Chapitre 16 : LA RÉAPPARITION
Stupéfait, Irwin regardait l'adolescent ou plus précisément le lycéen, sortir de sa bouche une cigarette presque entièrement carbonisée et souffler un nuage de fumée.
— Je vois que tu connais mon fils, dit Lanz à Irwin avec un sourire.
— Vo... votre fils ? répéta Irwin.
— Oui, répondit le lycéen.
C'était la première fois qu'Irwin entendait sa voix. Elle était grave et ressemblait à celle de Lanz.
— Pourriez-vous me dire vos prénoms ? demanda poliment Lanz.
Après que les prisonniers les aient donné, Lanz ordonna à Laszlo :
— Mets-les en prison.
— Quoi ? s'écria Leno. Mais... le temps presse !
— On n'est jamais trop prudents, dit le souverain.
— En l'occurence, si, grommela Leno.
*
Outre le fait qu'ils n'avaient pas le droit d'en sortir, leurs prisons ne ressemblaient pas vraiment à de véritables prisons.
Mesurant quatorze mètres carré, la pièce comportait un lit, un bureau, une chaise, bien entendu une porte et une fenêtre qui n'avait pas de volets mais possédait une vitre coulissante. Chaque jour, on apportait trois repas complets, bons, bien cuisinés et variés. La vitre de la fenêtre ne coulissant que sur cinq centimètres, il était inconcevable de s'enfuir par là.
*
Le cinquième jour, Irwin entendit la voix bien timbrée et teintée de l'accent aux intonations mélodieuses de Laszlo.
— Noble étranger, il est temps de sortir de la cellule.
Irwin se leva d'un bond du lit sur lequel il s'était allongé. Il se précipita hors de sa prison.
Laszlo le conduisit dans une salle où Irwin put se laver. En y pensant, il se rendit compte que son dernier bain remontait à douze jours avant, c'est-à-dire le jour de son départ d'Héphaïst !
Après s'être lavé, Irwin enfila des vêtements neufs et propres. Il enfila le haut noir avec col cheminé et manches longues, la chemise blanche immaculée, la pantalon noir ainsi que les fines mitaines assorties et les bottes en cuir.
Il sortit de la pièce et Laszlo et lui parcoururent les corridors. Irwin se rendit compte qu'il y avait beaucoup de fenêtres, toutes encadrées d'un rectangle de feuilles d'or et que le paysage que l'on pouvait apercevoir était tout simplement magique.
Au bout d'un moment, Laszlo s'arrêta devant une grande porte. Il la poussa et Irwin reconnut la salle de trône.
Lanz était assis sur son trône d'argent finement ouvragé, et il était en grande discussion avec M. Tampiar, qui avait prit place sur un fauteuil. Quand au lycéen, vraisemblablement le fils de Lanz, il ne fumait pas mais occupait le même siège que cinq jours auparavant, et il était plongé dans un livre très épais, tout en mangeant une pomme.
Lanz, Leno et le lycéen se levèrent d'un bond.
— Bien le bonjour, fit Lanz avec un sourire.
— Tu as de la chance, souffla Laszlo à l'oreille d'Irwin. Normalement, tu aurais dû rester une semaine en prison.
— Laszlo, je te prierais de bien vouloir ramener les autres, dit Lanz.
Progressivement arrivèrent Karel, Angela et enfin Pjotr.
— Je crois qu'il faudrait avoir recours à des présentations. Mon nom est, comme vous le savez déjà, Lanz, et je suis assurément le Roi des Elfes. Vous connaissez Laszlo qui a douze ans mais est déjà un excellent guerrier...
— Tout le plaisir est pour moi, nobles étrangers, fit solennellement Laszlo, sans oublier la traditionnelle courbette.
— Je vous présente Hamish et Hadwin.
Les deux hommes aux cheveux formant des pointes, qu'Irwin n'avait même pas remarqué, les saluèrent d'un signe de tête.
— Et voici mon fils, c'est un demi-Elfe, répliqua Lanz.
— Sur Terre, on m'appelle Detroit, fit celui-ci.
— Detroit ? répéta Karel.
— Oui, Detroit Jellks, c'est mon nom.
Il souriait et ses yeux noirs étincelaient.
— Et ici ? Quel est ton nom ? demanda Karel.
— Seules deux personnes et sur cette planète connaissent mon prénom et aucune personne de par ce monde ne mérite de le savoir, fit Detroit.
— Vous êtes imbu de vous-même, ce n'est pas une qualité pour un jeune homme, observa Laszlo.
Detroit sourit.
— Ce sont mes oignons. J'ai seize ans ; tu en as douze, aussi je pense être assez grand pour décider de ce que je fais ou pas.
Laszlo, irrité, ouvrit la bouche pour répliquer.
— Je pense qu'il serait temps d'interrompre cette conversation, dit Lanz en fronçant des sourcils.
— Quoi ? protesta Laszlo. Mais j'avais une excellente réplique cinglante à lui sortir !
Karel et Leno pouffèrent de rire et, à la surprise générale, Lanz aussi.
— Bon, dit le Roi des Elfes, reprenant son sérieux. Passons aux choses sérieuses.
Puis passa une longue heure assommante où Lanz et Leno ne firent que parler de la guerre qui se déroulait à Elathe, ou comme le disaient les Elfes, à Thymbiah.
*
À la fin de la réunion, Laszlo conduisit Irwin, Karel, Angela, Pjotr et Leno dans de nouvelles chambres.
Leno se retrouva seul avec un petit Elfe, Angela avec une gnomide taciturne et Pjotr avec un Elfe au visage jovial.
— Dis-moi, fait Karel. On va bien s'entendre, tous les deux. Tu as beaucoup d'humour, on dirait.
— Merci, répondit Laszlo. N'aurais-tu pas quelques blagues en stock ?
— Si si, s'excita Karel. J'ai la blague qui a été élue (par moi) la meilleure de la semaine du 25 décembre.
— Pourquoi le 25 décembre ? s'enquit Irwin.
— Réfléchis, petit enfant stupide, ironisa Karel. On est partis de chez Angela le 24, et, depuis, rien n'a été très rigolo. Tu me laisses parler, maintenant ?
— Vas-y, dit Irwin.
— Alors, dit Karel, pourquoi les gens aiment-ils se mettre devant la télé ?
— C'est quoi, la « télé »? s'interrogea Laszlo.
— Argh, grogna Karel. J'avais oublié. Bon, tant pis, j'ai quand même la meilleure blague de la semaine du 18 décembre 2029.
— Vas-y, répéta Irwin.
— Tais-toi, toi, ordonna Karel. Qu'est-ce qui est jaune et qui attend ?
— Tu te moques de moi ? demanda Irwin. Tes dents ! Tu l'as déjà dit l'autre jour ! Radoter à ton âge, franchement ! On n'arrête pas le progrès !
— Perdu ! s'écria Karel. Ce sont tes dents à toi qui sont jaunes et qui attendent.
Ils éclatèrent quand même de rire.
— J'avoue que tu es quand même le champion des blagues nulles, Karel, dit Irwin.
— Voici votre chambre, fit Laszlo. À plus tard.
Irwin et Karel durent passer tout le reste de la journée à arranger leur chambre.
— Pourquoi donc ? demandait Karel. Le Président de la République ne va pas venir se marier dedans.
Le soir, Irwin glissa à Karel :
— Et, entre nous,... pourquoi les gens aiment-ils se mettre devant la télé ?
Karel lui fit un clin d'œil.
— Parce que derrière on n'y voit rien.
Et ils repartirent tous deux d'un grand rire.
*
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