Chapitre 1

Année 1927, quartier de Harlem, arrondissement de Manhattan, ville de New York

Une odeur nauséabonde prit Henry alors qu'il entrait dans la pièce.

— Toi aussi, tu viens ? demanda Mike.

— Où ça ? s'étonna Henry en plongeant son regard dans les yeux en amande de son ami.

— Ce soir. Il y a des bluesmen au speakeasy. Tu vas pas rater ça, quand même ?

— Qu'est-ce que ça sent ? coupa Henry.

Mike montra sa bouche, puis une bouteille qu'il tenait à la main. Henry entendit un rire et vit Charlie, l'un de ses amis, qui se tenait derrière Mike.

— Bon, tu viens, du coup ? insista un autre, Jonas, assis à côté de Charlie.

— Ouais, ouais... vous inquiétez pas..., grogna Henry. Il y aura de... l'alcool ?

— Sûrement, tu connais mon père, s'amusa Mike.

Henry hocha la tête et sortit de la pièce.

— Je vais changer de chemise, prévint-il.

— Ravis de le savoir, ironisa Mike.

Henry entra dans sa chambre et observa son reflet dans une glace posée contre le mur. Qu'allait-il bien pouvoir mettre ? Il opta finalement pour sa chemise à manches courtes, puis il serra sa ceinture en cuir sur son pantalon. Jetant un nouveau regard dans le miroir, Henry s'évalua rapidement, il lissa inutilement ses cheveux presque rasés sur son crâne, puis il quitta la chambre avant de retourner dans la pièce à vivre où ses amis discutaient.

— J'ai l'impression que ta mère arrive, Harry, fit Jonas.

— Range ça, lança Henry à Mike, qui glissa sa bouteille dans sa poche.

Quelques secondes plus tard, une petite femme entra dans la pièce.

— Salut, Angie, lança allègrement Mike avec un sourire radieux.

— Bonjour les garçons, fit Angie. Pourquoi est-ce que ça pue comme ça, ici ?

— On sait pas, M'man, fit Henry.

— Tu portais cette chemise, ce matin ? questionna Angie.

— Non, M'man.

— Pourquoi tu en as changé, alors ? Vous ne sortez pas, ce soir, au moins ?

— Bien sûr que non, M'man. On f'rait jamais ça.

Angie quitta la pièce d'un air suspicieux, puis Mike ressortit sa bouteille.

— Qu'est-ce qu'elle est curieuse, ta mère ! s'exclama-t-il. J'en reviens pas.

— Salut, les gars ! s'écria une belle jeune fille avec une coupe afro.

Elle s'installa entre Charlie et Jonas sur le sofa, avant de jeter un regard amusé à Mike, qui était assis sur le bord de la table.

— Toi, tu es complètement alcoolique et si ma mère te voyait, elle te chasserait de la maison, prévint-elle.

— Fiche-lui donc la paix, Mercy, conseilla Henry.

— Je viens avec vous, poursuivit Mercy.

— Où ça ?

— Au speakeasy, idiot !

— Quoi ? Comment tu sais ?

— Ne me prends pas pour une imbécile. Ça se voit à vos têtes, que vous allez sortir, ce soir !

Mercy se leva et quitta la pièce.

— À tout à l'heure ! Et pas besoin de m'attendre.

*

Le soir-même, après avoir rusé pour sortir de la maison sans alerter sa mère, Henry avait retrouvé ses amis à l'entrée du speakeasy.

All right, Henry ? demanda Charlie. T'as réussi à passer inaperçu ?

— Non, c'est pour ça que je suis là, ironisa Henry.

— Très drôle, répliqua Charlie.

Henry le détailla du coin de l'œil. Charlie, bien qu'âgé de quinze ans, était plus petit que Henry. Il avait des cheveux bruns longs d'un centimètre, une peau mate, des yeux marron plus clairs que que sa peau.

À côté de lui, Jonas, qui avait quatorze ans, le dépassait largement d'une tête. Il était métis : sa peau était claire sans être blanche, ses cheveux bouclés formaient une boule autour de sa tête, et lui aussi avait les yeux marron clair.

Mike avait seize ans, il était grand et dégingandé, avait des cheveux crépus, un nez épaté, et de très beaux yeux en amande.

Henry, quant à lui, était de taille moyenne, avait donc les cheveux presque rasés, un nez aplati avec de larges narines, des lèvres pleines et sa peau noire était moins sombre que celle de Mike.

— On y va ? fit Jonas.

— Allons-y, approuva Mike.

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