𝟾 | ❝ 𝙲̧𝚊 𝚟𝚊 𝚊𝚕𝚕𝚎𝚛 ❞
Une tempête de grêle ?! C'était bien la dernière chose qui pouvait arriver.
Edward regarda le plafond, terrorisé.
Il eut des bruits feutrés. Mercury ouvrit légèrement les rideaux ; le personnel se chargeait de guider les clients vers les cuisines, y compris les fans hystériques et le taré Sweet Child O'mine. Si les cuisines étaient complètes, ils étaient resserrés sous la Galerie, priés de se mettre accroupi et de rester calmes.
Clac, clac, clac.
Les premiers grêlons frappaient déjà le toit du restaurant. Mercury laissa les rideaux entre-ouverts, projetant une strie de lumière sur le sol. Il s'accroupit en face d'Edward. Ainsi, semi-éclairé, il avait l'air plus petit et vulnérable.
— On va rester ici, le temps que cela s'apaise, expliqua le bioméca. Pour l'instant, la loge est plus sûre que l'extérieur.
Le garçon ne répondit pas.
Le vent, lui, n'était pas aussi silencieux, il rugissait contre les murs, clac, clac, clac, avec les grêlons et la demi-obscurité, finir claustrophobe devenait une fatalité plus qu'une éventualité. Fshhhhh, Edward plaqua ses mains contre ses oreilles pour faire taire ce sifflement froid et incessant. Mercury passa son bras au-dessus de la tête d'Edward, comme s'il s'attendait à ce que des grêlons le touchent.
Un grêlon de la taille d'une balle de pétanque passa le toit en verre, il s'écrasa dans la poussière de la piste. Après lui, il eut une volée du même type qui saccagèrent le toit de fissures et de trous béants. Les clients se resserrèrent contre les murs de la Galerie. Autant dire que le vent s'immisça trop facilement. Il fit volter les grêlons dans tous les sens, les propulsant tantôt sur les stands, clac, tantôt sur les clients, clac.
La fenêtre de la loge se brisa devant un tel assaut. Les rideaux se levèrent d'un coup, Mercury joint son deuxième bras au-dessus de la tête d'Edward. Le jeune garçon se recroquevilla, les mains toujours collées aux oreilles. Ce son, celui des grêlons agressant le corps de Mercury, pulvérisait les tympans. Edward enfouit son visage dans ses genoux.
Soudain, tout s'arrêta. Le son horrible, le vent, absolument tout. Edward leva la tête. Les bras du bioméca l'entouraient toujours et il n'y avait plus rien.
Sauf la boîte à musique qui commença à jouer. Toujours le même violon, mêlé à ce piano dépressif. Mercury tendit le bras pour attraper la chaise à bascule, puis...
Le toit du restaurant s'écroula dans sa totalité. Les morceaux de verre atteignirent la loge. Heureusement, ils restèrent bien sagement couchés au sol. Le biomécanique jeta une œillade rapide à travers le cadavre de la baie. Il croisa la pire chose qu'il n'eut jamais vue de sa vie mécanique.
Un œil.
Un œil observait le restaurant.
La tempête reprit si violemment que la tringle aux rideaux se détacha. Mercury attrapa Edward en plein vol. La tringle s'écrasa pile à l'endroit où était le garçon plus tôt. Le vent de grêlons prit la loge comme dû. Puisque Mercury tenait Edward au creux de son coude et repoussait les grêlons de l'autre main, le garçon n'était harcelé que par le froid et le vent qui cherchait presque à arracher ses cheveux. Bon sang, un froid aussi intense le rendra malade. Il sentait qu'il avait de plus en plus de mal à respirer.
Voyant que la loge n'était plus un endroit sûr, Mercury plaça Edward sur son épaule avant de passer de l'autre côté de la baie. Le jeune garçon s'accrocha de toutes ses forces tandis que le lion mécanique traversait la piste. Edward les vit, ces gens retroussés si proches des murs qu'ils fusionnaient quasiment avec. Il les voyait se prendre des grêlons de la taille d'un poing, hurler à la mort un bébé écrasé sous les tables retournées, fuir dans tous les sens possibles.
Il les voyait mourir. Et il vit l'œil. L'œil recula, descendit une main titanesque et attrapa le plus de clients possibles.
Edward ne vit rien d'autre, Mercury était déjà sorti.
À l'extérieur, c'était évidemment meilleur que dans la loge. Entre les grêlons voletant dans tous les sens, intimidant les bâtiments, la pluie battante et la tempête plus que présente engloutissant tout, la loge en tant que lieu sûr ne pouvait pas concurrencer. Ça puait le pétrichor, en d'autres termes, un mélange de métal, de boues et d'humidité — ou de jean mouillé. En bref, la météo était clémente aujourd'hui. Edward ne regarda même pas le cirque de débris plus que de verre, tant l'œil l'avait terrifié. Mercury évita un morceau de rails non identifié de justesse. Il continua à avancer difficilement. Il scanna par la même occasion les possibilités de refuges, même très rudimentaires. Aussitôt, la voix d'Edward se superposa sur le mot. Il l'avait dit, rudimentaire. Devait-il dire à Edward qu'il entendait sa voix ?
— Mercury, arbre !
Ça aussi, il l'avait dit. Et heureusement qu'il l'avait dit parce que le bioméca esquiva l'arbre déraciné, venu par derrière. Au final, il garda la pensée pour lui, ce n'était pas nécessaire.
Il n'y avait plus vraiment personne dans les allées du parc, seulement quelques individus qui fuyaient sans trop savoir où ils allaient. De toute façon, ceux-là se firent écraser rapidement par des débris ou des grêlons.
Au loin, une tornade se forma, plus grande que tout ce qu'Edward n'eut jamais vu, cette tornade ne rigolait pas. En s'approchant, elle installa son poids si abruptement sur la Tour du Valhalla qu'elle s'effondra. Mercury la remarqua. S'il ne trouvait pas un abri maintenant, ils y passeraient.
Jusqu'à présent, Edward n'avait pas osé regarder le cirque, mais une curiosité étrange le poussa à le faire.
Un monstre.
C'était un monstre qui pêchait de pauvres gens. Immense. Rose. Des tresses. Des nœuds.
Mon Dieu. Mon Dieu. Mon Dieu.
Edward tourna la tête vers la tornade au loin, mais ce n'était pas mieux ; elle projetait une silhouette humanoïde qui donnait l'impression de l'observer. Pour le coup, Edward se dit qu'il hallucinait à cause de la vision d'horreur de tout à l'heure.
Enfin, Mercury aperçut un roller-coaster en travaux (il était excessivement couvert de mentions « CHANTIER !!! »). Très rudimentaire, mais suffisant.
En quelques grandes enjambées, il atteint les barrières de sécurité — considérées comme anti-intrusion au vu de leur taille — qui bloquaient l'accès aux rails. Sans le moindre effort, Mercury plia celle de droite, de quoi faire pâlir les ouvriers. Maintenant que les barrières n'étaient plus un problème, le lion mécanique posa Edward sur les rails empestant la peinture fraîche. Les bords des rails étaient légèrement surélevés et un trou béant sous le sol formait un interstice de la taille de Mercury, voire plus large encore.
— Glisse-toi là-dedans, dit le bioméca au garçon.
Pourtant, Edward resta figé. Il pensait au monstre rose. Oh, évidemment que ce monstre pouvait le tuer. Il l'attraperait même sans sourciller. Un peu comme Mercury qui pliait des barrières.
Il te tuera, tu vas mourir.
Mercury comprit. Après tout, Edward n'était qu'un enfant. Si aucun algorithme ne pouvait lui expliquer la logique de la situation (parce qu'il y avait pensé), ce n'était certainement pas un enfant qui allait trouver une explication, aussi doué soit-il. Je vais lui dire que ça va aller. Alors le lion mécanique se glissa avec lui dans l'interstice. Il le tint fort contre lui. Pour être rudimentaire, cette cachette l'était, d'autant plus que le pétrichor était le roi, avec sa reine le froid et leur princesse l'humidité, mais Mercury avait confiance : ils passeront la tempête.
Le vent souffla.
— Je te tiens, Edward, tenta le lion mécanique dans l'espoir de l'apaiser un peu. Je te tiens dans mes bras. Ça va aller. Je suis là, ça va aller.
Edward se cacha le visage et se mit à sangloter.
Le vent souffla.
Sa tête bourdonna.
Ses tympans sifflèrent.
Le vent mordait si fort qu'il faisait mal.
Il savait qu'en dehors de son trou, la tornade dévorait tout, que les débris s'accumulaient et que peut-être même les rails n'existaient plus. Toutefois, il ne voulait pas voir. Il avait peur d'ouvrir les yeux et de tomber sur quelque chose de pire.
Comme un monstre rose.
— Je te tiens dans mes bras, répéta Mercury. Je suis là, ça va aller.
Edward inspira.
Ça va aller.
❝ 𝙼𝚎𝚛𝚌𝚞𝚛𝚢 𝚊𝚟𝚊𝚒𝚝 𝚌𝚘𝚗𝚏𝚒𝚊𝚗𝚌𝚎 : 𝚒𝚕𝚜 𝚙𝚊𝚜𝚜𝚎𝚛𝚘𝚗𝚝 𝚕𝚊 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚎̂𝚝𝚎. ❞
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! (人 •͈ᴗ•͈)
Kissous ♥
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