15. On a un bon feeling
Parler ? Je suis perdu. Tout d'abord ma tête tourne à cause de cet incroyable baiser. J'ai jamais éprouvé cela. Mon corps est en feu et j'ai l'impression que tout les sens sont exacerbés. Mais il a posé sa main sur mon torse, me repoussant et mon coeur qui menaçait de sortir de ma poitrine suite à mon excitation bat maintenant à un rythme irrégulier. Tout cela est allé trop vite. Il s'est laissé emporter et il regrette. Ce que je craignais est arrivé : nous allons tout foutre en l'air.
Morgan doit sentir la panique m'envahir car il encadre mon visage de ses mains. Avec précaution, comme si j'étais quelqu'un de fragile, de précieux.
— Hey, regarde- moi.
Je plonge mon regard dans le sien. Si sombre. Si proche et pourtant insondable. Je n'ose espérer à la douceur de sa voix rauque. Il sourit, un peu tristement.
- Arrête de paniquer et respire. Faut vraiment qu'on fasse quelque chose pour cette sale manie que tu as d'arrêter de respirer quand tu es... ému. Ca me stresse énormément;
Il pose ses lèvres sur mon front. Je prends conscience qu'il a raison et inspire longuement, reposant ma tête contre la sienne. Je me fais des films. il a forcément ressenti quelque chose. C'est lui qui s'est jeté sur moi et a dévoré mes lèvres ! Après provocation, certes mais il ne va pas me lâcher, c'est impossible. D'ailleurs Morgan me tire vers lui en agrippant mon tee-shirt.
— Viens t'asseoir à côté de moi.
Evidemment, je me laisse faire et nous nous retrouvons côte à côte sur mon canapé. Il se positionne légèrement de biais pour me faire face et saisit machinalement une de mes mains. Nos doigts s'entremêlent. Morgan semble perdu dans ses pensées, ne sachant vraisemblablement pas par où commencer. J'attends patiemment maintenant que mes craintes ont été apaisées par son attitude.
— Tu as un sacré courage Derek. Tu as su me sortir de... comment dire... le non-dit dans lequel je m'enferme depuis quinze ans. Tu te souviens, quand je t'ai parlé de Saint-Valentin il y a quelques jours.
— Oui je me souviens parfaitement.
Je me souviens surtout de la jalousie ressentie envers son premier amour et de mon envie de l'aider, de le soutenir.
— Je crois que tu n'as pas compris qu'il s'agissait d'un jeune garçon, Pierce. En... refusant mes avances, il a cassé quelque chose en moi. Je n'ai jamais su, jamais cherché à comprendre si il était homosexuel et ne voulais pas l'admettre ou si c'est simplement moi qui ne l'intéressait pas mais... il m'a rejeté et...
Je ne voulais plus qu'il poursuive, qu'il pense encore à lui et sans même réfléchir, je passe une main sur sa nuque et attire son front contre le mien.
— Peu importe, oublie-le, c'est un sale petit con que je déteste. Même si c'est pas très mature de dire cela.
Morgan rigole et ferme les yeux une seconde.
— Soutien inconditionnel donc ?
— Bien sûr, chuchoté-je.
Il embrasse ma bouche, presque furtivement.
— Merci, souffle-t-il contre mes lèvres provoquant une bouffée de désir que je dois contrôler. Ce n'est pas le moment.
— La conséquence de tout ceci, c'est que j'ai vécu en bon hétéro bien tranquille et sans problème, jusqu'à ce que je te rencontre. Tu m'as causé un sérieux problème Derek.
Je ne comprends pas ces mots et ce qu'ils impliquent et secoue la tête.
— C'est pourtant simple. Si tu m'avoues que tu as cédé à mon charme il y a un mois, moi... ca fait cinq ans que je lutte contre mon attirance pour toi. Tu es le seul, après Pierce, a m'avoir attiré, et Pierce, pfff, c'était rien par rapport à l'obsession que j'ai développé pour le grand brun aux yeux verts qui voulait détruire les sacs de frappe dans ma salle de sport.
Je suis sidéré. Jamais. Jamais je n'aurais soupçonné cela.
— Quand à ta jalousie du réveillon...
Il soupire et je crains d'autres surprises.
***** 5 ans plus tôt *****
Deux semaines que Derek a quitté mon appartement et j'ai l'impression que son odeur rôde encore autour de moi. Bon c'est vrai qu'il rentre ici au moins une fois par jour... et que je marque mon territoire (virtuellement, cela s'entend) chez lui quotidiennement aussi. C'est simple. On s'est donné un double de nos clés, on part ensemble au boulot quasiment tous les jours. C'est simple, Vickie, ma sécrétaire nous appelle "les jumeaux" et, plusieurs fois par jour, elle m'annonçait par l'interphone l'arrivée de Derek " Boss, ton jumeau arrive". Jusqu'au jour où elle a renoncé à l'annoncer. Bref. Ce soir c'est différent. Il a un rencard. Avec une fille.
Bien sûr avec une fille pauvre idiot !
Et ça me barbe. Ben oui, on devait sortir ensemble au Erin's coffee, comme tous les vendredis depuis un mois et à midi à la caféteria Derek m'a informé qu'Evie, une des standardistes avait accepté son invitation. Je devrais être heureux pour lui, cela signifie qu'il remonte la pente et oublie la sorcière, qu'il reprend confiance en lui... mais ça me barbe.
Ça m'énerve même pour être honnête. Je me ressers un verre que je bois cul sec avant de le reposer brutalement sur le comptoir.
Soirée canapé- match et pizza. Tranquille. Seul.
A vingt-deux heures, il n'est pas rentré. La télévision diffuse des images sans intérêt depuis un certain temps déjà et je l'ai mise en sourdine. Je me frotte le cou nerveusement puis pose mes mains à plat sur mes genoux. Espérant me calmer. Je regarde ma montre. Vingt-deux heures dix. De toute façon je l'aurais entendu, les murs de nos appartements sont tellement bien insonorisés que je sais même quand il prend sa douche.
Vingt-trois heures. Merde, ils sont allés au Erin's. je devrais les rejoindre pour savoir si tout va bien. Quoique je ne suis pas certain d'apprécier ce que je vais voir. Je descend un énieme verre et renverse un peu d'alcool sur la table en me reversant.
A minuit quinze, j'entends l'ascenseur arriver à l'étage alors que je tourne en rond dans le salon. Le rire aigu d'une femme résonne sur le palier alors que la voix calme et sensuelle de Derek lui répond. Je ne distingue pas leur propos mais un truc bizarre me donne envie de vomir. J'ai trop bu sûrement. Sans m'en rendre compte, je m'appuie contre le mur de séparation entre nos deux appartements. Je n'entends rien. C'est le silence chez lui. alors mon imagination prend le relais. Il l'embrasse. Elle se serre contre lui. Il la plaque contre le mur avant de la caresser. Elle glisse ses doigts dans ses cheveux , sur sa nuque. Il l'embrasse encore. Posant ses lèvres sur sa peau.
Un bruit violent retentit me sortant de mon imagination toxique. Mon verre s'est brisé sur le sol.
Merde !
Rapidement je me baisse et tente de réparer les dégâts et d'oublier ce qui peut se passer à côté. Puis refusant de connaitre à nouveau cette torture, je file dans ma chambre dont je claque la porte derrière moi. Mais le pire reste à venir. Car désormais je connais les cris et couinements d'Evie, mon employée, lorsqu'elle est conduite habilement apparemment, vers l'orgasme. J'ai beau serrer un oreiller sur mes oreilles pour tenter d'échapper aux sons provenant de la chambre voisine, je connais aussi après une attente bien trop longue, le gémissement rauque qui échappe à Derek lorsqu'il atteint son propre plaisir. Avec une autre. Et si son orgasme provoque un frisson de plaisir en moi, la morsure de la jalousie manque de m'étouffer.
*****
Le silence règne entre nous. Les aveux de Morgan m'ont stupéfait. J'ai vécu la même chose... depuis un mois uniquement. Je n'en reviens pas de l'avoir fait autant souffrir.
— Je suis désolé.
Il éclate de rire.
— Désolé de quoi Derek ? D'avoir eu du plaisir avec ces filles ? Que je n'ai pas eu le courage de te parler avant ? Je crois que ni toi, ni moi n'étions prêts. C'est tout.
Quand je repense aux peurs qui m'ont paralysé tout ce mois. Et la rapidité avec il a fuit il y a trois jours, je sais qu'il a raison.
— Et maintenant ? osé-je le questionner.
— Maintenant ?
Il soupire et sa main libre effleure ma joue. Il semble fasciné par ce geste qu'il ose enfin et je me sens paralysé, incapable de bouger tellement j'apprécie le toucher de ses doigts.
— Maintenant on peut essayer de vivre pour nous deux, à notre rythme et voir ce que ça donne. Je crois que sentimentalement on est assez... novices, mais on se connait, on s'entend bien et apparemment on a un bon feeling.
Il me décoche son sourire sexy, celui qui dévoile sa fossette et me retourne le cœur comme une midinette avant de se pencher et de mordiller ma lèvre.
Voir ce que ça donne ? A notre rythme ? Allons-y pour ce programme.
Je rejette mon corps en arrière contre le dossier du canapé, en prenant soin de lui attraper la nuque afin qu'il ne s'éloigne pas.
Testons ce feeling.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top