Son regard m'obsédait. Bleu, froid, terrifiant. Mon instinct me hurlait de partir loin de lui, d'oublier ces yeux. Mais quelque chose au fond de moi ne souhaitait que de pouvoir les contempler plus longtemps. 

Il m'hypnotisait. Jeffrey. Ce prénom était quand même sacrément moche, mais sur lui, ça collait bien. 

- Putainnnn! 

Je roulais sur mon matelas, en serrant mon oreiller contre mes doigts. J'avais toujours eu un soucis avec les grands bruns aux cheveux longs. Mais lui, ça semblait être un autre genre de problème. Mon cerveau n'en finissait plus des scénarios osés et déplacés. Pourquoi toujours devoir avoir le béguin pour des mecs terribles ! 

La vie n'est pas un livre de dark romance merde !

Je saisis mon portable et décidais d'ouvrir Instagram afin de me changer les idées. Je faisais défiler les vidéos sur mon écran lorsqu'une idée étrange me traversa l'esprit. Je sélectionnais l'onglet recherche de mon application et tapais son nom. Comme si j'allais tomber aussi facilement que ça sur lui. 

- Il a peut-être même pas insta... 

Je scrutais chaque profil de la liste qui venait de s'afficher. Il a pas insta, ou alors, il n'a pas mis son prénom en nom d'utilisateur, ce qui était plus que probable. 

Je lâchais un long soupire déprimé. Voilà que je me retrouvais à stalker un mec à qui j'avais parlé une seule fois. Mais c'était une sensation viscérale. Je VOULAIS le trouver. 

J'appelais ma meilleure amie qui décrocha au bout de la deuxième sonnerie. 

- Meuf, j'ai un soucis.
- Raconte-moi tout ! 

Et je commençais à déballer dans les moindres détails ma courte rencontre avec le garçon au regard hypnotisant. Et la discussion de fin de journée qui avait duré a peine 2 minutes se transforma en un appel qui dura deux heures. 

- Mais pourquoi tu vas pas lui parler demain si t'as tant craquer que ça ?
- Imagine que ce soit pas réciproque ! 
- Mais t'en sais rien ! 

Ma meilleure amie continua de me motiver pendant quelques minutes supplémentaires et fini par me convaincre d'au moins aller lui demander son Instagram le lendemain. 

- Tu me tiendras au courant, hein! 
- Promis ! Allez, j'y vais, merci beaucoup !

Je raccrochais et me recouchais, fixant mon plafond. 

Jeff, Jeff, Jeff... 

Il correspondait un peu trop bien à l'image que je me faisais de l'homme idéal... Seulement, malgré mon excitation digne d'une gamine de 13 ans, je n'arrivais pas à oublier cette sensation désagréable de danger que j'avais ressenti lorsque je m'étais trouvé à coté de lui. 

Il avait un air prédateur, comme si tout ce qui se trouvait près de lui pouvait être traqué, menacé, voir détruit. Une aura malsaine qu'on percevait difficilement, mais qu'on ressentait aisément. L'envie de se mettre à courir, loin, très loin, quand il s'approchait d'un peu trop près. Mais en même temps, le désir de se laisser aller, de devenir sa proie un court instant. Se laisser se faire mordre. 

Au pire des cas, s'il s'avérait que c'était un connard, je n'aurai qu'a m'éloigner de lui et recommencer à vivre comme quand j'ignorai son existence. 

Ça devrait être plutôt simple. Je suppose.