¦1¦ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔

LA LIONNE ne voulait pas expliquer à ces trois garçons la raison de ses pleurs.

Je ne leur expliquerai jamais. 

Jamais James ne devait savoir à quel destin il était promis. Jamais il ne devait être mis au courant des prétendus évènements du 31 octobre, de l'existence d'Harry ou encore de la trahison de Peter. Jamais Peter ne devait savoir qu'il était promis à une existence misérable qui consistait vaguement à se transformer en rat durant dix ans puis à devenir l'un des trop nombreux sbires de Voldemort. Jamais Remus ne devait savoir qu'il aurait un fils mais qu'il mourrait avant même d'avoir pu le connaître ne serais-ce qu'un peu. Jamais Sirius ne devait savoir qu'il serait tué par sa propre cousine, et qu'il laisserait derrière lui son filleul, à nouveau seul.

- Non, ne vous inquiétez pas. Ce n'est rien, dit-elle doucement. Juste... trop de souvenirs

Hermione entendit vaguement un bruit de tissus, puis elle releva la tête au moment où les chaussures de James arrivèrent dans son champ de vision.

- Je ne te crois pas.

Il avait détaché chaque mot avec brutalité, sans pour autant hausser le ton. 

C'est le genre de ton qu'utilise Harry. Qu'il utilisait.

- Ce sont... des souvenirs ?

Remus s'était tranquillement assis à côté de son ami, et avait interrogé doucement la jeune fille.

- Quel genre de souvenirs ? demanda Sirius, en se laissant brutalement tomber sur le canapé, contrairement à ses deux compères. Un chagrin d'amour ? 

Son ton était terriblement sarcastique. Plein de ressentiment à son égard. Peter, qui avait pu s'assoir sur la place restante, ouvrit la bouche pour la première fois depuis que les Maraudeurs étaient entrés dans la pièce.

- Je ne pense pas vraiment que ce soit seulement ça. 

Elle le regarda réellement pour la première fois, sans l'imaginer en traître. Simplement comme un inconnu qu'elle n'avait pas envie de connaître.

- Je... je pensais à mes amis.

Sirius exagéra un reniflement, sous le regard réprobateur des autres personnes présentes dans la pièce.

- Oh, commença t-il en battant des cils, joignant les mains et utilisant un ton de petite fille. Ceux que tu as laissé en Amérique... Tu n'as qu'à retourner à Ilevermorny, puisque tu y étais aussi bien !

- Ils sont morts, déclara t-elle d'un ton atone. Ils sont morts et je n'ai rien pu faire pour les aider. Juste sous mes yeux. J'ai vu le tueur. Il m'a regardé droit dans les yeux et m'a vu transplaner. Il n'a même pas cherché à me retenir. Parce que parfois, les images suffisent pour te tuer à petit feu.

Elle se leva dans un silence glacial, et se retourna juste au moment où Remus éleva la voix, juste avant qu'elle ne monte dans son dortoir.

- Comment est-ce qu'il s'appelait ? L'homme qui les a tués.

Une dernière larme coula sur sa joue.

Une toute dernière pour la route.

- Tom Jedusor.

Ce qu'Hermione n'entendit pas, ce fut la voix de Sirius qui s'éleva quelques minutes après que les quatre garçons se soient remis du choc.

- Je... je crois que je vais devoir m'excuser.

Remus passa la main sur son visage, las.

- Rappelle moi pourquoi tu ne l'aimes pas, déjà ?

L'héritier Black releva la tête qui avait gardé obstinément baissée vers ses genoux.

- Elle nous cache quelque chose. J'en suis persuadé. Enfin, j'en étais persuadé. Maintenant, je sais.

La voix de Peter s'éleva, posant une question à laquelle personne n'avait la réponse. Personne sauf Hermione.

- Qui est Tom Jedusor ? interrogea t-il de façon totalement innocente.

Lord Voldemort.

*. *. *

Hermione avait fait preuve d'une lâcheté sans bornes. Elle avait évité du mieux qu'elle le pouvait Sirius Black et l'ensemble des Maraudeurs. Le lendemain de cette fameuse soirée. Le surlendemain. Le sur-sur-sur-sur-surlendemain aussi.

Ça ne ressemble pas à ce que je fais d'habitude.

La jeune femme s'était débrouillée comme elle le pouvait pour ne pas leur parler ni avoir besoin d'eux, elle l fallait bien avouer qu'elle s'en était plutôt bien tirée.

- Bonjour chers élèves !

Leur professeur de DCFM venait de rentrer dans la salle, totalement survolté.

- J'en connais un qui a abusé de la caféine ! lança James à voix basse quelques tables plus loin.

Malheureusement, Mr.Tales dût l'entendre et lui renvoya un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de l'humour de son élève.

- Contrairement à ce que Mr.Potter essaye de vous faire croire, je n'ai pas augmenté mon quota de café ce matin au petit déjeuner. Si je suis aussi joyeux, c'est tout simplement parce que nous allons aujourd'hui étudier un chapitre particulièrement utile et intéressant aujourd'hui.

Pour la voyageuse du temps, cet air réjoui n'était pas une bonne chose, et pour cause: la dernière fois qu'elle avait vu un professeur aussi exalté, c'était Lockhart qui leur racontait l'une de ses aventures inventées de toutes pièces, qui mettait en scène un dragon et un gobelin... Pour résumer, quelque chose de très peu instructif et intéressant.

Remus était lui aussi heureux lorsqu'il nous faisait cours, mais... Ce n'était pas pareil.

Ça lui semblait presque appartenir à un autre univers, et pourtant, c'était il n'y avait pas si longtemps. Quelques années qui ne représentaient rien à l'échelle d'une vie.

- Je vais vous apprendre à réaliser un Patronus !

Des murmures parcouraient la salle, mais la Gryffonne s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait, c'était écouter ce fameux cours et aller ensuite faire son devoir de Potions.

- Est-ce que quelqu'un peut me dire ce qu'est exactement un Patronus ?

Comme un automatisme, sa main se leva directement vers le plafond.

- Miss Farrington ?

- Le Patronus est le meilleur rempart possible contre les Détraqueurs, et apparaît grâce à un souvenir particulièrement heureux. Il prend une forme différente pour chaque individu, qui correspond au caractère du-dit individu, récita t-elle. Lorsque deux personnes s'attachent particulièrement l'une à l'autre, leur Patronus prend une forme similaire. La formule pour le faire apparaître est Expecto Patronum, soit littéralement en latin "J'attends un protecteur".

Son professeur l'observa avec un petit sourire.

- Qui parmi vous a déjà produit un Patronus corporel ? demanda t-il tout en parcourant la salle des yeux. Ça ne m'étonnerait pas qu'il n'y ait personne, vu que c'est un sort très difficile à exécuter.

Hermione regarda autour d'elle et... ne put que constater le silence pesant qui s'était tout d'un coup installé.

- Je... j'ai déjà essayé, souffla timidement Alice en levant la main. Mais je n'ai jamais produit de Patronus corporel.

Elle lança un regard reconnaissant à sa camarade de chambre puis leva la sienne à son tour.

- J'ai déjà produit un Patronus corporel.

Un murmure étonné parcourut les rangs.

- Très bien, miss Farrington. Il ne me semble pourtant pas que ce soit au programme d'Ilevermorny de sixième année. Qui vous a appris ?

Super. Au moins, il n'est pas tout à fait idiot et cherche à se renseigner sur ses élèves, c'est pas mal. Par contre, il pose de mauvaises questions.

- Mon meilleur ami, qui a appris en troisième année, lorsque nous avons étudié les Épouvantards. Les détraqueurs représentaient sa plus grande peur. Il m'a ensuite enseigné à son tour durant ma cinquième année, pour pallier... à un manque de pédagogie. 

Un sourire anima ses lèvres durant un instant. Si il y avait bien un seul point positif aux cours d'Ombrage, c'était bien celui-ci: ils resteraient inoubliables !

- Très bien. Pourriez-vous donc aider vos camarades qui rencontreraient certaines... difficultés ?

Elle lui répondit par un hochement de tête, et en un tour de baguette, les tables furent rapatriées sur les côtés de la salle.

- Chers élèves, déclara solennellement leur professeur, nous sommes partis pour deux heures complètes de pratique ! 

*.  *.  *

Je n'ai décidément pas le talent d'Harry pour l'enseignement. 

Cela faisait une bonne demi-heure qu'Hermione essayait d'expliquer à Lily comment produire un Patronus à l'aide d'un souvenir heureux, et donc manifestement une demi-heure qu'elle échouait à se faire comprendre.

- Je ne comprends pas.

La préfète de Gyffondor planta son regard dans celui de la sorcière totalement dépassée par les évènements en face d'elle.

- Mon souvenir est pourtant assez heureux. Je pense que le problème vient d'autre part !

- Si tu n'y arrive pas, c'est que le souvenir n'est pas encore assez fort. Pense, je ne sais pas... Au jour où tu as reçu ta lettre pour Poudlard ! À ton premier vol sur un balais si ça te chante, ou encore à ton premier voyage en Poudlard Express... Je ne suis pas supposée trouver à ta place !

Même si ça ne lui ressemblait pas, elle commençait à être exaspérée par ces deux heures de cours.

- Fais-le toi, si c'est aussi facile ! s'indigna Lily tout en pointant son amie du doigt.

La dernière survivante du Trio d'or se plaça correctement et pointa sa baguette vers l'avant.

Concentre-toi... Aller ! 

Elle passa en revue beaucoup de ses souvenirs, quelques images qui dansaient devant ses yeux, avant de trouver le bon. Celui qui lui avait permis plusieurs fois d'exécuter correctement le sortilège.

- Expecto Patronum, murmura t-elle du bout des lèvres.

Elle se rappelait parfaitement de cette journée. 

Hermione pleurait dans les toilettes. Ronald Weasley était un véritable idiot ! Il avait un don pour l'énerver à chaqun des mots qu'il prononçait, à chaque phrase qu'il formulait. Le plus horripilant dans tout ça, c'était qu'il se moquait d'elle dès qu'elle levait la main en cours, ce qu'elle ne trouvait pas particulièrement incroyable.

- Ce n'est qu'un espèce d'idiot, murmura t-elle tout en essuyant les sillons translucides tracés sur ses joues.

Elle laissa échapper un nouveau sanglot en repensant aux mots qu'il lui avait adressés un peu plus tôt dans la journée et les larmes reprirent de plus belle.

- Grooooaaah ! (1)

Ce ne fut qu'en entendant un hurlement vraiment terrifiant qu'elle releva la tête, alerte.

Ce n'est que le bruit du repas d'halloween, rien d'autre. Une blague sans importance. Ils ont vraiment des idées bizarres, ces sorciers.

Il lui faudrait encore un peu de temps pour qu'elle admette qu'elle était elle aussi membre de cette communauté plus qu'étrange qui plaisait à se faire appeler sorciers.

- Groooaaa !

La jeune fille avait un mauvais pressentiment. Mauvais pressentiment qui prit tout son sens lorsqu'une énorme massue s'abattit sur les cabines voisines à la sienne.

Ce n'est pas le repas d'halloween, je crois.

Elle déverrouilla la porte, sortit le plus vite possible et aperçut deux garçons qui essayaient de déconcentrer un... Un troll ?

Oh non. La bande d'idiots.

Harry Potter hurlait à la créature de regarder dans sa direction et Ronald Weasley évitait tant bien que mal des coups qui pourraient le broyer en mille morceaux.

Les professeurs vont arriver ! Ils vont nous sortir de là.

Hermione vit avec effroi la massue de l'effroyable monstre s'abbatre sur les lavabos, répandant ainsi de l'eau partout, puis tout sembla se passer en accéléré. Le troll qui prenait Ronald dans sa main, et le garçon qui lui enfonçait sa baguette magique...

Dans le nez ?

L'intrus tituba puis tomba au sol d'un seul bloc.

- Vous pensez qu'il est évanoui ? demanda Harry.

Elle ne savait pas vraiment, et pour une fois, elle n'avait aucune envie d'aller vérifier.

- Potter ! Weasley ! Et... Et vous Granger. Je vous pensais plus malins que ça ! Quelle idée pour des enfants comme vous d'aller combattre un troll des montagnes seuls... Qui a eu cette merveilleuse l'idée ?

En observant l'air énervé de sa professeure, Hermione avait envie de disparaître six pieds sous terre. Mais ce fut en observant l'air coupable de ses deux camarades qu'elle prit sa décision.

Ils m'ont sauvé... Je leur dois bien ça, après tout !

- C'était moi, professeur, annonça t-elle d'une voix claire.

Elle sourit discrètement à Harry et Ronald. Ils méritaient bien ça.

- Cela me déçoit beaucoup, Miss Granger, surtout de votre part. Pour la peine, j'enlève cinquante points...

C'était dans les toilettes des filles que leur amitié avait commencé. Plutôt ironique, lorsque l'on savait que leur groupe était composé de deux tiers de garçons.

- Expecto Patronum, répéta t-elle, plus sereine.

Sous le regard des élèves de Serpentard et de Gryffondor, une magnifique loutre apparut au bout de sa baguette et fit le tour de la salle avant de disparaître.

- Et bien, Miss Farrington, je dois dire que de voir ce sortilège su bien maîtrisé m'étonne. Quel souvenir avez-vous utilisé ?

La lionne sourit.

- Celui d'une vieille aventure, commença t-elle. Le début d'une longue amitié.

*. *. *

"If there ever comes a day where we can't be together, keep me in your heart. I'll stay forever."

-Winnie the Pooh

"Si vient un jour où on ne peut pas être ensemble, garde moi dans ton cœur. Je resterai pour toujours."

-Winnie l'Ourson.

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(1) La direction de mon cerveau vous présente toutes ses excuses pour ce hurlement de troll raté.

























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