisse moi mourir en te regardant, laisse moi mourir de tes mains et pas de celles des rôdeurs."

Semi positionne le pistolet de sorte qu'il soit directement pointé vers sa tête, juste entre les deux yeux.

Les mains de Shirabu sont tremblantes, il secoue sa tête négativement. Les larmes commencent à réapparaîtrent dans ses yeux, à nouveau.

Il baisse ses bras en signe de défaite.

"Shirabu, j'ai besoin que tu comprennes que je suis un homme mort-vivant dès que j'ai eu cette putain de morsure," Semi porte la main de Shirabu en l'air de nouveau. "Tu me libèrerais, me donnant libération."

"Est-Est-ce vraiment ce que tu v-veux ?" Shirabu commence et quand Semi hoche la tête, c'est seulement à ce moment que Shirabu accepte sa destinée. Il hoche la tête de retour, murmurant un doux "okay."

Semi, sentant la tristesse de Shirabu, l'entoure de ses bras.

"Tu iras bien, d'accord ?"

"Mhm." Shirabu chuchote, enfouissant sa tête plus proche de Semi avec ses bras pendant sans vie sur ses côtés. Ses yeux commencent à s'humidifier à nouveau, et sa vision commence à se flouter de larmes.

"Kenjiro, promets-moi que tu survivras."

"Okay."

"Promets-moi que tu ne feras rien de stupide ?"

"Ouais."

"Promets-moi que tu trouveras cet endroit dont nous avons toujours rêvé ?"

Shirabu reste silencieux.

"Celui avec les rivières, cachées entre les montagnes, et un terrain pour la nourriture." Semi enlève son écharpe et l'enroule autour du cou de Shirabu. "Tu... Tu as dit que tu voulais un chien ? Tu en trouveras peut-être un dans ton voyage, tu rencontreras certainement de n-nouveaux amis sur le chemin, aussi." 

Silence.

"Est-ce que tu me le promets ?"

Silence.

"Kenjiro?"

"Je te le promets."

Semi donne un dernier sourire.

Il a fait sa part.

Il recula de quelques pas, s'arrêtant quand Shirabu leva finalement ses mains.

L'arme semble lourde dans ses mains, mais ce n'était rien comparé au lourd fardeau d'avoir à tuer la personne que tu aimes le plus.

Semi en devient un. Il le sait au grognement que sa bouche émet, il le sait aux plaques grises se formant sur sa peau une fois si claire, et à ses yeux, ils n'étaient plus de cette magnifique teinte de brun mais plus qu'un gris nuageux terne.

Il regarde la bague assortie sur le doigt de Semi une dernière fois avant de fermer les yeux.

Il chuchote un dernier "Je t'aime" avant qu'une énorme détonation engouffre la pièce, suivie par un bruit sourd.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top